VO CABULAIR E >> Vocabu laire L PLASTIES* Par Alain Rey, directeur de la rédaction du Robert, Paris e verbe grec plassein, avec sa variante illustrant le goût du vocabulaire médical pour attique plattein, est un mot de potier et le modèle grec – goût que la médecine partage de modeleur. Lorsque l’artisan façonne avec la philosophie, d’ailleurs – l’élément plastie. l’argile ou la cire, il donne une forme à la matière ; Ce dernier exprime, au sens propre, la mise ou en outre, il crée. L’art de modeler, de former remise “en forme”. Ainsi apparurent, au milieu s’appela donc plastikê tekhné, de l’adjectif plas- du XXe siècle, les plasties. Les formes vivantes se tikos (“malléable”). C’est le début de l’aventure caractérisent par un dynamisme organisateur – “plastique”, qui passe par le latin plastica, et celui que décrit l’embryologie, par exemple – où a en français les effets que nous connaissons, les transformations plastiques aboutissent à des arts plastiques aux matières plastiques et un état adulte. Globalement et localement, ces à la chirurgie plastique, expression qui semble formes considérées comme l’idéal et la norme de apparaître dans les années1920. Qu’il s’agisse l’espèce – car plastique est un mot qui vient de de chirurgie réparatrice ou “esthétique” – c’est- l’artisanat et vise à l’esthétique – sont soumises à à-dire modificatrice des formes apparentes du des modifications déformantes et à des atteintes corps –, le travail plastique de la chirurgie sur accidentelles qui les mutilent. Et si la greffe et les tissus vivants, requérant le plus souvent la la transplantation, déjà évoquées ici, recourent greffe, avait aussi besoin d’une greffe linguis- à la métaphore végétale et à l’action restaura- tique. De là des termes sonores, comme rhino- trice du jardinier, les plasties suggèrent un art de plastie, rencontré dès 1822, gastroplastie, et l’équilibre retrouvé des formes. La nature en tant bien d’autres. Il ne restait plus, avec les progrès que modèle et l’artifice de la création artistique de la chirurgie, qu’à tirer de ces mots composés, s’associent pour retrouver l’harmonie perdue. * © Le Courrier de la Transplantation 2002;2(2):52. 160 Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. II - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2013