Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (15) - n° 7 - septembre 2001 192
d’une de ses deux branches terminales :
nerf tibialis, nerf peroneus communis.
Cette agression peut se faire soit au contact
du bord inférieur du MP, soit lors de leur
traversée musculaire (variante anatomique
relativement fréquente) (7).
Clinique
Les symptômes d’appel comportent des
douleurs glutéales, en règle générale uni-
latérales, profondes, basses, particulière-
ment marquées en position assise.
À ces symptômes peuvent s’associer :
– des paresthésies glutéales basses et de la
face postérieure de la cuisse ;
– une sciatalgie tronquée uni- ou biradi-
culaire ;
– des douleurs pelviennes antérieures
et/ou postérieures (rectales), des dyspa-
reunies (2, 3, 8), probablement dues à une
atteinte du nerf pudendal.
L’ e xamen physique retrouve une douleur
du muscle à la palpation externe de la fesse
en dedans du grand trochanter, au toucher
rectal dans la partie postéro-latérale de la
paroi pelvienne à côté de l’épine ischia-
tique et au-dessus du ligament sacro-épi-
neux. L’hypertrophie ou la contracture du
MP peut être perçue par voie externe et
par les touchers pelviens sous la forme
d’une corde, d’une “saucisse” transversale
à la partie basse de la fesse.
La douleur glutéale profonde, les pares-
thésies peuvent être reproduites ou accen-
tuées selon le mécanisme en cause :
– soit par l’étirement du muscle : mise en
rotation interne du membre inférieur en
extension en décubitus dorsal (manœuvre
de Freiberg) ; surtout en décubitus dorsal,
mise en adduction et rotation interne,
cuisse et genou fléchis,
– soit par la mise en contraction du MP par
abduction résistée de la hanche en posi-
tion assise (manœuvre de Pace) ; mise en
rotation externe et abduction en décubitus
latéral du côté indemne, en soulevant le
genou plié (la cuisse étant également flé-
chie).
Examens paracliniques :
• L’échographie est utile, voire nécessaire,
en cas de suspicion d’hématome.
• La pratique du scanner ou de l’IRM est
raisonnable : pour éliminer d’autres causes
aux douleurs.
Ces examens permettent parfois d’obser-
ver des lésions du MP (2, 3, 9) : hypertro-
phie, zones cicatricielles, œdème, asymé-
trie par rapport au muscle controlatéral,
etc.
• L’intérêt de la scintigraphie au 99mTc pour
évaluer une éventuelle atteinte inflamma-
toire (hyperfixation) du MP est discuté.
• Les infiltrations, prudentes, d’anesthé-
siques locaux dans le MP peuvent être une
aide au diagnostic positif.
• En cas d’atteinte neurologique, les explo-
rations électrophysiologiques, comprenant
les potentiels évoqués somesthésiques,
permettent d’éliminer une atteinte corti-
cale ou spinale, une atteinte radiculaire L5
et/ou S1, d’affirmer une atteinte troncu-
laire sans pouvoir toutefois en préciser le
siège (fesse, cuisse) (8). Elles peuvent être
complétées par l’étude du réflexe H (achi-
léen) en position d’adduction et rotation
interne de la cuisse (3, 10) et surtout par
l’électromyogramme des muscles inner-
vés par les nerfs glutéaux supérieur et infé-
rieur qui permettent de préciser le niveau
de compression (9).
Traitement
Il est fonction de l’ancienneté des troubles,
des causes et mécanismes évoqués :
• En pathologie sportive : repos sportif
total ou relatif, correction de toutes les
technopathies.
• Antalgiques et/ou anti-inflammatoires
non stéroïdiens et/ou myorelaxants.
• Massages, physiothérapie, kinésithéra-
pie (1, 9) :
– massages, au besoin par voie transrec-
tale, associés éventuellement à de la ther-
mothérapie ; ultrasons. Cette approche
n’a, pour Kouvalchouk et al. (9), jamais
fait la preuve de son efficacité ;
– kinésithérapie d’une hyperlordose, d’un
flexum de hanche ; correction d’un désé-
quilibre pelvien, en particulier compensa-
tion d’un manque de longueur d’un
membre inférieur.
• Les techniques d’étirement sont l’élé-
ment essentiel du traitement conserva-
teur ; quelles qu’en soient les “variantes”,
elles possèdent les mêmes principes :
adduction, flexion, rotation interne (3, 9).
• Infiltrations de corticoïdes (1), prudentes
en raison de la proximité du nerf sciatique,
soit en pleine zone musculaire doulou-
reuse, soit au niveau de l’insertion tro-
chantérienne, soit dans le muscle juste
adjacent à la partie latérale du sacrum.
• En cas d’échec, la section tendineuse du
MP, associée si nécessaire à une neurolyse
du sciatique, peut être proposée (1, 11).
Formes particulières : une atteinte du
nerf pudendal peut s’observer lors de cer-
taines atteintes du nerf tibialis (sciatique
poplité interne) en raison de la proximité
des deux nerfs (8),voire dans des atteintes
multitronculaires : nerf sciatique, nerf
fémoral cutané postérieur et nerf perforant
cutané du plexus honteux (nerf clunium
medii) (12).
Références
1. Dreyfus P, Daupleix D, Tenenbaum N.
Neuropathies tronculaires ou ramuleuses
rares au bassin. In : Actualités rhumatolo-
giques 1988. Paris : L’Expansion scientifique,
1988 ; 107-21.
2. Jankiewicz JJ, Hennrikus WL, Houkom JA.
The appearance of the piriformis muscle syn-
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