
processus – sans doute pense-t-elle à l’éducation. Après tout, il est vrai que 
l’éducation nous transmet des idées, des valeurs, des préjugés, des opinions 
sans  qu’elles  soient  vraiment  forgées par  nous.  C’est  donc  pour  elle  deux 
choses  différentes :  l’éducation  et  la  formation  de  l’opinion.  Dans  cette 
« quête  de  la  bonne  opinion »,  la  première  idée  est  d’exclure  l’éducation. 
Arendt indique qu’il faut aussi « être désintéressé, libéré des intérêts privés » 
(ligne 12). Comme le dit le bon sens populaire, il ne faut « pas avoir d’idées 
derrière la tête » : la méthode de formation d’opinion doit se fonder sur une 
certaine neutralité de la personne. Pour faire simple : ceux qui ont des choses 
à gagner dans telle ou telle question, problème doivent se retenir d’y penser. 
On peut donc penser qu’il sera difficile de remplir ce critère parce qu’il y a 
de nombreuses oppositions d’opinions qui se soldent par un gain ou une perte, 
d’un côté ou de l’autre. Par exemple, concernant la guerre : Il y aura toujours 
les pacifistes face aux bellicistes. Il y aura toujours le lobby d’extension du 
territoire, de la réussite diplomatique d’un pays  ou d’autres raisons (comme 
Buch qui évoquait « la civilisation en Irak ») face au lobby anti-morts, anti-
victimes or qui peut aujourd’hui dire qu’il soutient telle ou telle faction sans 
avoir  lui-même  une  idée  derrière  la  tête,  comme  la  thèse  qui  expliquerait 
qu’une guerre gagnée peut rapporter de l’argent au pays et donc augmenter 
les revenus de la population.  
  La dernière phrase du texte est assez longue, mais comprend une partie 
importante de la réflexion de l’auteur.  Pour Arendt, l’idée est que l’opinion 
puisse se former de manière indépendante. Elle se positionne face à ceux qui 
établissent,  comme  Descartes  l’idée  que  l’opinion  se  forme  à  cause  de 
l’éducation et  de  l’entourage.  Sa  conclusion  est  que  si  elle  est  totalement 
« isolé[e] » (ligne 14) pendant qu’elle forme une opinion, ça ne reste qu’une 
solitude matérielle. Selon elle, l’individu reste dans « ce monde d’universelle 
interdépendance » ;  cela  signifie  entre  autre  qu’elle  reste  dans  un  monde, 
carrefour  de  toutes  les  consciences  et  de  toutes  les  réflexions.  La  notion 
d’interdépendance  tend  à  se  rapprocher  de  celle  d’intersubjectivité  tout 
simplement car ici : il y a dépendance entre les différentes consciences, les