SOINS DE SUPPORT EN ONCOLOGIE Journées francophones de cancérologie, session AFSOS ICACT 2010 (Porte Maillot, Paris) F. Scotté1, P. Dielenseger2, C. Robert2, V. Launay-Vacher3, N. Janus3, T. Cudennec4, C. Boiron1, F. Barruel5, M.L. Allouis1, J.J. Body6 L’ Association francophone pour les soins oncologiques de support (AFSOS) a tenu son deuxième symposium lors de ces nouvelles Journées francophones de cancérologie, organisées au cours de l’ICACT, le 2 février 2010. Ce symposium a une fois de plus regroupé de nombreux participants et orateurs, et prouvé l’engagement soutenu en faveur des soins de support. Cette journée a été l’occasion d’un focus sur les symptômes tels que les toxicités cutanées, les nausées et vomissements, ou encore les désordres de la fonction rénale. Elle a également permis d’aborder des sujets d’organisation et d’accompagnement tels que le dispositif de sortie, le lymphœdème, l’image corporelle ou encore l’oncogériatrie. Des personnalités internationales sont également intervenues, telles que J.J. Body (Belgique) sur les biphosphonates, mais également M. Dicato (Luxembourg) et M. Aapro (Suisse) dans le cadre du symposium sur “Érythropoïétines et biosimilaires”, également intégré à cette journée. Ce fut un programme riche, dynamique, fait ­d’espoir et d’insistance sur certains référentiels de prise en charge. La plupart des orateurs ayant accepté de produire un résumé de leur intervention, cet article regroupe leurs synthèses pour permettre de prolonger l’enseignement de cette riche journée. Prévention et traitement des nausées et vomissements induits par la chimiothérapie 1 Hôpital européen Georges-Pompidou, Paris. 2 Institut Gustave-Roussy, Villejuif. (P. Dielenseger, institut Gustave-Roussy, Villejuif et F. Scotté, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris) 3 Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris. 4 CHU Ambroise-Paré, Boulogne. 5 GHI de Montfermeil. 6 Université libre de Bruxelles, Belgique. Optimiser la prise en charge des patients en cours de traitement anticancéreux est l’objectif quotidien que se fixent l’ensemble des soignants. Limiter le plus 324 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 5 - mai 2010 possible la survenue de nausées et vomissements représente l’un des enjeux actuels majeurs dans les soins de support au cours des traitements par chimiothérapie et radiothérapie. Le contrôle de cet effet indésirable permet de contribuer à une meilleure qualité de vie. La physiopathologie, les différents traitements contre les nausées et vomissements induits par la chimiothérapie (NVIC), la classification et les recommandations pratiques d’utilisation des antiémétiques ont été rappelés lors de l’intervention. Ont également été évoqués un bref souvenir de la circulation des bassines dans les services d’oncologie avant l’apparition de molécules actives, la mise à jour régulière des protocoles de référence dans les grandes revues internationales, ainsi que l’engagement des soignants dans le domaine des soins de support. La prévention des NVIC s’articule autour de trois classes de médicaments : les corticoïdes, les sétrons et les inhibiteurs de la neurokinine de type 1 (aprépitant). Les antagonistes des récepteurs de la dopamine de type 2 (anti-D2) peuvent avoir un intérêt chez les patients mal soulagés par le traitement de référence (NVIC réfractaires) ou présentant une contre-indication à l’utilisation de l’une des molécules de référence. Les traitements antiémétiques consistaient, jusque dans les années 1990, à utiliser la corticothérapie et les neuroleptiques. La consultation d’annonce orientée sur l’axe des troubles digestifs tournait autour d’une alternative pour le patient : vomir ou dormir. L’optimisation de la prophylaxie antiémétique a, par la suite, connu deux bouleversements, avec la mise sur le marché des sétrons dans les années 1990, puis l’apparition de l’aprépitant dans les années 2000. Administrés p.o. une heure avant la chimiothérapie, ou en i.v. 30 minutes avant, ils ont une efficacité sur les NVIC aigus (aprépitant et sétron) et retardés (aprépitant), et sont recommandés dans les traitements fortement et moyennement émétisants. SOINS DE SUPPORT EN ONCOLOGIE La méthodologie de lutte contre les NVIC a été rappelée : ➤➤ définir le potentiel émétisant de chaque protocole ; ➤➤ par la suite, dans les services, classer les protocoles suivant leur potentiel émétisant ; ➤➤ définir et appliquer à chaque niveau émétisant un protocole de prophylaxie antiémétique suivant les recommandations. Une classification originale des protocoles de chimiothérapie les plus utilisés suivant leur potentiel émétisant a ainsi été proposée par J.P. Durand et al. (1). Cette classification suit celle du produit au risque le plus élevé dans l’association des molécules anticancéreuses. Les recommandations pour une prophylaxie optimale ont également été rappelées lors de la présentation, ainsi que certains traitements de secours, articulés autour des anti-D2, ou de traitements complémentaires tels que l’acupuncture (tableau I). Effets secondaires cutanés des antiangiogéniques (C. Robert, institut Gustave-Roussy, Villejuif) Nous disposons aujourd’hui de nouveaux agents anticancéreux dits “ciblés”, dirigés contre une molécule ou un groupe de molécules bien identifiées, intervenant de façon critique dans les phénomènes d’initiation ou de progression tumorale. Parmi celles-ci, on compte les agents antiangiogéniques, qui ont pour cible la néovascularisation tumorale. Ces thérapies ciblées ne sont pas, comme leur nom pourrait l’indiquer, dénuées d’effets secondaires, et la peau est bien souvent l’une de leurs cibles privilégiées. Les manifestations cutanées observées sont variées, souvent singulières, et leur étude est une source précieuse d’informations sur la physiopathologie cutanée. Tableau I. Recommandations d’utilisation des antiémétiques. Dose Médicament Avant la chimiothérapie (J1) Après la chimiothérapie Chimiothérapie hautement émétisante Aprépitant (voie orale, Emend®, MSD-Chibret) Fosaprépitant (voie i.v. IVEmend®, MSD-Chibret) Granisétron (Kytril®, Roche ou génériques) En cas de nausées et vomissements Ajouter à la prochaine cure Voie orale : 125 mg, 1 heure avant Voie i.v. : 115 mg, 30 minutes avant Voie orale uniquement : 80 mg le matin, Soit une benzodiazépine la veille au soir J2 et J3 de J1, le matin et le soir de J1 à J4. Soit un anti-D2 en perfusion continue pendant la chimiothérapie Voie i.v. : 3 mg, 30 minutes avant Voie orale : 2 mg, 1 heure avant Ondansétron (Zophren®, GlaxoSmithKline Voie i.v. : 8 à 16 mg, 30 minutes avant ou génériques) Voie orale : 16 mg, 1 heure avant Dexaméthasone Voie i.v. : 12 mg, 30 minutes avant Voie orale : 12 mg, 1 heure avant Voie i.v. : 8 mg de J2 à J4 Voie orale : 8 mg de J2 à J4 Chimiothérapie moyennement émétisante Aprépitant (voie orale, Emend®, MSD-Chibret) Fosaprépitant (voie i.v. IVEmend®, MSD-Chibret) Voie orale : 125 mg, 1 heure avant Granisétron (Kytril®, Roche ou génériques) Voie i.v. : 3 mg, 30 minutes avant Voie orale : 2 mg, 1 heure avant Voie i.v. : 115 mg, 30 minutes avant Voie orale uniquement : 80 mg le matin, J2 et J3 Ondansétron (Zophren®, GlaxoSmithKline Voie i.v. : 8 à 16 mg, 30 minutes avant ou génériques) Voie orale : 8 mg, 1 heure avant et 12 heures après Dexaméthasone Voie i.v. : 12 mg, 30 minutes avant Voie orale : 12 mg, 1 heure avant Voie i.v. : 8 mg à J2 et J3 Voie orale : 8 mg à J2 et J3 Voie i.v. : 12 mg, 30 minutes avant Voie orale : 12 mg, 1 heure avant Soit un anti-5-HT3, soit un anti-D2 Chimiothérapie faiblement émétisante Dexaméthasone La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 5 - mai 2010 | 325 MASCC M U LT I N AT I O N A L A S S O C I AT I O N O F SUPPORTIVE CARE IN CANCER 24-26 juin 2010 – Vancouver, Canada e-journal en direct Recevez, chaque jour, les temps forts du congrès Experts scientifiques : Pierre Bory Mario di Palma Florian Scotté Consultation a posteriori sur : www.edimark.fr/ejournaux/mascc2010.htm “Attention : ceci est un compte-rendu de congrès dont l’objectif est de fournir des informations sur l’état actuel de la recherche ; ainsi, les données présentées sont susceptibles de ne pas être validées par les autorités françaises et ne doivent donc pas être mises en pratique.” “Ces informations sont sous la seule responsabilité des auteurs et du directeur de la publication qui sont garants de l’objectivité de cette publication.” Avec le soutien institutionnel de 326 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 5 - mai 2010 Médicaments antiangiogéniques Le sorafénib et le sunitinib sont deux inhibiteurs multikinase ciblant, entre autres, les récepteurs du VEGF. Ils font donc partie des médicaments à action antiangiogénique. Leur spectre d’action et le type d’effets secondaires qu’ils induisent ne sont pas strictement superposables. Le bévacizumab est un anticorps monoclonal utilisé dans le traitement du cancer colorectal et dirigé contre le facteur de croissance VEGF. Il a également un effet antiangiogénique mais n’induit pas de modification cutanée notable. Le sorafénib inhibe les fonctions kinases des récepteurs du VEGF, du PDGF, des protéines RAF et FLT-3. Il est indiqué dans le cancer du rein et l’hépato­ carcinome. Des effets cutanés sont retrouvés chez plus de 90 % des patients. Le syndrome mains-pieds est l’effet cutané le plus remarquable avec le sorafénib. Il survient en 2 à 3 semaines chez 30 à 40 % des patients. Il se manifeste par un érythème, parfois associé à un œdème, et est fréquemment accompagné d’une hyperkératose prédominant sur les points de pression et de frottement des mains et des pieds. Dans les cas les plus sévères, on observe un décollement bulleux des zones atteintes. Des dysesthésies, voire des douleurs, précèdent ou accompagnent souvent ces manifestations. Cette atteinte des mains et des pieds peut retentir significativement sur la vie quotidienne des patients, notamment sur la marche. Cette manifestation est strictement dose-dépendante et s’atténue en quelques jours après l’arrêt du traitement. Un érythème finement desquamatif du visage et du cuir chevelu, souvent accompagné de dysesthésies du cuir chevelu est très fréquent au cours des premières semaines de traitement. Des hémorragies en flammèches sous-unguéales distales et indolores sont retrouvées sous les ongles des mains de 60 % des patients environ dès les 2 à 3 premières semaines de traitement. Des lésions kystiques à type de grain de millium sont notées chez quelques patients, ainsi que des lésions kystiques folliculaires plus inflammatoires et parfois hyperkératosiques. Des nævus éruptifs et des kératoacanthomes, voire des carcinomes épidermoïdes cutanés, ont également été rapportés. Des épisodes d’inflammation périnéale (bursites et vulvites) peuvent survenir. Leur fréquence est inconnue. Le sunitinib est un inhibiteur de c-kit et des récepteurs VEGFR et PDGFR-β utilisé dans le cancer du SOINS DE SUPPORT EN ONCOLOGIE rein et les tumeurs stromales gastro-intestinales (GIST) résistantes à l’imatinib (inhibiteur de c-kit et de PDGFR-β). Il induit certains effets secondaires similaires à ceux du sorafénib, comme le syndrome mainspieds, les éruptions génitales et les hémorragies sous-unguéales. La fréquence du syndrome mainspieds est moindre avec le sunitinib (autour de 20 %) qu’avec le sorafénib. D’autres manifestations cutanées sont plus spécifiques du sunitinib et ne sont pas observées avec le sorafénib. Il en est ainsi de la coloration jaune de la peau des patients après quelques jours de traitement. Il ne s’agit pas d’un ictère, et cette coloration disparaît rapidement dès l’arrêt du traitement. Elle est probablement directement liée à la couleur jaune vif de l’excipient. Une dépigmentation des cheveux est très fréquente sous sunitinib. Elle est rapidement réversible à l’arrêt : on voit apparaître dans les cheveux, au fil de leur réponse, des alternances de bandes dépigmentées et pigmentées suivant le rythme des traitements. Traitement Il est extrêmement important de prévenir les patients du risque élevé de voir apparaître une ou plusieurs modifications cutanées avant de prescrire les médicaments concernés. Des mesures préventives sont conseillées pour minimiser les effets les plus courants : ➤➤ éviter les chaussures trop serrées et les activités traumatisantes pour la plante des pieds ; ➤➤ traiter les hyperkératoses plantaires avant de commencer le traitement par sorafénib ou sunitinib, car les patients en présentant une semblent particulièrement prédisposés au syndrome mains-pieds. Il n’y a pas de réel consensus en ce qui concerne la prise en charge thérapeutique de ces effets cutanés, dont la description est assez récente, et pour lesquels il n’y a pas eu d’étude contrôlée. Cependant, plusieurs mesures et traitements symptomatiques semblent efficaces, même s’ils n’ont pas été validés de façon rigoureuse. Le syndrome mains-pieds est traité de façon symptomatique par des topiques kératolytiques contenant de l’acide salicylique ou de l’urée. Les corticoïdes locaux sont parfois utilisés pour les formes inflammatoires érythémateuses et œdémateuses. La prescription de semelles rééquilibrant les points de pression semble être l’une des mesures les plus efficaces. En cas de syndrome mains-pieds de grade 2 ou 3, il faut diminuer les doses ou interrompre transitoirement le traitement. On réintroduit ensuite le médicament lorsque le grade est redescendu à 1, et il est souvent possible de poursuivre un traitement à dose efficace après un tel arrêt thérapeutique. En conclusion, nous assistons à l’émergence de nouvelles manifestations cutanées parallèlement à l’utilisation de ces thérapies antiangiogéniques ciblées. L’étude des mécanismes de ces manifestations nous apportera certainement des éléments importants pour progresser dans la compréhension de la physiopathologie de la peau et de ses annexes. Ces médicaments sont souvent prescrits de façon chronique. Les effets cutanés qu’ils induisent modifient souvent l’aspect physique de nos patients et ont un impact psychosocial et professionnel non négligeable. Ils doivent donc être pris en charge par les dermatologues, en collaboration étroite avec les praticiens qui ont prescrit le traitement. Insuffisance rénale et survie en oncologie (V. Launay-Vacher et N. Janus, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris) L’insuffisance rénale chronique (IRC) est définie par une diminution permanente du débit de filtration glomérulaire (DFG). Ses méthodes de mesure sont de réalisation complexe et nécessitent une infrastructure spécifique. Leur utilisation en pratique clinique courante est ainsi limitée, d’où le recours à des méthodes d’estimation du DFG et, plus particulièrement, à la mesure de la créatininémie et aux formules d’estimation de la fonction rénale telles que celle de Cockcroft-Gault, qui tient compte de l’âge, du sexe et du poids du malade, ou la formule abrégée MDRD (abbreviated Modification of Diet in Renal Disease formula [aMDRD]) qui nécessite de connaître l’âge, le sexe et la créatininémie du patient (encadré). Formule de Cockcroft-Gault (2) ClCr (ml/mn) = k × [(140-âge) × poids (kg)]/SCR (µmol/l) k = 1,23 (homme) ou 1,04 (femme) Formule aMDRD (3) DFG (ml/mn/1,73 m2) = k × 186 × [SCR (mg/dl)]– 1,154 × (âge)– 0,203 k = 1 (homme) ou 0,742 (femme) ClCr : clairance de la créatinine ; SCR = créatininémie ; DFG : débit de filtration glomérulaire. Encadré. Méthodes d’estimation du débit de filtration glomérulaire, mesure de la créatininémie. La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 5 - mai 2010 | 327 SOINS DE SUPPORT EN ONCOLOGIE Il existe une définition internationale de l’insuffisance rénale, ou maladie rénale, élaborée par le groupe de travail KDOQI (Kidney Disease Outcomes Quality Initiative) de la National Kidney Foundation aux États-Unis, et validée à l’international par le groupe de travail de la KDIGO (Kidney Disease: Improving Global Outcomes) [4, 5] (tableau II). Un DFG inférieur à 60 ml/mn/1,73 m² signe une insuffisance rénale, que la réduction du DFG soit ou non accompagnée d’autres signes biologiques ou cliniques. L’insuffisance rénale est dite chronique lorsqu’elle est présente depuis au moins 3 mois et est irréversible. On parle d’insuffisance rénale terminale lorsque le DFG est inférieur à 15 ml/mn/1,73 m². Tableau II. Définition et stratification de la maladie rénale chronique. Stade Description DFG (ml/mn/1,73 m2) À risque Existence de facteurs de risque de maladie rénale élevé (diabète, hypertension, antécédents familiaux, sujet âgé, etc.) ≥ 90 1 Signes d’atteinte rénale (protéinurie, taille des reins, etc.) et DFG normal ≥ 90 2 Atteinte rénale et réduction “légère” du DFG 60 à 89 3 Réduction “modérée” du DFG 30 à 59 4 Réduction sévère du DFG 15 à 29 5 Insuffisance rénale terminale (dialyse ou transplantation nécessaire) < 15 Prévalence de l’insuffisance rénale chez les patients atteints de cancer et impact sur la survie Les études IRMA-1 et IRMA-2 ont démontré la forte prévalence de l’insuffisance rénale chronique dans 2 populations de près de 5 000 patients atteints de tumeurs solides en France (6, 7). Dans ces 2 études multicentriques étaient inclus des patients adultes, non dialysés, et atteints d’une tumeur solide. Les 2 cohortes comportaient environ deux tiers de femmes (64,4 % et 62,9 % respectivement pour les études IRMA-1 et IRMA-2), et l’âge moyen des patients était respectivement de 58,1 ans et de 59,4 ans. La fréquence d’une créatininémie élevée était faible : 7,2 % des patients dans les 2 cohortes. En revanche, une évaluation appropriée de la fonction rénale de ces patients à l’aide de la formule aMDRD a rapporté une prévalence élevée de l’IRC, avec environ 50 % des patients ayant un DFG inférieur à 90 ml/mn/1,73 m² et 12 % des patients avec un DFG inférieur à 60 ml/­mn/1,73 m² (figure 1). Dans l’étude IRMA-2, l’impact potentiel de l’insuffisance rénale sur la survie des patients a été évalué au cours d’un suivi rétrospectif de 2 ans. Les résultats montrent une survie significativement inférieure pour les patients dont le DFG à l’inclusion était inférieur à 60 ml/mn/1,73 m² par rapport à ceux ayant un DFG supérieur à 60, que ce soit dans l’ensemble de la population étudiée ou bien chez les patients présentant une tumeur non métastasée (figures 2, tableau III) [8]. Discussion 50 37,7 Pourcentage de patients 40 40,9 40,9 Étude IRMA-1 (n = 4 684) DFG < 90 ml/mn/1,73 m2 : 52,9 % DFG < 60 ml/mn/1,73 m2 : 12,0 % 38,4 Étude IRMA-2 (n = 4 945) DFG < 90 ml/mn/1,73 m2 : 50,2 % DFG < 60 ml/mn/1,73 m2 : 11,8 % 30 20 11,1 11,1 9,4 10 0,9 0 ≥ 90 * ND : non déterminé. 90-60 60-30 ND* DFG Figure 1. Fréquence de l’insuffisance rénale chronique dans les études IRMA-1 et IRMA-2. 328 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 5 - mai 2010 Tableau III. Analyse multivariée ajustée sur l’âge. Population Survie médiane (mois) Hazard-ratio (IC95) [Modèle de Cox] DFG ≥ 60 DFG < 60 Tous les patients (n = 4 267) 25,0* 16,4* 1,27† [1,12-1,44] Patients non métastatiques (n = 2 382) 25,0* 21,0* 1,42‡ [1,17-1,72] 8,9 0,7 < 30 La surmortalité observée dans l’étude IRMA-2 chez les patients dont le DFG était inférieur à 60 ml/­mn/1,73 m² est probablement due, au moins *p < 0,0001 †p < 0,0002 ‡p < 0,0003 A B 1,00 1,00 Fonction de survie (probabilité) Fonction de survie (probabilité) SOINS DE SUPPORT EN ONCOLOGIE 0,75 0,50 DFG ≥ 60 ml/mn/1,73 m2 (n = 3 720) DFG < 60 ml/mn/1,73 m2 (n = 547) 0,25 p < 0,0001 0,00 0,75 0,50 DFG ≥ 60 ml/mn/1,73 m2 (n = 2 105) DFG < 60 ml/mn/1,73 m2 (n = 277) 0,25 p < 0,0001 0,00 0 5 10 Mois 15 20 25 0 5 10 15 Mois 20 25 Figures 2. A : courbes de survie des patients de l’étude IRMA-2 : toute la population de l’étude (n = 4 267). B : population des patients présentant une tumeur non métastasée (n = 2 382). A Figures 3. Risque de décès (A), d’événement cardio-vasculaire (B) et d’hospitalisation (C) en fonction de l’insuffisance rénale dans une population de 1 120 295 sujets (9). 20 Risque de décès en fonction de l’insuffisance rénale (pour 100 patients-année) 18 16 14,14 14 12 11,36 10 en partie, aux conséquences cliniques de l’insuffisance rénale, en particulier sur le plan cardio­ vasculaire. L’étude de référence sur ce point est celle de A.S. Go et al. (9), qui avait montré que l’insuffisance rénale était un facteur de risque indépendant de morbi-mortalité cardio-vasculaire dans une population de plus de un million d’Américains d’un âge moyen de 52,2 ans (figures 3). Cet impact de l’insuffisance rénale sur la morbimortalité cardio-vasculaire des patients atteints de cancer joue très probablement un rôle significatif dans l’augmentation de la mortalité observée dans l’étude IRMA-2 chez les patients dont le DFG était inférieur à 60 ml/­mn/1,73 m². Toutefois, une autre hypothèse, pharmacologique, a également été posée par les investigateurs des études IRMA-1 et IRMA-2. La pharmacocinétique des médicaments est modifiée chez les patients insuffisants rénaux (10). Leur excrétion urinaire et celle des métabolites sont bien entendu ralenties. Cependant, leur métabolisme, hépatique par exemple, peut également être altéré du fait d’interactions avec les toxines urémiques, de même que leur volume de distribution est en général augmenté, exposant à un risque de surdosage d’emblée ou d’accumulation. L’absorption intestinale des médicaments administrés p.o. peut également être modifiée chez ces patients par rapport à ceux ayant une fonction rénale normale. Ces modifications de la pharmacocinétique des 8 6 4,76 4 2 0 B 0,76 ≥ 60 1,08 45-59 45 40 35 30-44 DFG (ml/mn/1,73 m2) 15-29 Risque d’événement cardio-vasculaire en fonction de l’insuffisance rénale (pour 100 patients-année) < 15 36,6 30 25 21,8 20 15 11,29 10 5 0 C 2,11 ≥ 60 3,65 45-59 160 30-44 DFG (ml/mn/1,73 m2) 15-29 Risque d’hospitalisation en fonction de l’insuffisance rénale (pour 100 patients-année) 140 120 < 15 144,61 100 86,75 80 60 45,26 40 20 0 13,54 ≥ 60 17,22 45-59 30-44 DFG (ml/mn/1,73 m2) 15-29 < 15 La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 5 - mai 2010 | 329 e-journal en direct > VERSION WEB + IPHONE Consultation a posteriori sur : www.edimark.fr/ ejournaux/asco2010.htm médicaments chez les patients insuffisants rénaux nécessitent le plus souvent une adaptation posologique en fonction de la sévérité de l’insuffisance rénale, qui consiste à réduire la dose administrée afin d’éviter de surdoser les patients du fait d’un ralentissement de l’excrétion et du métabolisme dû à l’insuffisance rénale. L’adaptation de la posologie des médicaments est une question cruciale en oncologie, car la majorité des médicaments utilisés sont concernés, du fait de leur néphrotoxicité potentielle chez ces patients à haut risque d’insuffisance rénale aiguë iatrogène, causée par l’IRC préexistante – comme cela a été montré dans les études IRMA –, qui va nécessiter chez de nombreux patients une réduction des doses administrées afin d’éviter des surdosages. La question est une réelle problématique en pratique clinique quotidienne. Ainsi, dans les études IRMA-1 et IRMA-2, respectivement 79,9 % et 73,2 % des patients recevaient au moins un médicament anticancéreux nécessitant une adaptation posologique en cas d’insuffisance rénale, et 80,1 % et 75,5 % recevaient au moins un médicament anticancéreux potentiellement néphrotoxique (7). Nombre de ces patients, pour lesquels l’insuffisance rénale était peu souvent dépistée du fait de l’utilisation de la créatininémie et de l’absence d’évaluation de la fonction rénale avec la formule aMDRD, ont probablement été surdosés. Ces surdosages entraînant des effets indésirables plus sévères ou plus fréquents, ils ont pu mener à des abstentions thérapeutiques, à des décalages de cure ou à des réductions de doses trop importantes, ayant pour conséquence une prise en charge thérapeutique suboptimale pouvant avoir des conséquences sur la survie de ces patients. Conclusion Site réservé aux professionnels de la santé 330 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 5 - mai 2010 Avec le soutien institutionnel Du fait de la prévalence importante de l’insuffisance rénale chez les patients présentant un cancer et de la forte proportion de médicaments anticancéreux utilisés qui interagissent avec le rein, que ce soit en termes d’adaptation posologique ou de toxicité rénale potentielle, il est indispensable : ➤➤ d’évaluer la fonction rénale systématiquement à l’aide de la formule aMDRD ; ➤➤ de recourir à des sources d’information fiables pour prescrire ces médicaments à leur juste posologie chez les patients pour lesquels le DFG est inférieur à 60 ml/mn/1,73 m² dans tous les cas, et éventuellement dès 90 ml/mn/1,73 m². SOINS DE SUPPORT EN ONCOLOGIE Les sources d’information recommandées en France sont le GPR® anticancéreux (Guide de prescription des médicaments chez le patient insuffisant rénal) [11] et, pour les patients présentant un cancer du sein, les Recommandations pour la pratique clinique de Saint-Paul-de-Vence, chapitre “Iatrogénie rénale” du volet “Soins oncologiques de support”, réalisées en partenariat avec l’AFSOS (12). Le service ICAR1, basé au sein du service de néphrologie de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, est accessible à tous les oncologues. Ce service gratuit d’aide à la prescription chez le patient insuffisant rénal permet d’obtenir un conseil détaillé sur la juste posologie d’un médicament pour un patient donné en fonction de son niveau de fonction rénale. Les conseils, établis sur la base des données disponibles dans la littérature internationale, sont communiqués dans la journée et sous 24 heures au plus tard au médecin, sous la forme d’un dossier écrit. Rôle du gériatre en soins oncologiques de support (T. Cudennec, CHU Ambroise-Paré, Boulogne) Le vieillissement de notre population est indéniable. En France, en 2000, la population des plus de 75 ans et celle des plus de 85 ans comprenaient respectivement 4,3 millions et 1,2 million de personnes. Cette population doit doubler d’ici à 2030. En 2005, l’espérance de vie d’une personne âgée de 75 ans était de 10,4 années pour un homme de 13,2 années pour une femme. Ces chiffres sont de 5,5 et 6,8 années à l’âge de 85 ans (13). Plus de 60 % des cancers surviennent après 65 ans et la mortalité qui leur est imputable survient dans la grande majorité des cas après 75 ans (75 % pour la prostate, 59 % pour le côlon-rectum, 43 % pour le sein) [14]. Malheureusement, il n’existe que peu d’études ayant inclus des personnes âgées de plus de 75 ans, ces patients étant exclus des campagnes nationales de dépistage. De plus, il existe, dans cette activité oncogériatrique, quelques difficultés supplémentaires, comme la complexité de l’évaluation gériatrique, l’existence de formes cliniques trompeuses et la place régulièrement occupée par les familles. Principaux problèmes Ils concernent l’absence de règles de prise en charge pour les patients âgés cancéreux, qui sont exclus de la plupart des essais et des recommandations. La difficulté est renforcée par l’absence de standard thérapeutique, alors que l’âge seul n’est théoriquement pas une contre-indication aux traitements. Afin de limiter les principaux écueils, qui consistent à traiter insuffisamment ces patients ou à les traiter par excès, il est nécessaire d’établir pour chaque patient un diagnostic complet, comprenant les caractéristiques de la pathologie néoplasique, mais également des comorbidités que présente le patient ainsi que leur niveau de sévérité. Cette évaluation doit permettre de répondre à plusieurs questions comme celle de savoir si le patient va mourir des conséquences de son cancer ou d’autres patho­logies, s’il va tirer un réel bénéfice d’un traitement actif et s’il est capable de le tolérer, ou enfin s’il est nécessaire d’envisager les complications potentielles. 1 Service ICAR : Service de néphrologie, hôpital de la Pitié-Salpêtrière 82, boulevard de l’Hôpital, 75013 Paris. Tél. : 01 42 17 72 30 ; e-mail : [email protected] Principes de l’évaluation gériatrique Les travaux de L.Z. Rubenstein et al. (15) ont montré l’intérêt d’une évaluation gériatrique auprès de patients hospitalisés, hors contexte carcinologique. Cette intervention a permis de diminuer la mortalité à 1 an (24 % versus 48 %), les nouvelles hospitalisations (27 % versus 47 %) et les réhospitali­ sations (35 % versus 47 %), ainsi que les coûts. Elle a également permis d’améliorer l’état thymique des patients (42 % versus 24 %) et leur autonomie pour les actes de la vie quotidienne (42 % versus 24 %). L’évaluation gériatrique standardisée (EGS) permet d’obtenir une appréciation globale de l’état de santé du malade âgé et de ses principaux problèmes. Elle envisage la personne âgée sous ses aspects médicaux, psychologiques, cognitifs, sociaux et environnementaux. Qu’elle soit exercée auprès d’un patient présentant un cancer ou toute autre pathologie, son objectif est de maintenir son autonomie et la meilleure qualité de vie possible. Ces considérations ne peuvent que nous rapprocher des objectifs des soins oncologiques de support. L’EGS permet de distinguer les maladies des conséquences du vieillissement, d’évaluer l’impact des maladies sur l’autonomie du patient, de hiérarchiser les comorbidités et d’apprécier leurs conséquences sur l’environnement social du malade. Les résultats de cette EGS doivent avoir un impact sur la prise de décision oncologique (16). Elle doit être réalisée par un gériatre qui en a l’expérience. Elle est d’exercice impossible pour l’oncologue en routine, du fait notamment du caractère chronophage de sa réalisation. Certaines équipes gériatriques, régulièrement sollicitées par les services prenant en charge des La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 5 - mai 2010 | 331 SOINS DE SUPPORT EN ONCOLOGIE Tableau IV. Une évaluation gériatrique minimale type chez un patient âgé cancéreux (17). Cible Méthode Évaluation sociale Lieu de résidence (domicile, institution), intervention d’aides, protection juridique Risque d’iatrogénie Nombre de médicaments et classes thérapeutiques Existence de comorbidités significatives en gériatrie Troubles cognitifs, confusion, dépression, incontinence, chutes, malnutrition, insuffisance cardiaque évoluée, autre cancer Statut nutritionnel Perte de poids au cours des 3 derniers mois (> 5 %), albuminémie Fonctions cognitives Mini Mental State Examination (MMSE), test de l’horloge Thymie Mini-Geriatric Depression Scale (mini-GDS) Risque de chute Timed Get up and Go Test Autonomie Instrumental Activities of Daily Living (IADL) patients cancéreux, utilisent une version simplifiée de l’EGS afin de répondre au plus grand nombre (tableau IV) [17]. Cette évaluation permet aux oncologues d’envisager, selon le modèle proposé par L. Balducci, la meilleure option thérapeutique entre un traitement optimal, un traitement adapté ou des soins de confort (18). En revanche, il est nécessaire que les oncologues puissent disposer d’outils de dépistage, leur permettant d’adresser les patients qui le nécessitent vers les équipes de gériatrie. Quand le gériatre doit-il intervenir dans cette prise en charge ? Il doit pouvoir trouver sa place en amont du diagnostic. L’objectif de son intervention est alors d’estimer, avec toutes les difficultés que cela comporte, l’espérance de vie présumée du patient et de dépister les comorbidités et les syndromes gériatriques éventuellement présents. Il doit également pouvoir intervenir au cours de la phase active de traitement, qu’il s’agisse de soins curatifs, de soins de support ou d’aide à l’orientation vers une structure de prise en charge adaptée. fait notamment de diagnostics à des stades plus tardifs que dans une population plus jeune. La coopération entre oncologues et gériatres doit permettre d’améliorer la prise en charge globale des patients concernés. Les études cliniques à venir doivent s’intéresser à l’efficacité et à la tolérance des traitements oncologiques, mais elles devront garder comme objectif le maintien d’une qualité de vie satisfaisante. Réflexions sur l’accès à une prise en charge de qualité dans le cadre du lymphœdème du membre supérieur après curage axillaire (C. Boiron, oncologie médicale, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris) La survenue d’un lymphœdème du membre supérieur (LMS) invalidant est de l’ordre de 10 à 20 % après curage axillaire (19), versus 2 à 7 % après ganglion sentinelle (20). Bien que le traitement du LMS soit consensuel, il persiste à ce jour des disparités importantes dans sa prise en charge. Le traitement du LMS validé à ce jour est composé de deux phases : une phase d’attaque, qui comprend une série de bandages compressifs pendant 15 jours minimum, suivie d’une phase d’entretien qui permet de maintenir la diminution de volume. Cette dernière nécessite le port d’une contention sur mesure réalisée juste après la décongestion, associée à des séances de drainage lymphatique manuel (DLM). Ce traitement est généralement prescrit par le médecin oncologue ou par le médecin traitant. Dans tous les cas, le traitement est réalisé par un masseurkinésithérapeute (MK), que ce soit en institution et/ ou en libéral. Au vu de la difficulté rencontrée lors du parcours de prise en charge d’un lymphœdème (21), il nous est apparu intéressant d’analyser les différentes raisons qui rendent difficiles tant l’accès à des soins de qualité que la prise en charge du traitement. Conclusion Difficultés pouvant être rencontrées par le corps médical À l’instar des observations des projections démographiques, il persiste des difficultés de prise en charge des patients âgés présentant un cancer, du Le lymphœdème survient de façon variable, le plus souvent précocement, mais parfois très tardivement, voire 10 à 15 ans après la chirurgie. La recherche de 332 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 5 - mai 2010 SOINS DE SUPPORT EN ONCOLOGIE ce lymphœdème doit donc être active tout au long du suivi de la patiente. Cependant, dans la majorité des cas, le lymphoedème est suffisamment important pour constituer un motif de consultation. Or, le plus souvent, la seule réponse apportée par le médecin spécialiste ou généraliste est une orientation vers un MK proche du domicile pour réaliser uniquement des séances de DLM. Il est intéressant de noter cette étude de 1998 (22), réalisée sur 281 patientes et montrant que le DLM n’est prescrit que dans un tiers des cas. Inversement, il est réalisé chez 16 % des patientes ne présentant pas de LMS. Les bandages sont, eux, réalisés dans moins de 5 % des cas, et le manchon est porté dans 5 % des cas. Les raisons les plus fréquentes de l’absence d’orientation vers des soins appropriés sont : ➤➤ la méconnaissance par le corps soignant des bénéfices attendus d’un traitement optimal (bandage et maintien) ; ➤➤ l’orientation vers un MK dont le seul critère de sélection est la proximité avec le domicile ; ➤➤ la sous-estimation des répercussions psychologiques et de l’altération de la qualité de vie de la patiente, le LMS étant perçu comme un problème esthétique, le prix à payer pour être guérie. Il paraît donc intéressant de diffuser les infor­ mations concernant le traitement et le choix du MK à l’ensemble des médecins prescripteurs, voire à l’ensemble des acteurs de santé. Difficultés pouvant être rencontrées par le masseur kinésithérapeute L’efficacité du traitement repose avant tout sur la prise en charge par le MK. Or, la technique de DLM nécessite plus qu’une formation initiale. Dans une étude récente (23), sur 178 MK, 57 % estiment que leur formation initiale n’est pas suffisante, 61 % considèrent que la séance est trop courte et 81 % estiment qu’elle est insuffisamment rémunérée. Cela implique que le traitement de qualité nécessite un investissement personnel de la part du MK, soit en effectuant une formation complémentaire, soit en organisant son temps de travail de façon à privilégier la qualité par rapport à la quantité. Le traitement intensif peut être réalisé en institut ou en libéral. Ainsi, des femmes jeunes et actives pourront être plutôt adressées aux praticiens libéraux dont les noms sont accessibles sur les annuaires en ligne de l’Association française des masseurskinésithérapeutes (AKTL) [24]. Les patientes plus âgées et/ou isolées pourront être plutôt orientées vers un institut qui assurera une prise en charge multidisciplinaire (exercice physique sous bandage, règles hygiéno-diététiques, etc.). Malheureusement, l’offre est rare et non connue ou insuffisamment des prescripteurs. Le rôle du MK est aussi fondamental dans l’éducation de la patiente, notamment pour le port de la contention. Comme toute maladie chronique, le port quotidien de ce manchon peut être vécu par la patiente comme une altération de sa qualité de vie. Une nette diminution du volume du bras sera un argument important dans la balance préjudice/ bénéfice. D’où l’importance de la compétence du MK, qui va apporter un réel bénéfice et va, de ce fait, favoriser l’adhésion de la patiente au traitement. Enfin, le nombre d’heures passées auprès du MK est un temps pendant lequel la patiente peut exprimer ses difficultés, ses angoisses. Cet accompagnement nécessite une implication volontaire du MK, et tous ne souhaitent pas et/ou ne peuvent pas assurer ce rôle à la fois de confident et de soutien. Cela sous-entend, dans le cadre des soins de support, de pouvoir proposer aux MK qui le souhaitent des formations à la relation d’aide. Difficultés pouvant être rencontrées par la patiente elle-même Mais la patiente aussi peut être résistante à un traitement de qualité. En effet, l’apparition d’un lymphœdème chez une patiente déjà atteinte dans sa féminité peut entraîner un déni : refuser cette complication et espérer que le bras redevienne identique. L’apparition d’un lymphœdème important implique donc, le plus souvent, le deuil du bras normal. Or, comme dans tout deuil, le processus psychique prend un certain temps. Avant l’état d’acceptation, la patiente peut avoir des attitudes de refus de traitement et de dévalorisation narcissique, là encore extrêmement préjudiciables à sa vie personnelle et parfois professionnelle. Le corps soignant doit pouvoir et savoir accompagner la patiente dans ce travail de deuil. Le LMS est une séquelle chronique et, par conséquent, nécessite une éducation pour une observance stricte, notamment du port de la contention. Ce manchon disgracieux est un facteur fréquent d’abandon, sauf si la patiente est elle-même La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 5 - mai 2010 | 333 SOINS DE SUPPORT EN ONCOLOGIE convaincue de l’importance de son maintien. Mais, là encore, on peut aider la patiente à l’observance par des compromis qui permettent un peu de liberté, comme, notamment, les séances d’autobandages nocturnes. Après avoir énuméré ces différentes résistances, que peut-on proposer ? Il est vrai que la première source d’information est, bien évidemment, le dispositif d’annonce, accessible à toutes les femmes opérées. Mais on peut légitimement penser qu’en apportant l’information à l’ensemble des acteurs de santé qui entourent et/ou accompagnent une femme opérée d’un cancer du sein, l’orientation vers un traitement de qualité n’en sera que plus facile. Raison pour laquelle nous élaborons actuellement une réflexion dans le cadre de l’AFSOS afin de mettre en place une information pluriprofessionnelle portée par les réseaux de santé en cancérologie. La préparation de ces soirées se ferait en lien avec les dispositifs d’annonce des établissements sur le territoire du réseau et permettrait la création d’un annuaire territorial de MK, voire de proposer ou de faciliter des formations complémentaires pour les MK. Si vous êtes intéressé par ce projet, merci de nous contacter. Évaluation et suivi psychologique dans le cadre du dispositif de sortie (F. Barruel, psychologue clinicienne, GHI de Montfermeil) La mesure 18 du Plan cancer 2 s’intitule “Person­ naliser la prise en charge des malades et renforcer le rôle du médecin traitant”. Elle décline la notion de dispositif de sortie en 3 points : ➤➤ la coordination des parcours de soins des malades pendant la phase active du traitement grâce à des coordonnateurs de soins ; ➤➤ le renforcement de la fonction de proximité du médecin traitant pendant la phase thérapeutique aiguë et lors de la période de surveillance ; ➤➤ le partage des données médicales entre professionnels de santé (dossier communiquant en cancérologie [DCC] et dossier médical personnel [DMP]). Indispensables pour faciliter les prises en charge, ces mesures sont de nature purement “organisationnelle”. Il semble cependant également fondamental de : ➤➤ s’intéresser au vécu des patients au sujet de la sortie et de savoir l’intégrer dans la prise en charge ; ➤➤ préparer les patients à cette “sortie” en leur donnant des informations utiles et simples ainsi que tous les repères nécessaires en termes de soutien et de soins ; ➤➤ développer cette approche dans un processus continu, tout au long de la prise en charge, et au fur et à mesure de l’acheminement vers la sortie, c’est-àdire pas exclusivement au cours d’une “consultation de sortie” pour se donner bonne conscience... Quel suivi psychologique de qualité peut-on envisager dans ce contexte balisé par des mesures organisationnelles ? Comment peut-on aborder les aspects subjectifs en tenant compte du fait que le temps psychique du patient n’est pas superposable au temps médical ou au rythme familial, social ? Quelques propositions simples peuvent être faites : ➤➤ S’intéresser à la manière dont les personnes malades appréhendent cette fin de traitement, et pas seulement lors de la dernière cure. Anticiper cet aspect, en posant la question simplement : “Vous sentez ça comment ?”, en évitant de donner “notre” avis sur la sortie, ou de présupposer : “C’est bien ! Vous êtes content ?” Ces réactions peuvent s’avérer très inhibitrices. Notre intérêt pour leur ressenti à l’égard de la fin du traitement peut aider les patients à entrer en contact avec leurs perceptions, à se sentir moins seuls et à parler. ➤➤ Évoquer les réactions psychologiques possibles liées à la fin du traitement, sans les banaliser ni les dramatiser. Il s’agit d’aborder le fait qu’au moment de la fin des traitements, il arrive que, malgré leur satisfaction, certaines personnes se sentent “déstabilisées”… et parfois plus que pendant les traitements. On indiquera les personnes référentes à qui les patients peuvent alors s’adresser, et la possibilité de consulter un psychologue, de revenir vers celui du lieu de traitement pour être orienté, ou de s’adresser directement au réseau, ou à des praticiens de villes. ➤➤ Développer une réflexion des soignants à propos de l’incertitude. Comment aborder celle-ci avec les patients sans l’avoir soi-même ressentie et avoir été confronté à la vulnérabilité qui en découle pour chacun (approche par des moyens individuels et collectifs ; espaces de parole, réflexion philosophique, démarche thérapeutique, etc.) ? ➤➤ Accompagner la reprise d’activité. Il s’agit d’un sujet à aborder systématiquement quand il est d’actualité, toujours par des interrogations simples : “Comment se présente la reprise de votre activité ?” Ce thème est quasi systématiquement abordé lors des suivis psychologiques. Se manifestent les peurs ▸▸▸ / ▸▸▸ 334 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 5 - mai 2010 SOINS DE SUPPORT EN ONCOLOGIE ▸▸▸ / ▸▸▸ d’avoir perdu sa place, de ne plus savoir, de ne pas réussir à intégrer les nouveautés, sans compter celles concernant le regard des autres et la stigmatisation de la maladie et du malade. La plupart du temps, ces interrogations conduisent à observer que rien n’est organisé en lien avec l’entreprise pour faciliter cette reprise et aborder ces questions. Il est souvent pertinent de suggérer aux personnes qui se sentent angoissées par le sujet de demander un entretien préalable pour évoquer la reprise, se préparer, et être mieux accueillies. Cette démarche est toujours positive. ➤➤ Une aide au “lien social”. La stigmatisation de la maladie et du malade est forte. Il y a certainement lieu “d’interpeller” la société, tant les représentations du cancer sont négatives, générant des comportements qui ne permettent pas facilement l’intégration des personnes malades : il s’agit de ne pas entretenir de représentations stigmatisantes (conférences grand public, dans les écoles et collèges, etc.). Paradoxalement, nous remarquons qu’à leur insu, les patients entretiennent ces représentations. Ils se plaignent de divers comportements inadaptés des proches : trop près, trop loin, trop, pas assez… Mais ils expriment peu leurs attentes, essentiellement car ils pensent que leurs proches “devraient comprendre”. Étant malades, ils considèrent que ce n’est pas à eux de faire un effort. Il y a souvent lieu de les aider à identifier ce qui compte le plus pour eux : que l’autre vienne à eux ? Que leurs relations s’améliorent ? L’argument qui justifie de ne rien dire (“puisqu’ils devraient faire le premier pas à cause de ma maladie”) exclut de fait la personne malade de son statut de sujet. Or, l’enjeu du soutien psychologique est bien de retrouver ce statut. Sinon, c’est l’étiquette de “malade” qui sert d’identité. Conclusion La finalité du suivi psychologique et de toutes les mesures mises en œuvre en fin de traitement est bien de permettre la (ré)émergence d’un désir d’être pleinement vivant, qui amène une identification au statut de “malade”. L’accompagnement psychologique de la fin de traitement est essentiel et relève bien plus d’un processus continu que d’une consultation de “sortie”. Les dispositifs organisés doivent permettre d’aborder les questions intimes qui se posent aux personnes 336 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 5 - mai 2010 malades : guérison ? Rémission ? Quel avenir ?... Personne n’a “la réponse” à ces questions, mais les échanges permettent de trouver “des réponses” subjectives et appropriées. Beaucoup d’espaces peuvent permettre d’aborder ces préoccupations : chaque consultation, chaque échange informel avec un professionnel de santé, mais aussi les réunions débats, etc. L’accompagnement vers cet “après traitement” requiert l’attention propre aux “grands moments de l’existence” (naissance, mort…) caractérisés par le “passage” d’un état à un autre. Association APIMA : valorisation de l’image corporelle des patients traités par chimiothérapie et/ou thérapies ciblées (M.L. Allouis, hôpital européen GeorgesPompidou, Paris) La maladie et les traitements sont fréquemment mal vécus par les patients en raison des répercussions physiques entraînées par les effets indésirables des chimiothérapies et des thérapies ciblées : la peau se modifie (couleur, sécheresse, boutons, nævus, etc.), les cheveux changent de couleur, de texture ou tombent. Les ongles, le corps peuvent également se transformer. Les patients sont fatigués, ce qui les empêche souvent de s’occuper d’eux comme ils le souhaiteraient. APIMA (Apprivoiser son image dans la maladie) propose des consultations infirmières sur la valorisation de leur image corporelle. Des conseils sont donnés en préventif, en curatif et en post traitement pour un retour à une vie socioprofessionnelle et personnelle nouvelle. La première consultation reprend tous les effets secondaires du traitement sur la peau, les cheveux, les ongles, avec des conseils à appliquer le plus tôt possible. Ensuite, le “conseil en image personnelle” aide les hommes et les femmes à avoir une meilleure image d’eux-mêmes par rapport à leur morphologie, à leur personnalité, à leur mode de vie, mais aussi lorsque leur corps a subi des transformations physiques engendrées par la maladie et/ou les traitements médicaux, chirurgicaux. Ainsi, les thèmes abordés seront : la perruque, les couleurs qui valorisent le visage, les soins à prodiguer à la peau, le maquillage, les accessoires, les SOINS DE SUPPORT EN ONCOLOGIE prothèses mammaires, et toutes les questions que se pose le patient à chaque étape de son traitement, et en fonction des atteintes physiques rencontrées. APIMA constitue un support à une construction, à un accompagnement de projet de vie. Le but est de stimuler chez les patients une énergie propice au développement de leurs capacités de guérison en leur redonnant de l’optimisme. Cette prise en charge esthétique les aide à mieux tolérer ces traitements et évite qu’ils ne leur donnent une image de “malade”, pour une meilleure qualité de vie. Vous retrouverez l’action d’APIMA sur www.apima.fr ainsi qu’au travers de deux ouvrages : Soigner son image pour mieux vivre son cancer et Conseils de beauté pour mieux vivre son cancer (www.apima.fr/livres.htm). Actualités sur les biphosphonates (J.J. Body, université libre de Bruxelles, Belgique) Les biphosphonates sont actuellement utilisés en routine clinique pour réduire la fréquence des complications liées aux métastases osseuses. Des données récentes suggèrent qu’ils pourraient aussi prolonger la survie en situation métastatique et retarder, voire empêcher, les récidives en situation adjuvante. Plusieurs études ont montré qu’un marqueur de résorption osseuse élevé – typiquement, le télopeptide NTx – avait une valeur prédictive quant à la survenue des complications osseuses liées aux métastases. De plus, une étude rétrospective a montré que la mortalité était accrue chez les patientes atteintes de cancer mammaire et qui gardaient un NTx élevé malgré un traitement par zolédronate (25). Des résultats non encore publiés (présentés au congrès Cancer-induced Bone Disease [CIBD] en 2009) indiquent un bénéfice de survie chez les patients présentant des caractéristiques d’une maladie agressive telles qu’une albuminémie basse ou un performance status altéré, et cela indépendamment de l’effet du zolédronate sur la réduction des complications osseuses. Cette augmentation de la survie grâce au zolédronate pourrait être due tant à des effets indirects (réduction des complications osseuses, maintien de l’indépendance fonctionnelle et de la qualité de vie) qu’à des effets antitumoraux directs. En situation adjuvante, plusieurs études ont montré que les biphosphonates pouvaient empêcher la perte osseuse induite par les traitements du cancer, parti- culièrement les inhibiteurs d’aromatase. Cet effet protecteur a notamment été démontré dans l’étude ABCSG-12, qui comparait l’efficacité du tamoxifène à celle de l’anastrozole chez des patientes préménopausées bénéficiant également d’une castration chimique (26). De plus, les résultats préliminaires indiquent une diminution du nombre de rechutes chez les patientes qui ont bénéficié d’un traitement complémentaire par zolédronate (2 perfusions annuelles). Cette diminution concernait les rechutes à distance (osseuses et extra-osseuses) mais aussi les récidives locorégionales [27]. Si la diminution des récidives métastatiques non osseuses pourrait peut-être s’expliquer par une diminution du potentiel métastatique secondaire à partir de foyers ostéo-médullaires, la diminution des récidives locorégionales reste inexpliquée, et elle pourrait faire intervenir un effet antitumoral direct. La démonstration de l’efficacité antitumorale du zolédronate repose en effet sur de nombreuses études précliniques qui ont montré une inhibition de la prolifération et de la viabilité des cellules tumorales, une inhibition de l’angiogenèse, une activation du système immunitaire et une augmentation de l’efficacité des agents cytostatiques. Les données cliniques sont encore préliminaires, mais elles paraissent être confirmées par 2 autres études adjuvantes. L’étude Z-FAST a comparé, chez les patientes traitées par létrozole, l’administration immédiate du zolédronate à une administration retardée, dictée par une chute exagérée de la masse osseuse ou la survenue d’une fracture. Outre la prévention de la perte osseuse chez les patientes recevant le zolédronate de façon immédiate, cette étude a également indiqué qu’il y avait une diminution des récidives (à distance et locorégionales) chez ces patientes. D’autre part, les résultats préliminaires de l’étude adjuvante AZURE suggèrent un effet synergique de la chimiothérapie néo-adjuvante avec le zolédronate. Par rapport aux patientes ayant reçu la chimio­thérapie seule, les patientes ayant reçu du zolédronate concomitamment à la chimiothérapie avaient, lors de l’intervention chirurgicale, une tumeur résiduelle significativement plus petite et environ deux fois plus de rémissions pathologiques complètes. Enfin, une prolongation de la survie ainsi qu’une augmentation du temps médian jusqu’à la progression tumorale ont été rapportées dans une étude incluant des patients atteints de cancer pulmonaire métastasé au niveau osseux (28). Le dénosumab est un anticorps humain spécifique neutralisant le RANK ligand, facteur essentiel dans la pathogenèse de l’ostéolyse tumorale. Le dénosumab La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 5 - mai 2010 | 337 SOINS DE SUPPORT EN ONCOLOGIE a été comparé au zolédronate dans de grandes études internationales conduites en double aveugle. Les résultats obtenus dans le cancer du sein ont été présentés récemment (ECCO-ESMO, SABCS). Le dénosumab a montré une efficacité supérieure à celle du zolédronate en termes de délai jusqu’au premier événement osseux, ainsi qu’en termes de survenue d’événements multiples, le risque de développer une complication osseuse durant le traitement étant globalement diminué de 23 % (rapport des risques 0,77 ; IC95 : 0,66-0,89). La survie globale ainsi que la progression de la maladie étaient très similaires dans les 2 groupes. Si le dénosumab paraît ne pas avoir d’effets secondaires rénaux, l’incidence de l’ostéonécrose de la mâchoire semble similaire à celle observée avec le zolédronate. ■ Références bibliographiques 1. Durand JP, Madelaine I, Scotté F. 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Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays. © mai 1992 - EDIMARK SAS - Dépôt légal : à parution. Photo de couverture : © Chardt_763 Imprimé en France - Point 44 - 94500 Champigny-sur-Marne Le supplément n° 1 “Actualités sur la prise en charge anatomoclinique du cancer gastrique : cancer gastrique avancé et métastatique surexprimant HER2, chimiothérapie adjuvante dans les cancers de l’estomac” est routé avec ce numéro. 338 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 5 - mai 2010