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les différencie d’un syndrome de
Gougerot-Sjögren où l’infiltration des
glandes salivaires est principalement
liée à des lymphocytes CD4. La biop-
sie nerveuse montre des infiltrats péri-
vasculaires de lymphocytes CD8, sans
nécrose de la paroi des vaisseaux, et
une expression abondante de la
protéine p24 du VIH-1 par les macro-
phages. L’AZT ou les corticoïdes ont
amélioré les rares cas décrits.
Mononeuropathies multiples
Les atteintes multiples des nerfs crâniens
posent des problèmes spécifiques qui
ne seront pas développés ici. Nous
signalerons simplement la possibilité
d’un tel tableau au cours de la primo-
infection.
Les mononeuropathies multiples pro-
prement dites, avec atteinte des troncs
nerveux périphériques éventuellement
associée à une atteinte de nerfs crâniens,
sont rares. On peut schématiquement
en distinguer deux groupes selon que
le nombre des CD4 est supérieur à
200/mm3ou inférieur à 50/mm3au
moment où elles s’installent.
CD4 ≥200/mm3
Forme inflammatoire
C’est la plus fréquente. Elle est
d’origine auto-immune présumée.
Habituellement, les atteintes nerveuses
y sont limitées. L’EMG met en évi-
dence une atteinte axonale ou mixte
généralement sévère et évolutive, de
distribution multifocale. Il existe
habituellement des anomalies du
LCR : hyperprotéinorachie modérée et
pléiocytose lymphocytaire. La biopsie
nerveuse objective une dégénéres-
cence axonale associée à de nombreux
infiltrats périvasculaires de cellules
mononucléées ou, très rarement, une
vasculite nécrosante en tous points
comparable à la périartérite noueuse.
Les formes non vasculitiques ont une
évolution variable, souvent spontané-
ment favorable ou sous l’effet,
d’ailleurs inconstant, des corticoïdes,
des échanges plasmatiques ou des
immunoglobulines intraveineuses. Dans
le cas des mononeuropathies multiples
avec vasculite nécrosante, le recours aux
corticoïdes (prednisone : 1 mg/kg/j)
est généralement efficace et peut avoir
un effet antalgique remarquable.
DILS
C’est une cause bien plus exception-
nelle de mononeuropathies multiples.
Parmi les quatre cas de Moulignier et
al. (3), trois correspondaient à une
atteinte axonale et un à une atteinte
démyélinisante. La protéinorachie
était nettement augmentée dans deux cas.
CD4 ≤50/mm3
Les mononeuropathies multiples qui
surviennent chez des patients très
immunodéprimés sont devenues rares
en France. Elles sont essentiellement
le fait du CMV.
CMV
Il est à l’origine d’un tableau sévère.
La neuropathie peut être associée à
d’autres déterminations du virus,
comme une rétinite spécifique. Les
données électrophysiologiques sont
superposables à celles des mononeu-
ropathies multiples inflammatoires.
Le LCR montre rarement une pléiocy-
tose à prédominance de polynucléaires
neutrophiles (PNN) ; le plus souvent,
il est subnormal ou normal. La PCR
(polymerase chain reaction) du CMV
dans le LCR n’est pas toujours posi-
tive. La biopsie nerveuse montre typi-
quement des infiltrats riches en PNN
et des cellules à inclusions cytoméga-
liques, avec des lésions axonales et
myéliniques. Elle n’est cependant pas
toujours contributive compte tenu du
caractère focal des lésions. Le traite-
ment repose sur les agents anti-CMV
par voie intraveineuse (ganciclovir
et/ou foscarnet et/ou cidofovir) associés
dans un deuxième temps aux antirétro-
viraux.
Lymphomes
Exceptionnellement, l’envahissement
direct d’un ou plusieurs nerfs périphé-
riques peut compliquer, voire révéler,
un lymphome systémique (intérêt de
l’augmentation de la lacticodéshydro-
génase sérique).
Méningoradiculo(myélo)pathies
Des tableaux de méningoradiculopathie
affectant avec prédilection les racines
de la queue de cheval, et parfois asso-
ciée à une atteinte médullaire, ont
été décrits. Ils sont appelés par les
auteurs anglo-saxons progressive
polyradiculopathy, lumbosacral
polyradiculopathy ou polyradiculo-
myelopathy. Ils ne doivent pas être
confondus avec une polyradiculoneu-
ropathie inflammatoire. Les princi-
paux éléments cliniques en faveur du
premier diagnostic sont : les douleurs
radiculaires dans le territoire de la queue
de cheval, le caractère asymétrique
des troubles, la persistance des réflexes
ostéotendineux dans les territoires non
déficitaires, la précocité des troubles
sphinctériens, la présence non rare
d’un signe de Babinski traduisant une
atteinte médullaire associée, le respect
(non constant cependant) des membres
supérieurs et des nerfs crâniens.
L’IRM avec injection permet d’éliminer
un processus occupant de l’espace :
hernie discale, abcès toxoplasmique
ou lymphome intramédullaire, épidu-
rite tuberculeuse ou lymphomateuse.
Les tracés électromyographiques des
muscles des membres inférieurs et
paravertébraux sont franchement neuro-
gènes, les vitesses de conduction
nerveuse et les potentiels sensitifs sont
normaux, les ondes F sont très retardées
ou absentes. C’est l’examen du LCR
qui permet de rapporter ce syndrome à
sa cause. Le CMV en est la cause la
plus classique mais est beaucoup plus
rarement observé de nos jours. Les
caractéristiques typiques du LCR sont
dans ce cas : pléiocytose à PNN, hypo-
glycorachie, hyperprotéinorachie, PCR
du CMV positive. Les autres causes
possibles de ce type de tableau sont :
la syphilis, la tuberculose, la ménin-
gite lymphomateuse, le virus de la
Act. Méd. Int. - Neurologie (4) n° 6, septembre 2003
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