toxicovigilance, 289 cas d’intoxications à la paraphénylène diamine, ce qui représente 1.02%
de l’ensemble des intoxications.
La femme est touchée dans 81% des cas avec un sexe ratio (m/f) de 0.24. L’age moyen est de
24.6 an ±11.19 allant de 1 à 70 ans. La circonstance suicidaire est la plus retrouvée, avec
83.4%. Le décès a été observé dans 19.4% des cas.
5. Mécanisme de toxicité :
Le mécanisme d’action de La PPD est très discuté. La PPD est classée parmi les toxiques
lésionnels. Elle entraîne une peroxydation des lipides membranaires qui va générer une
quinone très réactive et néphrotoxique. L’oxydation de la quinone donne la base de Bandrowski
responsable d’anaphylaxie. La composante allergique est responsable d’un œdème
oropharyngolaryngé. L’allergie de contact a été constatée chez certains patients après
application de « Henné noir » qui est en fait du Henné mélangé à la PPD. La toxicité
musculaire est liée à une action directe. Les benzoquinones dérivés oxydés de la PPD seraient
responsables d’une nécrose musculaire.
Les perturbations métaboliques et l’élimination de métabolites et enzymes produits par la
rhabdomyolyse aboutissent secondairement à une insuffisance rénale aigue qui peut être
également secondaire à l’hypovolémie et à l’action tubulaire de la PPD.
Par ailleurs, et comme toutes les amines aromatiques, la PPD entraîne une méthémoglobinémie.
L’atteinte cardiaque est liée à une atteinte directe du myocarde mais également à une atteinte
indirecte, secondaire aux complications circulatoires et aux troubles métaboliques de la lyse
musculaire.
6. Conduite à tenir diagnostique :
6.1. Diagnostic clinique:
Le tableau clinique décrit une toxicité systémique spectaculaire.
Un contexte révélateur est généralement présent (doigts teintés en noir lors de la manipulation
de la PPD, aveu d‘intoxication, urines noirâtres)
On décrit toujours un délai d'apparition des symptômes qui varie généralement de 1h à 10h
après ingestion. La symptomatologie décrite comprend :
• Un œdème cervico-facial: larynx puis la langue, la face (paupières et joues) et le cou.
C’est un oedème chaud et douloureux, prurigineux infiltrant les tissus sous cutanés et
les couches profondes de la peau responsable d’une asphyxie.
• Un syndrome asphyxique : précédé d’un prodrome (sensation de brûlures bucco -
pharyngées, sialorrhée, troubles digestifs, vertiges, trismus), il est fait d’une dyspnée
constante (c’est souvent le premier symptôme à apparaître et peut constituer le motif de
consultation), générée par l’œdème cervical et la macroglossie.
• Un syndrome musculaire (Rhabdomyolyse) : secondaire à une nécrose étendue des
muscles striés, à type de myalgies, œdème des muscles squelettiques, impotence
fonctionnelle hyperalgique et tétanie.
• Une atteinte rénale constante, peut aller de l’oligurie à l'insuffisance rénale anurique,
d’abord hypovolémique puis par obstruction tubulaire.
• Une méthemoglobinemie : cyanose ardoisée, grisâtre ou franchement bleuâtre.
• Une atteinte hépatique : nécrose du foie révélée lors d’autopsie.
• Une atteinte myocardique : se voit en cas d’intoxication massive, pouvant aller
jusqu’à la nécrose myocardique et pouvant se compliquer d’un choc cardiogénique.