Qu’y a-t-il de fondamental avec le microcrédit par rapport au crédit traditionnel ?
La différence principale est qu’il est orienté sur une cible nouvelle : les pauvres et les exclus généralement
des femmes et les hommes démunis, qui ont besoin d’un capital de démarrage pour leur petite activité
génératrice de revenus ou désirant créer leur propre micro entreprise ou TPE. Il reconnaît leurs aptitudes,
leurs besoins et leur capacité à rembourser les prêts. Si ce dernier réussi, le microcrédit ne sera plus
nécessaire: car il aura permis à une activité génératrice de revenus ou une micro-entreprise de vivre,
d’évoluer, de croitre et probablement de se pérenniser en recourant désormais aux crédits bancaires
classiques. En outre, L’une des caractéristiques spécifiques du microcrédit est qu’il offre, avec un crédit de
faible montant, un ensemble d’actions d’accompagnement susceptibles de renforcer les chances de succès
de la micro-entreprise et donc de remboursement du crédit.
En termes de coût, la comparaison entre le microcrédit et le crédit classique fait ressortir plusieurs
différences de taille qui impliquent des coûts supplémentaires pour l’organisme de microcrédit et qui
impactent le niveau du taux d’intérêt. Les différences sont nombreuses : montants plus faibles du prêt,
suivi opérationnel de l’emprunteur, plus d’interaction avec les clients, souvent il est aussi question de
surmonter les problèmes d’analphabétisme. A cela s’ajoute le fait que les institutions de microcrédit
doivent payer pour se procurer des fonds propres. Ce sont deux modèles économiques bien distincts.
Le prêt est ensuite remboursé grâce aux revenus de l’entreprise, qui leur permet aussi parfois d’en épargner
une partie, et de financer l’éducation de leurs enfants. Un service d’épargne sécurisé permet aux
populations les plus pauvres d’assurer un avenir à leur famille, et avec la micro-assurance, l’épargne
protège des chocs externes (catastrophes naturelles, crises macro-économiques) des populations qui y sont
le plus souvent les plus sensibles.
Depuis de longues années, le microcrédit est un outil non seulement de la lutte contre la pauvreté mais il
s’adapte de plus en plus au service du développement et encourage les micro-activités commerciales,
artisanales et agricoles. Il peut constituer une source d’innovation financière, économique et sociale.
Cependant, il ne peut prétendre se substituer ni aux politiques publiques de sécurité sociale, ni au
développement des infrastructures nécessaires dans les domaines de la santé et de l’éducation. Il peut, par
contre, renforcer l’efficacité de ces politiques et de ces programmes grâce à son réseau capillaire dans les
quartiers les plus défavorisés et les zones rurales les plus reculées.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les microcrédits ne sont pas destinés uniquement aux pays du
Tiers Monde. Ce phénomène est devenu planétaire, sa diffusion est rapide. Ses bénéfices directs ou induits
et la reconnaissance3 internationale qui lui a été accordée expliquent son succès. La microfinance existe
même dans les pays occidentaux en réponse à l’exclusion bancaire qui frappe les populations les plus
démunies ou des groupes marginalisés. On note ainsi la présence d’institutions de microfinance appelées
institutions de crédits solidaires en France tels que l’association pour le droit à l’initiative économique
(Adie France). Les institutions de microfinance se retrouvent également aux Etats Unis. En effet, il existe
plus de 400 programmes de micro crédits [Himes and Servon, 1998]4. En 1996, ces programmes ont
octroyé plus de 44 millions de dollars à 200 000 personnes [Edgcomb, Klein et Clark 1996]5. Les
différentes crises (financière, dettes souveraines…) qui ont touché ces pays depuis 2007 ne peuvent que
renforcer le rôle des organismes de microcrédit en accompagnement les laissés pour compte du système
économique et financier.
Le défi actuel de la plupart des institutions de microfinance (IMF) est celui de l’institutionnalisation et de
la pérennité. Or, l’histoire récente fournit des exemples de réussites mais reste émaillée aussi de crises et de
faillites. La pérennité des IMF requiert non seulement la pérennité financière et l’adaptation aux cadres
juridiques existants, mais aussi une vision stratégique claire et une organisation transparente, efficace et
3 Avec notamment l’Année Internationale du Microcrédit des Nations Unies en 2005 et l’attribution du Prix Nobel de la Paix
au Professeur M. Yunus et à la Grameen Bank en 2006.
4 Himes, C., and L. J. Servon. 1998. Measuring Client Success: An Evaluation of Accion’s Impact on Microenterprises in the
United States. Boston: Accio
5 Edgcomb, E., J. Klein, and P. Clark. 1996 The Practice of Microenterprise in the U.S.:Strategies, Costs, and Effectiveness.
Washington, D.C.: Aspen Institute.