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disposition, ils argue
`rent que l’article 32 de la Constitution (qui consacre le
mariage entre un homme et une femme) devait être lu à la lumie
`re de l’article 9
de la Charte qui, selon eux, ne permettrait pas le mariage homosexuel. Et
d’estimer que son libelle
´devait être lu à la lumie
`re de la Convention euro-
pe
´enne et des traditions constitutionnelles communes qui sont autant de limites
pose
´es à l’interpre
´tation de la Charte... Inutile de dire que le Tribunal constitu-
tionnel, dans sa de
´cision du 6 novembre 2012 (6),balaya d’un revers de plume
une telle argumentation (7). A
`l’e
´poque de la promulgation de cette loi, on
s’e
´tait interroge
´dans le cadre de cette chronique sur la de
´marche à venir du
juge constitutionnel en e
´mettant une piste de re
´flexion (8), dont on constate
aujourd’hui qu’elle s’est confirme
´e. Utilisant de façon constructive (et non
re
´gressive comme les reque
´rants l’y incitaient) l’article 10 § 2 de la Constitu-
tion, le juge constitutionnel s’inscrivit re
´solument dans une de
´marche dynami-
que, celle du « droit vivant », interpre
´tant le droit constitutionnel espagnol à
la lumie
`re du droit international des droits de l’homme, se prêtant à un e
´tat
des lieux compare
´à travers toutes les situations existant de par le monde en
matie
`re de partenariats et de mariages homosexuels et prenant acte du passage
du temps depuis l’adoption de la loi qui vit la ce
´le
´bration de milliers de
mariages de couples de même sexe. C’est dans ce contexte que le Tribunal
constitucional al derecho internacional y europeo de los derechos humanos : el artı
´culo
10.2 de la Constitucio
´n espan
˜ola. Consejo General del Poder Judicial, Madrid, 1999,
302 p. ; du même auteur, « La interpretacio
´n de los derechos fundamentales y los
tratados internacionales sobre derechos humanos », en Casas Baamonde Marı
´a Elena
y Rodrı
´guez-Pin
˜ero Y Bravo-Ferrer, Miguel (Dirs.), Comentarios a la Constitucio
´n
espan
˜ola de 1978. XXX Aniversario, Madrid, Fundacio
´n Wolters Kluwer, 2008, pp. 193-
209. De même, en français, voir l’article de I. Go
´mez Ferna
´ndez, « Droit de l’Union
europe
´enne et droit international depuis la perspective du droit constitutionnel espa-
gnol », L. Burgorgue-Larsen, E. Dubout, A. Maitrot de la Motte, S. Touze
´(dir.), Les
Interactions normatives. Droit de l’Union europe
´enne et droit international, Paris,
Pedone, 2012, pp. 107-132.
(6) Tribunal constitutionnel espagnol, 6 novembre 2012, no198/2012 (BOE, no286
du 28 novembre 2012).
(7) Il fallut sept ans pour que l’option e
´galitaire du gouvernement socialiste soit
de
´clare
´e constitutionnelle par les « sages » de la rue Domenico Scarlatti.
(8) On e
´crivait ceci : Le Tribunal constitutionnel « optera-t-il pour une interpre
´tation
exe
´ge
´tique de l’article 32 en valorisant l’orthodoxie matrimoniale ou de
´cidera t-il de
s’emparer des potentialite
´s offertes par l’article 10 § 2 qui l’incite à interpre
´ter les
droits fondamentaux à l’aune du droit international ? Si cette deuxie
`me voie dispose
de ses faveurs, la Charte des droits fondamentaux de l’Union europe
´enne pourrait tenir
une place de choix dans son argumentaire. On sait que le Tribunal constitutionnel fut
la premie
`re juridiction constitutionnelle à s’en emparer...Or, faut-il ici rappeler que
l’article 9 de la Charte — de
´jà utilise
´avec audace par la Cour de Strasbourg dans
l’affaire Goodwin (avec des re
´percussions jusqu’à Luxembourg) reconnaît « le droit au
mariage pour ‘toute personne’? », v. L. Burgorgue-Larsen, « Chronique de jurisprudence
europe
´enne compare
´e », RDP, 2006, p. 1132.
4-2013
Miles Oasys 29-08-13 10:34:41
RDP413 $CH1 - Oasys 19.00x - p. 1000
REVUE DE DROIT PUBLIC 4/2013