
Congrès CNCH 2016
CNCH - CARDIO H - N°40
Le risque cardiovasculaire
(RCV) absolu, habituellement
exprimé en pourcentage, est
la probabilité de survenue
d’un événement cardiovascu-
laire fatal ou non fatal d’ori-
gine athéromateuse sur une
période de temps. Il s’agit d’un
concept statistique de groupe
dicilement transposable à un
individu donné. Pourtant c’est
en fonction de ce risque que
les décisions thérapeutiques
sont prises en prévention pri-
maire et secondaire en parti-
culier pour les dyslipidémies.
Chez la plupart des patients,
en dehors des dyslipidémies
majeures, c’est le RCV qui va
dénir le « cholestérol idéal »
et les mesures thérapeutiques
qui en découlent. La médiane
du LDL cholestérol en France
est de 1,3 gramme(1). C’est
parfait pour quelqu’un qui n’a
pas de facteurs de risque vas-
culaire mais très loin des objec-
tifs que l’on cherche à atteindre
chez un coronarien.
Imaginons une consultation de
10 patients successifs sans an-
técédents vasculaires, homme
ou femme, avec un panel très
variable de facteurs de risque
et qui posent la question de
leur pronostic vasculaire. Très
vite on se rend compte qu’il
est impossible de le faire sans
utiliser une méthode. Dans un
observatoire français, on a de-
mandé à 610 généralistes d’es-
timer le risque cardiovasculaire
de 11241 patients de plus de
50 ans vus dans les 3 jours pré-
cédents(2).
Cette étude a montré une dis-
cordance entre le risque esti-
mé de façon empirique et le
risque calculé par SCORE avec
en particulier 77% d’erreurs
chez les patients à haut risque
CV. L’objectif de cet article est
de présenter la méthode d’esti-
mation du RCV à partir des re-
commandations ESC 2016 sur
les dyslipidémies(3).
Elle repose sur les principes
suivants :
- certaines variables classent
d’emblée les patients dans le
haut ou très haut risque vascu-
laire,
- dans les autres cas, entre 40 et
65 ans, il faut utiliser un calcu-
lateur ; en Europe c’est SCORE,
- puis d’autres variables
doivent être prises en compte
pour reclasser les patients à
risque intermédiaire.
Les variables qui classent
immédiatement dans le haut
ou très haut risque CV (ta-
bleau 1)
Les patients avec :
- une maladie artérielle docu-
mentée symptomatique ou
silencieuse,
- un diabète de type 1 ou 2,
- une maladie rénale chronique
avec un débit de ltration glo-
mérulaire < 60 ml/min/1,73
m2,
- un FDR sévère en particulier
une HTA (> 180/110 mm Hg)
ou une dyslipidémie avec un
cholestérol total > 3,1 g/l sont
d’emblée dans le haut ou très
haut RCV. Il est inutile d’utiliser
SCORE. Une lésion athéroma-
teuse silencieuse, comme une
plaque à la coronarographie
ou à l’échodoppler cervical,
classe dans le très haut risque
« si elle prédispose fortement à
la survenue d’évènements cli-
niques ». Ceci laisse la place à
une certaine interprétation et
à des interrogations. Beaucoup
de nos patients ont un « athé-
rome discret », « un athérome
modéré », « une coronarogra-
phie dans les limites de la nor-
male » et c’est avec subjectivité
qu’ils seront classés dans une
catégorie de risque plus ou
moins élevé.
Les diérents niveaux de
risque cardiovasculaire ; le
calculateur SCORE(3, 4)
Si le patient n’est pas dans les
catégories précédentes et a
entre 40 et 65 ans, il faut uti-
liser une échelle de risque. En
Europe, il est recommandé
d’utiliser SCORE (Systematic
Coronary Risk Evaluation) qui
est la probabilité de survenue
d’un accident athéromateux
léthal incluant la mort subite
dans les 10 ans.
Il existe 4 catégories de risque :
- faible < 1%,
- intermédiaire entre 1 et 5 %,
- élevé entre 5 et 10%,
- très élevé au delà 10%.
Si on veut estimer le risque
de survenue d’accident fatal
et non fatal, il faut multiplier
le chire SCORE par 3 chez
l’homme et par 4 chez la
femme. Mais cette démarche
n’a pas d’intérêt pratique.
SCORE prend en compte l’âge
entre 40 et 65 ans, la pression
artérielle systolique, le sexe,
O. NALLET (Montfermeil)
Comment évaluer
le risque cardio-vasculaire
en consultation
O. NALLET
Congrès CNCH 2016
COMMENT ÉVALUER LE RISQUE CARDIO-VASCULAIRE EN CONSULTATION
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