Empire Club Toronto, Ontario Éliminer les cloisonnements : collaborer pour innover et accroître la valeur dans les soins de santé Graham Sher Chef de la direction Société canadienne du sang Introduction • Merci pour cette présentation flatteuse et pour l’invitation. • Avant de commencer, j’aimerais souligner la présence de représentants de l’assemblée législative de l’Ontario. Je souhaite la plus cordiale bienvenue à la ministre Mitzie Hunter et au député Han Dong. J’aimerais également remercier notre commanditaire, KPMG. • Vous savez sans doute que la Société canadienne du sang est l’organisme qui gère le système de collecte et de distribution du sang au Canada. Ce n’est pas une mince tâche. Nous gérons un réseau qui couvre toutes les provinces et tous les territoires, sauf le Québec, qui a son propre système. Nous fournissons à tous les hôpitaux du pays le sang et les produits sanguins dont ils ont besoin pour leurs patients. • Nous remplissons ce mandat grâce à 425 000 donneurs canadiens et à 4 300 employés répartis dans une quarantaine d’établissements d’un océan à l’autre. • Nos fonds, qui nous viennent des gouvernements provinciaux et territoriaux, sauf celui du Québec, totalisent un peu plus d’un milliard de dollars par année. • Vu le scandale du sang contaminé qui a secoué le Canada et mené à la création de notre organisme, nous nous devons de garantir aux Canadiens un système sur lequel ils peuvent compter, un système auquel ils peuvent faire confiance en tout temps. • Notre nom – Société canadienne du sang – reflète notre responsabilité quant à la gestion du sang, mais ce que beaucoup ignorent, c’est que nous avons d’autres responsabilités : nous achetons des protéines plasmatiques, des achats en gros qui totalisent environ 500 millions de dollars par année; nous gérons le réseau de donneurs potentiels de cellules souches UniVie pour les patients canadiens qui attendent une greffe de cellules souches; nous administrons la banque publique nationale de sang de cordon ombilical; et nous collaborons à un système canadien de gestion de dons et de transplantation d’organes, système dont nous dirigeons plusieurs aspects. • La proposition de valeur que nous offrons à l’ensemble du système de santé fédéré du Canada est unique : nous sommes la seule organisation de prestation de services de santé pancanadienne financée par les provinces et les territoires et réglementée par le gouvernement fédéral. • Nous arrivons au terme de l’une des campagnes électorales les plus longues et les plus contestées que nous ayons eues depuis longtemps et s’il y a une chose qui me frappe, c’est le peu d’attention accordée à la santé dans le discours électoral. • Oui, on en parle un peu dans les débats, mais à mon avis, le dialogue n’a pas la profondeur et n’occupe pas l’espace qu’il devrait occuper compte tenu de l’importance que revêt la santé pour les Canadiens. • Le Groupe consultatif sur l’innovation des soins de santé, dirigé par le Dr David Naylor, a récemment publié un rapport qui soulève plusieurs points importants pour le système de santé canadien. Le rapport souligne notamment qu’il faut accroître la collaboration pour favoriser l’innovation; adopter une stratégie plus avantageuse pour l’achat de médicaments; recentrer le système de soins de santé sur le patient; et innover pour rehausser la qualité de notre système de santé et assurer sa pérennité. • À la Société canadienne du sang, notre prestation de services repose sur une plateforme pancanadienne qui nous offre une perspective unique des questions de santé importantes pour le pays. J’aimerais explorer certaines de ces questions aujourd’hui, d’une part parce qu’elles trouvent un écho dans la vision de notre organisation, et d’autre part, parce que notre expérience peut enrichir le débat. • Pour ce faire, je vais vous présenter le cas de deux patients qui montrent comment le système et la situation des patients ont pu être améliorés et mettent en relief les principes d’équité et d’accès aux soins. • Il y a de nombreux cas tous aussi importants les uns que les autres, mais j’ai choisi ceux-là parce qu’ils illustrent bien ce qu’on peut gagner en améliorant la collaboration pour innover. Cas de patients • Patiente hyperimmunisée : La première histoire est celle d’Eileen. Eileen avait besoin d’une greffe de rein. • Elle a toutefois été sous dialyse pendant 15 ans parce que son système immunitaire est hypersensible, ce qui complique les choses. • Le système immunitaire peut devenir hypersensible lorsqu’on est exposé à des tissus étrangers lors d’une grossesse, d’une greffe d’organe ou d’une transfusion sanguine. • Comme des centaines d’autres Canadiens qui souffrent d’insuffisance rénale, Eileen a produit des anticorps contre les antigènes étrangers et ces anticorps l’empêchaient de trouver un donneur compatible parmi le nombre limité de donneurs d’organes de sa région. • Mais en avril, on lui a enfin transplanté un rein. • On lui a trouvé un rein compatible grâce au Programme des patients hyperimmunisés, ou, pour faire court, le Programme PHI. • Il s’agit d’un nouveau programme pancanadien mis sur pied par la Société canadienne du sang en collaboration avec des organismes de transplantation d’organes et d’autres partenaires des quatre coins du pays, y compris le Québec. C’est un programme pancanadien au sens strict du terme. • Depuis quelques mois, donc, le Programme PHI donne un réel espoir aux patients hyperimmunisés comme Eileen, qui, en général, sont ceux qui attendent le plus longtemps avant d’obtenir un rein. • Le Programme donne à ces patients un accès prioritaire à un bassin national d’organes, un bassin plus vaste que ceux offerts par les réseaux de santé provinciaux ou régionaux. • Les organismes de don d’organes provinciaux appuient cette priorisation parce qu’en ayant accès à un bassin d’organes plus vaste, les patients hyperimmunisés, qui sont désavantagés à la base, ont une chance plus équitable de trouver un donneur. • Je suis heureux de rapporter qu’Eileen fait partie des quelque 150 personnes qui ont reçu un rein depuis que ce programme national à coûts partagés a été lancé il y a moins de deux ans. • Sans cette approche pancanadienne, ces 150 patients seraient probablement sur des listes d’attente pendant encore de nombreuses années et continueraient de dépendre de la dialyse. • Le Programme PHI est la plus récente addition au Registre canadien de transplantation, qui regroupe trois programmes conçus pour faciliter l’inscription et le partage d’organes entre provinces : le Programme de don croisé de rein, la Liste d’attente nationale pour un organe et, plus récemment, le Programme des patients hyperimmunisés. • Le Registre canadien de transplantation est un exemple parfait d’innovation canadienne. Il est géré à la fois de manière indépendante et au niveau national. • Chaque organisme provincial de don et de transplantation d’organes conserve ses droits de prestation de services et prend les décisions pour son territoire, mais travaille en collaboration avec les organismes des autres provinces et selon des normes de fonctionnement nationales. • Dans sa gestion de l’infrastructure web de ce programme national de don et de transplantation, la Société canadienne du sang s’appuie sur une politique interprovinciale ainsi que sur des pratiques d’excellence élaborées avec des partenaires du système de santé et fondées sur des faits prouvés. • Le Registre canadien de transplantation est un moyen d’éliminer les cloisonnements; c’est un moyen de partager des ressources limitées entre provinces et d’agir ensemble en tant que nation pour améliorer l’accès aux organes. • Dans ce contexte, innover signifie penser différemment et mettre en place des solutions à l’échelle nationale et provinciale dans l’intérêt de tous les patients. • En décloisonnant les systèmes de santé provinciaux, les solutions innovantes comme le Registre canadien de transplantation ne minent ou ne réduisent en rien les champs de compétence territoriaux ou constitutionnels. Elles ajoutent plutôt de la valeur au système de santé, le recentrent sur les besoins des patients, en plus de favoriser sa pérennité. • Bref, en appliquant des solutions de ce genre au système de santé canadien, en supposant qu’il n’y ait qu’un seul système pour le pays, on peut atteindre un niveau de rendement qu’aucun système provincial ne peut atteindre seul. • Des études montrent que, pour chaque rein transplanté, on évite des coûts d’environ 50 000 dollars par patient par année. Compte tenu du fait que jusqu’à maintenant, plus de 360 personnes ont été greffées grâce au Programme de don croisé de rein, le programme de jumelage le plus mature du Registre canadien de transplantation, on dispose d’environ 18 millions de dollars par an pour d’autres besoins de santé. • Patient ayant besoin de protéines plasmatiques : La deuxième histoire est celle de Reg. Reg est né avec un déficit immunitaire commun variable ou DICV. Enfant, il a contracté de nombreuses infections parce qu’il ne pouvait les combattre et, à 14 ans, il a commencé à recevoir chaque mois des immunoglobulines intraveineuses, ou IgIV, pour renforcer son système immunitaire. • Au début de la trentaine, Reg a appris qu’il souffrait de sarcoïdose, une maladie immunitaire caractérisée par la formation de petits boutons enflammés qui se forment dans différentes parties du corps. Dans son cas, ce sont les poumons qui ont été touchés. On a donc décidé de lui injecter des IgIV toutes les deux semaines et on l’a mis sous oxygène. • Alors qu’il était au milieu de la quarantaine, ses poumons et son foie ont lâché et après de nombreuses complications potentiellement mortelles, il a reçu une transplantation foie-poumon. C’était en mars 2014. • Reg a eu un parcours très éprouvant. Sans les médicaments appropriés et sans les traitements réguliers qu’il a reçus, il n’aurait peut-être pas atteint la quarantaine, et encore moins survécu à une transplantation foie-poumon. Il doit quand même continuer de combattre les infections. Il a reçu de nombreuses transfusions de plaquettes et poursuit le traitement par IgIV. • Les immunoglobulines intraveineuses sont dérivées du plasma humain. Depuis sa création en 1998, la Société canadienne du sang assure un accès universel aux IgIV et à d’autres médicaments dérivés du plasma à tous les patients canadiens qui en ont besoin. L’accessibilité à ces médicaments n’est pas un problème, et l’accès est le même pour toutes les régions. • Cela signifie que si Reg déménage dans une autre province, il continuera de recevoir les médicaments qui lui sont vitaux. • Cette liberté dont jouit Reg tranche nettement avec la réalité de nombreux patients victimes de la « loterie des codes postaux », une loterie involontaire mais qui peut avoir des effets débilitants lorsqu’il est question de l’accès à certains médicaments. • La Société canadienne du sang assure un accès pancanadien aux médicaments qu’elle fournit par l’entremise d’un programme d’achat en gros. Elle met à profit son expertise dans le domaine du sang pour acheter des produits plasmatiques aux meilleurs prix possibles au nom des provinces et des territoires. Elle apporte une valeur ajoutée au système de santé. • Cette approche ne se limite pas à l’achat de médicaments en gros pour approvisionner les quelque 700 hôpitaux que nous desservons, elle crée en outre une plateforme pancanadienne qui offre de nombreux avantages aux réseaux de santé provinciaux. • Mentionnons un système d’exploitation global pour l’acquisition, l’entreposage et la livraison de produits plasmatiques; un processus d’appel d’offres public conçu pour favoriser la diversité et assurer des réserves de produits suffisantes; des mesures supplémentaires pour la sécurité, l’assurance de la qualité et la gestion des risques; une expertise médicale pour assurer l’utilisation adéquate des produits; une implication accrue des patients et des parties prenantes; et, bien sûr, un pouvoir de négociation qui permet d’optimiser le rapport coût-efficacité. • Ce sont toutes là des choses que la Société canadienne du sang amènent à la table au nom des parties prenantes qui profitent de ses services. • Respecter l’équité à l’échelle nationale, en matière d’accès et de qualité, semble assez inhabituel dans le contexte global des soins de santé d’aujourd’hui, n’estce pas? • C’est le cas aussi de l’approche intégrée que la Société canadienne du sang suit pour fournir ses services d’un océan à l’autre, cette approche même qui a permis à Reg de recevoir des IgIV, des plaquettes et une greffe quand il en avait grandement besoin. • Ici aussi, innover signifie penser différemment. Dans le contexte de l’achat en gros, cela signifie plus qu’être un acheteur à la recherche des meilleurs prix, cela signifie intégrer à la pratique des services à valeur ajoutée axés sur les politiques de santé. • Dans le contexte d’une prestation de services à l’échelle nationale, cela signifie profiter de plateformes pancanadiennes pour fournir aux patients les meilleurs soins possibles : un ensemble de services préventifs et de soins curatifs qui évolue selon les besoins des patients et qui est offert aux divers réseaux de santé du pays. • Les cas d’Eileen et de Reg sont réels. Leurs histoires sont des fenêtres sur notre programme de don et de transplantation d’organes et sur notre programme d’achat en gros. Et ce ne sont là que deux exemples de ce que nous faisons. • En fait, tous nos programmes et services ont un élément commun de base : une collaboration permanente avec les provinces et les territoires pour la prestation de services de santé. • J’aimerais d’ailleurs prendre quelques minutes pour expliquer la naissance de cet engagement, qui se poursuit encore aujourd’hui. • Ce faisant, je vais toucher aux autres thèmes que j’ai mentionnés au début : l’innovation, l’équité et l’accès aux soins et, au bout du compte, des services de meilleure valeur tant pour les réseaux de santé que pour les patients qui en dépendent. La Société canadienne du sang en tant que modèle de ce qui est possible • Dans le cas des produits plasmatiques, l’équité d’accès est la norme au Canada en raison d’une décision prise par les paliers de gouvernement fédéral, provincial et territorial en 1997, dans la foulée de la réforme du système d’approvisionnement en sang qui a suivi le scandale du sang contaminé. • À l’époque, les gouvernements ont décidé d’instaurer un système unique et sans précédent dont les activités s’étendraient aux réseaux de santé provinciaux : - un système pancanadien centré sur le patient et assurant la collecte, le traitement, l’approvisionnement et la distribution du sang et des produits sanguins grâce à un financement à coûts partagés; - un système dans lequel le sang, les produits sanguins et les cellules souches sont disponibles sans frais directs pour tous les patients, qu’ils soient à Edmonton, en Alberta, ou à Edmundston, au Nouveau-Brunswick. Ces produits biologiques sont accessibles dans toutes les régions et couverts par le régime de santé du pays. • L’adoption de cette approche pancanadienne a nécessité du courage politique, du leadership et la collaboration tant du gouvernement fédéral que des gouvernements provinciaux. Elle a aussi nécessité un cadre de gouvernance remettant en question Ies champs de compétence traditionnels et exigeant une attention constante pour demeurer pertinent et viable à long terme. • La Société canadienne du sang est réglementée par Santé Canada, par l’intermédiaire de la Loi sur les aliments et drogues, et est financée en grande partie par les 12 provinces et territoires. • Ce sont ces 12 ministères de la Santé – les actionnaires de la Société canadienne du sang – qui nomment les membres de notre conseil d’administration. • Nous sommes un organisme sans but lucratif indépendant. Nous ne sommes mandataires d’aucun gouvernement, bien que nous soyons redevables à l’ensemble des provinces et des territoires que nous servons. • Compte tenu de ce cadre de gouvernance, nous pouvons prendre des décisions libres de toute contrainte politique ou territoriale, en veillant uniquement à fournir le bon service ou le bon produit à la bonne personne au bon moment. Nous ne sommes pas soumis aux compétences respectives de chaque administration. Ce cadre nous offre la marge de manœuvre nécessaire pour maintenir nos activités comme il le faut pour répondre au mieux aux besoins des patients. • L’accès universel à plus de 35 médicaments biologiques, rendu possible grâce à notre programme d’achat en gros, est soutenu par cette structure de gouvernance, laquelle remplit bon nombre des critères d’un programme national d’assurance-médicaments pour certains patients. • Améliorer un système pancanadien n’est pas chose facile et les progrès peuvent être péniblement lents. J’ai parlé plus tôt de quelques-unes de nos réussites dans le domaine du don et de la transplantation d’organes, comme le Programme des patients hyperimmunisés et le Registre canadien de transplantation, qui aident les organismes responsables à trouver des organes pour les patients ayant des besoins particuliers. • Bien qu’il y ait maintenant un système national pour le don et la transplantation d’organes, ce domaine n’a pas profité de la réforme générale qui a modifié le système d’approvisionnement en sang en 1997. • L’accès et le rendement varient d’une région à l’autre, ce qui demeure un problème encore aujourd’hui. Les chiffres indiquent clairement qu’il faut faire plus. Si l’on regarde le nombre de personnes décédées qui font un don par million d’habitants, le Canada affiche un rendement inférieur à celui des pays les mieux classés. Qui plus est, nous sommes devancés par des pays qui disposent de beaucoup moins de ressources que nous. Je pense notamment à la Lettonie et à l’Uruguay. Le Canada est loin de remporter les honneurs dans le domaine du don et de la transplantation d’organes. • Selon l’Institut canadien d’information sur la santé, au 31 décembre 2013, environ 4 400 patients canadiens étaient sur une liste d’attente pour une transplantation, que ce soit pour un rein, un cœur, un poumon, un foie, un pancréas ou un intestin. • La même année, 245 sont décédés pendant l’attente. C’est un patient environ toutes les 36 heures. Travaillant à améliorer le système, je trouve ces chiffres terriblement difficiles à accepter à seulement quelques jours de la Journée mondiale du don d’organes et de la greffe, le 17 octobre. • On observe au Canada une augmentation des traitements de dialyse, ce qui ajoute à l’urgence de la situation. Le recours à la dialyse s’intensifie parallèlement au vieillissement de la population et à l’explosion du nombre de personnes souffrant de diabète ou d’insuffisance rénale terminale. • Pour diverses raisons, il est peu probable que les transplantations d’organes soient un jour aussi accessibles que les produits sanguins. Nous savons toutefois ce qui s’en vient et nous pouvons faire plus pour nous y préparer. • La Société canadienne du sang est bien placée pour favoriser et soutenir une collaboration interprovinciale en ce sens, mais pour avancer, il faut des investissements constants dans la gouvernance ainsi que dans la prestation des services provinciaux de première ligne. Agir en fonction des difficultés à surmonter • Il y a un autre point, plus général celui-là, que j’aimerais soulever par rapport aux cas des deux patients et des programmes dont ils bénéficient : dans les bonnes conditions, le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux peuvent faire plus ensemble que séparément. • Les soins de santé relèvent obligatoirement des provinces, mais le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et les gouvernements territoriaux peuvent collaborer, ce qu’ils font d’ailleurs dans l’intérêt du système de santé. L’expérience de la Société canadienne du sang le prouve. • En s’unissant, les gouvernements peuvent repenser les programmes de santé et favoriser l’innovation dans l’ensemble des provinces et territoires au profit des patients. • Pourquoi devraient-ils attendre une crise ou un dérapage comme celui du sang contaminé dans les années 90 pour réunir les parties concernées d’un bout à l’autre du pays et collaborer dans un esprit de leadership et de consensus? • Pour apporter de la valeur à long terme aux patients canadiens et aux systèmes de santé, avant l’effondrement imminent de ces derniers, il faut que des décisions politiques avant-gardistes soient prises sur la foi des informations disponibles, sans qu’il y ait de contraintes imposées par les traditions et les vérités toutes faites. Et c’est possible. • Compte tenu de la double réalité des contraintes budgétaires et du vieillissement de la population, nous, leaders et partenaires du système de santé, avons un rôle crucial à jouer dans l’innovation et l’amélioration du rendement. • Pour la Société canadienne du sang, l’innovation et le leadership se traduisent par des programmes comme ceux que j’ai mentionnés, à savoir le programme de médicaments biologiques et le Registre canadien de transplantation, mais ce n’est pas tout. Stimuler l’innovation et le leadership, c’est aussi mobiliser les connaissances et l’expérience pour rehausser la valeur du système et apporter des améliorations durables à grande échelle. • Par exemple, nous avons chapeauté la conception d’un cadre décisionnel fondé sur l’analyse des risques, ce que nous avons fait par l’entremise de l’Alliance of Blood Operators, un réseau dont la Société canadienne du sang est membre fondateur et qui compte plus de 90 fournisseurs de sang en Amérique du Nord, en Europe et en Australie. • Cet effort de collaboration et d’innovation a mené à un cadre de principe pragmatique qui est utilisé à l’échelle internationale pour orienter les politiques et les décisions vers une gestion du sang sécuritaire. Ce cadre prend en compte les progrès technologiques, les questions sociales, l’aspect économique des soins de santé ainsi que les attentes des parties prenantes. En résumé • Au début de mon exposé, j’ai fait référence au rapport déposé récemment par le Groupe consultatif sur l’innovation des soins de santé. • L’un des principaux points de ce rapport, c’est notre difficulté à trouver des solutions innovantes et efficaces aux problèmes qui touchent les réseaux de santé provinciaux et l’ensemble des réseaux. Gros problème. • Nous ne manquons pas d’esprit créatif ni de solutions, mais nous sommes souvent incapables de travailler ensemble pour réaliser des progrès capitaux. • Je crois que notre mode de gestion indépendant et les expériences de patients comme Eileen et Reg illustrent ce qui est possible lorsqu’on monte d’un cran. • En matière de soins de santé, exercer un leadership innovateur, c’est faire les choses différemment et se donner les moyens de réussir. • À la Société canadienne du sang, nous avons vu que c’était possible par une collaboration pancanadienne, qui nous a démontré que l’ensemble a plus de valeur que la somme des parties. • Cela ne signifie pas que l’approche soit simple ou qu’il faille appliquer une solution nationale à chaque problème de santé. • Ceux et celles d’entre vous qui ont de l’expérience dans les relations interprovinciales le savent : le fait que les réalités politiques et les contraintes budgétaires diffèrent d’un endroit à l’autre complique inévitablement la collaboration et la prise de décisions. • Mais oui, la collaboration, la coordination et le consensus sont possibles, et ce qui en découle est ce que nous voulons tous : une meilleure santé, un meilleur rendement et un système plus avantageux pour les Canadiens. • Par conséquent, peu importe le gouvernement qui sera au pouvoir après le 19 octobre, je l’invite à regarder ce qui fonctionne dans nos réseaux de santé et à s’en inspirer pour aller de l’avant. De concert avec ses homologues provinciaux et territoriaux, le gouvernement fédéral peut jouer un rôle essentiel dans la facilitation et la multiplication de réussites. • Et là où il y a des lacunes – qu’on parle de valeur, d’équité ou d’accès –, j’espère que nos prochains leaders fédéraux envisageront sérieusement de les combler en appelant à un renouveau et à l’innovation. • La collaboration et le leadership interprovinciaux peuvent changer la donne en favorisant un accès plus équitable à de meilleurs soins de santé. • Ayons le courage d’aller au-delà des paradigmes et éliminons les cloisonnements. Ensemble, nous pouvons offrir le type de soins de santé sur lesquels comptent Eileen et Reg. • Pour conclure, je tiens à mentionner ce que vous pouvez faire pour aider davantage la Société canadienne du sang : - donnez du sang, inscrivez-vous au registre des donneurs potentiels de cellules souches ou à un registre de consentement au don d’organes; - devenez l’un de nos partenaires commerciaux ou communautaires; - faites un don en argent; - devenez bénévole. • Nous comptons tous sur votre aide. • Merci.