Revue de presse
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. III - no 3 - juillet-août-septembre 2012
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DIAPOSITIVESDIAPOSITIVES
COMMENTÉES EN LIGNECOMMENTÉES EN LIGNE
seul et même service d’urologie. Les parti-
cipants ont été classés en fonction de leur
âge : inférieur à 50 ans ou supérieur ou égal
à 50 ans.
L’âge moyen des participants était de
50 ans. La valeur moyenne du PSA initial
était de 1,2 ng/ml. Chez les hommes de
plus de 50 ans, selon que le PSA initial était
inférieur à 1,0 ou compris entre 1,0 et 1,9,
entre 2,0 et 2,9 ou entre 3,0 et 3,9 ng/ml, l’inci-
dence cumulée du cancer de la prostate était
de 0 %, 0,1 %, 0,3 % et 5,7 %, respectivement.
Aucun cancer de la prostate n’a été diagnos-
tiqué chez les hommes de moins de 50 ans,
quelle que soit la valeur du PSA initial.
Les auteurs ont conclu que si le dosage du
PSA est recommandé pour le dépistage du
cancer de la prostate, les hommes de plus
de 50 ans présentant un PSA initial compris
entre 3,0 et 3,9 ng/ml pourraient n’avoir
qu’un dosage répété tous les 2 ans. Pour
les hommes ayant un PSA initial inférieur
à 3,0 ng/ml, un intervalle d’au moins 3 ans
entre les dosages serait approprié. Le dosage
du PSA pour le dépistage du cancer de la
prostate ne serait pas indiqué chez les
hommes de moins de 50 ans.
Commentaire
La principale limitation de cette étude dans
l’extrapolation des résultats à nos pratiques
tient au fait que tous les participants étaient
japonais. L’incidence du cancer de la prostate a
été rapportée comme étant plus faible dans les
populations asiatiques, et notamment au Japon.
Cependant, la principale étude sur le même sujet,
menée en Europe à la fi n des années1990, avait
montré qu’un intervalle de 4ans entre 2dosages
de PSA conduisait à manquer 13,3 % des cancers
et qu’aucun de ces cancers n’avait de caractéris-
tiques pronostiques péjoratives(1). Cette étude de
l’ERSPC (European Randomized study of Screening
for Prostate Cancer) n’avait pas pris en considé-
ration l’origine ethnique des participants, et il est
probable que des hommes d’ethnies à risque,
comme les Afro-Caribéens, aient été inclus. Au
fi nal, ce que nous pouvons retenir de cette étude
nippone, c’est que, avec un intervalle de dépistage
inférieur (2ans pour un PSA compris entre 3,0 et
3,9ng/ml) et dans une population à moindre
risque lié à l’ethnie, la probabilité de ne pas
diagnostiquer un cancer de la prostate était de 1 %.
Les prescriptions de dosages du PSA total ont
considérablement augmenté en France au
cours des dernières années. Enexcluant les
dosages réalisés pour le suivi de patients ayant
un cancer de la prostate diagnostiqué, leur
incidence est passée de 3,93millions en2004
à 4,99millions en2007. Sachant que le dosage
du PSA total coûte 18,54euros (B60 : 16,02€+
2,52€ pour le prélèvement) ou 34,92euros si
on lui associe le dosage du PSA libre (B120),
lecoût total annuel pour la société s’élève
donc à plus de 134millions d’euros (source :
étude Observa-Pur). Lespreuves apportées
par les études comme celles de D.Kobayashi
etal. devraient permettre une réduction de ces
dépenses sans mettre en danger le pronostic
des patients.
Y. Neuzillet, Suresnes
✓ Kobayashi D, Takahashi O, Fukui T, Glasziou PP. Optimal
prostate-specifi c antigen screening interval for prostate
cancer. Ann Oncol 2012;23(5):1250-3.
1. Van der Cruijsen-Koeter IW, Van des Kwast TH, Schröder
FH. Interval carcinomas in the European Randomized Study
of Screening for Prostate Cancer (ERSPC)–Rotterdam. J Natl
Cancer Inst 2003;95(19):1462-6.
Facteurs prédictifs du devenir
après une prostatectomie totale
suivie d’une hormonothérapie
adjuvante chez des patients
ayant un cancer de la prostate
à haut risque de récidive, pT3
etavecdesmarges positives
Après une prostatectomie totale, les patients
traités par hormonothérapie adjuvante pour
un cancer de la prostate pT3 avec des marges
positives ont un risque élevé de récidive
biologique. Les auteurs de cette étude ont
identifi é les facteurs prédictifs de décès dans
ce groupe de patients.
Les patients traités par prostatectomie totale
suivie d’une hormonosuppression adjuvante
pour un cancer pT3a/b pN0-1 et ayant une
marge positive ont été sélectionnés pour
cette étude ancillaire d’un essai clinique
prospectif évaluant la prostatectomie dans
le cancer de la prostate à haut risque (défi ni
par un PSA supérieur à 20 ng/ml, par un
stade clinique T supérieur ou égal à 3a, ou
par un score de Gleason biopsique supérieur
ou égal à 8). Aucun des sujets n’avait reçu
de traitement hormonal néo-adjuvant ni de
radiothérapie.
Parmi les 550 patients de l’essai, 173 (31,5 %)
répondaient aux critères d’inclusion. La durée
médiane du suivi a été de 67 mois. Pour ces
patients, la survie spécifi que du cancer de la
prostate et la survie globale à 8 ans ont été
respectivement de 86,3 % et de 77 %. Le stade
tumoral et la marge positive au niveau du
col vésical ont été les facteurs prédictifs
indépendants de la mortalité spécifi que et
globale, et ils ont été utilisés pour stratifi er les
patients. Ceux ayant un cancer pT3b avec une
marge positive au col vésical avaient la plus
forte mortalité (survies spécifi que et globale
à 5 ans : 60 % et 52,3 %, respectivement), alors
que ceux ayant un cancer pT3a (quel que soit
le statut des marges et de l’envahissement
ganglionnaire) ou un cancer pT3b sans marge
positive au niveau du col vésical avaient des
survies spécifi que et globale à 8 ans de 92 %
et 84,9 %, respectivement.
Les résultats de cette étude montrent
l’hétéro généité des cancers de la prostate
à haut risque, pT3 et ayant des marges
positives. La stratification en fonction du
stade tumoral et du statut de la marge
chirurgicale au niveau du col vésical pourrait
permettre, d’après les auteurs, d’identifi er les
patients les plus à risque de décès et de leur
proposer des essais cliniques.
Dans la prise en charge thérapeutique
des cancers de la prostate à haut risque,
l’hormono-radiothérapie est actuellement
le traitement combiné de référence. La
prostatectomie totale est une option
possible, mais elle implique la réalisation
d’un curage ganglionnaire étendu et
d’une exérèse large de la prostate afi n de
diminuer les risques de marge chirurgicale
positive. En l’état actuel des connaissances,
l’effi cacité carcinologique de la prostatec-
tomie totale pour les formes localement
avancées est difficile à apprécier en
raison de l’hétérogénéité des séries et de
l’absence de précision sur les traitements
adjuvants ou sur ceux de rattrapage qui
leur sont associés. Cependant, le rationnel
de l’adjonction de l’hormonothérapie à la
chirurgie dans les cancers à haut risque est
le même que celui qui a permis d’obtenir
un gain de survie avec la radiothérapie.