le plexus hypogastrique inferieur

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Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
UNIVERSITÉ DE NANTES
FACULTÉ DE MÉDECINE
MAÎTRISE EN SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
M.S.B.M
MÉMOIRE POUR LE CERTIFICAT D’ANATOMIE, D’IMAGERIE ET DE MORPHOGENÈSE
2001-2002
UNIVERSITÉ DE NANTES
LE PLEXUS HYPOGASTRIQUE INFERIEUR
Par
FETIVEAU Guillaume
LABORATOIRE D’ANATOMIE
DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. J. LEBORGNE
Vice-Président :
Pr. J.-M. ROGEZ
Enseignants :
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Pr. O. ARMSTRONG
Pr. P. COSTIOU
Pr. D. CROCHET
Pr. A. DE KERSAINT-GILLY
Pr. B. DUPAS
Pr. Y. HELOURY
Pr. P.-A. LEHUR
Pr. J.P. MOISAN
Pr. N. PASSUTI
Pr. R. ROBERT
Pr. O. RODAT
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
« Chercher n'est pas une chose et trouver une autre,
mais le gain de la recherche, c'est la recherche même. »
Saint Grégoire de Nysse (v. 335 - v. 394),
Homélies sur l'Ecclésiaste (traduction M. Canevet).
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Remerciements
Je tiens tout d’abord à adresser ma sincère gratitude à messieurs les Professeurs J. LEBORGNE,
J.-M. ROGEZ, O. ARMSTRONG, R. ROBERT pour les cours qu’ils dispensent à la faculté, grâce
auxquels ils nous ont transmis leur amour de l’Anatomie.
Je veux également remercier monsieur le Professeur P.-A. LEHUR, pour le temps qu’il a bien
voulu me consacrer et pour les conseils judicieux qu’il m’a prodigués. En me soutenant tout au
long de mes travaux, il m’a permis d’appréhender avec plus de sérénité le sujet qu’il m’avait
proposé.
Mes remerciements vont enfin à messieurs Y. BLIN et S. LAGIER, pour leur disponibilité et pour
l’aide précieuse qu’il nous ont apportée.
REMERCIEMENTS
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
Sommaire
INTRODUCTION ........................................................................................ 1
I – NOMENCLATURE ................................................................................. 2
II - RAPPELS ANATOMIQUES ............................................................................ 3
II.1 Pelvis
II.2 Muscles et fascias pelviens pariétaux
II.3 Artères pelviennes
II.4 Veines pelviennes
II.5 Lymphocentres pelviens
II.6 Topographie pelvienne
II.7 Rectum
III – DISSECTIONS .................................................................................. 13
III.1 Matériel
III.2 Méthode
IV – RESULTATS.............................................................................................. 18
IV.1 Description
IV.2 Rapports
IV.3 Branches afférentes
IV.4 Branches efférentes
IV.5 Vascularisation
IV.6 Territoires d’innervation
V – CONCLUSION ET DISCUSSION .................................................................. 41
V.1 Terminologie
V.2 Nerfs splanchniques
V.3 Branches afférentes ortho-sympathiques
V.4 Espace rétro-rectal et ligament recto-sacral
V.5 Ligament latéral du rectum
VI – APPLICATIONS CHIRURGICALES ............................................................ 43
VI.1 Exérèse totale du mésorectum et préservation de l’innervation autonome à destinée
génito-urinaire
VI.2 Complications génito-urinaires de la chirurgie rectale
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ................................................................. 47
-4-
INTRODUCTION
Le plexus hypogastrique inférieur
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Introduction
Le plexus hypogastrique inférieur représente la "plaque tournante" des fibres végétatives
afférentes et efférentes, destinées aux viscères pelvi-périnéaux. Responsable des innervations
vésico-sphinctérienne et génito-sexuelle, il peut être assimilé à un "chef d’orchestre" –
fonctionnellement primordial – menant de main de maître les courants autonomes, que tout
oppose, ortho- et para-sympathiques.
Nous rappellerons tout d’abord quelques notions fondamentales sur la topographie et
l’organisation du petit bassin, nécessaires à la compréhension globale de la situation et des
rapports du plexus hypogastrique inférieur.
Ceci nous permettra de mieux appréhender l’anatomie de la région, afin de présenter nos travaux
de dissections. Nous exposerons ensuite nos résultats qui traduiront le rôle joué par cette lame
nerveuse.
Enfin, nous déduirons de notre recherche une application chirurgicale directe, nécessitant de
solides bases anatomiques : la préservation de l’innervation autonome à destinée génito-urinaire
permet une chirurgie rectale de qualité.
-5-
INTRODUCTION
Le plexus hypogastrique inférieur
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I - Nomenclature
La plupart des formations nerveuses abordées ont donné naissance à une terminologie variée,
propre à entraîner la confusion. Ainsi, il nous est paru nécessaire de préciser, à ce stade, que ces
nerfs et plexus seront désignés par les termes d’usage courant et aisé, qui correspondent
généralement à la nouvelle nomenclature (Terminologia Anatomica) publiée en octobre 1998.
SYSTEME NERVEUX
VEGETATIF
ORIGINE
(AUTONOME)
NOMENCLATURE
ADOPTEE
Plexus hypogastrique
supérieur d’HOVELACQUE1
AUTRES DESIGNATIONS
▫ n. pré-sacré de LATARJET
▫ pl. inter-iliaque de DELMAS et LAUX
(pl. hypogastricus superior =
n. presacralis)
ORTHO-
Moelle lombaire
SYMPATHIQUE
(T12-L2)
Nerfs hypogastriques
d’HOVELACQUE
▫ nn. splanchniques pelviens de
DELMAS et LAUX
(nn. hypogastrici)
Nerfs splanchniques
sacraux
▫ nn. splanchniques périnéo-pelviens
de DELMAS et LAUX
(nn. splanchnici sacrales)
Moelle sacrée
(noyau paraPARA-
sympathique
SYMPATHIQUE
sacré)
Nerfs érecteurs d’ECKARDT2 ▫ nn. splanchniques pelviens de
HARTMANN3 (1899)
(nn. erigentes)
(nn. splanchnici pelvini)
▫ nn. pelviens de LANGLEY et
ANDERSON (1895)
▫ para-sympathique périnéal de
DELMAS et LAUX
▫ para-sympathique pelvien
(S2-S4)
ORTHOSYMPATHIQUE ET
PARASYMPATHIQUE
Plexus
hypogastrique
inférieur
(pl. hypogastricus inferior =
pl. pelvinus)
1
HOVELACQUE André (1880-1939) : anatomiste français (Paris)
2
ECKARDT Karl (1823-1905) : physiologiste allemand
3
HARTMANN Henri (1860-1952) : professeur de clinique chirurgicale à Paris
-6-
▫ pl. pelvien latéral
▫ pl. hypogastrique
▫ pl. ganglionné pelvi-périnéal de
DELMAS et LAUX
▫ gg. hypogastrique de LATARJET
▫ gg. de LEE
▫ gg. de FRANKENHÄUSER
NOMENCLATURE - I
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II - Rappels anatomiques
Le plexus hypogastrique inférieur se situe dans le petit bassin (pelvis minor), qui contient
essentiellement les organes génitaux internes, et les réservoirs excréteurs externes urinaire
(vessie) et digestif (rectum) [1].
II.1 Pelvis
Le pelvis est l’anneau osseux composé des deux os coxaux, du sacrum et du coccyx. Ces os sont
solidarisés par quatre articulations (la symphyse pubienne, les deux articulations sacro-iliaques
et l’articulation sacro-coccygienne) et par deux ligaments à distance (les ligaments sacro-tubéral
et sacro-épineux).
Il constitue le cadre osseux intermédiaire entre le tronc, au moyen de l’articulation lombo-sacrée
(L5-S1), et les membres inférieurs, au moyen des articulations coxo-fémorales.
Fig. 1. – Vue antérieure du pelvis
(d’après P. KAMINA)
1)
2)
3)
4)
art. lombo-sacrée
art. sacro-iliaque D
art. sacro-coccygienne
symphyse pubienne
1
2
3
4
II.2 Muscles et fascias pelviens pariétaux
Des muscles recouverts de leur fascia tapissent la paroi interne du pelvis et obturent le détroit
inférieur. Ils comprennent quatre muscles pairs :
▫ les muscles piriformes et obturateurs internes, qui sont d’origine intra-pelvienne et de
terminaison extra-pelvienne ; ils appartiennent fonctionnellement aux membres inférieurs ;
▫ les muscles élévateurs de l’anus et coccygiens, qui constituent le diaphragme pelvien.
-7-
RAPPELS ANATOMIQUES - II
Le plexus hypogastrique inférieur
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II.2.1 Le diaphragme pelvien
Le diaphragme pelvien est une cloison musculaire séparant la cavité pelvienne du périnée. Il
présente sur son axe sagittal :
▫ en avant, le hiatus uro-génital, traversé par l’urèthre et le vagin chez la femme et par l’urèthre
chez l’homme ;
▫ et en arrière, le hiatus anal contenant le canal anal.
Le diaphragme pelvien est constitué :
▫ du muscle élévateur de l’anus (levator ani) : chaque muscle élévateur de l’anus part d’une
ligne d’insertion située dans le plan du détroit moyen, pour se diriger en bas et en arrière vers la
région ano-coccygienne. Du point de vue morphologique et fonctionnel, il présente deux
parties : le muscle ilio-coccygien (mince, essentiellement statique) et le muscle pubo-coccygien
(épais, essentiellement dynamique).
▫ et du muscle coccygien : muscle accessoire, il est triangulaire et adhérent au ligament sacroépineux. Il naît de la face interne de l’épine sciatique et se termine sur les bords latéraux du
coccyx et des vertèbres sacrales S4 et S5.
Fig. 2. – Vue supéro-médiale
du muscle élévateur de l’anus
(d’après P. KAMINA)
1) m. obturateur interne
2) m. piriforme
3) arcade tendineuse du m. élévateur de l’anus
4) m. pubo-coccygien
1
2
5) m. sphincter externe de l’anus
6) m. coccygien
7) m. ilio-coccygien
8) lig. ano-coccygien
3
6
7
4
8
5
II.2.2 Le fascia pelvien pariétal
Le fascia pelvien pariétal recouvre les muscles de la paroi pelvienne et délimite, avec le
péritoine pelvien, l’espace pelvi-sous-péritonéal. Son bord périphérique adhère au périoste,
adjacent aux insertions musculaires. Son bord médial se continue avec le fascia pelvien viscéral
et se fixe sur les ligaments pubo-vésicaux, le centre tendineux du périnée et le ligament anococcygien.
Il est formé essentiellement du fascia obturateur interne situé au-dessus du muscle élévateur de
l’anus et du fascia supérieur du diaphragme pelvien.
-8-
RAPPELS ANATOMIQUES - II
Le plexus hypogastrique inférieur
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Il est avant tout un moyen efficace d’amarrage des viscères pelviens en raison de la
continuité des fascias pelviens pariétal et viscéral. En effet, le fascia pelvien pariétal, bien
fixé à la paroi ostéo-musculaire, constitue un solide hamac de soutien du fascia pelvien
viscéral, donc des viscères eux-mêmes.
Fig. 3. – Vue supérieure du
fascia pelvien (petit bassin
féminin)
(d’après B.J. ANSON)
1) n. obturateur
2) arcade tendineuse du fascia
pelvien
3) fascia viscéral
4) a. et v. iliaques ext.
5) fascia vaginal
6) fascia du m. obturateur
interne
7) rectum et fascia péri-rectal
8) n. fémoral
9) m. psoas
10) fascia supérieur du
3
4
5
1
6
7
2
8
9
10
II.3 Artères pelviennes
Les artères pelviennes dérivent essentiellement des artères iliaques internes, accessoirement de
l’artère sacrale médiane et exceptionnellement des artères iliaques externes.
II.3.1 L’artère iliaque interne1
Branche médiale de bifurcation de l’artère iliaque commune, l’artère iliaque interne est une
artère de grande importance fonctionnelle. Elle vascularise les régions pelvienne, périnéale,
glutéale et obturatrice. Elle mesure environ 4 cm de longueur et 8 mm de calibre.
Elle naît souvent au niveau du disque lombo-sacral, puis descend verticalement contre la paroi
pelvienne, accompagnée des nœuds lymphatiques inter-iliaques et iliaques internes. Elle
répond :
▫ latéralement, à la veine iliaque interne qui la déborde en avant, et la sépare du nerf obturateur ;
▫ en arrière, à l’articulation sacro-iliaque et au tronc lombo-sacral ;
▫ médialement, à l’uretère qui est situé en avant, à droite et qui la croise, à gauche. Recouverte
du péritoine pariétal, elle répond, chez la femme, à l’ovaire et à l’ampoule tubaire.
1
Ancien : artère hypogastrique
-9-
RAPPELS ANATOMIQUES - II
Le plexus hypogastrique inférieur
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Fig. 4. – Artère iliaque interne
et ses branches (petit bassin
féminin)
Elle se divise à hauteur de la grande incisure ischiatique en de nombreuses branches :
▫ l’artère ombilicale : à la naissance, sa partie distale devient un cordon fibreux, le ligament
ombilical médial ;
▫ l’artère obturatrice : elle est longée au-dessus par le nerf obturateur et au-dessous par la veine
obturatrice ;
▫ l’artère rectale moyenne1 : elle se dirige en bas et médialement vers la face latérale du rectum,
dans le ligament latéral du rectum ;
▫ l’artère honteuse interne (ou pudendale), destinée au périnée ;
▫ l’artère glutéale inférieure, destinée aux régions glutéale et fémorale postérieure ;
▫ l’artère du conduit déférent2 ;
▫ l’artère vésicale inférieure ;
▫ l’artère utérine ;
▫ l’artère vaginale ;
▫ l’artère ilio-lombaire ;
▫ les artères sacrales latérales : au nombre de deux, elles se dirigent médialement. L’artère
sacrale latérale supérieure se dirige vers le premier foramen sacré. L’artère sacrale latérale
inférieure, plus volumineuse, descend verticalement le long des foramens sacrés. Dans 40 % des
cas, il n’existe qu’une seule artère sacrée latérale qui descend le long des foramens sacrés ;
▫ l’artère glutéale supérieure, destinée à la région glutéale.
II.3.2 L’artère iliaque externe
Branche latérale de bifurcation de l’artère iliaque commune, l’artère iliaque externe est une
artère de passage pelvienne, destinée au membre inférieur et à la paroi abdominale. Elle mesure
environ 10 cm de longueur et 9 mm de calibre.
1
Ancien : artère hémorroïdale moyenne
2
Ancien : artère vésiculo-déférentielle
- 10 -
RAPPELS ANATOMIQUES - II
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II.3.3 L’artère sacrale médiane
Elle est grêle, et naît à la face postérieure de la terminaison de l’aorte abdominale. Elle descend
contre la face antérieure de la cinquième vertèbre lombaire, puis du sacrum et du coccyx, pour
se terminer par le glomus coccygien1. À son origine, elle est derrière la veine iliaque commune
gauche.
II.4 Veines pelviennes
Les veines pelviennes sont drainées principalement par les veines iliaques internes et
secondairement par les veines iliaques externes, iliaques communes, rectales supérieures et
ovariques. Chez la femme, ce système est complexe en raison de l’existence d’un important
réseau veineux génital et des modifications gravidiques.
II.4.1 La veine iliaque interne
La veine iliaque interne est une veine avalvulée qui mesure environ 4 cm de longueur et 12 cm
de calibre.
Elle est située, à droite, en arrière de l’artère iliaque interne ; à gauche, elle est postérieure et
médiale à l’artère. Elle répond :
▫ en avant, à l’uretère à droite ; à gauche, l’artère iliaque interne sépare l’uretère et la veine ;
▫ en arrière, au plexus sacré, au muscle piriforme et à l’articulation sacro-iliaque.
Ses veines affluentes sont satellites des artères et drainent les plexus veineux pelviens.
II.4.2 La veine iliaque externe
Elle fait suite à la veine fémorale après le ligament inguinal2 et se termine en s’unissant avec la
veine iliaque interne pour former le veine iliaque commune.
II.5 Lymphocentres pelviens
Les nœuds lymphatiques pelviens sont situés dans le tissu conjonctif sous-péritonéal, au
voisinage des viscères et contre les vaisseaux iliaques, essentiellement.
1
Ancien : glande de LUSHKA
2
Ancien : arcade crurale
- 11 -
RAPPELS ANATOMIQUES - II
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II.6 Topographie pelvienne
La cavité pelvienne est une extension de la cavité abdominale et comprend, chez l’homme et
chez la femme, un axe viscéral situé dans sa portion médiane, une couverture péritonéale – le
péritoine pelvien – et l’espace pelvi-sous-péritonéal.
II.6.1 Les généralités
Certains viscères sont recouverts du péritoine pelvien formant leur séreuse. Les surfaces nonpéritonisées présentent un revêtement adventiciel ou fascia viscéral.
Le péritoine pelvien dessine entre les viscères des culs-de-sac péritonéaux, et de chaque côté de
ceux-ci, des fosses et des plis péritonéaux.
L’ensemble des fascias viscéraux constitue le fascia pelvien viscéral. Il est en continuité avec
4
Fig. 5. – Fascias, espaces et
septums
du petit bassin féminin
5
6
7
1
E
A
2
B
3
8
9
10
11
12
C
D
13
5) a. sacrale médiane et espace pré-sacral
6) fascia pré-sacral
7) espace rétro-rectal
8) fascia péri-rectal
9) septum recto-vaginal
10) rétinaculum caudal
11) fascia vaginal
12) lig. ano-coccygien
13) centre tendineux du périnée
A - Cul-de-sac vésico-utérin
B - Espace rétro-pubien
C - Espace profond du périnée
D - Espace superficiel du périnée
E - Cul-de-sac recto-utérin
1) lig. ombilical médian
2) septum uro-génital
3) fascia rétro-vésical
4) espace rétro-péritonéal
le fascia pelvien pariétal.
Situé sous le péritoine pelvien, l’espace pelvi-sous-péritonéal est comblé par du tissu conjonctif
lâche important du point de vue fonctionnel et chirurgical. Ce tissu conjonctif s’organise en
- 12 -
RAPPELS ANATOMIQUES - II
Le plexus hypogastrique inférieur
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structures variées : les surfaces d’accolement, les ligaments viscéraux et les espaces paraviscéraux.
▫ Les surfaces d’accolement viscéral comprennent les septums, les espaces rétro-pubien et rétrorectal. L’espace rétro-rectal1 prolonge en bas l’espace retro-péritonéal et unit le rectum (par
l’intermédiaire de son méso) au fascia pré-sacral. Latéralement, il est en continuité avec les
espaces para-rectaux, au-dessus des ligaments latéraux du rectum2. Le fascia pré-sacral est une
lame dense qui se fixe sur la face antérieure du S1, sur le ligament ano-coccygien, et entre les
foramens sacrés pelviens. Entre le fascia pré-sacral et le sacrum existe un espace pré-sacral, qui
contient les vaisseaux sacrés médiaux.
▫ Les ligaments viscéraux sont des structures conjonctives lâches, mal définies, mais qui
deviennent apparentes et plus faciles à isoler lors de la traction (chirurgicale) des viscères [1].
▫ Les espaces para-viscéraux correspondent aux parties non-ligamentaires des régions pelvisous-péritonéales. Ces espaces, facilement clivables du point de vue chirurgical, permettent la
dissection et la ligature des ligaments viscéraux. On distingue les espaces para-vésicaux et pararectaux3 (ou étage supérieur de la fosse ischio-rectale).
II.6.2 La gaine hypogastrique et
la lame sacro-recto-génito-pubienne
L’espace pelvi-sous-péritonéal contient les viscères pelviens sur la ligne médiane, les vaisseaux
et les nerfs du petit bassin latéralement. Il est cloisonné par des formations cellulo-fibreuses
accompagnant les vaisseaux du petit bassin.
La gaine hypogastrique recouvre les vaisseaux iliaques internes et leurs branches [2]. Sont
individualisables, d’avant en arrière, trois formations transversales : la tente des artères
ombilicales, la tente des artères génitales et la tente des artères rectales moyennes (qui forme
l’essentiel des ligaments latéraux du rectum).
La lame sacro-recto-génito-pubienne4 est une aponévrose fibreuse qui s’étend du pubis au
sacrum, en dedans des foramens sacrés ventraux. Elle est placée entre les faces latérales de la
prostate (chez l’homme) et du rectum en dedans, et la partie inférieure de l’aponévrose
pelvienne en dehors. De chaque côté du rectum, la lame sacro-recto-génito-pubienne forme la
partie latérale de la gaine du rectum (mésorectum).
Ces lames divisent l’espace pelvi-sous-péritonéal en trois zones : une médiane et deux latérales.
Les deux latérales représentent les espaces para-rectaux. La zone médiane, viscérale, est ellemême divisée en trois compartiments principaux : la loge vésicale en avant, la loge génitale,
puis la loge rectale en arrière.
De chaque côté du rectum, les portions les plus charnues des lames sacro-recto-génito-pubiennes
constituent les ligaments génito-sacrés [3]. Ces formations sagittales font le lit, dans leur partie
médiale, du plexus hypogastrique inférieur.
1
Ancien : fascia de WALDEYER ou loge rétro-rectale de QUENU
2
Ancien : ailerons latéraux du rectum
3
Ancien : espace pelvi-rectal supérieur de RICHET
4
Ancien : aponévrose sacro-recto-génito-pubienne de DELBET
- 13 -
RAPPELS ANATOMIQUES - II
b
4
c
B
5
a. génitale
a. rectale moyenne
a. iliaque interne
plexus hypogastrique inf.
rectum
espace pré-sacral, avec chaîne symp. sacrée
et a. sacrale médiane
b
4
A
c
B
5
A - Gaine hypogastrique :
a) tente des a. ombilicales
b) tente des a. génitales
c) tente des a. rectales moyennes
B - Lame sacro-recto-génito-pubienne
- 14 -
1’) fascia vaginal
2’) septum uro-génital
3’) septum recto-vaginal
1)
2)
3)
4)
5)
6)
6
RAPPELS ANATOMIQUES - II
fascia rétro-vésical
ampoule du conduit déférent et vésicules séminales
septum recto-vésical
fascia péri-rectal
espace rétro-rectal
fascia pré-sacral
Fig. 6. – Coupes transversales du petit bassin (masculin et féminin). (d’après C. MONOD et B. DUHAMEL, modifiée)
3’
uretère
3
6
a
a. ombilicale
a
A
1’
vessie et son fascia
2
vagin
2’
m. obturateur interne et son fascia
espace rétro-pubien
pubis et symphyse pubienne
II.6.4 La topographie pelvienne chez la femme
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1
2
II.6.3 La topographie pelvienne chez l’homme
Le plexus hypogastrique inférieur
Le plexus hypogastrique inférieur
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II.7 Rectum
Le rectum est la portion terminale du tube digestif. Il fait suite au côlon ilio-pelvien (ou
sigmoïde), commence au niveau de la troisième vertèbre sacrée et se termine par le canal
anal [2].
Nous nous intéresserons plus particulièrement à la portion sous-péritonéale et nous n’aborderons
que les rapports du rectum utiles à notre exposé.
II.7.1 Les rapports
Face postérieure. – Elle répond à la face antérieure du sacrum et du coccyx dont elle est
séparée par l’artère et la veine sacrales médianes, par les origines du muscle piriforme et les
branches ventrales des nerfs sacrés qui émergent des foramens sacrés ventraux.
Faces latérale. – Si le rectum est vide, elles sont en rapport avec le côlon sigmoïde et avec les
anses intestinales. S’il est distendu, les parois latérales se rapprochent de la paroi pelvienne et
répondent aux vaisseaux hypogastriques, à l’uretère, et, chez la femme, à l’ovaire.
II.7.2 Le mésorectum1
Les rapports que nous venons d’indiquer se font par l’intermédiaire du mésorectum. Cette entité
anatomique et embryologique est constituée de la graisse et des tissus cellulo-lymphatiques qui
entourent le rectum (ou atmosphère cellulo-ganglionnaire péri-rectale), circonscrit par le fascia
péri-rectal [5]. Elle contient les branches de division des vaisseaux et des nerfs à destinée
Fig. 7. – Coupe transversale du
petit bassin masculin
(d’après E. TIRET)
septum recto-vésical
fascia pariétal pré-sacral
vessie
vésicule séminale
a. rectale moyenne
plexus hypogastrique inf.
rectum
branches nerveuses
à destinée rectale
9) mésorectum
10) fascia péri-rectal
3
4
1
1)
2)
3)
4)
5)
6)
7)
8)
5
6
7
8
9
10
2
rectale, ainsi que les lymphatiques du rectum.
La description originale du mésorectum fut celle de T. JONNESCO2, publiée pour la première fois
en 1896 en français ; il donne alors au fascia péri-rectal le nom de « gaine fibreuse du rectum »
[6]. À l’instar de P. CHAPUIS, nous avons noté que cette définition simple, mais précise, du
fascia péri-rectal, bien que maintenue pratiquement inchangée depuis car non surpassée, a été
oubliée dans GRAY’s Anatomy, où il est décrit comme l’un des composants du fascia pelvien [7].
Le mésorectum est essentiellement développé en arrière, et sur les côtés. Il est donc entouré
d’une enveloppe assez fine, mais toujours individualisable : le fascia péri-rectal (ou fascia recti3,
feuillet viscéral du fascia pelvien).
1
c’est à RJ HEALD que l’on doit la vulgarisation du terme « mésorectum », qui n’est d’ailleurs pas, à proprement parler, un méso [6]
2
JONNESCO (IONESCU ou JONNESCU) Thoma : chirurgien et anatomiste roumain
3
le terme de « fascia propria recti » a été introduit par W. WALDEYER, dans Das Becken (Le bassin) publié en 1899
- 15 -
RAPPELS ANATOMIQUES - II
Le plexus hypogastrique inférieur
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Les parois pelviennes sont recouvertes par le feuillet pariétal de ce fascia pelvien, qui en
arrière correspond au fascia pré-sacral. Il existe entre ces deux feuillets, viscéral et pariétal,
un espace de glissement essentiellement présent en arrière, sous la forme d’un espace
pratiquement avasculaire : l’espace rétro-rectal [4].
Il naît en dessous de la ligne de réflexion – oblique, en U, antéro-latérale – du péritoine pelvien,
autour du rectum. Le mésorectum a donc son origine en dessous du cul-de-sac recto-vésical (ou
recto-utérin)1, en avant et directement sous le mésocôlon sigmoïde (à la face antérieure de S3),
en arrière. La limite inférieure du mésorectum est représentée par les muscles du plancher
pelvien (muscle élévateur de l’anus et coccygien) et leur aponévrose.
II.7.3 Les ligaments latéraux du rectum
Sur les côtés du mésorectum se trouvent les ligaments latéraux du rectum, qui selon HEALD et
ENKER, ne correspondent pas à une réalité anatomique, mais à un artifice de dissection : ils ne se
trouvent individualisés que par la mise en tension de leur trame conjonctivo-vasculaire et
nerveuse, par traction du rectum vers le haut. Les ligaments latéraux sont donc ce que P.
KAMINA propose d’appeler les ligaments viscéraux, c'est-à-dire des structures conjonctives
lâches, plus apparentes sous l’effet des tractions chirurgicales ou des ptôses viscérales [1].
Ils représentent, quoi qu’il en soit, un point de fixité latérale du mésorectum à la paroi latérale
du pelvis, grâce aux adhérences qu’ils forment entre le fascia pelvien viscéral et pariétal.
Le contenu de ces « ailerons » est très variable. L’artère rectale moyenne n’y est présente que
dans moins d’un tiers des cas. On y trouve, par contre de manière beaucoup plus constante, les
branches nerveuses à destinée rectale, issues du plexus hypogastrique inférieur (droit et gauche)
[10]. En dehors de ces quelques branches rectales, les nerfs et les plexus hypogastriques
inférieurs ne pénètrent pas dans le mésorectum. Ils cheminent en dehors de celui-ci, contre le
feuillet viscéral entourant le mésorectum.
1
Ancien : cul-de-sac de DOUGLAS
- 16 -
RAPPELS ANATOMIQUES - II
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
III - Dissections
III.1 Matériel
Au cours de notre étude, nous avons effectué la dissection de trois sujets adultes. Deux
d’entre eux avaient été préalablement fixés par une solution formolée, tandis que, pour
l’autre, la dissection débutait sur le sujet « frais », dont nous isolions le bassin. La pièce était
secondairement placée dans une solution formolée afin de la conserver et de poursuive la
dissection. Aucun des trois sujets ne semblait présenter d’antécédents de chirurgie pelvienne
susceptibles d’affecter l’anatomie du petit bassin.
Pour réaliser cette étude, nous avons eu recours à :
▫ manches de bistouris n°3 et n°4
▫ pinces à champ
▫ lames n°15 et n°23
▫ porte-aiguilles
▫ pinces à clamper
▫ ciseaux droits pointus
▫ scie
▫ ciseaux courbes mousses
▫ ciseaux à os
▫ pinces à disséquer standards avec et
sans griffes
▫ marteau
▫ rugines à os
▫ écarteurs type FARABOEUF
III.2 Méthodes
Le but de notre étude a été de décrire le plexus hypogastrique inférieur et de montrer ses
rapports. Par exemple, les relations entre l’innervation autonome à destinée génito-urinaire et le
fascia pelvien, notamment au niveau des ligaments latéraux du rectum, restent peu claires,
malgré les études concernant l’anatomie des nerfs pelviens. Une technique chirurgicale sûre est
basée sur une connaissance anatomique précise ; ainsi, une meilleure compréhension de la
configuration spatiale des nerfs végétatifs du petit bassin est susceptible de faciliter l’exérèse
totale du mésorectum, ainsi que la préservation de l’innervation autonome dans le traitement du
cancer rectal. Les dissections ont été réalisées pour étudier ces rapports anatomiques.
III.2.1 Le premier et le deuxième sujet
Nous débutons en réalisant une laparotomie médiane large, qui s’étend d’un point situé bien audessus de l’ombilic à la symphyse pubienne. Nous élargissons ensuite la voie d’abord
abdominale le long du bord inférieur du auvent costal et sur le pli inguinal. Puis, nous incisons
la ligne blanche de l’abdomen.
Nous nous sommes aidés de la technique d’exérèse totale du mésorectum pour progresser en
direction des plexus hypogastriques inférieurs [4]. Ainsi, avons nous tout d’abord ligaturé, puis
sectionné les vaisseaux mésentériques inférieurs. La section de l’artère est réalisée en amont de
l’artère colique supérieure gauche (Fig. 8). C’est à cette étape précoce de la dissection que s’est
quasiment terminée l’étude du premier sujet (pièce formolée de sexe féminin) ; le plexus
hypogastrique supérieur ayant été traumatisé lors de la section de l’artère mésentérique
inférieure, effectuée trop près de son origine à la face antérieure de l’aorte abdominale. D’autres
incidents se sont produit lors de l’éviscération ; tout cela nous a conduit assez rapidement à rééprouver notre technique sur un autre sujet (de sexe masculin, non formolé), mais, cette fois, en
redoublant d’attention.
- 17 -
DISSECTIONS - III
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
Les adhérences du tube digestif et de la paroi
péritonéale ayant été enlevées, le sujet est éviscéré, en
ayant pris soin de ligaturer le duodénum à son origine
(pylore) et le côlon sigmoïde à sa terminaison.
La dissection pelvienne est alors débutée dans le plan
qui sépare le feuillet pariétal du fascia pelvien (fascia
pré-sacral) en arrière, du feuillet viscéral (fascia périrectal ou fascia recti) en avant (Photo. 1). La traction
antérieure du rectum a mis en évidence l’espace rétrorectal, obstrué par un tissu friable, aisément rompu par
une dissection prudente. Il est indispensable de suivre le
plexus hypogastrique supérieur jusqu’à sa division et de
repérer dès cet instant, dans la fourche de division
aortique, les deux nerfs hypogastriques. Ceux-ci sont
plus adhérents au fascia recti (limitant le mésorectum)
qu’à la paroi pelvienne. Le décollement rétro-rectal
n’est amorcé qu’une fois les deux nerfs hypogastriques
individualisés (et éventuellement mis sur lacs). Il débute Fig. 8. – Ligature et section de
dans la fourche d’origine des nerfs et se poursuit sur la
l’artère mésentérique inférieure
ligne médiane, puis latéralement. Les nerfs
hypogastriques sont ensuite suivis sur tout leur trajet, de chaque côté, jusqu’au plexus
hypogastrique inférieur. La traction du rectum, en avant et en haut, devra être la plus tempérée
possible de façon à ne pas traumatiser les branches du système para-sympathiques nées des
branches antérieures des racines S2, S3 et S4 (nerfs érecteurs) et à ne pas déchirer le fascia recti,
sous peine de quitter le bon plan de dissection (« holy plane »). Il est à noter que cette étape ne
s’accompagne pratiquement d’aucune hémostase.
La dissection, qui se prolonge au contact, mais en dedans des plexus hypogastriques inférieurs,
rencontre une artère rectale moyenne, dont le diamètre n’a pas nécessité de ligature. En regard
de la quatrième pièce sacrée, la section du ligament recto-sacral (ou fascia recto-sacré) a été
effectuée, permettant de terminer la dissection postérieure jusqu’au plan des muscles élévateurs
de l’anus.
En avant, la dissection est menée au contact des vésicules séminales, devant le septum rectovésical1, qui est recoupé à la base de la prostate.
À la fin de cette dissection, le rectum pelvien entouré de son méso, complètement libéré de ses
attaches, est ligaturé le plus caudalement possible pour permettre son exérèse.
1
aponévrose prostato-péritonéale de DENONVILLIERS
- 18 -
DISSECTIONS - III
Le plexus hypogastrique inférieur
Photo. 1. :
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
Amorce du décollement rétro-rectal
dans l’angle de division du plexus hypogastrique supérieur
Ht
Dt
Veine cave inférieure ●
● Pl. hypogastrique sup.
A. iliaque commune D ●
● A. iliaque commune G
V. iliaque commune D ●
● V. iliaque commune G
Uretère D ●
● Uretère G
A. iliaque interne D ●
● Nerf hypogastrique G
A. iliaque externe D ●
Espace rétro-rectal
Nerf hypogastrique D ●
Mésorectum
- 19 -
DISSECTIONS - III
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
Pour faciliter la suite de l’étude, nous avons tout d’abord isolé le bassin, après quoi nous
avons réalisé une injection du système artériel pelvien à l’aide de latex Néoprène coloré en
rouge et fixé secondairement à l’acide acétique. Cette injection s’est limitée au territoire
vascularisé par l’aorte abdominale et le système artériel iliaque, depuis la naissance de
l’artère mésentérique inférieure jusqu’à l’origine des artères fémorales communes. Enfin,
nous avons sectionné le cadre osseux pelvien selon un plan joignant l’articulation sacroiliaque droite à la symphyse pubienne, ceci nous permettant un abord latéral du plexus
hypogastrique inférieur.
Après avoir mis en évidence le plexus hypogastrique droit et ses rapports, nous avons isolé le
gauche permettant une vue d’ensemble de la topographie de l’innervation autonome dans le petit
bassin.
III.2.2 Le troisième sujet
Nous avons réalisé, après avoir isolé le bassin d’un sujet formolé de sexe féminin, une coupe
sagittale médiane, qui n’a apparemment pas endommagé l’anatomie rétro-rectale. Dans la
compréhension de l’anatomie pelvienne, la dissection d’un hémi-bassin a de nombreux
avantages comparé à l’abord chirurgical. Cela nous offre un bon accès, permet une orientation
aisée des pièces grâce aux vertèbres sacrées et met bien en évidence l’espace rétro-rectal.
Une légère traction antérieure du rectum induit un espace (comblé par un tissu aréolaire),
postérieur à la graisse péri-rectale et antérieur à la paroi pelvienne : l’espace rétro-rectal (Photo.
2). Celui-ci est doublé de deux feuillets du fascia pelvien : le feuillet pariétal du côté dorsal
(sacré) et le feuillet viscéral (ou fascia péri-rectal ou fascia recti) du côté ventral (rectal). Les
deux feuillets sont fins ; cependant, il peuvent être séparés de la paroi pelvienne ou de la graisse
mésorectale assez aisément. En regard de la quatrième vertèbre sacrée, les deux feuillets sont
solidement réunis par une formation fibreuse dense : le ligament recto-sacral (ou fascia rectosacré), devenant plus fragile puis disparaissant latéralement après 1 à 2 cm (Photo. 2). Ces
observations concordent avec les études anatomiques de K. HAVENGA [8], subséquentes à la
classique description de T. JONNESCO.
La section du ligament recto-sacral et l’ouverture de l’espace rétro-rectal latéralement laissent
entrevoir les nerfs érecteurs (Photo. 16). La dissection se poursuit ensuite sur le modèle de celle
réalisée par A.P.S. KIRKHAM [9] en ouvrant d’abord une fenêtre dans la paroi rectale afin de
monter la proximité du plexus hypogastrique inférieur, puis en réclinant totalement le rectum
médialement pour mettre en évidence les branches efférentes.
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DISSECTIONS - III
Le plexus hypogastrique inférieur
Photo. 2. :
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
Dissection superficielle de l’espace rétro-rectal
mettant en évidence le fascia recto-sacral
Avt
Bas
Vagin
Utérus
Rectum
Disque inter-vertébral ●
1ère vertèbre sacrée (S1) ●
Canal anal
● Coccyx
Anse sigmoïde longue
4ème vertèbre sacrée (S4) ●
Ligament recto-sacral
Espace rétro-rectal
- 21 -
DISSECTIONS - III
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
IV - Résultats
Le plexus hypogastrique inférieur est un plexus nerveux, ganglionné, pair ; il est situé dans la
cavité pelvienne et composé d’un enchevêtrement plexiforme de filets nerveux auxquels
s’adjoignent de minuscules et multiples formations ganglionnaires ; il est destiné à l’innervation
autonome (ou végétative) des viscères pelviens et des organes érectiles [11].
IV.1 Description
IV.1.1 La situation
Le plexus hypogastrique inférieur est situé dans l’espace para-rectal au-dessus du muscle
élévateur de l’anus et en-dessous du péritoine pelvien ; il est compris dans le tissu conjonctivovasculaire de la gaine hypogastrique d’où il tire son nom ; il est appliqué contre les parties
latérales des viscères pelviens : vésicules séminales et rectum chez l’homme ; rectum, cul-de-sac
recto-utérin chez la femme (Photo. 3).
Dans les deux sexes, il occupe la base des lames sacro-recto-génito-pubiennes (dont il constitue
l’armature), au niveau des ligaments génito-sacrés.
IV.1.2 La forme et les dimensions
Le plexus hypogastrique inférieur présente
l’aspect d’une lame nerveuse aplatie,
irrégulière, grossièrement quadrilatère ou
rhomboïde et fenêtrée dont les bords sont
prolongés par de nombreuses pointes
nerveuses ; celle-ci est inclinée sur le plancher
pelvien et disposée obliquement de haut en
bas, de dehors en dedans et d’arrière en avant.
Ses dimensions sont d’environ 5 cm de
longueur et 2 cm de hauteur (Photo. 4). Son
centre est situé un peu en arrière du diamètre
transverse maximum de l’excavation
pelvienne [11].
Photo. 4. :
Forme et dimensions
du plexus hypogastrique inférieur
Avt
Bas
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RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
Uretère D ●
Nerf hypogastrique D
Pl. hypogastrique inf. ●
Nerfs érecteurs
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RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
Photo. 3. :
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
Situation du plexus hypogastrique inférieur
dans le petit bassin féminin
Avt
Bas
Uretère ●
Vessie
Utérus et vagin
Péritoine ●
● A. rectale moyenne
Vx. iliaques externes ●●
Rectum (recliné)
A. iliaque interne ●
Diaphragme pelvien
Nerf hypogastrique
Pl. hypogastrique inf. ●
Nerfs érecteurs
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RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
IV.1.3 La constitution
Le plexus hypogastrique inférieur est constitué de deux couches de fibres nerveuses,
nombreuses et serrées : une couche profonde ou interne et une couche superficielle ou externe
(Photo. 5), réunies par de courtes anastomoses et par de nombreux ganglions (disséminés sur
toute l’étendue du réseau nerveux plexiforme et à peine visibles, juste devinables) dont
l’ensemble constitue les ganglions hypogastriques1.
▫ La couche interne (et plutôt supérieure) est la plus importante et la plus vaste ; elle s’étend en
avant jusqu’aux confins de la vessie. Elle reçoit les nerfs hypogastriques droit et gauche. Elle se
distribue principalement à la partie postérieure et inférieure de la vessie, à l’utérus, aux vésicules
séminales et au rectum.
▫ La couche externe, moins étendue que la précédente, est à la fois externe et inférieure par
rapport à cette dernière. Appliquée par son bord inférieur contre le muscle élévateur de l’anus,
elle reçoit par son bord postérieur des nerfs érecteurs. Elle se distribue principalement aux
organes érectiles, à la prostate et aux faces latérales de la vessie.
IV.2 Rapports
Par suite de sa forme et de son aspect, on peut lui considérer :
▫ deux faces : une interne, concave et une externe, convexe ;
▫ quatre bords : supérieur, inférieur, antérieur et postérieur.
Seuls les rapports de la face interne sont différents chez l’homme et chez la femme.
IV.2.1 La face interne
La face interne est en rapport :
▫ chez l’homme, avec la face latérale du rectum, avec la vésicule séminale et avec le bord latéral
du septum recto-vésical (Photo. 9). Elle n’arrive pas tout à fait au contact de la vessie, par
contre, elle entre en rapport avec la terminaison de l’uretère et du conduit déférent.
▫ chez la femme, avec la face latérale du rectum, le cul-de-sac recto-utérin et la partie supérieure
du vagin (Photo. 6). Elle n’atteint pas la bord latéral de l’isthme utérin.
IV.2.2 La face externe
La face externe est en rapports avec les vaisseaux ombilicaux et vésico-prostatiques compris
dans le tissu conjonctivo-vasculaire de la gaine hypogastrique (Photo. 7) (mais aussi avec les
veines plexiformes, collectant le sang veineux des plexus vésico-prostatiques, qui n’ont pas été
conservées). Enfin, dans les deux sexes, la partie postérieure de la face externe entre en rapport
avec l’artère rectale moyenne (Photo. 8) et le ligament latéral du rectum (qui aborde
latéralement l’ampoule rectale) (Fig. 10).
La figure 9 illustre schématiquement la distribution de l’artère iliaque interne (du troisième
sujet), permettant d’aborder plus aisément les photos des rapports vasculaires.
1
l’exceptionnel groupement ou conglomérat de ces corpuscules ganglionnaires formerait le ganglion de LEE et FRANKENHÄUSER, de volume appréciable [11]
- 29 -
RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
Photo. 5. :
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
Constitution du plexus hypogastrique inférieur
en deux couches nerveuses plexiformes réunies
Avt
Bas
Vx. iliaques externes ●●
Péritoine
Utérus (tiré en dedans)
N. obturateur ●
Ovaire
A. et V. obturatrices ●●
A. iliaque interne ●
Branches efférentes à
destinée rectale
Nerf hypogastrique ●
Couche interne ●
● Nerfs érecteurs
Couche externe et inf. ●
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RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
Photo. 6 :
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
Rapports de la face interne du plexus hypogastrique inférieur :
relation de proximité avec le rectum
Avt
Bas
Utérus
Vagin
Septum recto-vaginal
Péritoine ●
Canal anal
Nerf hypogastrique ●
● Pl. hypogastrique inf.
Vx. iliaques communs ●●
Paroi rectale (fenêtrée)
Ch. sympathique sacrée ●
2ème racine sacrée (S2) ●
4ème pièce sacrée (S4)
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RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
Photo. 7 :
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
Rapports de la face externe du plexus hypogastrique inférieur :
relations vasculaires
Avt
Bas
Muscle psoas
●● Vx. iliaques externes
● A. ombilicale
Uretère ●
A. iliaque interne ●
●● Vx. obturateurs
● Nerf obturateur
Ch. sympathique sacrée ●
Vessie
1ère racine sacrée (S1) ●
● A. vésicale supérieure
● A. vaginale
Nerf hypogastrique ●
● A. utérine
Nerfs érecteurs ●
Ovaire
Utérus
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RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
Photo. 8 :
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
Rapports de la face externe du plexus hypogastrique inférieur :
relation privilégiée de l’artère rectale moyenne
Avt
Bas
Nerf hypogastrique ●
Utérus (tiré en dedans)
Tronc moyen ●
● A. vésicale inférieure
1ère racine sacrée (S1) ●
● A. utérine
Tronc commun ●
de l’a. glutéale inf. et
de l’a. honteuse interne
● Pl. hypogastrique inf.
Muscle coccygien
Nerfs érecteurs ●
● A. rectale moyenne
4ème et 5ème racines ●
sacrées (S4 et S5)
- 33 -
RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
Tronc antérieur :
A. iliaque externe
Tronc moyen :
V. iliaque externe
A. iliaque interne
A. ombilicale (dont la
partie caudale est fibreuse)
A. obturatrice
A. utérine
A. rectale moyenne
A. honteuse interne
A. glutéale inférieure
A. vésicales sup.
Tronc postérieur :
A. ilio-lombaire
A. glutéale supérieure
A. vaginale
Champ
de tissu vert
A. vésicale inf.
Fig. 9. – Distribution de l’artère
iliaque interne,
Fig. 10. – Composition du
ligament latéral du rectum
(d’après K. SATO et T. SATO,
modifiée)
Le ligament est divisé par le plexus
hypogastrique inférieur (Plexus
pelvinus) en deux segments, médial
et latéral.
Nous pouvons noter le trajet de
l’artère rectale moyenne (A. rectalis
media), rapport intime du plexus
hypogastrique inférieur et constituant
majeur du ligament latéral du rectum
Elle doit traverser l’espace rétrorectal pour atteindre le mésorectum.
Des branches de l’artère rectale
moyenne courent médialement en
direction du rectum et percent le
- 34 -
RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
IV.2.3 Le bord supérieur
Le bord supérieur, concave vers le haut, est croisé par la face latérale du rectum, par l’uretère
(qui va aborder la face postérieure de la vessie). Il est en rapport avec l’artère ombilicale qui lui
est sus-jacente.
IV.2.4 Le bord inférieur
Le bord inférieur repose sur le muscle élévateur de l’anus dont il n’est séparé que par le fascia
pelvien. L’artère rectale moyenne croise ce bord ou traverse directement le plexus hypogastrique
inférieur pour atteindre notamment l’ampoule rectale.
IV.2.5 Le bord postérieur
Le bord postérieur, légèrement incurvé en dedans, situé à faible distance des foramens sacrés
ventraux et des racines qui en sortent, répond essentiellement à la face antérieure du sacrum sur
laquelle descendent les chaînes ortho-sympathiques sacrées et les artères sacrales médiale et
latérales. Ce bord reçoit les nerfs hypogastriques, les nerfs splanchniques sacraux et les nerfs
érecteurs.
IV.2.6 Le bord antérieur
Il s’arrête au niveau de la face postérieure de la vessie chez l’homme, un peu en arrière du
septum uro-génital chez la femme. Sa limite est imprécise, car il correspond à la majorité des
branches efférentes.
6
12
7
8
1
9
2
10
3
11
4
Fig. 11. – Vue latérale
du plexus hypogastrique
inférieur chez l’homme
(d’après A. BOUCHET et J.
CUILLERET, modifiée)
1)
2)
3)
4)
5)
plexus vésiculo-déférentiel
plexus urétéro-vésical
plexus prostatique
nerf caverneux
plexus hypogastrique
inférieur
6) chaîne sympathique sacrée
7) rameaux du plexus
mésentérique inférieur
8) nerf hypogastrique
9) nerf splanchnique sacral
10) nerfs érecteurs
11) plexus rectal moyen
5
- 35 -
RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
Photo. 9 :
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
Vue générale du plexus hypogastrique inférieur
et de ses branches, chez un homme
Avt
Bas
●● A. et N. obturateurs
Nerf hypogastrique ●
A. sacrale médiane ●
Conduit déférent
Ch. sympathique sacrée ●
● Plexus prostatique
1ère racine sacrée (S1) ●
Vésicule séminale
Anastomose nerveuse ●
Prostate
Rameau communicant ●
gris
● Pl. hypogastrique inf.
● Nerfs érecteurs
A. sacrale latérale ●
- 36 -
RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
IV.3 Branches afférentes
Le plexus hypogastrique inférieur reçoit des branches nerveuses de quatre sources :
▫ du plexus hypogastrique supérieur, par l’intermédiaire des nerfs hypogastriques (qui
représentent en quelque sorte sa terminaison) ;
▫ des racines nerveuses sacrées, via les nerfs érecteurs ;
▫ de la chaîne ortho-sympathique sacrée, au moyen des nerfs splanchniques sacraux ;
▫ et du plexus mésentérique inférieur (Fig. 11).
IV.3.1 Les nerfs hypogastriques
Les nerfs hypogastriques (essentiellement constitués de fibres ortho-sympathiques postganglionnaires, mais également de fibres de la sensibilité viscérale pelvienne) sont issus du
plexus hypogastrique supérieur ; ce dernier est le résultat de la fusion d’une racine médiane
descendant du plexus mésentérique inférieur (Photo. 12) et de racines latérales (viscérales)
issues de ganglions de la chaîne ortho-sympathique lombaire latéro-vertébrale (Photo. 13).
Le plexus hypogastrique supérieur, dans la fourche de bifurcation aortique, se présente sous
deux aspects principaux (Photos. 10 et 11) :
▫ un type diffus (80 % des cas), où il est étalé et plexiforme ;
▫ un type lamellaire (tronculaire ou concentré) (20 % des cas), où il constitue une lame ou un
cordon aplati auquel peut éventuellement s’appliquer la dénomination de nerf.
Photos. 10 et 11 :
Les deux aspects
du plexus hypogastrique supérieur
T Y PE
● A. mésentérique inf.
PL E X I F OR M E
Avt
● Pl. mésentérique inf.
Ht
● Aorte
● Ch. sympathique sacrée
T Y PE
LAMELLAIRE
Plexus ●
hypogastrique
supérieur
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RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
Photo. 12 :
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
Racine médiane du plexus hypogastrique supérieur :
le plexus mésentérique inférieur
Ht
G
Aorte ●
Veine cave inférieure ●
Artère mésentérique inférieure ●
Plexus mésentérique inférieur ●
Uretère D ●
Plexus hypogastrique supérieur ●
Artère iliaque commune D ●
Photo. 13 :
Racines latérales du plexus hypogastrique supérieur :
les nerfs splanchniques lombaires
Avt
● Plexus mésentérique inf.
Bas
● Plexus hypogastrique sup.
● A. iliaque commune D
● Veine sacrale médiane
● V. iliaque commune G
● Ch. sympathique sacrée
● Nerfs splanchniques
lombaires
- 38 -
RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
Les deux nerfs hypogastriques naissent à environ 1 cm en dehors de la ligne médiane et à 2 cm
en dedans des uretères, à la face antérieure du promontoire ou de la première pièce sacrée
(Photo. 15) ; ils s’écartent l’un de l’autre comme un Y renversé ( ) dont « la fourche embrasse
la face postérieure du rectum » [13].
Ils se dirigent en avant, en bas et en dehors, médialement par rapport aux vaisseaux
hypogastriques ; ils se terminent dans le plexus hypogastrique inférieur au niveau de sa corne
postéro-supérieure et dans sa couche profonde. À leur terminaison, ces nerfs sont dissociés en
un réseau richement anastomosé et étalé dans le sens sagittal. Leur longueur est d’environ 9 cm
(Photo. 14).
Au cours de leur trajet, les nerfs hypogastriques donnent les rameaux collatéraux suivants :
▫ le nerf urétéral1 destiné à l’uretère pelvien (Photos. 22 et 23) ;
▫ des rameaux anastomotiques (situés devant le sacrum) avec le nerf controlatéral ;
▫ et des rameaux vasculaires pour certaines branches collatérales de l’artère iliaque interne
(Photo. 21).
Photo. 14 :
La composante afférente ortho-sympathique :
le nerf hypogastrique, ses dimensions
Avt
Bas
1
Ancien : nerf urétéral principal inférieur de LATARJET
- 39 -
RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
Photo. 15 :
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
La composante afférente ortho-sympathique :
Ht
le nerf hypogastrique, sa situation et son trajet
G
● N. fémoral
Pl. hypogastrique sup. ●
A. sacrale médiale ●
● N. obturateur accessoire
Ch. sympathique sacrée ●
● N. obturateur
● Tronc lombo-sacral
A. sacrale latérale ●
● A. glutéale supérieure
Pl. vésiculo-déférentiel ●
● Nerf hypogastrique G
Vésicule séminale
Conduit déférent
● Pl. hypogastrique inf.
- 40 -
RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
IV.3.2 Les nerfs érecteurs d’ECKARDT
Les nerfs érecteurs d’ECKARDT sont issus des racines nerveuses sacrées ; ces fibres parasympathiques sont au nombre de trois ou quatre et naissent des deuxième, troisième et
quatrième branches antérieures des nerfs sacrés (constitutives du plexus honteux). Le rameau
splanchnique pelvien provenant de la troisième racine sacrée constitue le tronc le plus
volumineux (Photos. 16, 17 et 18).
Ils courent suivant un trajet se dirigeant en avant, en dedans et en haut au contact du muscle
piriforme. Ils sont enchevêtrés avec des ramifications vasculaires ; au voisinage de leur
terminaison, ils perdent toute individualité et échangent entre eux de nombreuses
anastomoses. Ils se terminent au niveau de l’angle postéro-inférieur du plexus hypogastrique
inférieur, dans sa couche superficielle.
IV.3.3 Les nerfs splanchniques sacraux
Abordées par G. PATURET dans son Traité d’anatomie humaine [11], les branches nées de la
chaîne ortho-sympathique sacrée sont si grêles qu’elles n’ont pas être identifiées avec certitude
(Photos. 17 et 18).
La chaîne ortho-sympathique sacrée (ou pelvienne) (Pars pelvina), représentant la portion
terminale de la chaîne ortho-sympathique lombaire latéro-vertébrale, appartient au système
végétatif pelvien. Elle descend appliquée sur la face ventrale du sacrum, en dedans des foramens
sacrés ventraux et se termine en un « pinceau de filets » [13] sans former d’anse anastomotique
avec la chaîne controlatérale. Elle comprend de chaque côté quatre ganglions allongés (Photo.
20), d’autant plus petits que l’on se rapproche du coccyx. Ceux-ci sont reliés aux branches
antérieures des nerfs sacrés par des rameaux communicants gris (exclusivement, constitués de
fibres post-ganglionnaires) [14], généralement au nombre de deux par ganglions, isolés
précautionneusement sur les pièces de dissection (Photo. 19).
IV.3.4 Les branches issues du plexus mésentérique inférieur
Sont parfois décrites des branches nerveuses provenant du plexus mésentérique inférieur, et plus
précisément du plexus (secondaire) rectal supérieur, venant s’adjoindre soit aux nerfs
hypogastriques, soit aux plexus hypogastriques inférieurs (Fig. 11).
- 41 -
RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
Photo. 16 :
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
La composante afférente para-sympathique :
Avt
les nerfs érecteurs d’ECKARDT (I)
Bas
● Tronc moyen
de division
de l’a. iliaque interne
Ch. sympathique sacrée ●
1ère racine sacrée (S1) ●
● Nerfs érecteurs,
issus de S2 et S3
Rameau communicant ●
gris
Anastomose nerveuse ●
Musculeuse rectale
3ème ganglion ●
ortho-sympathique
● 5ème racine sacrée (S5)
4ème racine sacrée (S4) ●
● Nerfs érecteurs,
issus de S4
- 42 -
RESULTATS - IV
Ht
G
Photos. 17 et 18 :
Le plexus hypogastrique inférieur
- 43 -
● nerfs érecteurs
● 4ème racine sacrée (S4) ●
● ganglion sympathique
● nerf splanchnique sacral ●
nerfs érecteurs ●
● ch. symp. sacrée
● 3ème racine sacrée (S3) ●
les nerfs érecteurs d’ECKARDT (II)
La composante afférente para-sympathique :
Bas
RAPPELS ANATOMIQUES - II
Avt
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
Le plexus hypogastrique inférieur
Photos. 19, 20 et 21 :
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
Le système ortho-sympathique :
une morphologie caractéristique
Ht
G
● Chaîne ortho-sympathique sacrée
● Rameau communicant extra-orificiel (ou antérieur), court
● Rameau communicant intra-orificiel (ou postérieur), récurrent
● Ganglion ortho-sympathique
● Racines sacrées
Avt
Bas
Ganglion de la chaîne ortho-sympathique sacrée ●
Rameau ostéo-musculaire ●
Rameau commissural ●
Suite de la chaîne sacrée ●
Avt
Bas
● Veine obturatrice
● Artère obturatrice
● Filets ortho-sympathiques vasculaires
● Nerf obturateur
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RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
IV.4 Branches efférentes
Les branches efférentes du plexus hypogastrique inférieur sont de trois ordres :
▫ branches vasculaires pour les vaisseaux iliaques internes et leur branches ;
▫ branches péritonéales ;
▫ et branches viscérales.
Ces dernières sont les plus importantes et diffèrent suivant le sexe ; elles sont destinées soit aux
viscères pelviens digestifs et génito-urinaires, soit aux organes érectiles (corps caverneux) (Fig.
11) ; elles forment un lacis nerveux dont la dissection est rendue difficile par l’atmosphère
graisseuse et les condensations conjonctives.
Avant d’aborder le viscère auquel ils sont destinés, ces nefs viscéraux s’anastomosent
incomplètement entre eux et présentent ainsi parfois de véritables plexus secondaires. Ces nerfs
présentent fréquemment des boucles nerveuses autour des branches viscérales de l’artère iliaque
interne et autour de la portion terminale de l’uretère et du conduit déférent.
Nous pouvons donc distinguer au plexus hypogastrique inférieur autant de catégories de
rameaux efférents – nerfs ou plexus secondaires – qu’il y a d’organes dans le bassin.
IV.4.1 Le plexus rectal moyen
Le plexus rectal moyen est constitué de nombreuses branches de diamètre variable ; elles
suivent généralement un trajet indépendant des artères et peuvent être schématiquement divisées
en trois groupes (LATARJET et BONNET) (Photo. 22) :
▫ un groupe crânial qui n’a pu être individualisé ;
▫ un groupe moyen, né de la face interne du plexus et formé de nerfs très courts destinés aux
parois latérales du rectum ;
▫ et un groupe caudal, représenté par un filet nerveux volumineux qui longe la paroi rectale
jusqu’au plancher pelvien.
Les nerfs du rectum formant ce plexus moyen s’anastomosent avec les branches distales du
plexus rectal supérieur, qui constitue la terminaison du plexus mésentérique inférieur [12].
IV.4.2 Le plexus urétéro-vésical
Le plexus urétéro-vésical est composé d’un enchevêtrement de résilles nerveuses qui se
détachent des bords supérieur et antérieur du plexus hypogastrique inférieur. Elles se distribuent
à la partie terminale de l’uretère pelvien, à la face postérieure, à la base et à la face latérale de la
vessie (Photo. 22).
Il est possible d’individualiser une anastomose (rejoignant des branches de ce plexus) autour de
l’uretère, à un centimètre environ de sa terminaison, déterminant l’anse nerveuse péri-urétérale
(Photo. 23), de laquelle se détache des filets urétériques et des filets vésicaux.
Ces nerfs de la vessie, s’anastomosant entre eux à la surface de l’organe, fournissent quelques
rameaux pour la vésicule séminale et le conduit déférent.
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RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
Photo. 22 :
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
Le plexus rectal moyen
Avt
et le plexus urétéro-vésical
Bas
Nerf hypogastrique ●
Uretère
●● Pl. urétéro-vésical
Nerf urétéral ●
● Groupe (rectal) caudal
● A. rectale moyenne
Pl. hypogastrique inf. ●
● Groupe (rectal) moyen
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RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
Photo. 23 :
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
Le plexus urétéro-vésical, auquel participent
Ht
le nerf urétéral et l’anse nerveuse péri-urétérale
G
● Nerf hypogastrique
Uretère ●
Nerf urétéral ●
● A. vésicales sup.
Plexus urétéral ●●
● Pl. hypogastrique inf.
● A. obturatrice
Anse péri-urétérale ●
● A. vaginale
● Plexus vésical
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RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
IV.4.3 Le plexus prostatique
Les nerfs de la prostate se détachent du bord antérieur et inférieur du plexus hypogastrique
inférieur. Très richement anastomosés entre eux (formant un réel plexus secondaire périprostatique) dès leur origine, ils se distribuent aux faces latérales et à la face inférieure de la
prostate (Photo. 9).
IV.4.4 Le plexus vésiculo-déférentiel
Anastomosé au plexus urétéro-vésical, il émet des nerfs déférentiels intriqués (le long du
conduit déférent) (Photo. 15) et une série de branches anastomosées formant un plexus séminal
surtout en arrière.
IV.4.5 Le plexus utérin
Les nerfs de l’utérus représentent la majeure partie des branches efférentes de la couche
profonde du plexus hypogastrique inférieur ; ils sont issus de la moitié antérieure de cette
couche. Ils abordent l’utérus, placés en dedans et en arrière de l’artère utérine, au niveau de
l’isthme et de la partie sus-vaginale du col.
IV.4.6 Le plexus vaginal
Les nerfs du vagin sont assez nombreux et naissent du bord antérieur et de la corne antéroinférieure du plexus hypogastrique inférieur, en rapport avec les nerfs érecteurs (l’innervation du
vagin sera d’ailleurs surtout para-sympathique [13]).
Ils abordent le vagin par ses faces antérieure et postérieure et sont richement anastomosés autour
du conduit vaginal.
IV.4.7 Le nerf caverneux
Le nerf caverneux, destinés aux organes érectiles (corps caverneux de la verge et du clitoris,
bulbes vestibulaires et corps spongieux de l’urèthre), n’a pas pu être isolé. Il contient des fibres
ortho- et para-sympathiques. Il a la forme d’un plexus rejoignant le bord postéro-latéral de la
prostate, accompagné par l’artère capsulaire de la prostate et des veines prostatiques, formant les
bandelettes neuro-vasculaires de WALSH [4].
En outre, nous pouvons rappeler que les organes érectiles reçoivent aussi une innervation à
partir du nerf honteux (ou pudendal) qui de divise en deux rameaux : le nerf périnéal et le nerf
dorsal du pénis (ou du clitoris).
IV.5 Vascularisation
Tandis que le plexus hypogastrique supérieur est vascularisé par la portion terminale de l’aorte
et par l’artère sacrale médiane, le plexus hypogastrique inférieur reçoit sa vascularisation
principalement de l’artère rectale moyenne, qui croise son bord inférieur ou le traverse
complètement, en regard du nerf érecteur issu de la racine S3.
IV.6 Territoires d’innervation
La constitution du plexus hypogastrique inférieur en deux couches correspond aux deux
courants principaux des branches afférentes.
▫ Le plan interne et supérieur renferme des fibres ortho-sympathiques dont la majeure partie est
amyélinique. Elles se distribuent au rectum, à l’utérus, à la partie supérieure du vagin et aux
uretères.
▫ Le plan externe et inférieur renferme des fibres para-sympathiques myélinisées de différents
calibres. Elles sont destinées principalement au vagin, à l’urèthre et aux organes génitaux
externes [13].
Le système végétatif pelvien assure ainsi l’innervation vésico-sphinctérienne et génito-sexuelle.
Le système para-sympathique assure la motricité du détrusor et l’érection par vasodilatation des
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RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
tissus érectiles. Le système ortho-sympathique contrôle la tonicité cervico-uréthrale et
l’éjaculation notamment par contraction des vésicules séminales et fermeture du col vésical [15].
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RESULTATS - IV
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
V – Conclusion et Discussion
Dans cette étude, les rapports anatomiques du plexus hypogastrique inférieur, notamment
avec le rectum et son méso, sont décrits. Nous avons essayé, en outre, de présenter cette lame
nerveuse rhomboïde comme un carrefour de fibres afférentes (ortho- et para-sympathiques) et
efférentes, représentant la pierre d’angle de l’innervation autonome à destinée pelvienne.
Le plexus hypogastrique inférieur revêt une importance fonctionnelle majeure, ce qui justifie
par exemple sa conservation dans la chirurgie d’exérèse rectale. Cette étude des nerfs neurovégétatifs pelviens démontre plusieurs rapports anatomiques qui ne pourraient pas être
correctement analysés au cours d’une exérèse totale du mésorectum.
C’est donc ainsi, qu’une connaissance détaillée de l’anatomie rend possible la réalisation
d’une résection du rectum avec la totalité de son mésorectum tout en épargnant les nerfs
autonomes.
V.1 Terminologie
Nous avons vu, en introduction à cette étude, que le plexus hypogastrique inférieur avait
reçu, au fil des années, des noms divers et variés. LEE et FRANKENHÄUSER (1891) ont décrit à
la partie antérieure du plexus hypogastrique inférieur un ganglion situé chez la femme sur les
faces latérales du col utérin ; ce ganglion n’a pas été retrouvé lors de nos dissections et la
littérature s’accorde à dire qu’il n’existe pas [13]. Nous avons noté que certains ouvrages
anatomiques continuent cependant à distiller la dénomination de « plexus de
FRANKENHÄUSER » pour décrire l’association des plexus nerveux secondaires utérin et
vaginal.
V.2 Nerfs splanchniques
La neuro-anatomie générale nous a fait connaître les nerfs splanchniques thoraciques,
lombaires, sacraux et pelviens (ou nerfs érecteurs). Il faut se souvenir que « splanchnique »
signifie seulement « à destinée viscérale ». Il se trouve que les trois premiers proviennent de
la chaîne ganglionnaire sympathique et véhiculent des influx ortho-sympathiques, alors que
le quatrième n’a rien à voir avec cette branche du système neuro-végétatif (au contraire
même). Il peut être important de préciser cela pour éviter d’éventuelles confusions.
V.3 Branches afférentes ortho-sympathiques
Les fibres ortho-sympathiques, qui rejoignent le plexus hypogastrique supérieur, s’étendent dans
le tissu sous-péritonéal de chaque côté de l’aorte (Photo. 13). Elles sont d’ailleurs en relation
étroite avec l’artère mésentérique inférieure, et sont tendues par une traction antérieure de celleci.
Alors que le nerf hypogastrique descend du plexus hypogastrique supérieur, il est généralement
adhérent au fascia péri-rectal délimitant le mésorectum. À moins qu’il ne soit repéré et protégé
(mis sur lac), il est vulnérable au cours d’une dissection chirurgicale dans l’espace rétro-rectal,
au niveau mais surtout en-dessous du promontoire.
V.4 Espace rétro-rectal et ligament recto-sacral
Sur la ligne médiane caudalement, le plan chirurgical permettant un abord aisé du rectum, et sûr
pour l’innervation autonome, correspond à l’espace rétro-rectal, espace aréolaire quasiment
avasculaire.
La section et la ligature attentive du ligament recto-sacral, fort bien décrit notamment par K.
SATO et T. SATO en 1991 sous nom de fascia recto-sacré [10], correspondent à l’étape ultime
de l’ouverture de l’espace rétro-rectal, permettant d’achever la mobilisation postérieure du
rectum. P. CHAPUIS, à la suite de K. SATO et T. SATO, indique que cette bande fibreuse dense
contient d’ordinaire un important vaisseau. Il affirme que l’on peut y trouver soit une branche
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CONCLUSION ET DISCUSSION - V
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
anormale de l’artère sacrale médiane, soit des affluents du plexus veineux pré-sacral, soit la
veine sacrale basi-vertébrale, et que ces vaisseaux peuvent être la source d’une hémorragie
gênante [6]. Cette assertion est par ailleurs contestée par I.P. BISSET.
V.5 Ligament latéral du rectum
Tous les nerfs et vaisseaux sont noyés dans de la graisse et du tissu fibreux. Lorsque le
mésorectum est tiré médialement, le complexe de l’artère et de la veine rectales moyennes, du
plexus hypogastrique inférieur, des nerfs érecteurs (ou splanchniques pelviens) pénétrant le
mésorectum, et – ce qui est le plus important – leur tissu conjonctif d’accompagnement forme
une structure ayant la forme d’une bande, la silhouette d’un « ligament » s’étendant de la paroi
latérale du pelvis au mésorectum.
Néanmoins, au cours des présentes dissections, aucune structure bien délimitée ne fut trouvée,
s’apparentant à un ligament latéral. En effet, aucun ligament, en tant que tel, n’existe en
l’absence d’une dissection chirurgicale [1,8]. Ainsi, il serait préférable d’adopter, afin d’éviter
les confusions ou conclusions hâtives, une nouvelle dénomination qui engloberait à la fois :
▫ la composition de cette structure, essentiellement nerveuse et conjonctive [10] ;
▫ son illégitimité anatomique, car elle n’est individualisable qu’à la suite d’une traction ou d’une
ptôse viscérale ;
▫ sa situation – latérale – par rapport à l’organe ;
▫ le viscère auquel cette structure est reliée : le rectum ;
▫ et enfin, le rôle de soutien et de point de fixité qu’elle joue (d’où son nom actuel de ligament).
Il est déjà admis que le terme, par exemple, de "structure neuro-conjonctive – artéfactuelle –
latérale et fixante du rectum" ne pourra être retenu, du fait de son manque de concision, et
malgré sa cohérence et sa justesse anatomique.
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CONCLUSION ET DISCUSSION - V
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
VI – Applications chirurgicales
La chirurgie d’exérèse rectale est l’une des techniques chirurgicales dans lesquelles les nerfs
autonomes peuvent être lésés. D’autres opérations, comme la prostatectomie radicale, sont
susceptibles d’entraîner de graves conséquences sur les fonctions génito-urinaires.
VI.1 Exérèse totale du mésorectum et
préservation de l’innervation autonome à destinée génito-urinaire
La dissection parfaite et précise du rectum et du mésorectum permet de repérer et surtout de
respecter l’ensemble des nerfs du pelvis. On a recours à celle-ci essentiellement pour trois types
de maladies : le cancer du rectum, les maladies inflammatoires (de type recto-colite
hémorragique) et le prolapsus rectal (pour lequel, le traitement curatif correspond à la remise en
place et à la fixation du rectum dans une position physiologique).
La dissection du rectum est une étape fondamentale, mais risquée, à la base de la technique
d’exérèse totale du mésorectum (Total Mesorectal Excision, TME), dont la préservation de
l’innervation autonome à destinée génito-urinaire fait partie intégrante.
En matière de traitement chirurgical du cancer du rectum, une connaissance précise et une
application de l’anatomie du mésorectum et des nerfs du pelvis permettent de concilier les
impératifs carcinologiques et les objectifs fonctionnels ; c’est ainsi que l’exérèse totale du
mésorectum est devenue la règle d’or, minimisant les complications et le risque de récidive
locale [16].
Ainsi, le respect de l’innervation neuro-végétative pelvienne est possible sans pour autant
compromettre la qualité de l’exérèse. L’impuissance n’est plus considérée comme inéluctable,
encore moins comme le garant d’une exérèse carcinologique complète [4].
L’anatomie du fascia péri-rectal et de l’espace rétro-rectal est à la base de la technique
chirurgicale correcte de mobilisation postérieure du rectum, tout comme les plan rétroprostatique et rétro-vaginal sont des points de repère clef de la dissection antérieure [4, 6].
Le but de la technique est de mobiliser le rectum complètement enfermé par son environnement
graisseux et sans rompre le fascia péri-rectal, dont l’intégrité est le garant d’une exérèse
carcinologique de qualité [4]. On peut volontiers y parvenir en réalisant la dissection dans
l’espace rétro-rectal (espace de glissement se présentant sous la forme d’un espace pratiquement
avasculaire), situé entre le feuillet pariétal du fascia pelvien (ou fascia pré-sacral), qui recouvre
les vaisseaux pelviens et les nerfs nés du plexus nerveux sacro-lombaire et destinés aux
membres inférieurs, et le feuillet viscéral (ou fascia péri-rectal, fascia recti), qui revêt le
mésorectum [4, 16].
- 52 -
APPLICATIONS CHIRURGICALES - VI
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
2
1
3
Fig. 12. – Le pointillé montre le
plan dans lequel la dissection
doit être menée.
(d’après E. TIRET, modifié)
L’incision antérieure est faite sur le
versant ventral du cul-de-sac rectovésical et le plan de dissection passe en
avant du septum recto-vésical jusqu’à la
base de la prostate, où l’aponévrose est
sectionnée, le plan paraît en arrière
d’elle ensuite.
En arrière, tout le mésorectum est
réséqué.
1) Vésicule séminale
Le plan latéral d’exérèse totale du mésorectum passe en dedans du plexus hypogastrique
inférieur, alors que celui de l’exérèse élargie passe en dehors, contre la paroi pelvienne latérale.
À la fin de la dissection, le rectum pelvien et son méso se trouvent ainsi complètement libérés de
leurs attaches. L’aspect du mésorectum est caractéristique, avec ses deux joues postéro-latérales,
d’aspect lipomateux, séparées par un sillon médian [4].
Pour les cancers du rectum de stade inférieur à T4, l’exérèse totale du mésorectum est
impérative pour espérer un taux de récidive locale le plus bas possible (4 à 5 %), cette exérèse
enlève, en effet, le champ de dissémination initiale de la maladie néoplasique. L’identification
précises des nerfs du pelvis permet de mener la dissection dans le plan idéal : celui qui sépare
les feuillets pariétal et viscéral, et d’assurer un meilleur résultat fonctionnel urinaire et sexuel.
La plupart des auteurs relèvent que 80 % des patients ont une érection et une éjaculation
normales après préservation complète de l’innervation [4, 5, 16].
- 53 -
APPLICATIONS CHIRURGICALES - VI
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
VI.2 Complications génito-urinaires de la chirurgie rectale
L’environnement nerveux du rectum – dans le pelvis – rend compte des séquelles génitourinaires des opérations d’exérèse rectale pour cancer.
Le système nerveux ortho-sympathique contrôle la tonicité cervico-uréthrale et l’éjaculation. En
assurant la contraction des muscles lisses de l’épididyme, du conduit déférent et des vésicules
séminales, et en fermant le col vésical, il permet la propulsion du sperme dans l’urèthre
prostatique.
La motricité vésicale et l’érection sont sous la dépendance du système para-sympathique sacré.
Celui-ci intervient aussi dans l’expulsion de l’éjaculat par contraction des muscles périnéaux, de
la musculature uréthrale et relâchement du sphincter strié [4].
Les nerfs du pelvis peuvent être lésés en différents endroits durant la dissection du rectum (fig.
13) [4, 16, 17] :
1) Les fibres ortho-sympathiques peuvent être sectionnées, si la ligature de l’artère mésentérique
inférieure est faite trop près de sa naissance à la face ventrale de l’aorte abdominale.
2) Une lésion, voire une section, du plexus hypogastrique supérieur est possible en avant de la
bifurcation aortique et du promontoire, lors de la mobilisation du rectum. Cela résulterait en une
dénervation ortho-sympathique sexuelle (anéjaculation, éjaculation rétrograde – dans la vessie –
chez l’homme) et urinaire (incontinence, impériosité). Il est pourtant facile de l’éviter en
respectant le tissu rétro-péritonéal situé en avant de la fourche de division aortique et en arrière
du rectum.
3) Une section d’un ou des deux nerf(s) hypogastrique(s) est responsable là encore d’une
dénervation de type ortho-sympathique. Cette déchirure est généralement secondaire à une
traction excessive du rectum vers le haut.
4) La section des nerfs érecteurs en arrière du plexus hypogastrique inférieur, rare à cet endroit,
est possible lors de la dissection aux ciseaux des ligaments latéraux du rectum. Ceci entraînerait
une dénervation para-sympathique (impuissance).
5) De même, les nerfs splanchniques sacraux et le plexus hypogastrique inférieur sont
particulièrement sujet à lésion quand cette structure est disséquée – trop près de la paroi
pelvienne – durant une opération. Il convient donc, avant d’amorcer une dissection du
ligament latéral, de trouver l’emplacement du plexus hypogastrique inférieur, de façon
systématique, en suivant le nerf hypogastrique, préalablement exposé.
6) De multiples branches efférentes du plexus hypogastrique inférieur peuvent être sectionnées,
résultant en une dénervation mixte (impuissance, troubles de l’éjaculation, troubles
mictionnels…).
7) Chez l’home enfin, la bandelette neuro-vasculaire (nerf caverneux accompagné du pédicule
capsulaire prostatique) se situe près du rectum et de la prostate, et est vulnérable non seulement
dans la résection antérieure, mais aussi lors de la prostatectomie radicale [9]. Les difficultés
d’hémostase (d’une plaie d’une veine capsulaire), que peuvent rencontrer les chirurgiens dans
cette région très vascularisée, sont susceptibles d’induire des traumatismes neveux de contact.
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APPLICATIONS CHIRURGICALES - VI
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
Fig. 13. – Risques de lésion
des nerfs autonomes
lors d’une dissection rectale.
(d’après E. T
, modifié)
La majeure partie de ces lésions peuvent aisément être évitées par une maîtrise de l’anatomie
de l’innervation autonome du petit bassin, dont découle tout naturellement les plans dans
lesquels la dissection doit s’opérer.
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APPLICATIONS CHIRURGICALES - VI
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
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APPLICATIONS CHIRURGICALES - VI
Le plexus hypogastrique inférieur
M.S.B.M. Anatomie ▪ 2001-2002
Références des illustrations
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