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Vocabulaire
Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. II - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2013
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PLASTIES* Par Alain Rey, directeur de la rédaction
du Robert, Paris
* © Le Courrier de la Transplantation 2002;2(2):52.
L
e verbe grec plassein, avec sa variante
attique plattein, est un mot de potier et
de modeleur. Lorsque l’artisan façonne
l’argile ou la cire, il donne une forme à la matière ;
en outre, il crée. L’art de modeler, de former
s’appela donc plastikê tekhné, de l’adjectif plas-
tikos (“malléable”). C’est le début de l’aventure
“plastique”, qui passe par le latin plastica, et
a en français les eff ets que nous connaissons,
des arts plastiques aux matières plastiques et
à la chirurgie plastique, expression qui semble
apparaître dans les années1920. Qu’il s’agisse
de chirurgie réparatrice ou “esthétique” – c’est-
à-dire modifi catrice des formes apparentes du
corps –, le travail plastique de la chirurgie sur
les tissus vivants, requérant le plus souvent la
greff e, avait aussi besoin d’une greff e linguis-
tique. De là des termes sonores, comme rhino-
plastie, rencontré dès 1822, gastroplastie, et
bien d’autres. Il ne restait plus, avec les progrès
de la chirurgie, qu’à tirer de ces mots composés,
illustrant le goût du vocabulaire médical pour
le modèle grec – goût que la médecine partage
avec la philosophie, d’ailleurs – l’élément plastie.
Ce dernier exprime, au sens propre, la mise ou
remise “en forme”. Ainsi apparurent, au milieu
du
XX
e siècle, les plasties. Les formes vivantes se
caractérisent par un dynamisme organisateur –
celui que décrit l’embryologie, par exemple – où
les transformations plastiques aboutissent à
un état adulte. Globalement et localement, ces
formes considérées comme l’idéal et la norme de
l’espèce – car plastique est un mot qui vient de
l’artisanat et vise à l’esthétique – sont soumises à
des modifi cations déformantes et à des atteintes
accidentelles qui les mutilent. Et si la greff e et
la transplantation, déjà évoquées ici, recourent
à la métaphore végétale et à l’action restaura-
trice du jardinier, les plasties suggèrent un art de
l’équilibre retrouvé des formes. La nature en tant
que modèle et l’artifi ce de la création artistique
s’associent pour retrouver l’harmonie perdue.