–Un saignement postopératoire ou des complications de la cicatrisation des plaies ont été observés chez 10 à 20 % des
patients ayant subi une intervention chirurgicale majeure alors qu’ils étaient traités par bevacizumab.
–Une hypertension artérielle, tous grades confondus, est survenue chez 22,4 à 32,0 % des patients traités par
bevacizumab pour cancer colorectal. Une hypertension artérielle justifiant un traitement antihypertenseur par voie
orale a été observée chez 11,0 à 16,0 % des patients traités par bevacizumab.
–Une protéinurie a été observée chez 23,3 % des patients, de grade 1 dans la majorité des cas, sans insuffisance
rénale. Sa physiopathogénie et son génie évolutif doivent encore être précisés.
–Une hémorragie liée au cancer colorectal a été observée chez 1 à 3 % des patients traités par bevacizumab, sans
augmentation significative de l’incidence des événements hémorragiques sévères par rapport au bras témoin. En
revanche, des hémorragies cutanéomuqueuses sont fréquentes, le plus souvent des épistaxis de grade 1.
–Au cours des essais cliniques dans le cancer colorectal métastatique, si l’incidence globale des événements thrombo-
emboliques a été comparable dans le groupe de patients traités par bevacizumab, l’incidence des événements thrombo-
emboliques artériels a été plus importante que dans le groupe témoin.
–Il est indispensable avant la prescription de préciser les antécédents cardiovasculaires ou hémorragiques et les
traitements associés (notamment antiagrégants ou anticoagulants). Le médicament est contre-indiqué en cas de méta-
stases cérébrales non traitées (risque hémorragique).
–La survenue d’une réaction à la perfusion est rare (< 3 %), et le pourcentage de réaction allergique sévère de
0,2 % seulement. Il n’est donc pas nécessaire d’administrer systématiquement une prémédication, mais une surveil-
lance clinique est indiquée.
–Le bevacizumab est susceptible d’altérer la cicatrisation des plaies. En pratique, le traitement ne doit pas être ins-
tauré pendant au moins 28 jours après une intervention chirurgicale lourde, ou tant que la plaie chirurgicale n’est pas
cicatrisée. Il doit être suspendu si une intervention chirurgicale est planifiée.
–La surveillance de la pression artérielle est recommandée avant le début et au cours du traitement. En cas d’hyper-
tension artérielle sévère nécessitant un traitement médical, il est nécessaire de suspendre le traitement jusqu’à l’obten-
tion d’un contrôle tensionnel adéquat.
–La surveillance de la protéinurie par analyse d’urine à la bandelette est recommandée avant le début du traitement
et au cours de celui-ci. Une protéinurie des 24 heures est réalisée si la bandelette est positive à deux croix. Si le traite-
ment doit être définitivement arrêté en cas de syndrome néphrotique, la conduite à tenir en cas de protéinurie moins
importante n’est pas encore bien déterminée. Actuellement, on interrompt provisoirement le traitement en cas de
protéinurie supérieure à 2 g/24h.
–Aucune adaptation de la dose n’est nécessaire chez le sujet âgé ; une majoration du risque d’événement thrombo-
embolique artériel au cours du traitement a toutefois été observée chez les patients de plus de 65 ans ou en cas d’anté-
cédents thromboemboliques.
–La tolérance et l’efficacité du bevacizumab n’ont pas été étudiées chez les patients insuffisants rénaux ou hépatiques.
Le bevacizumab dispose d’une AMM européenne depuis janvier 2005, est disponible à l’hôpital depuis avril, et inscrit
depuis juillet sur la liste des spécialités prises en charge en sus des prestations d’hospitalisation. Son efficacité, notam-
ment sur la survie, est indéniable. Cependant, peu de médecins ont encore l’expérience de sa prescription. Il convient
d’évaluer la transposabilité des données des essais à la pratique clinique (avis de la Commission de transparence). En
effet, le mode d’administration du 5-FU (en bolus) et de l’irinotécan dans le schéma IFL n’est ni optimal ni de pra-
tique courante en Europe. De plus, il serait logique de mieux définir les sous-groupes de patients en tirant le plus
bénéfice.
Des résultats présentés à l’ASCO de 2005 suggèrent que le bevacizumab augmente aussi l’efficacité d’une chimio-
thérapie de type FOLFOX dans un essai de deuxième ligne, des essais de première ligne étant en cours. Un autre
essai suggère son efficacité même à un stade plus tardif en association au cétuximab (Erbitux®) et à l’irinotécan. Enfin,
un essai randomisé en situation adjuvante en association au FOLFOX est en cours (essai AVANT).
1. Kabbinavar F, Hurwitz HI, Fehrenbacher L et al. Phase II, randomized trial comparing bevacizumab plus fluorouracil (FU)/leuco-
vorin (LV) with FU/LV alone in patients with metastatic colorectal cancer. J Clin Oncol 2003;21:60-5.
2. Hurwitz H, Fehrenbacher L, Novotny W et al. Bevacizumab plus irinotecan, fluorouracil, and leucovorin for metastatic colorectal
cancer. N Engl J Med 2004;350:2335-42.
3. Kabbinavar FF, Schulz J, McCleod M et al. Addition of bevacizumab to bolus fluorouracil and leucovorin in first-line metastatic
colorectal cancer: results of a randomized phase II trial. J Clin Oncol 2005;23:3697-705.
Fiche
Bevacizumab et cancer colorectal métastatique
N°34
Précautions
d’emploi
Perspectives
dans le cancer
colorectal
Références
Fiche
technique
La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 5 - vol. VIII - septembre-octobre 2005
242