La mission du secteur bancaire peut se définir en trois points :

DT 17. Série éthique économique L’économie politique des services et produits financiers
1
Document de travail de
l’IIEDH N° 17
Série : « Economie et droits humains »
L’économie politique des
services financiers
P. Meyer-Bisch, D. Vetterli
Avec la collaboration de Dorrit Novel
Février 2010
Il ne suffit pas de « rappeler des valeurs », il convient de les tracer, comme on
trace des chemins de responsabilité dans les dédales de la complexité
économique, sociale, culturelle et politique.
DT 17. Série éthique économique L’économie politique des services et produits financiers
2
Ce document de travail est le résultat d’une table ronde qui s’est tenue le 19 mai 2009 à l’Université de Fribourg dans le cadre du
séminaire de l’unité de master « éthique et économie politique » sur la multidimensionnalité des biens ; le fil conducteur était le traçage
des valeurs relatives au bien commun, comprises dans chaque bien ou service. Ont participé à la table ronde : Dominique Biedermann,
Directeur d’Ethos et chargé de cours en gouvernance d’entreprise et développement durable ; Paul Dembinski, professeur en éthique des affaires et
Directeur de l’Observatoire de la finance ; Robert de Guigné, Banque Lombard Odier ; Sergio Rossi, professeur en macroéconomie et politique
monétaire ; Patrice Meyer-Bisch, maître d’enseignement et de recherche en éthique économique.
Le document préparatoire a été composé par Dorrit Novel, économiste, David Vetterli, assistant en éthique économique et Patrice Meyer-Bisch. Il a
ensuite été corrigé et modifié grâce aux différents échanges, notamment lors d’entretiens avec Robert de Guigné ainsi qu’avec Anne Maillard et
Michel Gauthier de la Banque Cantonale de Fribourg.
Les opinions ici exprimées n’engagent que leurs auteurs qui adressent leurs remerciements à tous les partenaires et recevront volontiers de nouvelles
critiques.
© IIEDH
Droits d'auteur. La reproduction totale ou partielle, sur support numérique ou sur papier, de cet ouvrage pour usage personnel ou pédagogique est autorisée par la
présente, sans frais ou sans qu'il soit nécessaire d'en faire une demande officielle, à condition que ces reproductions ne soient pas faites ou distribuées pour en tirer
un bénéfice ou avantage commercial et que cet avis et la citation complète apparaissent à la première page des dites reproductions. Les droits d'auteur pour les
éléments de cet ouvrage qui sont la propriété de personnes physiques ou morales autres que l'IIEDH doivent être respectés. Toute autre forme de reproduction, de
republication, d'affichage sur serveurs électroniques et de redistribution à des listes d'abonnés doit faire l'objet d'une permission préalable expresse et/ou du paiement
de certains frais.
DT
Les Documents de travail de l'IIEDH, disponibles sur le site WEB, sont présentés pour susciter et recueillir toutes les critiques utiles, sous condition du respect du ©.
En fonction des avis reçus et de l'avancée de la recherche, ils sont susceptibles d'être modifiés. La dernière version fait foi.
DT 17. Série éthique économique L’économie politique des services et produits financiers
3
Un objectif : cartographier les enjeux éthiques ................................................................................................................... 4
1. La valeur de la monnaie, véhicule de la ressource sociale ................................................................................................ 5
1.1. A pile ou face : où est passée la face de la monnaie ? ............................................................................................. 5
1.2. Monnaie, libertés économiques et droits de l'homme ............................................................................................... 7
2. Les missions / métiers du secteur bancaire ..................................................................................................................... 10
2.1. Les missions .......................................................................................................................................................... 10
2.2. Les risques et le droit à une information adéquate ................................................................................................. 10
3. Méthodes ........................................................................................................................................................................ 11
3.1. Carte des parties prenantes d’un acteur bancaire .................................................................................................. 11
3.2. Cartes des parties prenantes d’une chaîne de valeurs ........................................................................................... 13
4. Répertorier les risques, analysés en termes de droits humains ....................................................................................... 15
4.1. Sécurité des personnes et des systèmes ............................................................................................................... 15
4.2. Identification des risques et des responsabilités sur les cartes de PP .................................................................... 16
5. Concilier valeurs objectives et liberté des acteurs : l’hypothèse démocratique ................................................................ 17
L’économie politique d’un service et d’un produit signifie ici l’analyse en éthique politique de la multidimensionnalité des
biens et services qui sont en jeu dans l’activité économique concernée. L’économie politique des produits financiers est
particulièrement importante, non seulement à cause de la crise actuelle, mais parce que la monnaie est par essence
multidimensionnelle : sa valeur, indivisiblement éthique et économique écoéthique est sa fonction d’intermédiation
entre les hommes, leur travail et leurs ressources.
DT 17. Série éthique économique L’économie politique des services et produits financiers
4
Un objectif : cartographier les enjeux éthiques
Il ne suffit pas de « rappeler des valeurs », il convient de les tracer, comme on trace des chemins de responsabilité dans les dédales de
la complexité économique, sociale, culturelle et politique. Les valeurs fondamentales, au fondement des libertés et droits fondamentaux
reconnus en droit international, ne sont pas que des principes moraux, ce sont aussi des principes rationnels et des normes de
fonctionnement qui structurent, ou devraient structurer, l’activité économique dans les sociétés démocratiques.
C’est pourquoi une analyse éthique d’un circuit économique ici les produits financiers est à même d’utiliser les droits humains pour
tracer les responsabilités à travers le jeu complexe des relations entre acteurs qui participent au circuit économique considéré.
La monnaie sous ses différentes formes, des plus simples aux plus sophistiquées, est le véhicule de la « ressource sociale » : l’outil qui
permet la valorisation mutuelle des ressources humaines et non humaines. Elle est donc au cœur du décloisonnement entre économie
et éthique (1). C’est pourquoi il est essentiel de définir les missions des acteurs financiers, ici des banques, au service de la société (2),
puis de proposer une méthode pour cartographier les acteurs (3) et les risques (4). L’enjeu est de réconcilier l’analyse rationnelle fondée
sur des valeurs objectives et les libertés (5).
DT 17. Série éthique économique L’économie politique des services et produits financiers
5
1. La valeur de la monnaie, véhicule de la ressource sociale
1.1. A pile ou face : où est passée la face de la monnaie ?
Position éthique
De façon générale, la valeur de la monnaie est indivisiblement économique et éthique, elle est écoéthique, dans la mesure où elle est le
véhicule de l’énergie humaine / ressource sociale : elle permet la connexion et donc la valorisation des ressources. Elle est au contraire
non éthique lorsqu’elle devient fin de l’économie et que la logique financière domine l’activité économique.1
Valeur d’une monnaie : recto et verso du symbole
Une privation de monnaie
(sous une forme ou une autre) est une privation de capacité sociale, vers autrui et vers soi-même, une privation de dignité, et,
proportionnellement, une privation de vie. Une rémunération ou une capitalisation injustes correspondent d’une part à une privation pour
autrui, et d’autre part à un détournement de valorisation sociale (confiance abusive dans la marque extérieure de « réussite »).
Côté face : l’unité commune ou référence, le bien commun de la communauté politique qui frappe et gère la monnaie, la marque
de l’unité politique (de responsabilité éthique), unité de sens ou globale, capital commun de confiance, ou bonté commune ;
Côté pile : le multiple, ou unité de compte, celle qui a été pilée, la marque de la quantité dans un environnement de rareté2
La monnaie ne mesure pas une simple quantité, cumulable à l’infini, mais une proportion entre une quantité et une valeur admise par
une communauté.
.
Le recto et le verso de la valeur comptent, et peuvent se décliner à partir des trois fonctions classiques de la monnaie (réserve de valeur,
moyen de paiement et unité de compte)3
1 Sur la notion de financiarisation, voir : Finance servante ou finance trompeuse ? Paul H. Dembinski, Paris, 2008, notamment p. 16 et sv.
, dans leurs dimensions écoéthiques : en principe indivisiblement économiques et éthiques. Une
2 Les pièces étaient frappées, par le pile du marteau à Rome dans l’atelier de Juno Moneta (Junon qui avertit ? C’est une étymologie possible).
1 / 20 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !