Aujourd'hui, il y a 12 membres titulaires et 12 suppléants. Parmi les 12 titulaires, huit sontFrançois Chapuis :
considérés comme ayant la valence scientifique et 4 sont considérés comme ayant la valence éthique. Parmi les 8
scientifiques, 4 doivent avoir l'expérience de la recherche dont au mois trois médecins, deux sont pharmarciens, un est
médecin généraliste et une est infirmière.
Pour les quatre « éthique », il y a un spécialisé en éthique,(il s'agit souvent d'un philosophe) une assistante sociale, un
psychologue et un juriste.
Ces douze titulaires sont doublés de douze suppléants. Dans l'avenir, on garde à peu près la même configuration mais il
y aura un équilibre total entre scientifique et éthique. Il y aura normalement 7 membres de chaque groupe. Ce qui fait 14
personnes titulaires et 14 personnes suppléantes.
Le changement résidera aussi dans le fait que les usagers seront représentés. L'avènement des neurosciences
entraîne-t-il de nouveaux questionnements éthiques auxquels jusqu'alors nous n'étions pas forcément préparés
?
Dans l’esprit de la législation française, on part du principe que quelque que soit l'organe exploré ouFrançois Chapuis :
l’innovation testée, ce qui compte est la protection des personnes se prêtant à des recherches biomédicales. Les grands
principes reposant sur une recherche de qualité – suivant l’avis de Jean Bernard considérant que ce qui n'est pas
scientifique n'est pas éthique – la protection des personnes, le respect des lois, le respect des bonnes pratiques cliniques
s'appliquent globalement sur l'ensemble des recherches cliniques, et ce quel que soit l'organe étudié... du gros orteil au
cerveau.
Les modalités sont-elles différentes parce qu'elles concernent le cerveau ? Ce n'est pas évident : il y a des mesures
objectives, des mesures subjectives. Certes, dans le cas des recherches sur le cerveau, on utilise volontiers des
questionnaires mais c'est aussi le cas pour les recherches sur la qualité de vie après une intervention chirurgicale par
exemple.
Caroline Tilikete : Ce qui peut éventuellement poser des questions en neurologie par rapport aux autres neurosciences,
c'est le consentement du patient. On est parfois face à des patients qui ont des troubles du jugement. Mais il y a aussi
une protection puisque nous faisons appel à la famille, au conjoint, aux proches.
Et en terme de traitement ?
Effectivement, on a la problématique de la pharmacologie en psychiatrie qui peut poser desCaroline Tilikete :
problèmes éthiques particuliers. On est ici davantage dans des thérapies risquées que par rapport à d'autres organes.
On prend des risques vitaux ou de pronostics fonctionnels qui sont importants mais cela ne change pas notre
comportement par rapport à la recherche.
Pour chaque étude, dispositif, etc. il nous faut peser la balance entre le bénéfice et le risque. Dans le cas du cerveau, il
se peut, effectivement, que le risque soit plus important que sur un autre organe tel le bras, le pied, la main, etc. mais le
bénéfice l'est également.
François Chapuis : On n'aime rien perdre en médecine... pas plus la vie qu'un organe... pas plus le cerveau qu'un autre
organe. Peut-être que le cerveau soulève plus de fantasmes.
Que voulez-vous dire exactement sur les « fantasmes » autour de la recherche sur le cerveau ?
François Chapuis : Autour de cette valeur supérieure de la connaissance, de grosses attentes et de grosses peurs
s’expriment. La neurologie a pendant très longtemps décrit car nous ne disposions pas des thérapeutiques adéquates.
Aujourd'hui arrive enfin le moment où on pense pouvoir traiter, améliorer, prévenir certaines pathologies neurologiques.
Ce qui est bien compris et accepté pour le coeur commence à le devenir pour le cerveau. Les questions qui ont agité la
cardiologie, il y a quelques années, touchent aujourd'hui la neurologie.
Mais, si on prend l'exemple d'une transplantation : dans le cas du cœur, cela ne modifie pas l'individu... si cela
était possible avec le cerveau, on aurait du mal à se dire qu'une personne avec un cerveau d'un autre reste la
même ?