COMITÉ NATIONAL 25 mai 2013

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COMITÉ NATIONAL
25 mai 2013
Rédaction du compte rendu : Gérard SCHMITT.
Présents : Francis Aubertin (R. Nancy-Metz), Édouard Aujaleu (B.N. &
R. Montpellier), Philippe Blanc (B.N. & R. Orléans-Tours), Stéphane Clerjaud (B.N. &
R. Strasbourg), Charles Coutel (B.N. & R. Lille), Jean-Pierre Carlet (B.N. &
R. Grenoble), Henri Dilberman (B.N. & R. Poitiers), Bernard Fischer (B.N. &
R. Nancy-Metz), Nicolas Franck (B.N. & R. Paris, Créteil, Versailles), Jean-Louis
Lanher (R. Lyon), Bertrand Nouailles (B.N. & R. Clermont-Ferrand), André Pérès
(R. Clermont-Ferrand), Marie Perret (B.N. & R. Paris, Créteil, Versailles), Simon
Perrier (B.N. & R. Orléans-Tours), Gérard Schmitt (B.N. & R. Nancy-Metz).
Excusés : Éric Delassus (B.N.), Frédéric Dupin (B.N.), Augustin Giovannoni
(R. Aix-Marseille), David Lebreton (R. Orléans-Tours), Jean Lefranc (B.N.), Arnaud
Saint-Pol (R. Nantes), Patricia Verdeau (B.N. & R. Toulouse).
OUVERTURE DE LA SÉANCE. ORDRE DU JOUR
L’ordre du jour, adressé par le président par courrier électronique aux membres
du Bureau national, était le suivant :
1. Compte rendu de notre entrevue avec M. Mathias, doyen de l’Inspection
générale et discussions en conséquence sur les questions en cours (ESPÉ,
concours, épreuves des séries technologiques, dédoublements, etc.).
2. Les Régionales : bilans et perspectives (dont : création d’une liste de discussion
associant le Bureau national et les présidents des Régionales).
3. Bilan à propos du site (charte graphique, logo, dépôt et organisation de la
présentation des articles).
4. Questions diverses : projets pour l’année scolaire prochaine, dates de réunions
– premier Bureau, Assemblée générale –, et toute question qui sera proposée en
début de séance.
S. Perrier demande s’il y a lieu de compléter cet ordre du jour par d’autres
questions diverses. J.-L. Lanher entend faire part du projet de la Régionale de Lyon de
conduire, dans le cadre d’une refondation de l’École qui prendrait véritablement en
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compte la philosophie, un travail de réflexion sur ce qui fonde anthropologiquement
l’acte d’éduquer.
S. Perrier lui suggère d’aborder ce point lorsque, dans l’ordre du jour prévu, on
en viendra au bilan et aux perspectives des Régionales.
DATE DES PROCHAINES RÉUNIONS
Il propose que l’on s’entende tout de suite sur la date de la première réunion du
Bureau national après la rentrée et celle de l’Assemblée générale. Pour la première,
on pourrait envisager le 21 ou le 28 septembre. Une préférence se dessine pour le
21 septembre. Mais avant d’arrêter une décision, il reste à savoir quand auront lieu
exactement les Journées européennes du Patrimoine et la Techno Parade, qu’il faut à
tout prix éviter, comme nous l’ont appris certains précédents fâcheux. S. Perrier
promet de se renseigner et propose que l’on fixe la date de réunion à la suite d’un
échange de courriers électroniques.
Quant à l’Assemblée générale, étant donné que la journée sur la laïcité organisée
par l’Association doit se tenir le 16 novembre et qu’il vaut mieux éviter de mettre
deux réunions deux samedis de suite, S. Perrier envisage de la fixer au 30 novembre.
Tout le monde est d’accord 1. En outre, on prévoit de réunir le Bureau nouvellement
élu, aussitôt après l’Assemblée générale, afin d’élire ceux qui seront chargés d’exercer
les fonctions statutaires ou particulières. On évitera ainsi d’avoir deux réunions coup
sur coup ou de tarder un peu trop – comme cela a été le cas cette année – à réunir le
nouveau Bureau.
I. COMPTE RENDU DE L’ENTREVUE AVEC LE DOYEN DE NOTRE INSPECTION
GÉNÉRALE
1. La question des dédoublements
S. Perrier donne un compte rendu de l’entrevue qui a eu lieu le 14 mai avec
M. Mathias, Doyen du groupe de philosophie de l’Inspection générale, au cours de
laquelle il était accompagné de deux vice-présidents, M. Perret et N. Franck. 2
L’impression qui se dégage de cette rencontre est celle du pouvoir très limité dont
dispose l’Inspection générale en ce qui concerne des aspects importants de notre
enseignement. C’est ce qui est apparu lorsqu’a été abordée la question des
dédoublements : si le Doyen Mathias admet que la suppression des dédoublements est
particulièrement grave pour notre discipline et s’il est manifestement partisan de
réformes profondes, il reconnaît qu’il ne peut pas faire grand-chose, et, quand on lui
demande s’il ne pourrait pas faire valoir auprès du Ministre l’importance de ces
dédoublements, tout particulièrement dans les séries technologiques, il répond qu’il
1. Le 16 juin, S. Perrier a adressé un courrier électronique aux membres du Bureau dans lequel il indique que
les prochaines Journées du Patrimoine ont été fixées au 13 et 14 septembre et que la Techno-Parade aura lieu
le 14 septembre. Il propose donc qu’on fixe la réunion de septembre au 21. Au sujet de l’Assemblée générale,
il explique que la date du 30 novembre pourrait poser problème à un certain nombre de collègues qui, du fait
de la fin du premier trimestre, se trouvent dans l’obligation de rendre leurs notes et il suggère en conséquence
de la reporter au 7 décembre. Les réponses adressées à ce courrier ayant été toutes favorables à cette nouvelle
disposition – à l’exception d’une seule –, il est donc décidé que l’Assemblée générale aura lieu le 7 décembre,
comme cela est indiqué plus haut dans le présent numéro de notre revue.
2. On lira plus loin le compte rendu de cette rencontre, rédigé par S. Perrier, M. Perret et N. Franck. Ce
compte rendu étant désormais publié nous dispense de reprendre ici tout ce qui a été dit lors de la réunion du
Comité national et nous autorise à ne retenir que les points les plus saillants et les commentaires qui ont été
émis.
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ne lui appartient pas, en tant qu’inspecteur général d’un groupe disciplinaire, de saisir
directement le ministre et qu’il doit obligatoirement passer par le Doyen de l’ensemble
de l’Inspection générale. Il répondra de la même façon quand on lui demandera s’il ne
pourrait pas prendre la parole à l’occasion des Journées de Langres, proposant que ce
soit quelqu’un d’autre qui intervienne, un universitaire de renom par exemple.
Ph. Blanc précise qu’au début de l’année scolaire, dans le cadre de la Conférence 3,
il a rencontré Jean-Yves Daniel, le doyen de l’Inspection générale, et Jean-Paul
Delahaye, alors conseiller du ministre et devenu depuis le directeur de la DGESCO. Le
contact avait été sympathique si bien que la délégation de la Conférence, persuadée
d’avoir été comprise, attendait de l’entrevue des résultats… qu’elle attend toujours.
Lors de la rencontre avec le Doyen de notre Inspection générale, S. Perrier a aussi
évoqué l’initiative de la Régionale de Clermont-Ferrand qui avait adressé un courrier
aux proviseurs de l’académie pour leur exposer les raisons de maintenir les
dédoublements et les remontrances que cette initiative a suscitées de la part de l’IPR 4.
Ces remontrances, M. Mathias les approuve, considérant que la démarche de nos
collègues était du genre à agacer les chefs d’établissement. Ce n’est pas vraiment
l’impression que nous avons eue : cette démarche, reprise par d’autre Régionales, a pu
s’attirer des réponses favorables.
2. Les ESPÉ
En ce qui concerne les Écoles supérieures du professorat et de l’éducation,
S. Perrier observe qu’il n’y a pas eu grand-chose de nouveau, si ce n’est que le
ministre a confirmé que ce seront des professeurs en poste qui prendront en charge,
sur une partie de leur service, la formation des professeurs stagiaires. N. Franck juge
importante cette décision du ministre : ceux qui assureront la formation des stagiaires
dans le cadre du master devront savoir ce dont ils parlent et par conséquent rester en
contact avec les réalités de l’enseignement. Ce seront donc des professeurs qui
conserveront une partie de leur service.
H. Dilberman est à ce sujet plutôt dubitatif : il ne voit guère comment cela pourra
se faire concrètement. M. Perret n’est pas de cet avis, qui pense qu’on fera appel à des
professeurs du secondaire, comme c’était déjà pour les IUFM. La différence, ajoute
J.-P. Carlet, est que ce sont désormais des universitaires qui vont décider : on ne sait
donc pas comment on procédera pour les nominations. S. Perrier indique que, dans
l’académie d’Orléans-Tours, un accord a été conclu entre l’Université et l’Inspection
afin de régler cette question.
N. Franck rappelle que Vincent Peillon souhaitait que les inspecteurs retournent à
l’enseignement : cela peut concerner aussi ceux qui seront chargés de la formation
professionnelle des enseignants. Mais Ch. Coutel n’est pas du tout d’accord avec une
telle disposition, celle-ci comportant selon lui le risque de mettre les formateurs à la
botte de l’Inspection, comme cela s’est d’ailleurs produit dans l’enseignement
primaire. Il estime donc que nous devons défendre l’idée d’un corps permanent de
formateurs, composé en majorité de professeurs de lycées et de quelques
universitaires. E. Aujaleu s’étonne de ce qui vient d’être dit : comment les formateurs
pourraient être à la botte des inspecteurs si ce sont les universitaires qui décident ? Il
reste, remarque S. Perrier, que dans notre discipline la situation est différente,
l’Inspection nous ayant toujours protégés du pire.
3. La Conférence des présidents d’associations de professeurs spécialistes dont il est le secrétaire général.
4. Cf. L’Enseignement philosophique, 63e année, n° 3, mars-mai 2013, p. 91-92.
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S. Clerjaud fait état des changements qui vont survenir dans l’académie de
Strasbourg où il y avait jusqu’ici un système assez original puisqu’on faisait appel à
une quinzaine de formateurs dont les interventions étaient rémunérés par l’université
sous forme des vacations. On attribuera désormais une décharge de service, à raison
d’une heure pour 26 heures effectuées, ce qui contraindra à ne retenir que très peu de
formateurs.
3. Les concours
Discussion sur les nouvelles épreuves du CAPES de philosophie
S. Perrier propose que l’on discute du texte de l’arrêté du 19 avril 2013 qui fixe
« les modalités d’organisation des concours du certificat d’aptitude au professorat du
second degré » 5. Ce texte, il l’a adressé la veille aux membres du Bureau par courrier
électronique, au moment même où il le découvrait. L’Inspection de philosophie a été
impliquée dans sa rédaction pour ce qui concerne notre discipline ; elle s’est
manifestement efforcée d’en faire valoir les exigences propres dans le cadre – bien
évidemment – de l’organisation commune. Après avoir précisé qu’il y aura peu de
masters d’enseignement en philosophie et que la plupart seront de recherche, et
indiqué que les épreuves d’admissibilité du nouveau CAPES consisteront en une
« composition de philosophie » et une « explication de texte » ayant chacune
coefficient 1, S. Perrier rend compte un peu plus longuement des épreuves
d’admission dont le coefficient sera 2 pour chacune et dans la définition desquelles on
trouve des expressions jusque-là inusitées en philosophie comme celle de « séquences
d’enseignement ». Ces épreuves font davantage problème ; la seconde, notamment, ne
laisse pas de susciter des inquiétudes, puisqu’il est spécifié qu’« elle prend appui sur
un dossier proposé par le jury, comprenant un ou plusieurs documents (de nature
scientifique, didactique, pédagogique, extraits de manuels ou travaux d’élèves) ».
Cela rappelle à A. Pérès les épreuves orales qu’on destinait naguère aux futurs
instituteurs, mais, précise-t-il, la manière dont elles se déroulaient dépendait
largement des jurys. Il propose donc que nous demandions des exemples et que nous
fassions en sorte d’obtenir des garanties. Comment interpréter ce texte ? D’abord
porté à y voir une sorte de concession à des injonctions du ministère, mais notant
qu’il est bien dit que « les extraits de manuels ou travaux d’élèves » sont proposés par
le jury, J.-P. Carlet se demande s’il ne sera pas possible de passer entre les gouttes et
de maintenir les exigences qui valaient auparavant pour l’épreuve sur dossier, à
propos de laquelle d’ailleurs il avait fallu à l’époque trouver des accommodements de
façade avec certaines injonctions. Il observe cependant qu’en procédant de la sorte on
accroît l’écart entre les professeurs de philosophie et les autres : de fait, on assiste à
un isolement croissant de la philosophie tant en ce qui concerne la formation des
enseignants qu’en ce qui concerne leur recrutement.
Certes, fait remarquer Ch. Coutel, nous nous en sommes longtemps sortis en
rusant, comme cela a été le cas avec l’épreuve sur dossier. Toutefois, si certaines des
concessions que nous avons faites naguère ne prêtaient guère à conséquences – ainsi
au sujet de la « connaissance du système éducatif », qu’on peut considérer comme
normale –, il n’en va pas de même avec ce qui se profile derrière les nouvelles
dispositions, à savoir le recrutement bi-disciplinaire. Prenons garde à ne pas accepter
une marchandise de contrebande sous prétexte que l’essentiel semble sauvegardé !
5. http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000027361553 & dateTexte = &
categorieLien = id
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Ch. Coutel trouve que nous avons de quoi être inquiets, ou alors, c’est qu’il n’a rien
compris.
Nous n’avons pas les moyens de revenir, de nous-mêmes, sur la définition des
concours, lui répond S. Perrier : nous sommes de toute façon condamnés à ruser ; en
outre, il a déjà fallu faire face à de semblables exigences avec le CAPES interne.
Prendre publiquement position en rédigeant un texte
M. Perret propose que l’on rédige un texte pour prendre publiquement position.
Mais la question se pose de savoir comment présenter les choses. Faut-il commencer
par se réjouir de l’effort qui a été fait pour préserver l’essentiel ? É. Aujaleu considère
que l’arrêté est trop ambigu et qu’il serait gênant de l’approuver ; il est d’accord sur ce
point que tout dépendra des jurys. Selon, N. Franck, c’est bien l’ambiguïté de l’arrêté
qui fait problème et c’est cet angle d’attaque qu’il faut adopter si l’on fait un texte.
B. Fischer est d’accord : il évoque la façon dont se passaient les épreuves pratiques du
CAPES dans les années quatre-vingt quand on faisait appel à un proviseur pour
l’« entretien administratif ». Mais le problème, comme le souligne H. Dilberman, ne
tient pas seulement à l’interprétation que les jurys pourront donner de cet arrêté,
mais aussi et peut-être surtout à celle que pourront en faire les étudiants qui
préparent le concours : certains d’entre eux, sans doute un peu naïfs, pourront
prendre le texte de l’arrêté au pied de la lettre. É. Aujaleu tempère : il y a
heureusement les rapports des jurys de concours qui permettent de comprendre ce
qui est attendu. Ch. Coutel pense qu’avec un texte insistant sur le disciplinaire, nous
pourrions avoir une influence sur les collègues des autres disciplines au sein de la
Conférence, par exemple, et qu’il nous faut rappeler des choses simples, notamment
que le noyau disciplinaire est sa propre autodidaxie.
Il est important de réagir, car certaines évolutions sont inquiétantes. J.-P. Carlet
prend le cas de ce qu’est devenu le CAPES interne, depuis qu’il a été rétabli l’an
dernier, où l’on n’est pas seulement confronté à de l’ambiguïté, mais à un véritable
changement de la nature de l’épreuve, laquelle s’est muée pour l’essentiel en une
validation des acquis de l’expérience. Il s’agit, en effet, de présenter une séquence en
« six pages, dactylographiées maximum » 6. Il y a là quelque chose de très pénalisant
pour les candidats : beaucoup d’entre eux sont perdus.
Pour prolonger ce que Ch. Coutel a dit au sujet des choses simples et essentielles
qu’il importe de rappeler, Ph. Blanc annonce la tenue d’une réunion organisée en juin
par l’APMEP 7 à laquelle il se rendra et qui s’attachera notamment à la question
suivante : comment faire reconnaître notre expertise ? Il pense qu’on y parlera aussi
des concours et des nouvelles épreuves de langues vivantes au bac qui ont suscité
bien des critiques et des inquiétudes.
On fera donc un texte dans lequel on soulignera les ambiguïtés de l’arrêté. Qui va
s’en charger ? demande S. Perrier. G. Schmitt pose la question de la nature de ce
texte : il croit qu’il vaut mieux produire une analyse qu’une simple motion. Ch. Coutel
est pour que l’on fasse une déclaration dans laquelle on demanderait des
éclaircissements. Il s’agit principalement d’obtenir des garde-fous, déclare N. Franck,
plutôt favorable à une motion.
F. Aubertin se dit surtout sensible aux aspects positifs de l’arrêté ministériel. Il ne
faut pas perdre de vue, explique-t-il, qu’on est parti d’un texte valant pour tous les
6. Cf. http://www.education.gouv.fr/cid51253/epreuves-capes-interne-caer-capes-section-philosophie.html
7. L’Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public.
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CAPES, qu’on a adapté ensuite pour qu’il prenne en compte les exigences de la
philosophie. Dans le principe, il ne trouve pas aberrant qu’on propose des documents,
même tirés de manuels, étant donné que le candidat n’a pas d’expérience de
l’enseignement. Bref, il n’y a pour lui rien de choquant dans la définition des
épreuves. Il faut faire en sorte que les choses soient plus claires, reprend J.-P. Carlet :
cet arrêté est à mettre en rapport avec ce qu’a déclaré le ministre, à savoir qu’il s’agit
de faire valoir les compétences professionnelles. Il faudrait donc préciser que la
compétence professionnelle pour un professeur de philosophie consiste surtout à
expliquer des textes.
S. Perrier conclut la discussion : quoi qu’il en soit de notre texte – déclaration,
motion, analyse –, il doit porter sur les ambiguïtés de l’arrêté ministériel. Et il pose de
nouveau cette question : qui se charge de sa rédaction ? M. Perret se porte volontaire
pour ce travail et annonce qu’il prendra la forme d’une motion.
Avant de passer au point suivant, S. Perrier relève que l’agrégation ne semble pas
être une préoccupation du ministère.
4. Les épreuves des séries technologiques
La question de savoir ce qu’il en serait de l’aménagement des épreuves des séries
technologiques a évidemment été abordée lors de l’entrevue. Le Doyen Mathias a
répondu qu’il n’aurait pas lieu, considérant que la première – et unique – réunion de
la commission a montré qu’il n’était pas possible de s’accorder. Il y a là une
conclusion qu’on peut juger précipitée, mais il semble bien que l’on craint au
ministère que des conflits renaissent à propos de cette commission. S. Perrier observe
que nous aurons eu en tout cas le mérite d’avoir proposé l’aménagement des épreuves
et d’être à l’origine de la commission. Ce mérite sera-t-il reconnu ? demande J.P. Carlet. Certains ne vont-ils pas au contraire imputer à l’APPEP l’immobilisme dont
il a été fait preuve et l’accuser d’avoir freiné des quatre fers ?
S. Perrier répond que M. Perret n’a pas manqué de rappeler les points sur
lesquels il y avait accord entre les membres de la commission et qui auraient permis
qu’on introduise des modifications. Mais il semble qu’au sein de l’Inspection, on se
soit attaché davantage à une discussion sur la dissertation guidée, qui cependant n’a
pas abouti.
5. Autres questions
Au cours de l’entrevue, il a aussi été question très brièvement de la morale laïque
et de la formation continue. Tout à la fin, S. Perrier a fait part à M. Mathias d’une
découverte qu’il a faite sur le site du ministère de l’Agriculture d’un programme de
philosophie – ou de culture générale – pour la préparation du baccalauréat
technologique « sciences et technologies de l’agronomie et du vivant : agronomie,
alimentation, environnement, territoire », accompagné d’une bibliographie très
orientée qui s’en tient aux seules conceptions pédagogiques de l’ACIREPh, du GFEN et
de Michel Tozzi. Le Doyen ignorait totalement ce programme et cette bibliographie. Il
est clair que l’Inspection de philosophie n’avait pas été consultée pour leur
élaboration. 8
N. Franck, qui est chargé aussi de l’enseignement de l’option « droit et grands
enjeux du monde contemporain », saisit l’occasion pour indiquer qu’ayant consulté
sur le site « Éduscol » les fiches à destination des enseignants, il a été consterné par la
8. Au moment où nous bouclons ce numéro, nous ne trouvons plus trace de ce programme et de cette
bibliographie à l’adresse indiquée à la note 8 dans le compte rendu de l’entrevue ; cf. infra.
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médiocrité des références qui étaient données, qui s’en tenaient souvent à des
émissions de télévision.
II. BILAN ET PERSPECTIVES DES RÉGIONALES
Régionale de Lyon
On passe ensuite à l’exposé de la situation des Régionales. On procède à un tour
de table.
J.-L. Lanher, qui représente la Régionale de Lyon, est invité à présenter le projet
qu’il a annoncé en début de réunion. Constatant que la loi sur la refondation de
l’École met l’accent sur le premier degré et n’envisage de se préoccuper du collège et
du lycée que par le biais de réformes demandées au futur Conseil national des
programmes, il considère qu’elle devrait aussi prendre en compte la philosophie en
tant qu’elle est à même de rompre avec le consensus normatif qui étaye une
refondation en trompe-l’œil, de s’interroger sur l’homme que l’on veut former et ainsi
de réassurer l’École sur ses bases. Pour cela, J.-L. Lanher envisage deux orientations
de recherche.
– 1. On pourrait partir de l’ouvrage de Martha Nussbaum : Les émotions
démocratiques. Comment former le citoyen du XXIe siècle (« Climats », Flammarion,
2010). L’auteur y reprend le concept – développé par Amartya Sen – de « capabilité »
qu’elle entend comme liberté substantielle d’effectuer un choix. On pourrait en faire
usage pour critiquer l’idéologie managériale des « compétences », c’est-à-dire
l’hégémonie de la raison instrumentale inhérente à l’utilitarisme contemporain.
D’autre part, Martha Nussbaum propose que l’éducation revienne aux humanités par
le biais d’un rôle important dévolu aux « arts libéraux » et conduit à s’interroger sur la
portée de cette nouvelle « éducation esthétique ». Permet-elle, en constituant un sens
commun esthétique, de fonder l’idée de l’appartenance à une humanité commune ?
Peut-elle fournir une conscience esthétique de la modernité en tant qu’elle
impliquerait une interrogation de l’homme sur ce que devient son existence dans le
monde contemporain ?
– 2. La seconde orientation serait de s’interroger sur l’homme que l’on veut
former, en posant la question de l’universel, d’un universel qui ne soit pas celui d’un
humanisme abstrait, mais qui permette de comprendre concrètement l’homme à
partir de sa diversité culturelle. On pourra pour cela travailler sur l’œuvre de LéviStrauss et surtout faire appel au concept d’« universel relatif » proposé par Philippe
Descola dans Par-delà nature et culture (Bibliothèque des sciences humaines,
Gallimard, 2005). J.-L. Lanher pense que l’on peut travailler ce concept d’« universel
relatif » pour voir en quoi, dans les conditions d’aujourd’hui, une philosophie du sujet
qui vise une définition rationnelle de l’universel peut être présente dans le discours
sur les valeurs, en dépassant la posture affective de la bienveillance et de l’attention à
l’autre. Il se propose ainsi d’organiser des journées de réflexion au cours desquelles
pourraient intervenir, par exemple, Sandra Laugier, Frédéric Keck et Philippe Descola 9.
S. Perrier est convaincu qu’un tel projet, très intéressant et ambitieux, mérite
d’être réalisé et qu’il peut être organisé comme le sont les journées de l’APPEP si,
évidemment, J.-L. Lanher accepte de s’en charger. Ph. Blanc juge très intéressant ce
9. Je remercie vivement J.-L. Lanher de m’avoir adressé, après la réunion du Comité national, un texte dans
lequel il reprend ce qu’il avait exposé et que je n’avais pu prendre en note que très imparfaitement. J’ai repris
à la lettre beaucoup de ses formulations, mais, pour des raisons techniques, j’ai dû resserrer son texte, faisant
ainsi disparaître certaines informations. [G.S.].
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concept d’« émotions démocratiques » et suggère de prendre contact avec Solange
Chavel, qui est, entre autres, la traductrice de Martha Nussbaum, et Patrick Savidan,
qui est le directeur de rédaction du site « Raison publique ».
Régionale de Clermont-Ferrand
B. Nouailles explique que le Bureau de la Régionale de Clermont-Ferrand a
cherché, cette année encore, à mettre en place une préparation aux concours
internes, mais que le rectorat refuse toujours d’allouer les crédits nécessaires ; il en va
pourtant différemment dans d’autres académies comme celle d’Orléans-Tours, par
exemple. On a aussi voulu faire en sorte que les professeurs de philosophie sortent de
leurs classes et c’est ainsi qu’on a organisé des conférences dans des médiathèques ;
cela se fait pour le moment dans le département du Puy-de-Dôme, mais pourrait être
étendu aux autres départements. La Régionale a noué aussi un contact avec un
collègue qui organise des manifestations au Puy-en-Velay. Un autre collègue
intervient au Chambon-sur-Lignon – où Paul Ricœur a enseigné quelque temps.
Ce serait une bonne chose, fait remarquer S. Perrier, que ces interventions soient
publiées sur le site de l’Association, par exemple sous forme de vidéos.
Régionale de Nancy-Metz
F. Aubertin annonce la très probable cessation d’activité de la Régionale de NancyMetz. Il est devenu impossible de tenir une Assemblée générale réunissant
suffisamment de collègues. La dernière qui ait été convoquée a réuni six personnes dont
deux n’étaient pas membres de l’Association. Il est vrai que la situation de l’Académie
est difficile : elle est la seule à perdre encore des postes et le moral des collègues s’en
ressent forcément. F. Aubertin s’efforce depuis plusieurs années de trouver un
successeur parmi les collègues plus jeunes, mais ceux qu’on pouvait pressentir se
dérobent, souvent fort pris par ailleurs. Il y a pourtant des choses qui marchent bien,
dans lesquelles des membres de l’Association se sont fortement investis : c’est le cas de
la préparation à l’agrégation interne, qui mobilise sept intervenants et une dizaine de
stagiaires très motivés, ainsi que de la formation continue dont les stages – il y a en trois
par an – rassemblent de 35 à 40 collègues sur des questions universitaires, ce qui fait
que, pour la DIFOR, la philosophie représente une valeur sûre.
Sur la question des dédoublements, F. Aubertin a envoyé un courrier à tous les
chefs d’établissement sur le modèle de celui qui a été fait à Clermont-Ferrand. L’un de
ceux qui ont répondu très favorablement a fait savoir qu’il avait fait usage de
l’argumentaire qu’il comportait en Conseil d’Administration. Le courrier a aussi été
adressé à l’IPR qui a trouvé qu’il était bien.
Ch. Coutel avoue avoir du mal à comprendre le contraste dont F. Aubertin fait
état entre la faible mobilisation pour l’Association et le succès que rencontrent les
séances de formation. Il a fait lui-même le même constat lors d’interventions dans des
médiathèques ou dans des colloques. Qu’est-ce qui fait, demande-t-il, que des
collègues qui se réunissent à certaines occasions n’entrent pas dans des associations ?
Régionale de Montpellier
Dans l’académie de Montpellier également, la formation continue marche bien.
É. Aujaleu indique que trois journées organisées chaque année rassemblent de 40 à
50 collègues chacune. L’Association y est aussi très présente à travers la préparation à
l’agrégation interne dont le responsable est le nouveau président de la Régionale.
Toutefois celle-ci perd des adhérents, du fait notamment des nombreux départs à la
retraite – le Sud de la France, comme on le sait, est vieillissant.
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Régionale de Paris, Créteil, Versailles
N. Franck relève, lui aussi, à propos de la Régionale de Paris, Créteil et Versailles
que les effectifs stagnent. Il faut dire qu’il est difficile en Île-de-France d’attirer les
collègues à cause de la concurrence très importante en matière d’activités
philosophiques ; de plus, l’Association n’est plus partie prenante dans la formation
continue. Toutefois, la Régionale s’est associée avec la Société française de
philosophie dans le cadre des ateliers que celle-ci a mis en place, qui ont connu un
certain succès, mais restent néanmoins plutôt confidentiels 10. De même, elle participe
à l’Université conventionnelle fondée et animée par Frédéric Dupin dans le cadre de
l’association « La Conventionnelle », dont les séances ont lieu dans le XI e
arrondissement de Paris 11 . Elle a notamment mis sur pied un atelier de
mathématiques sur les cercles, les ellipses et les tangentes, animé par Mathieu Gibier.
Enfin, N. Franck annonce que la Régionale organise le 8 juin une rencontre avec
Denis Kambouchner autour de son dernier livre, L’École, une question philosophique.
Régionale d’Orléans-Tours
À la Régionale d’Orléans-Tours, le passage de relais a pu être fait, une équipe
renouvelée est maintenant en place, rapporte Ph. Blanc. Il ajoute qu’elle s’est
consacrée à un travail sur les rapports entre philosophie et théâtre, portant plus
précisément sur la question du désir. Si l’affiche était tentante, on ne peut pas dire
qu’elle ait rencontré un grand succès.
Régionale de Grenoble
Le tour de table se termine avec J.-P. Carlet pour la Régionale de Grenoble. Elle
maintient ses effectifs autour de 40 adhérents et elle organise trois réunions dans
l’année en fonction des événements. L’année dernière a été consacrée à la
commémoration de la naissance de Jean-Jacques Rousseau et l’APPEP y a
grandement participé. Elle est intervenue aussi lors des Troisièmes Rencontres
philosophiques d’Uriage, qui ont eu lieu du 12 au 14 octobre 2012 sur le thème « Le
philosophe et la santé ». Un accord a été conclu avec l’Inspection et le Rectorat pour
mettre en place une préparation aux concours internes et la formation continue.
L’Association est ainsi très présente sur l’Académie. Il est toutefois regrettable qu’en
dépit de cette activité, elle continue à apparaître comme une association de
conservateurs : là est sans doute le principal blocage qu’elle rencontre.
Pour É. Aujaleu, il s’agit d’un prétexte paresseux. S. Perrier ajoute qu’en fait ce
sont toutes les associations qui sont touchées. B. Fischer note cependant que
l’Association enregistre une quarantaine de nouveaux adhérents et qu’on assiste donc
à un certain renouvellement, même si cela ne compense pas les départs qui sont un
peu plus nombreux.
Régionale de Nantes
S. Perrier fait état d’un courrier que lui a adressé le président de la Régionale de
Nantes, A. Saint-Pol pour s’excuser de ne pouvoir venir à la réunion du Comité
national et dans lequel il déclare que ses collègues restent vigilants et susceptibles de
se mettre en mouvement si la situation l’exige.
10. Nous en avons fait état dans le numéro de septembre-novembre 2012 de L’Enseignement philosophique,
p. 82.
11. Pour tous renseignements, voir http://la-conventionnelle.org/luniversite-conventionnelle/
L'enseignement philosophique – 63 année – Numéro 4
82
COMITÉ NATIONAL DU 25 MAI 2013
III. LE SITE INTERNET DE L’ASSOCIATION
1. La sécurité du site
On en vient au troisième point de l’ordre du jour, consacré au site de
l’Association.
N. Franck signale que le site a été piraté à deux reprises et qu’il a fallu installer
deux verrous supplémentaires.
2. Mise en place d’une liste de discussion intermédiaire
M. Perret s’explique sur la proposition qu’elle avait faite lors de la réunion du
Bureau national du 9 février de mettre en place une liste de discussion qui serait
intermédiaire entre le « sommet » et la « base ». Cette liste, ouverte aux responsables
des Régionales, devrait leur permettre de mieux participer à la vie de l’Association en
étant davantage associés à l’activité du Bureau national. Il reste à lui trouver un nom,
fait observer S. Perrier.
C’est précisément sur cette question des rapports entre les adhérents et les
responsables nationaux que J.-L. Lanher entendait intervenir. Avant cette réunion du
Comité national, il avait envoyé un courrier électronique aux adhérents de sa
Régionale pour leur demander ce qu’il devait relayer. Il lui a été répondu qu’il y avait
trop de pesanteurs dans l’Association et qu’il fallait faire en sorte qu’il y ait davantage
d’interaction entre la base et le sommet, que la base puisse exprimer des idées qui
soient reprises par le sommet.
S. Perrier rappelle que l’APPEP n’est représentée que par son Bureau, qu’elle n’est
pas une fédération de Régionales, que celles-ci statutairement sont des sections d’une
association une et qu’il ne saurait y avoir par conséquent d’instances intermédiaires
qui romprait son unité, mais que cela n’empêche aucunement quiconque de s’adresser
au Bureau s’il le veut. Aussi s’étonne-t-il de ce qui a été déclaré au sujet des
pesanteurs dont souffrirait l’Association ; il insiste sur le fait que tout courrier reçu est
communiqué au Bureau, qu’aucune discussion n’est bannie, au moins sur
« appepliste » et que toute idée peut alors être reprise si le Bureau en est d’accord.
Ch. Coutel partage cet étonnement : pour avoir fait partie de beaucoup d’associations,
il a pu constater que l’APPEP est de celles où il y a la plus grande collégialité.
Ph. Blanc rappelle qu’on peut publier dans la revue des communications de
Régionales et par là nourrir le débat. Il approuve vivement l’instauration de cette
nouvelle liste qui aura une fonction propre, étant donné qu’il y a des choses dont on
doit pouvoir débattre sans qu’elles soient pour autant mises dans l’espace public.
La séance est levée à 16 heures 30.
L’enseignement philosophique – 63 année – Numéro 4
Communiqué sur le nouveau CAPES de philosophie
Prenant connaissance de la nouvelle forme du CAPES de philosophie, l’APPEP se
réjouit de constater que les exercices de la dissertation et de l’explication soient posés
comme essentiels à notre discipline. Faire la preuve que l’on est capable d’enseigner
la philosophie, qu’est-ce, sinon se montrer à même de développer la complexité d’une
question, tenter de lui donner réponse en mobilisant pour cela ce que la pensée
humaine a conçu sur le sujet ?
Toutefois la référence bien compréhensible à un contexte d’enseignement, dès lors
que celui-ci est interprété en termes de « compétences », nous semble introduire une
dangereuse ambiguïté, laissant ouverte la possibilité d’une didactique et d’une
pédagogie qui seraient extérieures au travail philosophique. Témoignent de cette
équivoque les attendus de la seconde épreuve d’admission au CAPES externe : si cette
épreuve doit légitimement permettre « d’évaluer les connaissances philosophiques du
candidat » en l’invitant à expliquer l’un des deux textes qui lui seront proposés et à
montrer « comment il le destine aux élèves des classes terminales », elle est aussi
supposée évaluer « ses compétences didactiques et pédagogiques » à travers l’analyse
d’extraits de manuels, voire de travaux d’élèves. Mais peut-on juger de savoir-faire sans
partir de ce qui en atteste l’existence, à savoir l’aptitude à organiser un travail
d’explication de texte destiné à une classe ? Il semble qu’on veut ici séparer des qualités
qui ne sont pas séparables de l’exercice d’explication d’un texte de philosophie. La
similitude entre la nature de l’épreuve de l’explication de texte et la démarche exigée
des élèves étant pleinement effective, il s’agit toujours de vérifier au profit des élèves
l’exigence disciplinaire et les qualités pédagogiques des candidats relativement à la
clarté du propos et au souci de le rendre accessible à des élèves de classes terminales.
Séparer en deux moments distincts vérification des connaissances et des « compétences
pédagogiques » apparaît donc contraire à l’intention de vouloir vérifier l’aptitude à
enseigner. On comprend mal, par conséquent, les raisons qui justifient l’introduction, à
l’intérieur de cette épreuve d’admission, de ce qui apparaît comme une épreuve d’une
tout autre nature, autant que le besoin de formuler l’étonnant recours aux manuels
dont l’obligation serait contraire aux exigences de notre discipline.
On retrouve cette même équivoque dans la nouvelle épreuve d’admissibilité au
CAPES interne, dite « Reconnaissance des Acquis de l’Expérience Professionnelle ».
Celle-ci propose officiellement l’exposé en six pages par le candidat d’une séquence
de cours réalisée durant l’exercice de son emploi. Le jury de philosophie, quant à lui,
attend la démonstration des qualités spécifiques au développement d’une leçon ou
l’étude philosophique d’un texte. Il conviendrait donc que la présentation officielle du
CAPES interne de philosophie précise cette spécificité.
L’APPEP, par vocation, se soucie de la distinction entre les dimensions universitaire,
didactique et pédagogique. Elle ne saurait pour autant accepter que cette évidente
différenciation soit comprise comme indépendance, et conduise, au nom de la
« professionnalisation », à séparer les exigences disciplinaires des exigences pédagogiques,
comme si, par exemple, l’on admettait par avance que la formulation d’une politique, quelle
qu’en soit l’orientation, soit confiée à un discours extérieur, spécialiste en communication!
L’APPEP appelle donc à davantage de lisibilité des attendus des exigences
essentielles à l’enseignement de la philosophie : s’il est vrai que la dissertation, la leçon
ainsi que l’explication de texte sont consubstantielles à notre discipline, il convient de
mentionner expressément que ces exercices incluent une interrogation précise de la part
du candidat sur leur mise en œuvre concrète pour les élèves d’aujourd’hui. L’APPEP
demande que cela soit explicitement mentionné dans le texte définissant les épreuves.
L'enseignement philosophique – 63 année – Numéro 4
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