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Ann Dermatol Venereol
2006;133:679-82
Périartérite noueuse cutanée liée à l’hépatite C et régressive
après bithérapie antivirale
été retenu sur la concordance entre la clinique et l’anatomopa-
thologie. L’absence d’atteinte systémique permettait de rete-
nir le diagnostic de PAN cutanée [12]. Cette entité, longtemps
discutée, est maintenant individualisée au sein de la classifi-
cation des vasculites [13]. L’intérêt d’individualiser ce sous-
groupe de vasculite est de ne pas traiter par excès les malades
par des schémas agressifs comme la corticothérapie générale
associée à un immunosuppresseur. En l’absence d’atteinte
systémique, la malade a été initialement traitée par colchicine
et dermocorticoïdes sans aucune amélioration durant six se-
maines. Une bithérapie antivirale a alors été instituée durant
24 semaines, entraînant la guérison clinique et une rémission
virologique prolongée avec un recul de 18 mois.
Le lien entre PAN et infection virale, en particulier le virus
de l’hépatite B est bien connu [7], qu’il s’agisse de PAN systé-
miques ou plus rarement de PAN cutanées. Des cas de PAN
ont également été décrits en rapport avec le VHC. Dans une
série française de 17 vasculites systémiques associées à l’hé-
patite C, 10 cas étaient des PAN systémiques et 7 des vasculi-
tes leucocytoclasiques des petits vaisseaux secondaires à une
cryoglobulinémie mixte [5]. Dans cette étude, le génotype 1b
était deux fois plus fréquent dans le groupe cryoglobulinémie
que dans le groupe PAN. Une autre série française de 16 PAN
cutanées associée à l’infection par le VHC a été rapportée [14].
Dans la mesure où l’infection par le VHC peut-être asympto-
matique, il paraît logique de demander une sérologie du
VHC chez les malades atteints d’une PAN cutanée, même
lorsque l’activité sérique des transaminases est normale [15].
En effet, comme dans le cas rapporté, l’augmentation des
transaminases peut être fluctuante. Ceci étant dit, cette re-
cherche s’est révélée négative 78 fois dans une série américai-
ne de 79 malades atteints d’une PAN cutanée [16].
Le traitement des vasculites et en particulier des PAN asso-
ciées au VHC n’est pas clairement codifié. Les manifesta-
tions cliniques sévères nécessitent le recours aux corticoïdes
et parfois aux immunosuppresseurs. Toutefois, aucune étu-
de prospective n’a précisé la place respective de ces traite-
ments. Il faut garder à l’esprit la présence de l’infection virale
sous-jacente, limiter ainsi la posologie et la durée des corti-
coïdes, réserver aux manifestations rebelles ou particulière-
ment menaçantes l’utilisation des immunosuppresseurs [7].
Si l’on considère que la vasculite est liée à l’infection virale
elle-même éventuellement associée à une cryoglobulinémie
mixte, le traitement antiviral devrait logiquement traiter la
cause et la conséquence [17]. Cependant, chez des malades
traités pour une hépatite C, le traitement par interféron-α
peut déclencher des poussées sévères de vasculite cryoglobu-
linémique [18-21] ou de PAN [9, 10]. Ces cas restent relative-
ment rares et régressent généralement après l’arrêt du
traitement. Une étude contrôlée de 53 malades (27 traités,
26 témoins) atteints d’hépatite C et d’une cryoglobulinémie
mixte a montré que 15 des 27 malades traités par interféron-
α étaient significativement améliorés : négativation de la vi-
rémie, amélioration de l’atteinte cutanée et de la créatininé-
mie [17]. Une série plus récente de 14 malades atteints d’une
vasculite systémique liée au VHC a montré que la bithérapie
permettait de guérir 10 malades de leur vasculite, et 9 de leur
hépatite avec un recul de 6 mois [22]. Quand, comme dans
notre observation, la vasculite est purement cutanée et que
l’atteinte hépatique est minime, la décision de traiter doit
être discutée. La réponse virologique est liée au génotype, ce
qui peut influencer la décision thérapeutique. Le génotype
3 trouvé chez la malade présentée est de bon pronostic puis-
que l’infection virale peut être éradiquée dans 80 p. 100 des
cas par une bithérapie [15, 23] et la guérison de la vasculite est
elle-même liée à la guérison virologique [22].
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