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le point sur…
Ruptures de l’appareil extenseur
du genou
L’appareil extenseur du genou est composé du quadriceps
avec son tendon, de la rotule et du tendon rotulien. La rupture
d’un de ces trois éléments interrompt la continuité de l’appareil extenseur. L’examen clinique objective un déficit d’extension active complète du genou. Les radiographies du genou
face-profil et défilé fémoro-patellaire permettent de distinguer une rupture du tendon quadricipital (tuméfaction des tissus mous suprapatellaires), une fracture de la rotule ou une
rupture du tendon rotulien (ascension de la rotule). L’échographie et l’IRM confirment et précisent le diagnostic. En cas
de rupture complète de l’appareil extenseur, une reconstruction
chirurgicale précoce du tendon quadricipital ou rotulien, ou
encore une ostéosynthèse de la rotule, permettent une récupération fonctionnelle rapide et efficace.
Rev Med Suisse 2011 ; 7 : 1544-8
V. B. Duthon
D. Fritschy
Dr Victoria B. Duthon
Service de chirurgie orthopédique
et traumatologie de l’appareil moteur
Pr Daniel Fritschy
Service de chirurgie othopédique
ambulatoire
Département de chirurgie
HUG, 1211 Genève 14
[email protected]
[email protected]
Knee extensor mechanism ruptures
Knee extensor mechanism is composed of
the quadriceps and its tendon, patella and
patellar tendon. Rupture of either the qua­
driceps or patellar tendon, or of the patella
itself, lead to a disruption of the knee exten­
sor mechanism. Clinical examination reveals
an inability to actively extend the knee. Stan­
dard radiographs of the knee show a supra­
patellar swelling of the soft tissues in case of
quadriceps tendon rupture, or a displaced
patellar fracture, or a patella alta in case of
patellar tendon rupture. Echography and MRI
confirm the diagnosis and may reveal asso­
ciated injuries. In case of knee extensor me­
chanism rupture, early surgical reconstruction
of quadriceps or patellar tendon, or patella
osteosynthesis, are mandatory to achieve ear­
ly functional recovery.
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introduction
L’appareil extenseur du genou est indispensable pour mainte­
nir la position debout. Il est composé du quadriceps et de son
tendon, de la rotule et du tendon rotulien qui s’insère sur la
tubérosité tibiale antérieure. Les quatre chefs musculaires du
quadriceps (vaste médial, vaste intermédiaire, vaste latéral,
droit fémoral) se rejoignent distalement dans leur partie tendineuse et forment
le tendon quadricipital qui s’insère sur le pôle supérieur de la rotule. La rotule
s’articule sur la trochlée fémorale et a pour effet d’augmenter le bras de levier du
quadriceps de 30%,1 et donc de diminuer la force requise pour étendre le genou.
Le tendon rotulien s’insère d’une part sur le pôle inférieur de la rotule et, d’autre
part, sur la tubérositié tibiale antérieure. Ces éléments se succèdent et forment
une seule et même unité biomécanique permettant l’extension active du genou.
La rupture d’un de ces éléments, quel qu’il soit, aboutit à une incapacité d’exten­
sion active complète du genou. Ces lésions sont rares et doivent être recher­
chées. Siwek et Rao en 19812 ont montré que 28% des ruptures ne sont pas diag­
nostiquées initialement. L’examen clinique est donc crucial et permet de poser
un diagnostic rapide, clé d’une prise en charge thérapeutique optimale.
rupture du tendon quadricipital
Anamnèse et incidence
Les ruptures du tendon quadricipital sont rencontrées en général chez des pa­
tients de plus de 40 ans, avec un ratio homme/femme de 6/1.2,3 Le traumatisme
le plus fréquemment rapporté est une soudaine contraction réflexe excentrique
du quadriceps, avec le pied ancré au sol et le genou fléchi, par exemple en se rat­
trapant après avoir trébuché sur une marche ou un trottoir. Le patient décrit typi­
quement une violente douleur au niveau du genou puis une impotence fonction­
nelle du membre inférieur. Chez les patients plus jeunes, des traumatismes par
choc direct ou une lacération par objet contondant sont plus fréquents. S’il n’y a
pas de mécanisme traumatique adéquat, il faut rechercher une maladie systé­
mique de base dans laquelle les tendons sont fragilisés : le lupus érythémateux
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systémique, la polyarthrite rhumatoïde, l’hypoparathyroï­
disme primaire, la tuberculose, la syphilis. Ces patients
sont à haut risque de présenter des ruptures bilatérales,
qui sont quinze à vingt fois plus rares que les ruptures uni­
latérales. Plusieurs cas de rupture bilatérale chez des ath­
lètes consommant des anabolisants ont été rapportés dans
la littérature.4 La rupture peut aussi avoir une cause iatro­
gène comme une injection directe de stéroïdes.
Diagnostic
Le diagnostic repose en premier lieu sur l’anamnèse et
l’examen clinique. Le patient n’arrive plus à effectuer une
extension active complète du genou.5 En décubitus dorsal,
le patient n’arrive pas à surélever le membre inférieur en
le maintenant étendu, ou n’arrive pas à maintenir cette po­
sition contre la gravité. En position assise (donc genoux flé­
chis à 90 degrés) le patient n’arrive pas à l’extension com­
plète du genou si le tendon quadricipital et les rétinacu­
lum (aponévroses du vaste médial et du vaste latéral qui
s’insèrent sur la rotule) sont déchirés. En revanche, si le
tendon quadricipital est déchiré mais que les rétinaculum
sont intacts, le patient arrive à faire une extension active
partielle, mais il n’arrive pas à l’extension complète. Lors de
la palpation du tendon quadricipital, on ressent un «trou»,
une interruption de la continuité du tendon. La tuméfac­
tion et l’hématome qui se développent ensuite peuvent
rendre la palpation de ce «trou» moins évidente.3 Le ten­
don quadricipital se déchire en général dans les deux cen­
timètres proximaux au pôle supérieur de la rotule. Cepen­
dant, la déchirure se produit occasionnellement à la jonc­
tion musculo­tendineuse, particulièrement chez des patients
ayant une mobilité réduite avec une perte de la trophicité
musculo­tendineuse. Le diagnostic différentiel chez un pa­
tient incapable d’effectuer une extension active complète
du genou est la paralysie du nerf fémoral, qui peut être trau­
matique ou iatrogène.6 Les examens radiologiques peu­
vent aider à confirmer et préciser le diagnostic. Sur une ra­
diographie standard de profil du genou, on peut noter une
tuméfaction des tissus mous proximalement à la rotule.
Des calcifications au pôle supérieur de la rotule peuvent
être un signe indirect de tendinopathie du tendon quadri­
cipital et donc une prédisposition à la rupture.7 La rotule,
puisqu’elle n’est plus soumise à la traction du quadriceps,
peut être située plus bas comparativement au côté non
lésé (patella baja ou infera). L’échographie est un outil diag­
nostique non invasif, rapide et efficace pour confirmer une
rupture partielle ou complète du tendon quadricipital mais
l’interprétation est examinateur­dépendant et doit donc être
réalisée par un spécialiste. L’imagerie par résonance magné­
tique (IRM) est très sensible et permet de localiser l’endroit
exact de la déchirure, de déterminer si les quatre couches
du tendon quadricipital sont touchées ou s’il s’agit d’une
rupture partielle, et enfin de voir si les rétinaculum sont
déchirés (figure 1).3
Traitement
Une réparation chirurgicale précoce donne les meilleurs
résultats.3 Diverses techniques chirurgicales ont été dé­
crites. En cas de déchirure dans le corps du tendon, une
suture anatomique bout à bout par des fils non résorba­
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Figure 1. Déchirure complète du tendon quadricipital
au pôle supérieur de la rotule
bles permet une excellente réparation. Si la déchirure est
proche de l’insertion sur la rotule, on peut effectuer des
points de Krackow 8 dans le moignon tendineux qu’on passe
ensuite à travers la rotule par des tunnels osseux longitu­
dinaux pour assurer une bonne tenue. S’ils sont aussi dé­
chirés, les rétinaculum doivent impérativement être sutu­
rés. En postopératoire, la reprise de la marche se fait avec
une attelle maintenant le genou en extension pendant
quatre à six semaines, ce qui permet de protéger la recons­
truction le temps que la cicatrisation tendineuse soit suffi­
samment solide. Une amplitude de 0­30° peut être autori­
sée et permet d’éviter les adhérences. Une amyotrophie
du quadriceps est fréquente et difficilement récupérée mal­
gré la physiothérapie, sans pour autant avoir de répercus­
sion fonctionnelle dans la vie quotidienne.2 Des contrac­
tions isométriques ou l’électrostimulation préviennent en
partie l’atrophie et la sidération musculaire. La physiothé­
rapie à proprement parler n’est entreprise que quatre à six
semaines postopératoires. Une rupture secondaire peut
survenir mais reste rare.5 Une réparation retardée par un
diagnostic manqué est problématique en raison d’une ré­
traction importante du quadriceps. Une suture tendineuse
bout à bout devient difficile et il faut souvent avoir recours
à des techniques chirurgicales plus complexes pour com­
bler ce défect et rétablir la continuité de l’appareil exten­
seur. Plusieurs techniques ont été décrites : interposition
d’un greffon tendineux (auto­ ou allogreffe), lambeau ten­
dineux d’avancement. Les résultats sont moins bons en cas
de réparation retardée et le taux de complication est plus
élevé.9 Un diagnostic et un traitement précoces sont donc
indispensables à une bonne guérison et récupération fonc­
tionnelle.
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fractures de la rotule
Anamnèse et incidence
Les fractures de la rotule sont plus fréquentes que les
déchirures quadricipitales ou rotuliennes. Elles sont dues
à un traumatisme direct (chute à genou avec impact de la
rotule sur le sol, un choc direct lors d’un accident de la voie
publique) ou indirect (violente contraction excentrique du
quadriceps genou fléchi). Il existe plusieurs types de frac­
ture de rotule : longitudinale ou transverse, déplacée ou non.
Seules les fractures transverses déplacées aboutissent à
une rupture de l’appareil extenseur. Les fractures trans­
verses non déplacées et les fractures longitudinales, dé­
placées ou non, n’interrompent pas l’appareil extenseur.10
Diagnostic
L’examen clinique d’un patient avec une fracture trans­
verse déplacée de la rotule met en évidence une incapaci­
té d’extension active du genou, une tuméfaction de la face
antérieure du genou qui correspond à l’hématome fractu­
raire et à l’hémarthrose. Cet hématome met la peau sous
tension et peut aboutir à une souffrance cutanée prépatel­
laire, parfois jusqu’à la nécrose, d’autant plus si cette peau
a déjà été contuse lors du traumatisme lui­même. En cas
de traumatisme contre le tableau de bord d’une voiture
lors d’un choc frontal, il faut rechercher une déchirure asso­
ciée du ligament croisé postérieur, une fracture du col fé­
moral ou du cotyle.
verses impliquent un montage stable qui pourra résister
aux contraintes de traction du quadriceps. L’ostéosynthèse
par haubannage avec des broches de Kirschner, placées
longitudinalement, et un fil d’acier en 8 est la technique la
plus fréquemment utilisée.13 Un cerclage en fil d’acier peut
compléter ce montage pour augmenter la stabilité.14 Pour
les fractures du pôle inférieur de la rotule, le fragment os­
seux peut être excisé et la partie du tendon rotulien con­
cernée est réinsérée à la rotule par des sutures transosseu­
ses ou des ancres. Les fractures longitudinales déplacées
peuvent être synthésées par des vis transverses pour réta­
blir la congruence articulaire (figure 2). Dans tous les cas,
une patellectomie totale doit être évitée car elle diminue
la force du quadriceps de 50% ou davantage. Les complica­
tions postopératoires décrites sont le débricolage du ma­
tériel d’ostéosynthèse (8%), la non­union (1%), la raideur
articulaire, et l’arthrose fémoro­patellaire d’autant plus fré­
quente si la réduction de la surface articulaire de la rotule
n’est pas anatomique.
A
B
Examens complémentaires
Des radiographies standards du genou (face, profil, dé­
filé fémoro­patellaire) sont indispensables au diagnostic et
permettent d’évaluer le type et le degré de déplacement
de la fracture. Il faut garder en tête que chez 2 à 3% de la
population, la rotule est bipartite : elle s’est formée à par­
tir de deux noyaux d’ossification distincts, et peut être
confondue avec une fracture.11 Le scanner est rarement né­
cessaire mais il peut permettre de mieux comprendre la
configuration des fractures très comminutives. L’IRM per­
met d’évaluer l’état du cartilage patellaire qui peut être
fortement endommagé même dans des fractures in situ.
Traitement
Le but du traitement est de restaurer l’intégrité de l’ap­
pareil extenseur et la congruence articulaire fémoro­patel­
laire. Le traitement dépend du type de fracture : déplacée
(marche d’escalier articulaire de 2­3 mm ou déplacement
fracturaire de 1­4 mm) ou non déplacée.12 Le traitement con­
servateur est réservé aux fractures non déplacées, qu’elles
soient longitudinales ou transverses. Ces fractures peuvent
être traitées avec une attelle maintenant le genou en ex­
tension pour quatre à six semaines ; la marche en charge
est autorisée et des exercices de musculation isométrique
du quadriceps permettent de limiter l’amyotrophie. La mo­
bilisation passive et active assistée peut être débutée après
deux semaines et des radiographies de contrôle doivent
être effectuées pour s’assurer que la fracture ne se déplace
pas. Les fractures déplacées doivent être traitées chirurgi­
calement (réduction et ostéosynthèse) pour retrouver la
congruence fémoro­patellaire et pour rétablir la continuité
de l’appareil extenseur s’il est rompu. Les fractures trans­
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Figure 2. Fractures de la rotule
Exemples de cerclage-haubannage d’une fracture transverse et comminutive de la rotule (A), et d’une ostéosynthèse par vis d’une fracture longitudinale de la rotule (B).
rupture du tendon rotulien
Anamnèse et incidence
Les ruptures du tendon rotulien sont moins fréquentes
que celles du tendon quadricipital. Environ 80% des rup­
tures du tendon rotulien ont lieu chez des patients de moins
de 40 ans.2 La rupture se produit le plus souvent au pôle
inférieur de la rotule, occasionnellement à son insertion
sur la tubérosité tibiale antérieure. Comme pour le tendon
quadricipital, les ruptures dans le corps même du tendon
sont très rares et, en principe, associées à une pathologie
systémique de base. Chez l’athlète, la tendinopathie du ten­
don rotulien (jumper’s knee) et la maladie d’Osgood­Schlatter
sont des facteurs de risque de rupture.15 Le tendon rotu­
lien est à risque de déchirure quand une charge importante
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lui est appliquée brutalement. La charge dynamique pen­
dant le sport est bien plus élevée que toute charge sta­
tique. Chez un patient sain (sans pathologie de base ni
tendinopathie du tendon rotulien), une charge de 17,5 fois
le poids du corps doit être appliquée au tendon rotulien
pour qu’il se déchire. A titre de comparaison, monter les
escaliers contraint le tendon rotulien à une force égale à
3,3 fois le poids du corps ;16 les accélérations/décélérations
et les sauts appliquent 7 à 8 fois le poids du corps au ten­
don rotulien. Le mécanisme le plus fréquent est la récep­
tion d’un saut qui implique une décélération avec une vio­
lente contraction excentrique du quadriceps alors que le
pied est posé au sol et le genou semi­fléchi.17 Les patients
ressentent une déchirure, un lâchage douloureux du genou,
puis une impotence fonctionnelle. Les mécanismes par choc
direct peuvent également produire une déchirure du ten­
don rotulien lorsque celui­ci est sous tension par la contrac­
tion du quadriceps. Les ruptures bilatérales sont rares et
difficiles à diagnostiquer. Elles sont généralement associées
à une maladie systémique de base (lupus érythémateux,
polyarthrite rhumatoïde, diabète mellitus, hyperparathy­
roïdisme) où les tendons sont le siège d’une inflammation
chronique et de dépôts d’amyloïde, ou à la prise de corti­
costéroïdes qui altèrent la synthèse de collagène et la vas­
cularisation des tendons.18 Cependant, Kellersman et coll.19
n’ont retrouvé une cause systémique que dans 60% des cas
de rupture bilatérale rapportés dans la littérature.
Diagnostic
L’appareil extenseur est interrompu lors d’une déchirure
du tendon rotulien, et le patient est incapable d’étendre
activement le genou contre la gravité ou de maintenir l’ex­
tension complète du genou. La rotule, qui n’est soumise
alors qu’à la force du quadriceps, migre proximalement. On
peut facilement palper une interruption du tendon rotulien
puisqu’il est sous­cutané. Sur les radiographies standards,
de face et de profil, la rotule est ascensionnée ; le défilé fé­
moro­patellaire est décrit comme un «lever de soleil» avec
une disparition de l’interligne articulaire et la rotule qui se
superpose aux condyles fémoraux. Plusieurs index radiolo­
giques existent et permettent d’objectiver l’ampleur de
l’ascension de la rotule, et de comparer sa position par
rapport au côté controlatéral. Les index les plus fréquem­
ment utilisés sont les index d’Insall­Salvati,20 de Caton­
Deschamps et de Blackburne­Peel (figure 3).21 L’index d’In­
sall­Salvati implique que la radiographie du genou soit
prise à 30° de flexion. L’avantage de l’index de Caton­Des­
champs est qu’il peut être mesuré sur n’importe quelle ra­
diographie du genou de profil, quel que soit le degré de
flexion du genou (entre 10° et 80°). Seil et coll.22 ont com­
paré ces différents index et concluent que l’index de Black­
burne­Peel donne la meilleure reproductibilité et la meil­
leure appréciation de la hauteur patellaire. Ces index sont
utiles en préopératoire pour le diagnostic, et en postopé­
ratoire pour évaluer la position de la rotule et la comparer
au côté controlatéral.
Comme pour le tendon quadricipital, l’échographie et
l’IRM permettent de confirmer le diagnostic.23 L’IRM per­
met également de diagnostiquer d’éventuelles lésions as­
sociées, telles qu’une déchirure du ligament croisé anté­
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Figure 3. Index radiologiques mesurant la hauteur
de la rotule
1. L’index de Blackburne-Peel corrèle la longueur de la surface articulaire
de la rotule (B) à la distance entre celle-ci et la hauteur du plateau tibial délimitée par une ligne (A) : la rotule est haute si A/B L 1, normale si A/B = 0,8.
2. L’index Insall-Salvati compare la longueur de la rotule (LP) à la longueur du tendon rotulien (LT) : la rotule est haute si l’index LP/LT m 0,8,
normale si 0,8 l LP/LT m 1,2, basse si LP/LT M 1,2.
3. L’index de Caton-Deschamps compare la longueur de la surface articulaire de la rotule (AP) à la distance entre celle-ci et le coin antéro-supérieur du plateau tibial (AT). La rotule est basse si AT/AP l 0,6, normale
si 0,6 m AT/AP m 1,2, haute si 1,2 l AT/AP.
rieur ou d’un ménisque, qui peuvent se produire dans les
mécanismes à haute énergie avec choc direct.
Traitement
Une reconstruction précoce (dans la semaine suivant la
déchirure) donne les meilleurs résultats.23 Diverses tech­
niques chirurgicales peuvent être utilisées.24 Lorsque la rup­
ture a lieu proche de la rotule, des points de Krackow dans
le tendon rotulien passés en transosseux dans la rotule per­
mettent une bonne tenue.8 La tension appliquée aux su­
tures doit être bien dosée afin de prévenir un raccourcisse­
ment du tendon rotulien et donc une rotule basse (patella
baja). La suture peut être protégée par un cerclage d’abaisse­
ment de la rotule comme décrit par l’AO (Association suisse
pour l’étude de l’ostéosynthèse) (figure 4). Mais ce matériel
doit être enlevé dans un second temps et implique donc
une autre intervention. Plusieurs techniques ont été dé­
crites pour les réparations secondaires 25 et avec différents
types de greffes : autogreffe (semi­tendineux, gracilis, fascia
lata) ou allogreffe (tendon rotulien, tendon d’Achille).
cas particuliers
Les ruptures de l’appareil extenseur peuvent avoir une
cause iatrogène chirurgicale : rupture du tendon rotulien
après prothèse totale de genou, après reconstruction du li­
gament croisé antérieur (LCA) avec comme greffon le tiers
central du tendon rotulien (0,03%),26 après enclouage cen­
tro­médullaire du tibia avec abord transtendon rotulien ;
fracture de la rotule après reconstruction du LCA par un
tiers central du tendon rotulien (0,3%).26 L’injection intra­
tendineuse de corticostéroïdes pour les tendinopathies
quadricipitales ou rotuliennes (jumper’s knee) augmente le
risque de rupture. Les fluoroquinolones sont connues pour
être associées aux ruptures du tendon d’Achille mais peu­
vent aussi occasionner des ruptures des tendons quadrici­
pal et rotulien.
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B
A
C
D
lien et les fractures de rotule sont rares et doivent être re­
cherchées lors de l’examen clinique. Un diagnostic précoce
permet une prise en charge rapide afin d’obtenir une récu­
pération fonctionnelle optimale.
Stratégie de recherche dans Medline
Utilisation des références citées dans les chapitres de livres
suivant :
– DeLee & Drez’s : Orthopaedic sports medicine ;
– Insall & Scott : Surgery of the knee.
Recherche d’articles originaux sur Pubmed avec les mots-clés :
«knee extensor mechanism rupture», «patellar tendon rupture», «quadriceps tendon rupture», «patellar fracture».
Implications pratiques
> Les ruptures de l’appareil extenseur du genou peuvent être
Figure 4. Déchirure complète du tendon rotulien
Radiographies standards : défilé fémoro-patellaire en «lever de soleil» (A),
ascension de la rotule de profil et de face (B) ; IRM montrant la déchirure du tendon rotulien au pôle inférieur de la rotule (C) ; radiographies
postopératoires montrant le cerclage d’abaissement de la rotule dont le
but est de protéger la suture chirurgicale (D).
conclusion
Les ruptures de l’appareil extenseur du genou aboutis­
sent à une impotence fonctionnelle importante du membre
inférieur. Les déchirures des tendons quadricipal et rotu­
difficiles à diagnostiquer et le médecin doit garder un haut
degré de suspicion clinique
> Une réparation chirurgicale précoce (dans la semaine suivant
le traumatisme) des ruptures de l’appareil extenseur par déchirure du tendon quadricipital, rotulien, ou par fracture de
la rotule, donne de bons résultats fonctionnels : le patient doit
donc immédiatement être adressé à un chirurgien orthopédiste
> Le traitement postopératoire et la physiothérapie sont aussi
importants que la reconstruction chirurgicale dans le pronostic fonctionnel
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* à lire
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