Les études RTOG et l’étude EORTC démontrent l’intérêt d’un
traitement adjuvant par la goséréline associée à la radiothérapie
dans le cancer de la prostate localement avancé.
Chez les patients à haut risque de progression, une hormonothé-
rapie adjuvante longue par la goséréline associée à la radiothé-
rapie permet notamment d’améliorer significativement la survie
sans progression, la survie globale et la survie spécifique.
ANTIANDROGÈNE NON STÉROÏDIEN : LE PROGRAMME EPC
(EARLY PROSTATE CANCER)
Le programme EPC est un programme d’études de phase III, mul-
ticentriques, prospectives, randomisées, en double aveugle éva-
luant l’efficacité et la tolérance versus placebo d’un traitement
adjuvant par antiandrogène (bicalutamide à la dose de 150 mg)
après prise en charge (prostatectomie totale, radiothérapie, abs-
tention/surveillance) d’un cancer de la prostate localisé ou loca-
lement avancé (16-19).
Après traitement initial laissé à l’initiative de l’investigateur,
8113 patients ont été randomisés en deux groupes : un groupe
bicalutamide 150 mg (n=4052) dans lequel le traitement est
instauré dans les deux semaines après la randomisation, et un
groupe placebo (n = 4 061). La durée de traitement prévue était
de cinq ans maximum ou jusqu’à progression (16, 17).
Les critères principaux de l’étude étaient la progression clinique
objective, documentée soit par l’imagerie, soit par des preuves
histologiques de dissémination à distance, et la survie globale.
Les durées minimale et médiane de suivi sont respectivement de
4,5 et 5,4 ans.
Les caractéristiques de la population étaient équilibrées dans les
deux groupes :
– Un tiers des patients était porteur d’une tumeur localement
avancée (T3-T4). Le statut ganglionnaire était majoritairement
N0 (environ 60 % des cas) ou Nx (environ 40 % des cas).
– Un tiers des patients était porteur d’une tumeur peu différenciée
(score de Gleason 7-10). Plus de 70 % des patients étaient trai-
tés de façon curative (prostatectomie totale ou radiothérapie) (17).
Enfin, chez les patients traités par prostatectomie totale, les
patients T3 inclus dans la randomisation étaient tous des patients
ayant fait l’objet d’un reclassement après analyse histologique
de la pièce opératoire [pT3] (20).
Programme EPC : résultats tous stades confondus,
quelle que soit l’attitude thérapeutique initiale (n = 8 113)
La supériorité du groupe bicalutamide 150 mg sur le groupe pla-
cebo est démontrée, avec une réduction du risque de progression
clinique de 27 % (taux de patients qui progressent : 19,7 % ver-
sus 23,6 % ; hazard-ratio [HR] = 0,73 ; p < 0,0001) (16).
En ce qui concerne la survie globale, on note, à ce stade de l’étude,
une absence de différence significative entre les deux groupes.
En effet, avec cinq ans de suivi médian le recul est insuffisant et
ne permet pas de tirer une conclusion.
Les résultats du programme EPC montrent que le bénéfice d’un
traitement adjuvant par bicalutamide 150 mg est d’autant plus
important que les patients présentent des facteurs de mauvais pro-
nostic, en particulier au stade localement avancé.
Programme EPC : résultats au stade localement avancé
en adjuvant à la prostatectomie totale ou à la radiothérapie
(n = 2 024)
Ce sous-groupe comprend 2 024 patients répartis comme suit :
1719 patients dans le groupe prostatectomie totale et 305 patients
dans le groupe radiothérapie (16).
La supériorité du groupe association thérapeutique (prostatecto-
mie totale ou radiothérapie + bicalutamide 150 mg) sur le groupe
prostatectomie totale ou radiothérapie seules est démontrée avec
(tableau II) :
– une réduction du risque de progression clinique de 33 % (taux
de patients qui progressent : 18,4 % versus 24,2 % ; HR = 0,67 ;
p=0,00005) (16) ;
– une réduction du risque de progression biologique de 53 %
mesurée par le doublement du PSA, la limite inférieure de détec-
tion étant de 1 ng/ml [taux de patients qui progressent : 33,8 %
versus 53 % ; HR = 0,47 ; p < 0,001] (21) ;
–une réduction du risque d’apparition de métastases de 27 %
[taux de patients avec métastases osseuses objectivées par scin-
tigraphie osseuse : 6,0 % versus 10,2 % ; HR = 0,73 ; p < 0,05]
(21).
La réduction du risque de progression clinique est confirmée quelle
que soit l’attitude thérapeutique initiale.
Elle est de 29 % dans le groupe prostatectomie totale + bicaluta-
mide 150 mg par rapport au groupe prostatectomie totale seule
(taux de patients qui progressent : 15,6 % versus 20,0 % ;
p=0,0034) et de 42 % dans le groupe radiothérapie + bicalutamide
150 mg par rapport au groupe radiothérapie seule [taux de patients
qui progressent : 33,5 % versus 48,6 % ; p = 0,00348] (16).
L’analyse de la tolérance retrouve des effets indésirables en rap-
port avec les propriétés pharmacologiques du bicalutamide. Les
taux de gynécomasties et de mastodynies sont respectivement de
68,3 % et de 73,6 % dans le groupe bicalutamide, tous patients
confondus. Ces mastodynies sont d’intensité légère à modérée
dans 90 % des cas (16).
Les résultats du programme EPC ont permis au bicalutamide dosé
à 150 mg d’obtenir cette année une AMM (autorisation de mise
sur le marché) dans l’indication suivante : “cancer de la prostate
non métastasé au stade localement avancé, en traitement adju-
vant à la prostatectomie radicale ou à la radiothérapie”. La durée
de traitement recommandée est de cinq ans.
Tableau II.
Résultats du programme Early Prostate Cancer (EPC) au
stade localement avancé, en adjuvant à la prostatectomie radicale ou à la
radiothérapie.
Groupe Groupe
Patients (%) bicalutamide placebo p HR*
150 mg (IC
95
)
Progression 0,67
clinique 18,4 % 24,2 % 0,00005 (0,56-0,82)
Progression 33,8 % 53 % < 0,001 0,47
biologique (0,408-0,538)
Métastases 6,0 % 10,2 % < 0,05 0,73
(0,59-0,91)
* Hazard-ratio.
MISE AU POINT
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La Lettre du Cancérologue - Volume XIV - n° 2 - mars-avril 2005
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