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La Lettre du Pneumologue - Volume IX - no2 - mars-avril 2006
cun 60 patients seulement, le seul essai d’envergure publié est
français. Bien qu’il existe une tendance en faveur du bras chi-
miothérapie, avec un gain de survie de 10 % à 5 ans, ce bénéfice
n’est pas significatif (p = 0,14), alors que le temps jusqu’à pro-
gression est significativement plus long dans le bras chimiothé-
rapie. Cette année a été présenté à l’ASCO un essai nord-améri-
cain de taille à peu près identique ; là encore, malgré une tendance
à une survie plus longue dans le bras chimiothérapie, la diffé-
rence n’est pas significative. Une récente méta-analyse a montré
l’intérêt à la fois de la chimiothérapie néoadjuvante et de la chi-
miothérapie adjuvante ; dans ces conditions, on peut conclure
que la chimiothérapie périopératoire est devenue un standard, du
moins dans les stades IB, II et IIIA, en Europe. Nous n’avons pas
d’élément actuellement permettant de la proposer aux stades IA.
D’autres essais en cours, et notamment l’essai espagnol, per-
mettront peut-être de déterminer le meilleur moment pour l’admi-
nistration de la chimiothérapie.
EST-IL POSSIBLE D’IDENTIFIER LES PATIENTS
SUSCEPTIBLES DE BÉNÉFICIER DE THÉRAPIES CIBLÉES ?
E. Quoix : Dès les premiers essais de phase II du géfitinib, il est
apparu clairement que certains groupes de patients étaient davan-
tage susceptibles de répondre à cette thérapeutique : les femmes,
les non-fumeurs, les patients ayant un adénocarcinome (et ce
d’autant plus qu’il s’agira du type pneumonique ou bronchiolo-
alvéolaire) et les Asiatiques. Au printemps 2004 sont sortis simul-
tanément deux articles capitaux qui mettaient en évidence l’exis-
tence de mutations sur le gène codant pour le domaine
intracellulaire de l’EGFR. Ces mutations siègent essentiellement,
mais pas seulement, sur les exons 18 à 21 (et tout particulière-
ment les exons 19 et 21). Ces analyses ont été effectuées rétros-
pectivement sur des échantillons tumoraux disponibles chez des
répondeurs et des non-répondeurs. En novembre 2004, 192 muta-
tions différentes avaient été identifiées, dont 165 sur les exons 19
et 21. Dans un premier temps, il est apparu que ces mutations res-
ponsables de changements dans la conformation du domaine
intracellulaire d’EGFR étaient présentes chez pratiquement tous
les répondeurs et absentes chez les non- répondeurs et qu’elles
se rencontraient donc essentiellement dans les sous-groupes cli-
niques définis plus haut. Par la suite, des études prospectives ont
montré que ces mutations n’étaient en fait ni obligatoirement pré-
sentes chez les répondeurs, ni obligatoirement absentes ches les
non-répondeurs. On a également pu montrer que, lorsqu’il exis-
tait une mutation de K-ras, aucune réponse au géfitinib ni à l’erlo-
tinib n’était observée, et qu’à l’inverse la mise en évidence (par
FISH) de plusieurs copies du gène de l’EGRF était corrélée à la
réponse. Dans la récente étude ayant comparé l’erlotinib (un autre
inhibiteur du domaine intracellulaire de l’EGFR) à un placebo
en deuxième ou troisième ligne, on retrouve une prédominance
des réponses dans les sous-groupes définis plus haut. Néanmoins,
on observe un bénéfice du traitement par erlotinib dans tous les
sous-groupes, y compris celui des hommes fumeurs et ayant un
cancer bronchique épidermoïde. La raison de la négativité de
l’essai ISEL comparant le géfitinib à un placebo en deuxième ou
troisième ligne, alors que l’essai avec l’erlotinib dans la même
indication est positif, n’est pas claire. Il est possible que le géfi-
tinib et l’erlotinib n’aient pas tout à fait le même mécanisme
d’action, que la réaction aux mutations soit différente, que ce soit
un “manque de chance”, etc.
Ce pourrait être un problème de dose, l’erlotinib étant adminis-
tré à une dose plus proche de la dose maximale tolérée (DMT)
que le géfitinib. Quoi qu’il en soit, même si l’appartenance à cer-
tains groupes cliniques permet d’espérer un taux de réponse supé-
rieur, dans la mesure où un bénéfice thérapeutique est observé
dans les autres groupes également, il est actuellement impossible
de sélectionner cliniquement les patients devant recevoir un inhi-
biteur des tyrosines kinases. De même, le rôle des mutations dans
la survenue d’une réponse s’est révélé moins prépondérant qu’ini-
tialement, et la recherche de ces mutations n’est de toute façon
pas pour l’instant passée dans la routine. Il importe donc dans
l’immédiat de s’en tenir à l’autorisation de mise sur le marché
(AMM) : “Tarceva® (erlotinib) est indiqué dans le traitement des
formes localement avancées ou métastatiques du cancer bron-
chique non à petites cellules après échec d’au moins une ligne de
chimiothérapie”. Il est néanmoins probable que l’on arrivera dans
un avenir plus ou moins proche à cibler les populations suscep-
tibles de bénéficier des thérapeutiques… ciblées, la recherche
n’en étant dans ce domaine qu’à ses débuts.
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5eCongrès
de l’Union
méditerranéenne
de pathologie
thoracique
Du jeudi 22 au samedi
24 juin 2006,
à Montpellier,
Palais des Congrès
Le Corum.
Ce congrès comporte des “sessions fil rouge”
(thèmes retenus : oncologie ; asthme, BPCO,
allergologie, GARD), des “sessions fil
orange” (dans lesquelles il sera question des
pathologies infectieuses thoraciques, de la
tuberculose, de la pathologie interstitielle, de
la chirurgie thoracique), des discussions de
posters et des ateliers. La cinquième édition,
qui se déroule en France, est organisée par
Philippe Godard, Jean-Pierre Grignet, Yves
Rogeaux, Ali Ben Kheder et Joudy Bahous.
Pour tout renseignement d’ordre scientifique,
consulter le site Internet www.chu-montpel-
lier.fr/umpt/index.html.
Organisation technique : Pneumologie
Développement, 86, boulevard Saint-Michel,
75006 Paris.
Tél. : 01 46 33 37 39.
BLOCNOTES