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a presbyacousie est la surdité la plus répandue dans
les pays industrialisés. Elle est néanmoins la plus déli-
cate à prendre en charge. En effet, les différentes pro-
thèses auditives proposées utilisant un embout obstruant ou semi-
obstruant provoquent un effet d’occlusion qui entraîne chez le
patient une adaptation prothétique mal tolérée. Cet écueil théra-
peutique peut expliquer en partie pourquoi seuls 10 % des Fran-
çais concernés sont appareillés.
La prothèse de type Retrox
®
, distribuée en France par la société
Amplifon-CCA, a des caractéristiques permettant de compenser
spécifiquement les fréquences aiguës. De plus, son confort et sa
discrétion en font l’une des prothèses de choix pour traiter la pres-
byacousie. Il s’agit d’une prothèse créée en Allemagne en 2001.
L’accord de la Food and Drug Administration a été obtenu en 2003.
Près de 800 Retrox
®
ont été posées dans le monde depuis 2003,
dont plus des deux tiers en Europe. La première Retrox
®
f r a n ç a i s e
a été posée en juin 2004 à l’Hôpital américain de Paris.
L’indication est une surdité de perception en “pente de ski”, avec
conservation du 1 000 Hz à 30 dB.
DESCRIPTION ET MODALITÉS DE MISE EN PLACE
Il s’agit d’une prothèse auditive composée de deux parties
( f i g u r e 1 ). Une première partie est constituée d’un implant en
titane cylindrique mis en place au travers du conduit a u d i t i f
externe sous anesthésie locale, et la seconde partie, du processeur,
qui se clippe sur la partie postérieure de l’implant.
Après une anesthésie locale à la Xylocaïne
®
à 2 %, la mise en
place de la prothèse se fait entre la partie postérieuro-inférieure
de la conque et l’os mastoïdien (figure 2). L’implant en titane en
forme de trocart transperce la peau du conduit auditif externe
(CAE) sans altérer le cartilage. À ce niveau, l’épaisseur de la peau
peut amener le chirurgien à élargir la puncture au bistouri
( f i g u r e 3 ). Après l’ablation de la pointe du trocart (par simple
dévissage), il suffit de visser dans le CAE la partie antérieure de
l’implant sous forme d’une lentille plane (figure 4).
L’implant ainsi mis en place est laissé pendant un mois avant le
premier essai de la prothèse.
Une fois la prothèse clippée, le son amplifié par le processeur se
propage au travers de la tige jusqu’au tympan sans occlusion du
CAE (figure 5).
CANDIDATS POTENTIELS
Il s’agit de patients adultes de 18 ans et plus :
– qui refusent les prothèses auditives conventionnelles en raison
des phénomènes d’occlusion du CAE (écho, renforcement des
bruits de mastication), de la chaleur et de l’humidité ;
– qui ressentent une gêne esthétique importante et une appréhen-
sion sociale ;
–qui présentent une réaction allergique au plastique au niveau
du CAE ;
–qui présentent des infections chroniques de l’oreille moyenne
et/ou externe.
CONTRE-INDICATIONS
– Pertes auditives sévères et profondes.
– Incapacité de maintenir une hygiène adaptée.
– Antécédents de cicatrice chéloïde.
À noter qu’en préopératoire, un audiogramme vocal avec embout
à conduit ouvert peut être effectué. Il permettra au patient d’éva-
luer instantanément le bénéfice de la prothèse. De plus, IRM et
scanner ne sont absolument pas contre-indiqués avec l’implant
en titane.
La figure 6 montre le résultat prothétique à 3 mois.
Prothèse auditive semi-implantable type Retrox
®
Une nouvelle classe de prothèse auditive
Semi-implantable earing aid
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P. Aïdan*, S. de Corbière*
* Service ORL et chirurgie cervico-faciale, Hôpital américain de Paris.
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O T E T E C H N I Q U E
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - n
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294 - septembre-octobre 2004
Figure 1. Prothèse Retrox
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avec ses deux parties.