DiabetesVoice
Juin 2013 • Volume 58 • Numéro 2 41
Pratique clinique
artérielle : « Dans la mesure où les maladies
cardiovasculaires constituent la principale
cause de décès des personnes atteintes de
diabète, l'approche la plus responsable pour
les médecins qui soignent ces personnes est
de faire comme si elles avaient déjà eu une
crise cardiaque et de partir de là. »
Parce que le diabète et l'hypertension augmen-
tent le risque de crise cardiaque, d'accident
cérébrovasculaire et de maladies rénales, il
est important pour les personnes atteintes
de diabète de maintenir un style de vie sain,
notamment en optant pour une alimenta-
tion riche en légumes et en grains entiers,
en limitant les aliments transformés et en
réduisant le sel.
Modifier l'assaisonnement
Environ 80 % de tout le sel consommé sont
ajoutés au stade de la fabrication, ce qui rend
tout contrôle par les consommateurs très
difficile.4 Si l'on veut parvenir à une réduc-
tion de la consommation dans le monde,
l'industrie alimentaire doit diminuer la
quantité de sel ajoutée aux aliments. Mais
il y a un problème de taille : l'opposition
du secteur, qui voit dans le sel un élément
essentiel de son succès commercial. Le sel
permet en effet de vendre des aliments bon
marché qui n'ont pas bon goût. Il augmente
en outre la teneur en eau dans des aliments
tels que la viande transformée, avec, à la clé,
une augmentation du poids de ces produits
pouvant aller jusqu'à 20 %. Certaines des
multinationales agroalimentaires parmi les
plus importantes au monde commercialisent
des en-cas et des sodas – deux des princi-
paux pourvoyeurs de sel à l'heure actuelle.
L'accoutumance aux aliments salés ou le
penchant pour ceux-ci accroît la tolérance
et le désir d'en consommer plus. Ce scénario
transparaît plus particulièrement dans le
succès rencontré par l'industrie des sodas,
où le sel joue un rôle important dans la soif.
Une boisson sucrée ou salée conduit l'enfant
à en boire une de plus. Les stratégies utilisées
par l'industrie alimentaire ont été comparées
aux techniques employées par l'industrie
du tabac, et le problème ne disparaîtra pas
de lui-même.
Le Royaume-Uni a réussi à faire pression sur
les producteurs alimentaires pour qu'ils ré-
duisent le sel, et sert de modèle pour le reste
du monde. En 2004, le groupe Consensus
Action on Salt and Health (CASH) a lancé
une campagne de santé publique visant à en-
courager l'industrie alimentaire britannique
à réduire le sel ajouté aux aliments. Cet effort
s'est traduit par une initiative d'étiquetage de
la teneur en sel de tous les aliments emballés
au moyen d'un système de codes couleur
simple permettant aux consommateurs de
comprendre facilement la quantité de sel
d'un produit en magasin. Pour le Professeur
MacGregor, ces stratégies de réduction de
sel économiques ont été très utiles : « Une
réduction de 15 % de la consommation de
sel de la population britannique a permis
d'éviter au moins 9 000 accidents cardio-
vasculaires et crises cardiaques par an, ce
qui représente des économies annuelles de
2 milliards de dollars. »
Malheureusement, ce sont les PFMR qui sup-
portent l'essentiel du fardeau des maladies
liées à l'hypertension. Or les gouvernements
de ces pays ne sont pas vraiment encouragés
à développer des directives alimentaires ou
à éduquer la population au risque d'une
consommation élevée de sel. La respon-
sabilité de cette consommation excessive
de sel a traditionnellement été rejetée sur
l'utilisation de sel de table pour la cuisine
et la préservation des aliments, mais cette
situation évolue aujourd'hui avec la vente
Elizabeth Snouffer
Elizabeth Snouffer est rédactrice
de Diabetes Voice.
Références
1. Lim SS, Vos T, Flaxman AD, et al. A comparative
risk assessment of burden of disease and injury
attributable to 67 risk factors and risk factor
clusters in 21 regions, 1990–2010: a systematic
analysis for the Global Burden of Disease
Study 2010. The Lancet 2012; 380: 2224-60.
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Mendis S, Puska P, Norrving B. Global Atlas on
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World Health Organisation, Geneva 2011.
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American Heart Association Meeting Report,
March 21, 2013. http://newsroom.heart.org/
news/adults-worldwide-eat-almost-double-
daily-aha-recommended-amount-of-sodium
4.
He FJ, MacGregor GA. Reducing
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evidence to implementation. Progress in
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5.
WHO issues new guidance on dietary
salt and potassium. Geneva. http://www.
who.int/mediacentre/news/notes/2013/
salt_potassium_20130131/en/
par l'industrie alimentaire d'aliments peu
coûteux riches en lipides, en sel et en glucides
aux PFMR.
La réduction du sel alimentaire se doit d'être
prise au sérieux pour la santé future de la pla-
nète, parallèlement à d'autres changements
de style de vie, tels qu'une augmentation de
l'activité physique, une alimentation riche en
grains entiers et en légumes, la réduction de
la consommation de lipides et de glucides et
l'arrêt de la cigarette. Les mesures sanitaires
nationales et les campagnes publiques mon-
diales permettront de sauver des millions
de vie.
Une réduction de 15 % de
la consommation de sel de
la population britannique
a permis d'éviter au
moins 9 000 accidents
cardiovasculaires et crises
cardiaques par an. »
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