→ Conseil pharmaceutique: les bonnes questions à poser
pharManuel16
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la diarrhée et des maux de ventre, souvent de la fièvre et
occasionnellement des vomissements. Elles se manifestent
12 à 36heures après un repas (souvent œufs ou volaille). En
général, leur évolution est spontanément favorable après
quelques jours. Le traitement est également symptomatique.
On aura recours aux antibiotiques dans les cas systémiques
graves (septicémie).
Les succédanés de sucre (p. ex. sorbitol, xylitol, mannitol,
isomalt), présents dans les bonbons, les chewing-gums et les
sirops, peuvent aussi provoquer gonflements et diarrhées
s’ils sont consommés en grande quantité.
Si d’autres personnes de l’entourage du patient souffrent des
mêmes symptômes, il faut également songer à la possibilité
d’une grippe intestinale. Chez les adultes, elle est princi-
palement due à des norovirus. Ces derniers sont transmis par
voie fécale-orale ou sous forme d’aérosols. Après une période
d’incubation de 12 à 48heures, ils provoquent de violents
vomissements explosifs, des diarrhées, des crampes abdomi-
nales et des symptômes généraux de type grippal. L’infection
est autolimitante, généralement en l’espace de 2 à 3jours, et
traitée de façon symptomatique. Chez les nourrissons, les
personnes âgées ou immunosupprimées, elle peut évoluer de
manière plus sévère et entraîner des complications. Chez les
enfants en bas âge, les responsables sont généralement les
rotavirus. Ces derniers entraînent des diarrhées liquides, des
vomissements et des coliques entre 1 et 4jours après l’infec-
tion par des gouttelettes ou des souillures. Dans ce cas éga-
lement, le traitement est symptomatique (surtout réhydrata-
tion). L’infection peut être prévenue par une vaccination (voir
sous «Prophylaxie» à la fin du chapitre).
De quels autres problèmes de santé souffrez-vous?
Chez les personnes avec entéropathie inflammatoire chro-
nique dans l’anamnèse personnelle ou familiale, une diar-
rhée peut être un signe de réactivation. Si malgré le traite-
ment, les symptômes ne disparaissent pas en l’espace de 2 à
3jours, il est indiqué de consulter un médecin.
Les patients avec déficience immunitaire connue ou supposée
doivent également consulter un médecin car le recours aux
antibiotiques est indiqué plus vite que chez les personnes en
bonne santé. Chez les patients VIH, la diarrhée est souvent
imputable au traitement antirétroviral, en particulier aux
inhibiteurs de la protéase.
Les patients avec maladie chronique sévère et atteints de
diarrhée doivent aussi subir des examens médicaux. Les dia-
bétiques qui souffrent depuis plus de 6heures de diarrhée
ou de vomissement devraient également consulter un méde-
cin (p. ex. cancer, anémie hémolytique).
Quels médicaments prenez-vous?
La diarrhée est un effet indésirable (EI) relativement fréquent
(environ 7% de l’ensemble des EI); plus de 700médicaments
ont été impliqués. Si la personne vient de recevoir un nou-
veau médicament, il faudrait en rechercher le profil d’effets
indésirables (voir encadré) et éventuellement le remplacer
par un médicament mieux toléré (avec l’accord du médecin
pour les Rx). Si une antibiothérapie a été prescrite durant les
6dernières semaines, il faut envisager une infection par Clos-
tridium difficile (voir plus bas). Les patients les plus touchés
par les diarrhées liées à la prise de médicaments sont ceux
d’âge avancé. On distinguera entre diarrhée aiguë et chro-
nique. La diarrhée aiguë apparaît pendant les premiers jours
de traitement, alors que la diarrhée chronique n’intervient
que plus tardivement et dure plus de trois à quatre semaines.
Divers mécanismes, parfois combinés, sont impliqués, p. ex.:
l’action osmotique, l’action sécrétoire, l’action sur la motilité,
le mécanisme exsudatif (atteinte de l’intégrité de la mu-
queuse), la malabsorption de graisse (stéatorrhée), la proli-
fération microbienne, la colite.
Médicaments le plus souvent impliqués
Laxatifs, antibiotiques (dans 25% des cas), antiacides
contenant du magnésium, préparations contenant du lac-
tose ou du sorbitol, AINS, prostaglandines, colchicine,
cytostatiques, antiarythmiques et cholinergiques
Autres médicaments connus
Antidiabétiques (acarbose, biguanides), calcitonine, carba-
mazépine, colestyramine, fructose, hormones thyroï-
diennes, immunosuppresseurs, inhibiteurs de la protéase,
lévodopa-bensérazide, métoclopramide, orlistat, ranitidine,
statines, sulfate de fer, etc.
Diarrhée comme signe d’un surdosage
(→ nécessite consultation médicale immédiate)
Méthyldopa, digitaliques, colchicine
Risque augmenté d’une infection par Clostridium dif-
ficile
Antibiotiques (risque le plus grand avec les aminopénicil-
lines, céphalosporines de 2e et 3e génération, clindamy-
cine, fluoroquinolones), inhibiteurs de la pompe à protons,
anti-H2
Risque augmenté d’une déshydratation
Diurétiques, inhibiteurs de l’enzyme de conversion ou
sartans
Une diarrhée aiguë sous antibiotiques est souvent inoffen-
sive. Si elle est abondante (≥5× par jour), si elle contient du
mucus, si elle est parfois sanglante, ou si elle est accompa-
gnée de fièvre et de douleurs abdominales, un médecin doit
cependant être consulté en urgence et l’antibiotique stoppé
en raison du soupçon de colite pseudomembraneuse provo-
quée par la prolifération de Clostridium difficile. Ce germe est
responsable de 15 à 25% des diarrhées survenant après une
antibiothérapie et de plus de 90% des cas de colites pseudo-
membraneuses. La diarrhée débute un à neuf jours après
l’initiation de l’antibiothérapie, mais peut aussi survenir
3mois après la fin du traitement. Les inhibiteurs de la pompe
à protons (IPP) semblent également augmenter le risque d’in-
fection par Clostridium difficile. Toute diarrhée liquide per-
sistante associée à des crampes abdominales et à de la fièvre
survenant pendant ou après un traitement par un IPP doit
donner lieu à une consultation médicale. La prudence est
particulièrement de mise chez les personnes âgées ou hos-