Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. III - n° 1 - janvier-février-mars 2014
34
Mise au point
initial par puces à ADN (250 gènes) utilisant 21 gènes
seulement par qRT-PCR (16 gènes associés au cancer :
famille des récepteurs hormonaux, de HER2, de la prolifé-
ration, du stroma et de l’invasion) et 5 gènes permettant
de contrôler le bon fonctionnement de la technique. Le
test donne un score de rechute (RS) [variable continue de
0 à 100], qui est contenu dans 3 classes : RS faible < 18, RS
élevé ≥ 31 et RS intermédiaire, entre les 2 catégories pré-
cédentes (5, 9). De nombreuses études ont montré que
les patientes RE positives avec un RS bas ne bénéficiaient
pas de la chimiothérapie mais de l’hormonothérapie, à
l’opposé des patientes avec RS élevé, qui bénéficiaient
de l’adjonction de la chimiothérapie (8). Néanmoins,
les paramètres du stade clinique restent puissants et,
par exemple, avec un fort envahissement ganglionnaire
(supérieur à 4 ganglions envahis), toutes les tumeurs ont
un RS élevé. Le test Oncotype DX® est recommandé par
l’ASCO® (American Society of Clinical Oncology), l’ESMO
(European Society for Medical Oncology), Saint-Gall et le
NCCN (National Comprehensive Cancer Network) [10, 11,
12] pour l’établissement du pronostic et le choix théra-
peutique pour les tumeurs RH positives. Il est le seul test
de première génération à avoir un niveau de preuve Ib
à ce jour. Son coût est environ de 3 200 €. De nombreux
pays remboursent ces tests soit par le biais de systèmes
gouvernementaux (Medicare, Medicaid aux États-Unis,
NICE au Royaume-Uni, assurance sociale au Canada),
soit par le biais des assurances privées ou des mutuelles
(Israël, États-Unis, Allemagne, par exemple).
✓
MammaPrint® (Agendia®, Amsterdam, Pays-Bas)
correspond à une signature de 70 gènes permettant
de classer les patientes en 2 groupes pronostiques (le
bon et le mauvais) [2, 4]. MammaPrint® a obtenu de
la Food and Drug Administration (FDA), en 2008, une
labellisation comme test pronostique pour les patientes
âgées de moins de 61 ans atteintes d’un cancer du sein
RE positif ou négatif de moins de 5 cm, sans envahis-
sement ganglionnaire, et de stade I/II. Ce test a été
développé sur du matériel frais et a récemment été
adapté à du tissu fixé, inclus en paraffine, mais sans que
de véritables travaux comparatifs sur de grandes séries
aient été menés. Les tumeurs ayant des récepteurs hor-
monaux négatifs viennent enrichir le groupe de mauvais
pronostic, car cette signature n’a été développée que
chez les patientes porteuses de tumeurs RE positives.
Signatures de nouvelle génération
(tests décentralisés)
✓
Prosigna™ (PAM50), commercialisée par NanoString®
aux États-Unis, permet la reconnaissance des sous-
types “moléculaires” (lum A, lum B, HER2 enrichi, basal)
et le calcul du risque de rechute en combinant les
paramètres biologiques de la classification intrinsèque
à un score de prolifération et à la taille tumorale. Ce test
est adapté aux tissus fixés, inclus en paraffine (2). Il est
réalisé par une technologie de puces à ADN avec un
signal numérique (1 gène = 1 code-barre). Pour cela, 50
gènes ont été sélectionnés à partir des 650 initiaux (12,
13). Il s’agit d’un test décentralisé, “local”, qui peut être
réalisé dans un laboratoire avec des machines dédiées.
Il s’agit d’une signature de rechute tardive (à 10 ans),
qui a été approuvée par la FDA à l’automne 2013.
Trois groupes de ROR sont définis pour les patientes
récepteurs positives, HER2 négatives avec un ROR bas,
intermédiaire et élevé.
✓
EndoPredict® (Sividon, Cologne, distribué par Myriad
Genetics). Ce test a été développé exclusivement à
partir de tumeurs récepteurs positifs. Il s’agit d’un test
de qRT-PCR avec 7 gènes sélectionnés correspondant à
des gènes associés aux estrogènes et à la prolifération.
Il existe aussi des gènes de contrôle. Ce test est adapté
aux tissus fixés, inclus en paraffine (14). Il s’agit d’un
test “local” (l’analyse peut se faire dans tout labora-
toire équipé avec matériel spécifique) [15]. Le résultat
se donne sous la forme d’un score EP (EndoPredict®)
qui prend en compte le “poids” des gènes (calcul de
score). Ce score permet de prédire le risque de rechute
précoce (poids des gènes du module prolifération) et
de rechute tardive (poids des gènes du module estro-
gènes) à 5 et 10 ans.
Ces 2 signatures ont un niveau de preuve Ib. Cependant,
il n’y a pas encore beaucoup de recul permettant d’éva-
luer l’implémentation de ces tests décentralisés en cli-
nique et dans la routine de plateformes moléculaires
ou de structures de pathologie (16). La reproductibilité
de ces tests décentralisés sera le point critique pour
leur développement.
Limitations des signatures multigéniques
Ces signatures n’apportent pas d’informations utiles
aux patientes porteuses de tumeurs de haut grade, de
tumeurs triples négatives ou HER2 positives, qui sont
quasiment toujours dans les catégories de mauvais
pronostic. Par exemple, personne, actuellement, avec
les thérapies anti-HER2 et leurs bénéfices connus ne
s’abstiendrait de traiter une patiente HER2 sur le seul
résultat d’une signature moléculaire favorable. Il en va
de même pour une tumeur identifiée de bon pronostic
par la signature moléculaire et de stade clinique très
avancé (plus de 5 cm, N > 3).