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Correspondances en Nerf & Muscle - Vol. III - n° 2 - octobre 2005
CAS CLINIQUE
COMMENTAIRES
Le syndrome du pyramidal se définit comme une
sciatalgie tronquée due à la compression du nerf
sciatique dans le canal sous-pyramidal. Il s’agit
d’une entité mal connue dont l’existence est
contestée par certains auteurs. Cette observa-
tion suggère la réalité de cette pathologie sur les
données cliniques caractéristiques, la mise en
évidence en imagerie d’une hypertrophie du
muscle pyramidal du côté symptomatique et
l’amélioration significative et prolongée des
symptômes à deux reprises après injection de
toxine botulinique dans le muscle hypertrophié.
✓Rappel anatomique (figure 3)
Recouvert par le muscle grand fessier, le muscle
pyramidal se trouve à la face profonde de la
fesse, juste au-dessus du muscle jumeau supé-
rieur avec lequel il limite le canal sous-pyrami-
dal. Le muscle pyramidal est rotateur externe
lorsque la hanche est en extension et devient
abducteur lorsque la hanche est en flexion.
Le canal sous-pyramidal contient le nerf scia-
tique et une de ses branches, le nerf fessier infé-
rieur, qui innerve le muscle grand fessier. Le nerf
fessier supérieur, autre branche du nerf scia-
tique, a quitté le tronc du nerf avant le canal
sous-pyramidal et innerve les muscles moyen et
petit fessier, après être passé dans le canal sus-
pyramidal avec l’artère fessière.
✓Symptomatologie
Il s’agit d’une douleur profonde de la fesse, irra-
diant à la face postérieure de la cuisse et dépas-
sant rarement le genou. Les douleurs sont typi-
quement déclenchées par les marches de
longue durée et la position assise prolongée.
Des troubles sensitifs à type de paresthésies
peuvent être rapportés.
✓Examen clinique
Il n’existe pas de signe rachidien ni de signe neu-
rologique déficitaire. Le réflexe tendineux achil-
léen est présent. L’examen de la hanche est nor-
mal. La palpation de la fesse en regard du bord
latéral du sacrum déclenche souvent une dou-
leur. Trois manœuvres mettant en tension le
muscle pyramidal ont été décrites et permettent
d’apporter des éléments supplémentaires au
diagnostic si elles reproduisent la symptomato-
logie douloureuse :
◆
La manœuvre de Freiberg (1) : le patient est en
décubitus dorsal, le membre inférieur asympto-
matique en extension est placé progressivement
en adduction et rotation interne.
◆
La manœuvre de Pace et Nagle (2) : le patient
est assis au bord de la table d’examen, genoux
fléchis à angle droit ; l’examinateur place ses
mains à la face externe des genoux et résiste à
une abduction forte et prolongée.
◆
La manœuvre de Beatty (3) : le patient est en
décubitus latéral du côté sain, le membre inférieur
symptomatique est placé en adduction-flexion et
rotation interne (le genou du côté symptomatique
reposant ainsi sur la table) ; on demande au
patient d’élever son membre inférieur de façon
à le placer en abduction et rotation externe.
✓Examens complémentaires
Au préalable, une imagerie du rachis lombaire a
permis d’éliminer formellement toute patholo-
gie discale ou rachidienne.
◆
Imagerie
Le scanner ou l’IRM du bassin peuvent montrer
une hypertrophie du muscle pyramidal du côté
symptomatique. L’échographie peut également
mettre en évidence des anomalies morpholo-
giques du muscle pyramidal par comparaison
avec le côté asymptomatique (4).
◆
EMG
Il peut mettre en évidence une atteinte neuro-
gène dans les muscles innervés par le nerf
Figure 3. Anatomie normale.
Échancrure sciatique
Nerf sciatique
Muscle pyramidal
Muscle jumeau supérieur
Muscle obturateur interne
Muscle jumeau inférieur