Les gastronomes en couches-culottes Mardi 10 décembre, Thury

Les gastronomes en couches-culottes
Mardi 10 décembre, Thury-Harcourt
Catherine Robine est diététicienne, elle a longtemps travaillé en pédiatrie au CHU de
Caen, exerce toujours en milieu hospitalier.
Mme Robine propose une série de questions pour amener une réflexion.
Il est nécessaire de diversifier rapidement l’alimentation ?
Les aliments tout prêts de supermarché sont de meilleure qualité que les
préparations maison ?
Un enfant qui régurgite est un enfant inquiétant.
La carotte est un excellent aliment à utiliser en cas de diarrhée.
Il faut insister pour faire manger un enfant.
La variété des aliments des parents influencent la prise des repas des enfants.
L’alimentation est un enjeu.
Il est nécessaire d’attendre 2 ans pour les matières grasses. (MG)
Il faut attendre l’adolescence pour agir contre le surpoids.
Au sortir de la maternité, mon enfant boit 4 fois par jour.
Cette dernière affirmation fait réagir, Mme Robine rappelle que l’estomac du
nourrisson est alors gros comme une noix, les repas doivent donc être fractionner
jusqu'à 8 fois par jour.
1) Des enjeux
Pour un bébé à terme, au cours de la première année le poids se multiplie par
trois, l’enfant grandit de 25 cm en moyenne et le cerveau passe de 400g à 1100g.
Naissance : 3,500 kg 50 cm
1 an : 10 kg 75 cm
2 ans : 12 kg 85 cm
3 ans : 14 kg 94 cm
Le bébé, même né à terme, est immature.
Immaturité digestive : des allergènes peuvent passer, tous les aliments ne peuvent
être absorbés, digérés. Le système digestif arrive à maturité vers 6 mois.
Immaturité rénale : les protéines et les minéraux en excès sont éliminés par les reins.
Le système rénal arrive à maturité vers 3 mois.
Immaturité cérébrale : le cerveau se construit pour l’essentiel jusqu'au 3 ans. Pour se
développer il a besoin de graisse, type huile de colza.
Immaturité de la motricité bucco-linguale : le nourrisson ne peut pas mastiquer, il a
le réflexe de faire ressortir de la bouche ce qui ne lui convient pas.
Des paramètres spécifiques sont à prendre en compte lors de la diversification comme
un terrain atopique familial. (risques d’allergies)
On observe des maladies dites de civilisations qui prennent racines chez l’enfant et qui
ont des conséquences à l’âge adulte.
2) Allaitement ou lait maternisé
Il s’agit d’un choix personnel, voire d’un choix de couple. Il n’y a pas de culpabilité à
avoir. On a retrouvé des biberons anciens en bois, terre, céramiques, cf. musée Dufour à
Fécamp (76).
La législation sur les laits maternisés date de 1976. Les laits infantiles, premier âge
puis lait de suite appelé 2ème âge sont fait à base de lait de vache. Leurs formules copient au
plus près la formule du lait maternelle. Au fil des années, cette formule c’est de plus en plus
rapprochée de celle du lait maternel.
Pour éviter les régurgitations, il existe des laits épaissis disponibles en supermarché
ou des laits AR (anti régurgitation) disponibles en pharmacie, il s’agit des mêmes laits. A
noter : ces laits ne sont pas plus caloriques.
En cas de diarrhée, il y a des laits spécifiques.
Des laits avec des pré ou pro biotiques, ces ferments lactiques sont en fait,
maintenant dans tous les laits en poudre. Ils peuvent protéger des allergies.
Il existe également des laits disponibles uniquement sur ordonnance.
Enfin, le lait de croissance. Ce lait est préconisé jusqu'aux 3 ans de l’enfant.
Le bon apport en calories
Contient moins de protéines et donc protège les reins
Contient des acides gras essentiels de qualités identiques à ceux que
l’on retrouve dans le lait maternel. Il s’agit d’acides gras type huile de
colza qui favorise le développement du cerveau.
Contient du fer et de la vitamine D, il n’y en pas du tout dans le lait de
vache.
3) La diversification
A la fin du XIXème siècle elle venait très tôt vers 2 mois. Les femmes travaillent et
l’’allaitement maternel est en baisse, le lait de vache est mal toléré par les nourrissons, d’où
les recommandations dicales de diversifier tôt. Cette pratique s’observe jusque dans les
années 50 -60.
La diversification a épréconisée dès 4 mois, puis dès 6mois. Actuellement retour à
4 mois.
Il faut savoir tenir compte de l’appel de l’enfant, curiosité de découvrir des aliments,
attendre que l’enfant soit prêt, observé son développement moteur.
Le repas doit toujours être un plaisir partagé.
4 - 6 mois on peut ajouter des légumes dans un biberon. Exemple : On met les
légumes dans le fond du biberon puis on ajoute l’eau jusqu'à la graduation 180ml, et 6
mesurettes de lait. Les légumes sont comptés comme de l’eau.
6 -7 mois le repas est un peu plus grumeleux. On introduit la pomme de terre, la
viande, le lait de croissance. Attention aux quantités journalières de viande :
10g à 7 mois
30 g à 12 mois
30 à 40 g de 24 à 36 mois
50 g à 4 ans
100g à 9 ans
7 - 12 mois des petits morceaux, pâtes, semoule, poisson, œuf, fromage pasteurisé
jusqu’a 3 ans. L’enfant consomme moins de lait, il faut donc compenser la perte de MG, une
cuillère à café d’huile de colza ou 1 noisette de beurre ou 2 cuillères à café de crème fraîche
pasteurisée.
12 mois on peut introduire les fruits exotiques
18 – 24 mois on peut introduire les légumes secs.
Les repas sont accompagnés d’eau.
Les 4 repas après un an
Matin : du lait et un produit céréalier. Facultatif : un fruit
Midi : un produit céréalier, un légume, viande/poisson/œuf, MG et un « dessert »
Goûter : un produit lacté, un produit céréalier et fruit selon l’appétit de l’enfant.
Soir : légume et céréales, MG, un apport lacté et une compote si l’enfant a encore faim.
ATTENTION les produits lactés pour enfants (Blédina, Nestlé …) sont souvent fait avec du lait
entier, ils ne présentent donc pas plus d’intérêt que les yaourts et fromages blancs normaux.
Ces produits apportent un plus uniquement lorsqu’ils sont faits avec du lait de croissance, il
faut bien décrypter les étiquettes.
Attention à :
Un repas trop rapide, ou trop lent.
Un repas mal adapté à la physiologie de l’enfant, à ses besoins.
La texture et le goût uniformes des petits pots.
Un apport de nutriments mal équilibré.
Être vigilent à ne pas développer une appétence au sucre.
Les pleurs du bébé ne signifient pas toujours qu’il ait faim, apprendre à les
reconnaître et aider l’enfant à retrouver son calme, pouce, doudou, suce…
L’enfant mange mal
Connaître les comportements alimentaires des enfants.
Le nourrisson s’approprie l’allaitement. La découverte de la cuillère doit se faire
quand l’enfant est prêt, ne pas forcer.
Jusqu'à 2 ans l’enfant découvre volontiers les aliments.
Entre 3 et 7 ans peuvent apparaître les néophobies (refus de goûter ce qui est
nouveau), ces phobies peuvent être liées aux comportements parentaux.
Entre 8 et 9 ans l’enfant est de nouveau dans une phase de découverte.
Quant à l’adolescent : « j’ai faim, je mange »
4) Le plaisir
Les repas ont une valeur hédonique. Le goût n’est pas le seul sens mis à l’œuvre dans
l’acte de manger, il y a aussi l’olfaction et les sensations ressentis dues à la texture. Il y a un
vécu de l’acte alimentaire.
Les petits plus
Une présentation attrayante et des quantités adaptées.
Un environnement propice, être présent, faire attention à ce qui se dit…
Avoir une attitude positive par rapport au repas.
Prendre le temps.
Les adultes mangent comme et avec les enfants.
Écouter l’appétit de l’enfant, accepter qu’il n’ait plus faim.
Privilégier la qualité, faire le marché, jardiner, cuisiner avec l’enfant.
Éviter le chantage.
Faire goûter mais ne pas obliger, on peut proposer plusieurs fois un aliment.
Nous n’avons pas tous, petits comme grands, les mêmes besoins, ainsi il y a des
petites et des gros mangeurs.
Pour les petits mangeurs augmenter la ration d’amidon, revoir les quantités de
viande, ajuster l’apport en lait en privilégiant les laits de croissance, on peut augmenter les
MG pour augmenter l’apport calorique. Il faut donner aux fruits et légumes une place
raisonnable. Ne pas hésiter à en parler avec son decin pour se faire aider, un
accompagnement psychologique est parfois nécessaire.
5) Les dysfonctionnement
Les coliques du nourrissons, souvent les pleurs du soir.
Les régurgitations, jusqu'à 6 mois elles sont normales, elles sont dues à l’immaturité
du système digestif. Toutefois ont peut les diminuer : revoir le fractionnement des repas,
utiliser des laits épaissis et pratiquer l’orthostatisme (mettre l’enfant en position verticale
après les repas).
La constipation : des selles rares en petites billes. Utiliser un lait riche en lactose, de
l’eau Hépar mais pas plus d’un tiers du biberon. Pour l’enfant plus âgé ajouter des fibres
avec les légumes et les fruits. Boire de l’eau et favoriser la motricité (bouger). Les aliments
qui constipent : riz, carotte, banane, chocolat, thé…
La diarrhée : il faut être vigilant chez le jeune enfant, attention à la perte de poids. Il
est nécessaire de réhydraté l’enfant. Il existe des solutions de réhydratation et des laits de
régime. Si vous continuez à utiliser le lait habituel, il faut le déconcentré. Quant l’enfant se
rétablit, les yaourts nature aident à reconstituer la flore intestinale.
Les allergies concernent 6 à 8% des moins de 10 ans. Les aliments les plus visés sont
l’œuf, l’arachide, le lait, la moutarde, le poisson et les crustacés.
2 sites à consulter :http://www.cicbaa.com/ et http://www.allergienet.com/
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