Conseil pharmaceutique: les bonnes questions à poser
pharManuel15
50 Grippe et refroidissements
(cf. également les chapitres «Fièvre» et «Toux»)
(J. Dommer Schwaller, D. Hugentobler Hampaï)
De quelle nature sont vos troubles?
Les voies respiratoires peuvent être le siège de toute une série
d’affections. Rien que le refroidissement peut être causé par
plus de 200 virus très difrents issus de plusieurs familles
de virus. Les germes responsables les plus fréquents sont les
rhinovirus et les coronavirus. La gamme des symptômes est
à l’avenant: congestion nasale ou écoulement nasal, maux
de gorge, toux, céphalées, fièvre, abattement, otalgie, yeux
rougis et irrités, etc. Dans la pratique, il est parfois difficile de
distinguer un gros rhume d’une légère grippe. Si les inhibi-
teurs de neuraminidase doivent être employés, une limitation
est nécessaire (voir tableau).
Un refroidissement commun, aussi appelé infection grip-
pale, commence lentement: au départ, la gorge est sèche et
«gratte», le patient se plaint d’une envie d’éternuer. Suivent
ensuite un rhume suivi par la toux. Les symptômes généraux
comme la fièvre, les douleurs des membres et les céphalées,
la fatigue ou les frissons sont peu marqués ou font défaut.
Des complications apparaissent aussi relativement rarement.
Une grippe saisonnière commence avec de brusques fris-
sons et de la fvre. Les conséquences systémiques sont plus
fortes que pour une infection grippale et sont accompagnées
de fièvre élevée, de douleurs dans les articulations et dans les
membres, de maux de tête, de fatigue, ainsi que d’irritations
de la cornée, de la gorge, de la trachée et des bronches. Les
patients souffrent relativement souvent de nausées, tandis
que la diarrhée ne compte pas parmi les symptômes-clés. Les
complications sont fréquentes, surtout chez les personnes à
risque (voir à la fin du chapitre).
La fièvre (cf.chapitre correspondant) fait partie des symp-
tômes-clés de la grippe. En cas de refroidissement, elle se
manifeste assez rarement chez ladulte, plus fréquemment
chez lenfant. Les enfants de plus de deux ans, qui ont moins
de 39° C de fièvre et les symptômes typiques dun refroidis-
sement, peuvent généralement être traités par le pharmacien.
Au moindre doute, les jeunes patients, les personnes âgées
ainsi que les patients à risque sont à adresser au médecin.
Le rhume se trouve souvent au premier plan lors des re-
froidissements, et est normalement moins marqué en cas de
grippe. Il commence par un écoulement nasal (rhinorrhée),
puis le nez se bouche (congestion nasale). La sécrétion na-
sale est au départ claire et aqueuse, puis plus épaisse et peut
devenir jaune verdâtre avec le temps.
La toux (cf. chapitre correspondant) est fréquente dans le re-
froidissement et la grippe. Si elle persiste plus de 7 à 10jours
ou si elle est très forte et pas suffisamment soulagée par les
antitussifs, il peut s’agir d’une pneumonie, et un médecin
doit être consulté.
Les maux de gorge sont aussi fréquents en cas de grippe et
de refroidissement. Une infection streptococcique ou toute
autre cause sérieuse doivent être exclues (voir ci-dessous
«Conseil du pharmacien»).
Les douleurs dans les articulations et dans les membres
ainsi que les céphalées sont aussi typiques de la grippe. De
fortes douleurs situées sur un emplacement isolé du corps
signalent la présence d’une infection grave.
Les douleurs sus-orbitaires (sinus frontal) ou sous-orbi-
taires (sinus maxillaire) ou une sensation de pression sont
caractéristiques d’une sinusite.
Ces douleurs apparaissent
Différences entre refroidissement et grippe
Refroidissement (infection grippale) Grippe saisonnière (Influenza)
Début de la maladie Progressif pendant quelques jours, avec des éternue-
ments, des céphalées, des grattements dans la gorge
Abrupt avec de la fièvre élevée et des frissons
Fièvre Rare chez les adultes, augmente lentement et n’est pas
très forte (38°C env. max.), plus fréquente chez les enfants
Normalement élevée (39–40°C), accompagnée de fris-
sons, augmente en quelques heures et dure 3 à 4 jours
Céphalées Fréquentes, légères à modérées Courantes et souvent fortes
Douleurs dans les membres Occasionnelles, légères à modérées Courantes et souvent fortes
Rhume Ts fréquent et marqué, d’abord nez qui coule puis nez
bouché
Occasionnel,ger
Maux de gorge Grattements, sensations de brûlure, enrouements Forts, troubles de déglutition
Toux Toux légère à modérée, au début plutôt sèche, puis avec
expectorations
Toux douloureuse et sèche
Sensation de maladie Léger abattement Sensation de maladie marquée
Durée En règle générale 1 à 2 semaines max., la toux pouvant
durer 2 à 3 semaines
1 à 3 semaines; la fatigue peut durer des semaines
Complications Relativement rares; sinusite, bronchite, pneumonie; chez
les petits enfants: otite moyenne; chez les nourrissons:
bronchiolite, pneumonie, etc.
Fréquentes, surtout chez les personnes à risque,
entre autres pneumonie; chez les enfants: otite
moyenne; rarement myocardite ou encéphalite
Conseil pharmaceutique: les bonnes questions à poser
pharManuel15
51
au cours de la matinée (pas au lever) et s’atténuent dans
l’après-midi, au bout de quelques heures. Elles s’aggravent
quand le patient se baisse, tousse, se mouche. La plupart du
temps, les douleurs faciales s’accompagnent de voies respi-
ratoires encombrées, dune rhinorrhée purulente unilatérale
ou dexpectorations purulentes et de troubles de l’odorat. On
peut en outre observer quelquefois de la fièvre, une sensation
de malaise, des douleurs dentaires et des œdèmes.
Le prurit et les yeux larmoyants ne sont pas caractéristiques
d’un refroidissement commun, mais signalent une réaction
allergique (cf. chapitre «Allergies» dans le pharManuel en
ligne).
Quel est l’âge du patient?
Cinq à huit fois par an (certains plus de 12fois), les jeunes
enfants font une infection virale avec rhume, toux et fièvre.
Les adultes, eux, sont enrhumés trois ou quatre fois par an.
Chez le petit enfant et la personne âgée, on assiste souvent à
des complications, ce qui impose une surveillance médicale
étroite. Les enfants doivent également être vus par le méde-
cin lorsqu’ils cessent de boire malgré la fièvre, éprouvent des
difficultés à respirer ou sont prostrés.
Les grippés âgés devraient consulter un médecin du fait que
les surinfections bactériennes sont très fquentes chez ces
patients. Dix pour cent des personnes âgées souffrant d’une
grippe contractent ainsi une pneumonie. De plus, les patients
âgés sont fréquemment porteurs d’une insuffisance cardiaque,
rénale ou pulmonaire. Dès qu’ils ont la grippe, ces malades
chroniques doivent souvent être hospitalisés, et le taux de
mortalité augmente en raison de l’inévitable décompensation.
Finalement, on craindra aussi chez le patient âgé une maladie
thromboembolique due à une immobilisation prolongée.
Depuis combien de temps avez-vous ces symptômes?
Un refroidissement commun atteint généralement son apogée
au bout de 2 à 5 jours, la guérison spontanée intervenant après 5
à 14 jours. Une rhinite allergique peut durer plusieurs semaines
(aussi longtemps que l’allergène est présent). Une fièvre grippale
dure en moyenne 3 à 4 jours, la guérison intervient dans les 10
jours. Les refroidissements sont en général des affections inof-
fensives comportant rarement des complications. Ces dernières
prennent le plus souvent la forme d’une aggravation d’un symp-
tôme local (mal de gorge, otalgie, céphalée, etc.), d’une fièvre
élevée et d’une persistance des symptômes (plus de 7 à 10 jours).
Il s’agit alors soit d’une propagation de l’infection virale, soit
d’une surinfection bactérienne (p.ex. d’une sinusite ou d’une
otite) qui nécessite en règle générale le recours à un médecin.
Chez les malades de la grippe, les complications sont plus
fréquentes. Elles atteignent surtout les jeunes enfants et les
sujets âgés (cf. ci-dessus). Une fatigue et un abattement per-
manents se doublent d’une surinfection bactérienne (pneu-
monie, bronchite, otite). Si la fièvre dure plus de trois jours,
et les autres symptômes de la grippe plus de 7 à 10 jours, il
faudra consulter un médecin. Il en est de même si létat du
malade ne saméliore pas au bout de 2 à 3 jours.
Quelqu’un présente-t-il les mêmes symptômes dans
votre entourage? Avez-vous un historique allergique?
Ou un membre de votre famille en souffre-t-il?
Refroidissements et grippe se transmettent soit par les gout-
telettes propagées par les éternuements, la toux ou les postil-
lons entre personnes rapprochées ou dans des pièces confi-
nées, par contact direct des mains avec les séctions nasales
des personnes infectées (poignée de mains) ou indirectement
par contact avec des surfaces contaminées (poignées de porte,
écrans tactiles). Les refroidissements peuvent être favorisés
par une défense immunitaire amoindrie, une thermorégu-
lation déficiente, des substances nocives dans l’air, de mau-
vaises conditions de vie, des facteurs psychologiques, etc.
Le froid ne joue par conséquent qu’un rôle secondaire par
perturbation de la thermorégulation.
Pour le refroidissement et la grippe, la période d’incubation est
d’environ 1 à 4 jours. Lexcrétion des virus décroît rapidement
au fur et à mesure de lévolution de la maladie, mais peut
prendre jusqu’à trois semaines pour les rhinovirus. La grippe
saisonnière est infectieuse déjà un jour avant la déclaration de
la maladie et le reste pendant une bonne semaine (6 à 11jours).
Des antécédents d’allergie avec les symptômes associés per-
mettent de distinguer un refroidissement commun d’une
rhinite allergique.
Quels voyages avez-vous entrepris à l’étranger
récemment?
Une fièvre récurrente, soit des épisodes fébriles alternant
avec deux à trois jours dapyrexie, est caractéristique du pa-
ludisme. Une fièvre associée à une diarrhée évoque une in-
fection typhoïde ou paratyphoïde.
Quels médicaments avez-vous déjà pris pour vous
soigner? Et quand?
Les vasoconstricteurs topiques ne doivent pas être utilisés
plus de 5 à 7 jours. Un effet rebond risque sinon d’apparaître
(surtout avec les principes actifs à courte durée daction et
l’oxytazoline), forçant ensuite le patient à s’administrer
des doses toujours plus fortes. Il peut sensuivre une rhinite
médicamenteuse qui se manifeste par un nez bouché avec
inflammation de la muqueuse et, dans certains cas, des zones
de saignement. Il suffit parfois dune utilisation de seule-
ment quelques jours; le risque est cependant maximal lors de
traitement de ≥ 10 jours. Si le pharmacien constate des abus
ou l’utilisation prolongée dun vasoconstricteur local, il doit
recommander au patient d’arrêter la prise du vasoconstric-
teur et dy substituer un soluté physiologique iso- ou hyper-
tonique, afin que la muqueuse nasale endommagée puisse
se rétablir. En cas de besoin on peut aussi administrer des
glucocorticoïdes intranasaux. Certains patients ont avantage
à stopper progressivement le vasoconstricteur (réduire à la
dose pour enfants, puis pour nourrissons, utilisation unique-
ment dans une narine ou seulement le soir avant le coucher).
Le pharmacien doit transmettre au médecin les cas sévères
ou chroniques de rhinite médicamenteuse.
Conseil pharmaceutique: les bonnes questions à poser
pharManuel15
52 Conduisez-vous, utilisez-vous des machines exigeant une
vigilance extrême?
Divers principes actifs contenus dans les médications dispo-
nibles pour le traitement du refroidissement et de la grippe
peuvent induire une somnolence, comme les antihistami-
niques et les antitussifs daction centrale. Le patient doit être
mis en garde contre cet effet indésirable.
Eprouvez-vous des difficultés à respirer (asthme,
bronchite, etc.)?
Les patients présentant ce genre de problème doivent consul-
ter un médecin.
Quels sont vos autres problèmes de santé (diabète,
glaucome, insuffisance cardiaque, hypertension
artérielle, maladie de la thyroïde, hypertrophie de la
prostate, dépression, etc.)?
Chez les patients atteints des maladies précitées, les sym-
pathomimétiques et les antihistaminiques utilisés dans le
traitement de la grippe et du refroidissement sont contre-in-
diqués sauf avis contraire du médecin, en raison de leurs
effets indésirables et des interactions médicamenteuses.
Un rhume est rarement d’origine médicamenteuse. On invo-
quera alors les gouttes nasales décongestionnantes (rhinite
médicamenteuse) et les médicaments exerçant une influence
directe ou indirecte sur les récepteurs alpha-adrénergiques de
la muqueuse nasale (p. ex. la réserpine, le méthyldopa). Des
rhinopathies ont été décrites même sous contraceptifs oraux
à forte teneur en progestatifs et sous inhibiteurs de l’ECA.
De même, des réactions allergiques ou pseudoallergiques
(«idiosyncrasie à l’aspirine») peuvent être à l’origine d’une
rhinopathie médicamenteuse.
Le conseil du pharmacien
Les refroidissements sont les affections les plus fréquentes
qui soient; ils font donc partie intégrante du quotidien du
pharmacien. On en observe un maximum au printemps et
en automne. La grippe saisonnière elle aussi est une maladie
universelle qui se manifeste généralement entre les mois de
décembre et de mai, avec un pic en février-mars.
A intervalles irréguliers apparaissent de nouveaux virus de
la grippe qui du fait du manque de défense immunitaire de
la population, peuvent déclencher des pandémies de grippe.
Cela était le cas pour la dernière fois en 2009/2010 avec la
grippe pandémique A/H1N1 (d’abord appelée «grippe por-
cine»).
Quand le patient doit-il être adressé à un médecin?
D’urgence:
Fièvre accompagnée de maux de tête violents, de vomis-
sements et de raideur de la nuque (soupçon de méningite)
Maux de gorge très forts qui rendent impossible toute
déglutition (soupçon d’épiglottite)
Confusion
Gonflement des paupières, accompagné de maux de tête
violents et de fièvre (soupçon de phlegmon orbitaire)
Symptômes oculaires en lien avec une sinusite (p.ex. al-
tération de la vision, exophtalmie, larmoiements)
Gonflements ou rougeurs au niveau du sinus touché ou
dans la région péri-orbitale
phalées très violentes en lien avec une sinusite
Dans les 1 à 2 jours:
Fièvre depuis >3 jours
Fièvre accompagnée de forts maux de gorge, de douleurs
d’oreille, de maux de ventre, d’infections des voies uri-
naires ou de convulsions fébriles
Symptômes de refroidissement ou de grippe depuis
>7 à 10 jours
Pas d’amélioration des symptômes grippaux dans les
2 à 3 jours
Difficultés à respirer, douleurs à la respiration, fortes
douleurs au moment de tousser
Toux >7 à 10 jours ou toux très forte qui ne peut pas être
soulagée efficacement par des antitussifs
Expectorations colorées ou saignantes
Maux de tête uni ou bilatéraux dans la région maxil-
laire ou frontale et sécrétion nasale purulente depuis
≥2–3jours ou pas damélioration malgré l’instauration
d’un traitement symptomatique depuis 3 à 5 jours
Maux de gorge avec contracture de la mâchoine
Maux de gorge isolés (sans toux ou refroidissement)
Maux de gorge accompags de fièvre élevée, amygdales
enflammées, tuméfaction douloureuse des deux côtés
des ganglions lymphatiques, langue de couleur rouge
framboise
Maux de gorge avec éruption cutanée (suspicion de pro-
mo-infection par le VIH, de scarlatine)
Maux de gorge localis d’un seul côté (suspicion d’an-
gine de Vincent, doreillons)
Maux de gorge depuis >3 jours, sans amélioration de
l’état
Abus de médicaments (p. ex. gouttes nasales, médica-
ments contre la toux ou remèdes combinés contre la
grippe)
Etat général diminué, perte de poids involontaire
Patients souffrant de maladies graves
Fièvre rhumatismale aiguë dans l’anamnèse familiale
Patients âgés souffrant de grippe
Enfants <2 ans, sauf lors de symptômes banals
Conseil pharmaceutique: les bonnes questions à poser
pharManuel15
53
Pas d’antibiotiques en cas de refroidissement et de
grippe
Les refroidissements et la grippe sont des maladies vi-
rales. Les antibiotiques ne sont de ce fait pas indiqués.
Les rhino-sinusites, les pharyngites, les otites moyennes
et les bronchites sont également le plus souvent des
maladies virales généralement autolimitées ne néces-
sitant souvent aucun traitement antibiotique. Les lignes
directrices conseillent d’un premier abord de renoncer
aux antibiotiques sauf dans les cas spéciaux et de ne les
administrer qu’en cas d’absence d’amélioration dans le
délai habituel ou d’aggravation des symptômes. Les
infections virales et bactériennes sont dans la plupart
des cas difficiles à différencier cliniquement. Il est im-
portant de veiller de manière conséquente aux signaux
d’alarme, en particulier chez les personnes à risque
(p.ex chez les patients âgés, immunosupprimés, au
mauvais état général ou avec co-morbidités, et chez les
enfants).
Attention
Refroidissements
Prévention
On peut essayer de prévenir une infection grippale par di-
verses mesures préventives. Le fait de se laver régulièrement
les mains, d’éviter les contacts physiques avec les personnes
enrhumées, d’éternuer et de tousser dans le creux du coude
ou de procéder à des rinçages du nez avec du sérum physio-
logique en font partie.
Traitement
Le traitement d’un refroidissement commun est symptoma-
tique; il n’a pas deffet préventif et ne peut pas accélérer la
guérison, mais peut améliorer en partie le confort du patient.
Les monothérapies se recommandent parce qu’elles per-
mettent de combattre chaque symptôme au moment conve-
nable par une dose appropriée.
Les analgésiques tels que l’ibuprofène, le paracétamol ou
l’acide acétylsalicylique font partie des médicaments le plus
couramment utilisés contre les refroidissements. Ils sou-
lagent en cas de céphalées, de douleurs dans les membres et
les oreilles et aussi en cas de fièvre. Mais normalement, ils
ne peuvent pas apaiser les symptômes respiratoires. Globa-
lement, il n’y a que peu détudes cliniques sur lefficacité et
le dosage des analgésiques utilisés contre les différents
symptômes du refroidissement. D’après l’état actuel des don-
nées, les substances ont une efficacité et une sécurité com-
parables (pour de plus amples informations voir sous
«Céphalées»).
On trouve souvent dans les associations contre les refroi-
dissements des analgésiques avec des sympathomimétiques,
des antitussifs ou un expectorant. De telles associations sont
controversées par certains cercles de spécialistes car elles
augmentent le risque d’effets indésirables, de confusions et
de surdosages sans pour autant accroître l’efficacité. Aux
Etats-Unis, plus de 100 décès d’enfants ont été enregistrés
après la prise dassociations médicamenteuses. Dans la pra-
tique, les patients apprécient toutefois ces produits en raison
de leur simplicité. Dans un tel cas, ils doivent uniquement
être utilisés si plusieurs troubles apparaissent simultanément
et sont tellement forts que la santé du patient est massive-
ment entravée.
En dehors des médicaments classiques utilis dans les re-
froidissements, on recourt également souvent à des traite-
ments alternatifs. Daprès une revue Cochrane datant de
2013, la vitamine C (≥200 mg/jour) réduit de manière minime
la durée des symptômes de refroidissement (de 8% chez les
adultes et de 14% chez les enfants). Comme il ne s’agit que
d’heures, la pertinence clinique est par ailleurs contestable.
La vitamine C même prise à hautes doses n’est pas efficace
pour prévenir la population générale des infections grip-
pales.
Les comprimés de zinc à sucer (≥75mg/jour), utilisés dans
les 24 heures suivant l’apparition des premiers symptômes
de refroidissement et pendant ≥5 jours réduisent la durée du
refroidissement dun jour chez les adultes normalement en
bonne santé (Cochrane, 2013). En prévention, le zinc semble
être bénéfique uniquement pour les enfants (dosage:
10–15mg p.o./jour pendant au moins 5mois). Leffet éventuel
du zinc doit être comparé aux EI: les comprimés à sucer pro-
voquent souvent des troubles du goût (goût métallique, sen-
timent dastringence) et des nausées. En cas d’utilisation
prolongée, le zinc pris à des doses dépassant 10 mg/jour peut
réduire l’absorption des oligo-éléments tels que le fer, avec
à long terme des séquelles comme p.ex. une anémie.
Selon une revue Cochrane de 2014, il manque (toujours) des
preuves de l’efficacité de l’échinacée dans la prévention et le
traitement des refroidissements. Parmi 7 études, une seule a
signalé une réduction statistiquement significative de la du-
rée du refroidissement par rapport au placebo. Concernant
la prévention, de nombreuses études ont montré des ten-
dances plus faibles (non prouvées statistiquement) aux re-
froidissements. Selon certains auteurs, un faible effet pré-
ventif n’est donc pas exclu mais de pertinence clinique
contestable. Parmi les EI, il faut veiller entre autres aux réac-
tions sévères d’hypersensibilité. Raison pour laquelle l’échi-
nacée ne devrait pas être administrée aux personnes ato
-
piques, aux patients avec maladies auto-immunes ou atteints
de tuberculose.
Les huiles essentielles telles que l’huile d’eucalyptus ou de
pin de montagne, le camphre ou le menthol sont contenues
dans de nombreuses préparations contre les refroidissements
(frictions, médicaments à inhaler, bains, etc.). Elles peuvent
subjectivement soulager la respiration. Les préparations au
camphre et au menthol ne sont pas appropriées pour les
nourrissons et les petits enfants. Les huiles essentielles ne
doivent pas être appliquées directement sur le visage mais
déposées sur les vêtements ou dans un mouchoir.
Il semble que la bonne vieille soupe de poulet est efficace
contre les refroidissements. Des chercheurs américains ont
attesté qu’elle a des propriétés anti-inflammatoires.
Chez le petit enfant, on viendra à bout dun refroidissement
par les recettes traditionnelles simples– du thé chaud au ci-
tron et au miel (pas chez les enfants <1an à cause du risque
de botulisme) p. ex. Un apport liquide suffisant et de l’air
humide devraient aider à liquéfier le mucus. Chez l’adulte
également, des mesures non médicamenteuses (boissons
Conseil pharmaceutique: les bonnes questions à poser
pharManuel15
54 en abondance, inhalation de vapeurs d’eau) aideront à sou-
lager les symptômes. Il faut toutefois éviter de boire en trop
grandes quantités. Des cas d’hyponatmie ont en effet déjà
été décrits dans la littérature, à ce propos. En outre, il n’existe
actuellement aucune étude randomisée et contrôlée qui per-
mettrait d’établir des recommandations concernant l’absorp-
tion de liquide.
Grippe saisonnière
Pvention
La vaccination contre la grippe est la meilleure prévention, en
plus des mesures de protection et d’hygiène. Dans certains
cas, les inhibiteurs de la neuraminidase ou l’amantadine
peuvent être utilisés à titre de chimioprophylaxie (voir ci-
après). Selon l’OFSP, la vaccination contre la grippe est re-
commandée à toutes les personnnes avec risque accru de
complications (c.-à-d. les personnes de plus de 65ans, les
malades chroniques, les femmes enceintes, les parturientes,
les prématurés) et est une prestation obligatoire au sens de la
loi sur l’assurance-maladie. En outre, elle est recommandée
aux personnes ayant des contacts réguliers avec les personnes
à risque, c’est-à-dire aussi les personnes travaillant dans le
domaine de la santé et dans les crèches (voir les indications
actuelles détaillées sous: www.sevaccinercontrelagrippe.ch et
www.bag.admin.ch/influenza/index.html?lang=fr). Le vaccin
contre la grippe est généralement bien toléré. Il réduit en outre
la morbidité et la mortalité des personnes âgées et des malades
chroniques. Il faut l’administrer dans l’idéal entre mi-octobre
et mi-novembre. La protection vaccinale débute 10 à 15jours
après la vaccination et dure environ six mois.
Traitement
Dans le traitement de la grippe, on soccupe soit des symp-
tômes, soit des causes. Les inhibiteurs de la neuraminidase
et l’amantadine (tous Rx) sont disponibles pour le traitement
causal. Les inhibiteurs de la neuraminidase, loseltamivir
(capsules, suspension) et le zanamivir (inhalations), sont ef-
ficaces contre l’Influenza A et B. Dans la prophylaxie préex-
positionnelle et postexpositionnelle de la grippe saisonnière,
ils réduisent lincidence des maladies. Le traitement doit être
initié aussi rapidement que possible, de préférence dans les
36 heures, mais au plus tard dans les 48heures après l’appa-
rition des premiers symptômes. Ces deux principes actifs
peuvent réduire la durée dune grippe de moins dun jour,
mais pas chez les enfants avec asthme. Dans sa revue de 2014,
la Cochrane Collaboration n’a pas trouvé de preuve suffisante
pour dire que l’oseltamivir et le zanamivir pouvaient réduire
le nombre de complications dues à influenza (comme par
exemple les pneumonies) ou le nombre dadmissions hospi-
talières. Chez les adultes, loseltamivir augmente le risque
d’EI tels que nausées, symptômes psychiatriques et pro-
blèmes rénaux et chez les enfants le risque de vomissements.
La faible biodisponibili du zanamivir pourrait expliquer
qu’il est moins toxique que l’oseltamivir. Il faudrait évaluer
les bénéfices et dommages de ces deux inhibiteurs de la neu-
raminidase avant tout traitement ou utilisation préventive.
En raison de son effet limité (uniquement contre Influenza
A), de l’augmentation des résistances et de ses EI nerveux
centraux, lamantadine a perdu de son importance et ne de-
vrait être utilisée qu’en cas d’urgence, lorsque toutes les
autres mesures ont échoué.
A l’exception des groupes à risque, la grippe saisonnière est
généralement traitée de façon symptomatique. Le principal
souci consiste à diminuer la fièvre et à soulager les douleurs.
Suivant l’état du patient, ce dernier devra garder le lit. Des
mesures locales contre le rhume et les maux de gorge peuvent
en outre apporter quelque soulagement (cf. ci-après).
De plus amples informations sur la grippe saisonnière
peuvent être consultées sur Internet, sur www.influenza.ch,
et sur www.grippe.ch.
Rhume
Pour le traitement du rhume d’origine virale, on recommande
en priorité les solutions salines isotoniques ou légèrement
hypertoniques. De telles solutions éliminent efficacement les
virus, les bactéries et les particules de saleté. Elles humidi-
fient en outre durablement la muqueuse. D’après de petites
études, leur emploi régulier, probablement plusieurs fois par
jour, permettrait de restreindre l’utilisation de sympathomi-
métiques et d’antibiotiques lors de rhinite et de sinusite, voire
de réduire les épisodes de refroidissement ainsi que leurs
complications. Les solutions salines sont considérées comme
les meilleures méthodes, tout particulièrement pour les nour-
rissons et les enfants. Il est particulièrement important de
dégager une obstruction nasale chez le nourrisson dans la
mesure où il ne peut encore guère respirer par la bouche en
compensation. En alternative les séctions nasales peuvent
être aspirées chez les nourrissons à l’aide dun mouche-bébé.
Linhalation de vapeurs deau chaude (42–45°C, éventuelle-
ment avec additifs, peut être utile (cependant uniquement
chez les enfants plus âgés et les adultes).
Si les solutions salines ne parviennent pas à soulager le
rhume, il est possible d’utiliser en complément des va-
soconstricteurs sympathomimétiques. Les sprays doseurs à
l’oxytazoline et à la xylométazoline sans conservateurs
s’y prêtent le mieux (avantages: effet rapide et de longue du-
rée, utilisation facilitée, dosage exact et répartition uniforme
sur la muqueuse nasale, pas d’EI dus aux produits conserva-
teurs tels que le chlorure de benzalkonium). Les solutions
salines sont conseillées en complément car elles réduisent la
fréquence d’administration du vasoconstricteur et contri-
buent au maintien dune bonne clairance mucociliaire. En
raison de leurs effets indésirables en cas de prise prolongée,
les vasoconstricteurs ne doivent pas être administs plus
d’une semaine sans prescription médicale (et si possible pas
plus de 3 jours chez les femmes enceintes). Aux Etats-Unis,
leur utilisation est même limitée à 3 jours. Entre deux cycles
d’utilisation, il faudrait respecter une pause d’au moins 10 à
15 jours afin de permettre à la muqueuse nasale et à la clai-
rance mucociliaire de se normaliser.
Lors de dosage normal et dadministration de courte durée
(<5–7 jours), les adultes n’ont généralement pas à craindre
d’effets indésirables systémiques. Il n’est cependant pas pos-
sible d’exclure entièrement des effets adrénergiques (éléva-
tion de la tension artérielle, rétention urinaire, réactions
neurologiques et psychiatriques) chez les personnes hy-
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