2 Gérer les ressources terrestres THÈME

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THÈME
2
Gérer les ressources
terrestres
◗ Programme et objectifs
pédagogiques du thème 2
Les trois chapitres de ce thème permettent de
mettre en œuvre les principes et les problématiques dégagés dans l’introduction concernant le
développement, le développement durable et la
croissance des besoins pour une population estimée de 9,5 milliards d’habitants à l’horizon 2050.
Le chapitre « Nourrir les hommes » existait déjà
dans les anciens programmes, mais le contenu de
cette question s’est enrichi depuis qu’on a développé le modèle de la « transition alimentaire »,
à l’instar des modèles des transitions démographique et urbaine. L’orientation est différente car
le fil directeur n’est plus seulement l’environnement comme dans le programme précédent,
mais le développement durable. Il en va de même
pour le chapitre « L’eau, ressource essentielle »,
à propos duquel les contenus ont moins changé
sur le fond que pour l’alimentation, mais où la
gestion durable est mise en avant. Enfin, le chapitre
consacré à l’énergie est nouveau en raison de la
place majeure qu’occupe cette question au plan
international et aussi parce que la thématique du
développement durable est ici centrale. On notera
cependant que l’énergie a occupé une place de
choix dans les programmes de géographie à la fin
des années 1970 et dans les années 1980, suite aux
« chocs énergétiques », et que ce n’est, somme
toute, qu’une question résurgente.
◗ Pour aller plus loin
LIVRES, REVUES, DOSSIERS
Il existe peu d’études générales sur l’ensemble des
ressources planétaires et leur gestion. Une bibliographie spécifique est donnée dans les parties du
livre du professeur correspondant à ces chapitres.
• Millennium Assessment Reports, ONU/PNUE
2005 (téléchargeables) : http://www.millenniumassessment.org/en/index.aspx
© NATHAN 2010 – Géographie 2de
❯ MANUEL PP. 44-135
• L’Atlas environnement, Le Monde diplomatique,
2007.
• Les Marchés mondiaux, Rapport Cyclope 2010,
P. Chalmin.
• L’État de la planète (revue téléchargeabe),
Worldwatch Institute : http://www.delaplanete.org/
FILMS, DOCUMENTAIRES
• La Planète sous pression, M. Stenberg, J. Söderberg, L. Torell, Éditions Zylo, 2006.
• Solutions locales pour un désordre global, Coline
Serreau, 2010.
• Le Syndrome du Titanic, Nicolas Hulot, 2009.
SITES INTERNET
• FAO/Ressources naturelles et environnement :
http://www.fao.org/nr/nr-home/fr/
• Worldwatch Institute :
http://www.worldwatch.org/
• World Resources Institute : http://www.wri.org/
• Earth trends (site de données du World Resources
Institute) : http://earthtrends.wri.org/
OUVERTURE DU THÈME
❯ MANUEL PP. 44-45
◗ Commentaire de la photographie
La Frise, aux Pays-Bas, entre terre et mer
Le tiers de la superficie des Pays-Bas est situé
au-dessous du niveau de la mer et les polders,
terres conquises sur les marais maritimes par assèchement, constituent près de 20 % des surfaces
émergées du pays. Le territoire est donc depuis
longtemps un produit des aménagements humains
et la relation entre la terre et les eaux est le fruit
de savants équilibres. Si les Pays-Bas ne sont pas
les mieux placés en Europe en matière de développement durable, en raison de leur agriculture
intensive qui est l’une des plus productives du
monde et utilise beaucoup d’intrants chimiques,
ils affichent de bonnes performances en matière
de gestion de l’eau et d’énergies renouvelables et
mettent en œuvre des mesures de « renaturation
29 •
de leur territoire » en rendant à l’eau des terres
autrefois conquises par poldérisation.
Terres cultivées en damier géométrique, importante présence de l’eau, éoliennes, cette image
CHAPITRE
1
Nourrir les hommes
◗ Objectifs pédagogiques du chapitre
Deux études de cas permettent de préciser les
problématiques et de construire les notions. La
Chine, passée très vite de l’insécurité alimentaire
chronique à la suralimentation menaçante, offre
l’exemple d’un pays où la transition alimentaire
est accélérée et où les progrès agricoles plafonnent, d’où une dépendance accrue et des importations croissantes. Le Brésil, au contraire, s’affirme
comme un producteur majeur de la planète, mais le
choix du modèle productiviste a un coût environnemental et social élevé. La double page qui définit
et illustre les notions centrales (pp. 56-57) et la
double page de cartes qui lui fait suite (pp. 58-59),
permettent de généraliser les acquis des études de
cas en changeant d’échelle.
Les trois sous-parties du chapitre sont alors traitées sous forme de cours. Il s’agit d’abord de faire
le point sur la situation alimentaire mondiale en
rapport avec la transition démographique qui a
presque triplé la population mondiale depuis 1950,
en mesurant les progrès accomplis, les carences et
les besoins à venir compte tenu d’une transition
alimentaire qui se généralise. La problématique
de la sécurité alimentaire est développée dans un
deuxième temps en montrant que les inégalités
alimentaires se creusent alors que l’agriculture
vivrière est dans l’impasse et que le modèle de
l’agriculture productiviste qui nourrit actuellement le monde reste dominé par quelques pays
mais se généralise. On montre enfin, dans un troisième temps, que les atteintes à l’environnement,
• 30
de la Frise permet d’introduire les trois sujets qui
vont être traités dans cette partie du programme :
« Nourrir les hommes », « L’eau, ressource essentielle » et « L’enjeu énergétique ».
❯ MANUEL PP. 46-75
la pression sur les ressources, les risques alimentaires remettent en cause le modèle agroalimentaire dominant et que la réorientation vers une
agriculture durable apparaît comme une nécessité, mais que la mise en œuvre de ce nouveau
modèle pose bien des questions. Le dossier développement durable, la double page de révision et
les 3 doubles pages d’exercices et méthode viennent enfin conclure le chapitre, conformément à
la structure adoptée pour l’ensemble du manuel.
◗ Pour aller plus loin
BIBLIOGRAPHIE
• M. Griffon, Pour des agricultures écologiquement intensives, Éditions de l’Aube, 2010.
• S. Brunel, Nourrir le monde, vaincre la faim,
Larousse, 2009.
REVUES
• « La situation mondiale de l’alimentation et de
l’agriculture » : rapport périodique FAO/SOFA,
2009, dernier rapport disponible.
• « L’État de l’insécurité alimentaire dans le
monde » : FAO/SOFI, 2009, dernier rapport
disponible.
• « Demain, les guerres de la faim », Le Monde,
Dossiers et documents n° 377, 2008.
• « L’agriculture mondialisée », J.-P. Charvet, La
Documentation française n°8059, 2007.
FILMS, DOCUMENTAIRES
• Food Inc., Robert Kenner, 2009 :
http://www.foodinc-lefilm.com/
© NATHAN 2010 – Géographie 2de
• We feed the world (Le Marché de la faim),
E. Wagenhofer, 2007.
• Notre pain quotidien, N. Geyrhalter, 2005.
• Soylent Green (Soleil vert), R. Fleischer, 1973
(DVD Warner Bros).
• Super Size me, M. Spurlock, 2004.
• Vu du Ciel : Six milliards d’hommes à nourrir,
Y. Arthus-Bertrand, 2008.
SITES INTERNET
• FAO (Food and Agriculture Organization), Organisation des Nations unies pour l’alimentation
et l’agriculture, statistiques et études à l’échelle
mondiale : http://www.fao.org/index_fr.htm
• IRD, Institut de recherche sur le développement,
dossiers thématiques sur la nutrition :
http://www.mpl.ird.fr/suds-en-ligne/nutrition/
index.html
• CIRAD, Centre international en recherche agronomique pour le développement, nombreuses
publications et articles téléchargeables :
www.cirad.fr
• Via Campesina, un syndicat paysan qui milite
pour une agriculture plus respectueuse des sociétés et de l’environnement :
http://www.viacampesina.org/main_fr/
Commentaire des documents et réponses aux questions
OUVERTURE
❯ MANUEL PP. 46-47
Doc. 1 – Un milliard d’hommes
souffrent de la faim
La photographie montre, dans un camp de réfugiés
à l’est de la République démocratique du Congo,
l’aide distribuée par le Programme alimentaire
mondial (PAM) mis en place par les Nations unies
en 1963 et qui est la plus importante organisation
humanitaire mondiale. Le PAM permet la survie
alimentaire de 90 millions de personnes, dont
deux tiers d’enfants, et est intervenu dans environ
80 pays (entre 30 et 40 par an en moyenne) pour
une aide alimentaire structurelle mais aussi d’urgence. En RDC, on est entre le structurel et l’urgence, puisque le conflit de l’Afrique des Grands
Lacs, qui implique cette région, dure depuis deux
décennies. On notera que ce sont les femmes qui
sont les éléments-clés de l’alimentation en Afrique
(ainsi d’ailleurs que dans de nombreux pays du
Sud et même du Nord), que les vêtements sont
bariolés et que presque toutes portent des tongs,
sans doute fabriquées en Chine, ce qui en dit long
sur les effets de la mondialisation dans la région.
Doc. 2 – La suralimentation,
un fléau planétaire
Un article du journal Le Monde du 13 juillet
2010 titrait : « Pourquoi l’obésité explose-t-elle
© NATHAN 2010 – Géographie 2de
dans les pays émergents ? La malbouffe va-t-elle
remplacer la faim ? » Selon l’OMS, Organisation
mondiale de la Santé, 1,6 milliard de personnes
sont en surpoids dans le monde dont 700 millions
sont obèses, alors que le nombre d’affamés est
de 1 milliard. D’ores et déjà, la suralimentation
a dépassé la sous-alimentation. L’OMS prévoit
2,3 milliards de personnes en surpoids en 2015
et 3,3 milliards en 2030, dont 80 % dans les pays
du Sud. La Chine, le Brésil, l’Afrique du Sud, le
Proche et le Moyen-Orient enregistrent une flambée de l’obésité, que l’on a longtemps associé aux
seuls États-Unis. Dans ce pays, l’obésité a été
désignée comme fléau national n°1 en 2002 et le
coût estimé de cette pathologie est de 150 milliards
de $ par an. Les États-Unis sont encore le pays
où il y a le plus d’obèses mais le taux d’obésité
américain est désormais dépassé par plusieurs
pays du Sud et la Chine sera, à court terme, le
pays comptant le plus d’obèses au monde. Dans
ce pays, la mortalité liée au surpoids représente
désormais près du tiers des décès.
Cette caricature qui évoque la malbouffe – sodas,
hamburgers, frites, pop-corn, avancés en quantités
considérables par un Oncle Sam dodu et réjoui
qui va les engouffrer – est l’occasion d’introduire
la notion de transition alimentaire. Au cours du
processus de développement et de la transition
urbaine, la population citadine croissante, puis
31 •
dominante, rejette les modèles alimentaires ruraux
associés à la pauvreté et à la faim et consomme de
plus en plus de protéines, de sucres et de graisses.
Elle est aussi tentée par les modèles de consommation du Nord : les nourritures grasses et sucrées
des fast-foods prolifèrent dans les villes du Sud.
Le processus est encouragé par le fait que l’image
des « gros », dans les pays pauvres, ou qui l’étaient
il y a peu, est valorisée, comme elle l’était dans
les pays du Nord jusqu’à l’entre-deux-guerres.
Doc. 3 – Nourrir 3 milliards d’hommes
grâce à la riziculture intensive
Le riz reste la céréale alimentaire principale pour
3 milliards de personnes, principalement en Asie
des moussons, mais aussi pour diverses régions
côtières d’Afrique. L’aménagement ancestral des
collines et des montagnes façonnées en terrasses
superposées – la riziculture nécessite des sols
très plats et l’irrigation se fait par gravité –, a
longtemps nourri des populations nombreuses.
Depuis la Révolution verte, l’introduction de
variétés hybrides à cycles végétatifs courts et
aux rendements plus élevés a permis de faire une
deuxième, voire une troisième récolte annuelle.
L’Indonésie, sous influence américaine, a bénéficié
de ces nouvelles techniques agricoles dès la fin
des années 1960. L’Indonésie est aujourd’hui le
3e producteur mondial de riz derrière la Chine et
l’Inde, mais elle doit importer cette céréale pour
assurer sa sécurité alimentaire, car sa population,
qui atteint 245 millions d’habitants, est en forte
croissance.
pliée par 3,5 dans le même temps, mais qui représente une masse humaine énorme : 790 millions
d’habitants supplémentaires, soit presque autant
que les gains démographiques réunis de l’Amérique
latine et de l’Afrique subsaharienne sur la même
période. Si le taux de natalité a beaucoup baissé,
on ne sera pas surpris dans ces conditions que le
nombre annuel de naissances n’ait pas diminué dans
les mêmes proportions. Il y avait près de 24 millions
de naissances en 1950, plus de 28 millions dans
les années 1960, encore 20 millions en 2000 et
presque 19 millions en 2009. La période de hausse
de la natalité dans les années 1960 correspond à
l’abandon des politiques de contrôle des naissances
pendant la Révolution culturelle, mais le taux de
natalité est presque divisé par 2 dans la décennie
qui suit (politique de l’enfant unique), ce qui ne
s’est observé dans aucun autre pays. Quant à la
mortalité, elle a connu une forte hausse à la fin
des années 1950 en raison de l’échec du Grand
Bond en avant et des famines qui l’ont accompagné. Elle a atteint son niveau plancher depuis 1980
et on constate une légère tendance à la hausse, liée
au vieillissement de la population et qui devrait se
confirmer. L’inertie démographique joue en Chine,
mais la diminution du nombre de femmes en âge de
procréer et la faible fécondité, 1,6 enfant par femme
(soit un niveau inférieur à ce qu’indique le texte
écrit en 2005), vont réduire à terme le nombre des
naissances alors que celui des décès augmentera
mécaniquement du fait du vieillissement. La fin de
la transition est donc bien engagée.
Doc. 2 – Le recul de la faim depuis 40 ans
ÉTUDE DE CAS 1
Chine : nourrir 20 % de l’humanité
A. Une sécurité alimentaire
presque assurée
❯ MANUEL PP. 48-49
Doc. 1 – Un doublement de la population
en 50 ans
Doc. 3 – La croissance démographique
maîtrisée
Le graphique et le texte permettent de préciser la
situation démographique de la Chine. La population
a été multipliée par plus de 2,4 en soixante ans, ce
qui est relativement faible par rapport à ce qu’on
observe dans les pays du Sud, où elle a été multi• 32
La population a augmenté de plus de 60 % depuis
1970 alors que le nombre de sous-nourris a diminué
de près de 70 %, ce qui signifie que la part de la
population souffrant de la faim a été divisée par 5.
Le niveau de 9 % indique une situation plutôt bonne
dans l’ensemble des pays du Sud (plus de 15 %)
et bien meilleure que celle de l’Inde, l’autre géant
démographique, qui se situe à 21 %. On constate
que le recul de la faim a été surtout important entre
1980 et 1990 (- 110 millions de personnes), période
qui correspond à l’ouverture du pays, à la mise en
place de l’économie de marché et à la libéralisation
de l’agriculture. Les évolutions sont plus lentes
depuis car la sous-nutrition concerne surtout les
périphéries rurales en retard de développement où
les progrès sont plus lents à se faire sentir.
© NATHAN 2010 – Géographie 2de
Doc. 4 – Les espaces du progrès agricole
Doc. 5 – Agriculture intensive et sécurité
alimentaire
Le développement agricole de la Chine s’est
appuyé sur deux politiques :
– une politique d’extension, par la conquête pionnière de terres dans les zones froides et sèches
du Nord et de l’Ouest, mais aussi sur les collines
non défrichées de la Chine de l’Est et du Sud :
25 millions d’hectares ont été ainsi gagnés, soit
20 % de la SAU du pays. Cette politique a été
permise par l’utilisation de semences hybrides
adaptées à ces milieux difficiles et par le développement massif de l’irrigation ;
– une politique d’intensification du type révolution verte fondée sur l’irrigation, l’usage de variétés à hauts rendements et l’utilisation d’engrais
et de pesticides, qui a permis de faire une voire
deux récoltes supplémentaires par an dans les
plaines, vallées et deltas densément occupés de
l’Est du pays.
Le résultat est aujourd’hui un bon niveau d’apports
caloriques et une alimentation plus diversifiée
avec une part croissante de protéines (viande).
Le pays est donc entré en transition alimentaire
parallèlement à l’acquisition d’une quasi-sécurité
nutritionnelle.
◗ Questions
Documents 1 et 3
1 – La population chinoise a augmenté de :
21,4 % entre 1950 et 1960
23,1 % entre 1960 et 1970
16,4 % entre 1970 et 1980
17,7 % entre 1980 et 1990
12,4 % entre 1990 et 2000
5,5 % entre 2000 et 2009
2 – Après une première baisse entre 1950 et 1960
(à moins de 30 ‰), la natalité augmente entre
1960 et 1970 (à plus de 65 ‰), puis recule de
manière définitive, fortement entre 1970 et 1980,
plus modérément ensuite. La mortalité augmente
entre 1950 et 1960 (famines), puis décroît très
fortement, passant de 45 ‰ à 15 ‰ environ entre
1960 et 1970. Elle stagne ensuite, pour atteindre
son niveau le plus bas vers 2000 puis reprendre
légèrement (vieillissement de la population).
La décennie qui a connu la croissance démographique la plus forte est celle de 1960 à 1970,
© NATHAN 2010 – Géographie 2de
période pendant laquelle la mortalité a diminué
très fortement alors que la natalité augmentait.
3 – La transition démographique de la Chine se
termine parce que la natalité atteint un niveau assez
bas (14 ‰), alors que la mortalité ne diminue plus
et a même très légèrement augmenté (7 ‰), ce
qui est le signe du vieillissement de la population.
Document 2
4 – La sous-nutrition est en recul sur toute la
période, mais on peut distinguer trois étapes. Entre
1970 et 1980 le recul est net, 90 millions d’affamés en moins, mais il est encore plus vigoureux
entre 1980 et 1990, la population sous-alimentée
diminuant de 110 millions de personnes. Ensuite
le recul fléchit et se stabilise à – 30 millions de
personnes par décennie.
Documents 4 et 5
5 et 6 – L’intensification de la production agricole
et le gain de superficies cultivées depuis les années
1960 ont permis de répondre aux besoins de la
majeure partie de la population. Cette progression
est due à la Révolution verte. Ce sont surtout les
fronts pionniers qui ont marqué l’évolution de
espaces agricoles.
B. Une transition alimentaire
accélérée
❯ MANUEL PP. 50-51
Doc. 6 – Une alimentation plus abondante
et de moins en moins végétarienne
Doc. 7 – La Chine en transition alimentaire
Ces deux documents permettent de construire
la notion de transition alimentaire à partir de
l’exemple chinois. La ration calorique moyenne
augmente jusqu’à devenir excessive. Insuffisante
dans les années 1960 et 1970, elle a atteint un
niveau correct dans les années 1980 et 1990 (24002700 kilocalories étant considérés comme suffisants par la FAO et l’OMS), mais excessif depuis,
la Chine se situant au-dessus de 3 000 kcal, c’està-dire au niveau des pays européens. De plus, et
c’est aussi un des signes de la transition alimentaire, la part des céréales a fortement reculé et
celle des autres aliments est passée de 5 % en
1960 à 37 % en 2008 (on était encore à moins de
20 % jusqu’aux années 1990). En 1980, le Chinois
consommait 209 kg de céréales et de viandes par
an, dont 9 kg de viande ; en 2008, il en consomme
33 •
223 kg, dont 53 kg de viande. Le niveau nutritionnel des habitants et la santé se sont améliorés,
la sous-alimentation induisant une immunodéficience qui favorise la plupart des pathologies.
Mais l’excès de nourriture favorise les maladies
chroniques, maladies cardiovasculaires et diabète
principalement.
Doc. 8 – Importer pour faire face
aux nouveaux besoins alimentaires
Longtemps exportateur agricole à la balance excédentaire (riz, fruits tropicaux, légumes…), la Chine
est devenu un importateur chronique et son déficit
s’accroît. En effet, bien que premier producteur
de blé du monde, elle a atteint un plafond pour
cette céréale emblématique de la Chine du Nord,
alors qu’elle en consomme de plus en plus : si la
consommation de riz est en recul, celle de blé pour
les pains, biscuits, pâtisseries, est en hausse. Il en
va de même pour les viandes et le lait et la Chine
est devenue importatrice d’aliments pour le bétail.
La société urbaine et la classe moyenne consomment en outre de plus en plus de plats préparés, de
surgelés et même de vins et d’alcools. Le secteur
des emballages, équipements de cuisine, chaîne
du froid, trouve aussi de belles opportunités sur le
marché chinois. Cela dit, la Chine – qui est devenue le premier exportateur du monde devant l’Allemagne en 2010 et avec un excédent commercial
de l’ordre de 300 milliards de $ par an – peut aisément supporter un déficit de 45 milliards de $ de
sa balance agroalimentaire.
Doc. 9 – Bientôt 100 millions d’obèses en Chine
Doc. 10 – Les effets du nouveau régime
alimentaire chinois : 20% des enfants
sont en surpoids
Doc. 11 – Surnutrition et sous-nutrition,
révélateurs des inégalités sociales
Actuellement, près de 400 millions de Chinois sont
en surpoids (30 % de la population) et on dénombrait 70 millions d’obèses en 2008, les 100 millions
étant probablement atteints aujourd’hui compte
tenu de la progression rapide de cette pathologie. L’obésité a été déclarée problème national de
santé publique n° 1 en Chine car elle touche de
plus en plus les enfants et les adolescents, pour
qui des camps d’été et des centres de traitement
sont ouverts. Les autorités attribuent à l’obésité
une bonne partie des maladies cardiovasculaires
en forte croissance dans le pays (3,3 millions de
• 34
décès par an, soit 35 % de la mortalité) et du diabète
(40 millions de diabétiques). Le texte met en cause
les établissements de restauration rapide à l’occidentale, ce que la photo appuie en montrant un
McDonald’s vers lequel se dirige un jeune Chinois
obèse. C’est plus globalement le modèle nutritionnel du Nord européen/américain qui est adopté
par une population urbaine approchant désormais
650 millions d’habitants, à l’instar de ce qui se
passe dans toutes les villes du Sud. À ce titre, la
transition alimentaire participe de la mondialisation.
Il ne faut cependant pas oublier que 120 millions
de Chinois souffrent encore de la faim et meurent
encore principalement de maladies infectieuses. La
caricature évoque la résurgence d’une Chine pré
maoïste où l’abondance côtoyait l’extrême misère
avec un coolie maigrichon qui tire un mandarin
obèse sur un pousse-pousse. L’image est actualisée
par le journal financier et la mallette posée à côté
du passager. Mais on était alors dans un système
où 90 % de la population était pauvre et souffrait
de la faim, ce qui n’est plus vrai aujourd’hui. Si
de tels écarts demeurent, ces extrêmes se côtoient
peu car les affamés ne sont pas dans les villes mais
dans les campagnes les plus reculées.
◗ Questions
Documents 6 et 7
7 – La transition alimentaire chinoise est rapide :
le passage d’une alimentation insuffisante à une
alimentation suffisante s’effectuant dans la période
1980-1990 et le passage à une alimentation excédentaire s’effectuant à partir des années 2000. Le
phénomène s’accompagne d’une réduction de
la consommation de céréales et de végétaux et
de l’augmentation de la part des autres aliments,
protéines et viande surtout. L’état général de
santé de la population s’améliore, mais les excès
alimentaires favorisent la montée de nouvelles
maladies comme les maladies cardiovasculaires
et le diabète.
8 – En 1980, le Chinois moyen sort tout juste de la
sous-alimentation qui était la règle jusque-là, avec
2 500 kcal/jour et une ration alimentaire constituée surtout de céréales : + de 200 kg par an, soit
88 % de la nourriture. Il ne mange que 9 kg de
viande par an.
En 1990, la ration calorique a augmenté de près de
10 %, le Chinois mange encore plus de céréales
(20 % de plus) et sa consommation de viande a plus
© NATHAN 2010 – Géographie 2de
que doublé. Le seuil supérieur de la ration calorique
fixé par la FAO (2400-2700 kcal) a été dépassé.
En 2008, la transition alimentaire s’affirme de plus
en plus. Avec 3 090 kcal, le Chinois moyen est
suralimenté. Il mange 30 % de céréales en moins
qu’en 1990, six fois plus de viande qu’en 1980,
mais aussi des graisses et des sucres. Les aliments
autres que les céréales et les légumes constituent
37 % de la nourriture, ce qui explique sans doute
que la ration calorique soit si élevée.
Document 8
9 – La balance commerciale agroalimentaire de
la Chine s’est fortement dégradée en moins de
vingt ans, passant d’un excédent de 2 milliards
de $ en 1990, à un déficit de 4 milliards en 2000
et de 45 milliards en 2008 (déficit multiplié par
plus de 11 en huit ans). En volume, le commerce
agroalimentaire a explosé, les exportations étant
multipliées par 4,2 depuis 1990 et les importations
par presque 11. Le texte montre que les besoins de
la Chine sont croissants dans les produits préparés, les surgelés, les produits laitiers, les snacks,
les pâtisseries, qui ne faisaient pas partie de l’alimentation chinoise traditionnelle, mais qui sont
aujourd’hui consommés notamment par la société
urbaine aisée. De plus, la Chine doit aussi importer toutes les technologies qui accompagnent ce
nouveau modèle alimentaire.
Documents 9, 10 et 11
10 – L’obésité concerne désormais 90 millions de
Chinois, particulièrement les enfants. Cet effectif
a doublé en 5 ans et plus du quart de la population est en surpoids. La fréquentation accrue des
fast-foods est un facteur de ce phénomène qui
touche surtout les villes et les catégories sociales
les plus aisées. La caricature donne à penser que
les pauvres ne sont pas encore affectés.
11 – Le surpoids et l’obésité sont des marqueurs
de la transition alimentaire. Les Chinois des villes
abandonnent le modèle alimentaire traditionnel
fondé sur les céréales (riz surtout) et les légumes,
pour un modèle de type occidental, où la part des
viandes, des graisses, des sucres est beaucoup
plus importante et augmente fortement la ration
calorique. La multiplication des fast-foods est le
symbole de cette évolution.
12 – Le changement de régime alimentaire
concerne principalement la société urbaine et les
© NATHAN 2010 – Géographie 2de
catégories riches de la population. Les pauvres,
encore nombreux dans le pays, ne sont pas touchés
pour le moment et 9 % de la population chinoise
reste sous-alimentée.
Synthèse
La situation démographique, agricole et alimentaire de la Chine a radicalement changé depuis les
années 1960. Trois éléments principaux peuvent
être retenus.
• Il y a d’abord eu une réduction notable de la
croissance démographique : environ 28 millions
de naissances par an dans les années 1960 contre
19 actuellement. La Chine achève sa transition
démographique, ce qui a contribué à améliorer
sa situation alimentaire.
• Par ailleurs, il y a eu d’importants progrès agricoles. L’extension des terres cultivées a augmenté
de 20 % la superficie agricole et la généralisation de l’agriculture intensive liée à la Révolution
verte (irrigation, engrais, nouvelles variétés cultivées) a permis d’accroître considérablement les
rendements et les productions. De plus, la Chine a
massivement accru ses importations agroalimentaires afin de satisfaire les besoins alimentaires de
plus en plus diversifiés de sa population.
• Enfin, dans ce contexte, la transition alimentaire
s’est accélérée, en relation avec une urbanisation
accrue qui favorise l’adoption de modèles alimentaires venus des pays riches. La ration alimentaire
moyenne des chinois est très excédentaire, même
s’il reste encore 9 % de sous-nourris, et l’excès a
tendance à se substituer aux insuffisances : l’obésité est devenue un fléau, affecte particulièrement
les enfants et s’accompagne de la montée des
maladies chroniques, cardiovasculaires et diabète.
ÉTUDE DE CAS 2
Brésil : succès et revers
de l’agriculture productiviste
A. La réussite agricole du Brésil
❯ MANUEL PP. 52-53
Doc. 1 – Les progrès agricoles et alimentaires
Le tableau montre la mutation de l’agriculture et de
l’alimentation du pays entre 1980 et 2008. En 1980,
le Brésil est une puissance agroalimentaire émergente
35 •
qui entre tout juste dans sa transition alimentaire,
avec un ratio mal nourris/obèses de 6, encore 30 %
de la population active qui travaille dans l’agriculture
et des exportations agricoles déjà substantielles, héritières d’un passé colonial de producteurs de produits
tropicaux (café, sucre, cacao, bois…). Les progrès
accomplis avaient déjà été importants car en 1960
le Brésil faisait figure de « continent de la faim »,
(quand le géographe brésilien Milton Santos publie
Géographie de la faim en 1952, il situe le Brésil
dans les pays les plus défavorisés de ce point de
vue), avec une situation assez voisine de l’Afrique
subsaharienne aujourd’hui. En 2008, les exportations
agricoles ont été multipliées par presque 6 avec 3 fois
moins d’agriculteurs dans le pays et les obèses sont
presque 3 fois plus nombreux que les mal nourris.
Le Brésil, pays urbanisé à 85 % et puissance émergente qui s’affirme de plus en plus dans le monde,
a accompli un développement agricole et un développement tout court remarquables.
Doc. 2 – L’agriculture, l’or vert du Brésil
Doc. 3 – Le passage à une agriculture productiviste intensive
L’excédent commercial a été multiplié par 6 entre
1980 et 2008. Il y a d’abord eu une progression
lente et saccadée entre 1980 et 2000. Puis le
solde a triplé en cinq ans, passant de 10,3 à 30,4
milliards de dollars entre 2000 et 2005, en raison
de la hausse des cours des denrées agricoles, mais
aussi de la forte augmentation des exportations de
soja et de viandes. Dans les trois ans qui ont suivi,
l’excédent agroalimentaire a augmenté de 40 %,
passant de 30 à près de 52 milliards de dollars et
hissant le Brésil au 1er rang mondial en la matière.
Le Brésil est devenu le 1er exportateur mondial
de viandes (toutes catégories confondues) et le
2e exportateur de soja derrière les États-Unis et
devrait, à terme, occuper aussi le 1er rang dans
ce secteur. Le soja est en tête de la valeur des
exportations devant le sucre (dont le Brésil est le
1er exportateur mondial) et les viandes, ces trois
postes représentant la moitié des exportations du
pays. Le café, pour lequel le Brésil occupe toujours
le 1er rang mondial (35 % de la production et 30 %
des exportations), ne représente plus que 6,3 %
de la valeur des exportations agroalimentaires,
alors que sa part s’élevait à 42 % de la valeur des
exportations totales il y a trente ans. Les exportations agroalimentaires se sont donc fortement
diversifiées, à l’image des exportations d’autres
• 36
produits, mais ne représentent plus que 18 % de
la valeur des exportations totales du pays.
La modernisation de l’agriculture s’est appuyée,
comme partout, sur la double logique de la
conquête pionnière de terres nouvelles et de l’intensification agricole (cf. la Chine, traitée dans
l’étude de cas précédente). L’urbanisation précoce
et intense du pays (85 % de citadins aujourd’hui)
a eu un effet entraînant, car elle a très tôt intégré
l’agriculture aux marchés et a impulsé la modernisation et la hausse des rendements. Les progrès
agricoles ont aussi été liés à des politiques spécifiques soulignées par le texte : crédits aux agriculteurs, formation agricole et investissement dans
la recherche et le développement.
Doc. 4 – Une agriculture très mécanisée
L’image est impressionnante et on compte 25 moissonneuses récoltant le soja sur cet immense champ
qui s’étend à perte de vue. Contrairement à ce qui est
souvent dit, le front pionnier du soja ne progresse pas
au détriment de la forêt amazonienne, région dans
laquelle il pleut beaucoup trop, mais trouve sa zone
de prédilection sur les marges de l’Amazonie, dans
les régions tropicales à saison sèche qui s’étendent
au sud et notamment dans l’État du Mato Grosso
(voir carte p. 54). Les terres défrichées concernent
la forêt claire, des savanes arborées (cerrados) et
des savanes (campos). Le soja transgénique, qui
constitue 60 % de la production brésilienne, est la
plante conquérante, notamment la variété « Roundup Ready » de Monsanto, autorisée depuis 2005
et qui résiste au traitement du puissant herbicide, le
Roundup, de la même firme. C’est une grande culture
mécanisée sur de vastes superficies, à l’image de
celle des céréales comme le blé et le maïs, même si
le soja n’est pas une céréale mais un protéagineux.
Le Brésil dispose des premières réserves foncières
du monde (plus de 450 millions d’hectares, soit 1,5
fois la superficie cultivée des États-Unis et 15 fois
celle de la France). Il peut donc répondre facilement à une demande mondiale croissante dans de
nombreuses productions où il occupe déjà une position forte. La production brésilienne de soja était
d’un peu plus de 10 Mt en 1980, de 20 Mt en 1990
et dépasse aujourd’hui 60 Mt.
Doc. 5 – Le Brésil, « ferme du monde » ?
Hervé Théry, spécialiste reconnu du Brésil, s’interroge ici sur l’aptitude du Brésil à « nourrir le
© NATHAN 2010 – Géographie 2de
monde », ce qui est sans doute une projection
un peu audacieuse mais pas irréaliste. Le pays
a conquis le ou les meilleurs rangs mondiaux
dans nombre de productions, il assure sa sécurité
alimentaire (les 5 % de mal nourris vivent dans des
périphéries encore mal intégrées de cet immense
pays) et il dispose des plus vastes ressources du
monde en terres agricoles non encore exploitées :
450 millions d’hectares, soit 4,5 fois le potentiel
de toute l’Asie en développement. Ce que le texte
ne dit pas, c’est que le Brésil détient aussi les plus
grandes ressources en eau de la planète, 14,2 %
du total mondial, ce qui constitue un atout central
s’agissant des perspectives agricoles à venir. Enfin,
le pays est à la pointe de la production des agrocarburants, domaine dans lequel il possède plusieurs
longueurs d’avance sur la plupart des pays du
Nord. Dans la dernière phrase, l’auteur s’interroge sur les revers environnementaux et sociaux
de ces succès, problématiques développées dans
la double page suivante.
◗ Questions
Document 1
1 – En 1980, le Brésil est un pays agricole qui
se développe, avec 30 % de la population active
travaillant dans l’agriculture, des exportations
limitées et une situation alimentaire qui laisse
encore à désirer : un Brésilien sur 6 souffre encore
de la faim. En 2008, les exportations agricoles ont
été multipliées par 5,5, alors qu’il y a trois fois
moins d’agriculteurs, le nombre de mal nourris
a été divisé par 3, alors que celui des obèses a
presque triplé : en 2008, les Brésiliens sont donc
plus gros et plus prospères qu’en 1980.
Documents 2, 3 et 5
2 – L’excédent commercial a été multiplié par 6
entre 1980 et 2008, avec une progression lente et
saccadée entre 1980 et 2000, puis un triplement
du solde entre 2000 et 2005. Dans les trois ans qui
ont suivi, l’excédent agroalimentaire a augmenté
de 40 %, passant de 30 à près de 52 milliards
de $ et hissant le Brésil au 1er rang mondial en la
matière. Le Brésil exporte des viandes, du soja,
du sucre, du manioc, du café, des haricots, des
bananes (produits auxquels s’ajoutent le cacao et
les oranges, non mentionnés dans les documents).
3 – La modernisation de l’agriculture s’est appuyée
sur 3 facteurs principaux :
© NATHAN 2010 – Géographie 2de
– la conquête pionnière de terres nouvelles ;
– l’urbanisation précoce et rapide du pays qui
a très tôt intégré l’agriculture aux marchés et a
impulsé la modernisation et la hausse des rendements ;
– des politiques spécifiques qui ont favorisé l’intensification : crédits aux agriculteurs, formation
agricole et investissement dans la recherche et le
développement.
Document 4
4 – L’immensité du champ cultivé, la rectitude
des semis de soja, le déploiement en vol d’oiseaux
migrateurs de 25 moissonneuses qui effectuent la
récolte sont des signes patents de l’existence d’une
agriculture moderne et productiviste.
Document 5
5 – Une ferme sert à nourrir une famille ou une
population plus ou moins nombreuse selon l’importance de l’exploitation agricole. Ici, le Brésil
est présenté comme une possible « ferme » qui
pourrait nourrir le monde, compte tenu des performances déjà accomplies par ce pays et des potentialités dont il dispose. L’auteur souligne cependant
que les atteintes à l’environnement et les inégalités
sociales pourraient contrarier cette option.
B. Les excès de l’agriculture
productiviste
❯ MANUEL PP. 54-55
Doc. 6 – Près de 50 millions d’hectares
défrichés depuis 1960
Doc. 8 – L’agriculture à la conquête du territoire
Le développement agricole du Brésil est fondé
sur la conquête permanente de nouvelles terres et
donc sur l’occupation pionnière du territoire. En
moins de cinquante ans, la surface agricole utilisée a été multipliée par 2,75, gagnant 49 millions
d’hectares, soit 1,8 fois la SAU de la France. Cette
avancée est fondatrice dans la formation même du
pays, l’appropriation de l’intérieur s’étant opérée
à partir des zones de peuplement côtier. Le littoral a été colonisé, peuplé et exploité depuis le
XVIe siècle et on peut considérer que jusque dans
les années 1950 seuls la zone côtière et son proche
arrière-pays, figurés dans la première rubrique de la
légende, faisaient l’objet d’une appropriation dense
et continue. Il existait des noyaux de peuplement
et de mise en valeur agricole intérieurs, liés aux
37 •
différents cycles d’exploration et d’exploitation
du territoire, mais ils étaient dissociés les uns des
autres et formaient ce qu’on appelait « l’archipel
brésilien ». La poussée vers le Mato Grosso et le
centre nord, marquée par la fondation de Brasilia,
s’amorce avec la forte croissance démographique
des années 1950-1960 et se poursuit actuellement
avec l’avancée du front pionnier du soja qui met en
valeur d’importantes réserves foncières occupées
auparavant par l’élevage extensif ou se substitue à
des terres abandonnées par le café. Quant à l’Amazonie, grande affaire de la dictature militaire dans
les années 1970, son occupation s’est appuyée sur
l’ouverture de routes avec une colonisation officielle de périmètres aménagés et une colonisation
spontanée, opérée par des paysans pauvres mais
aussi de grandes compagnies. Ces dernières ont
acheté de la terre à bas prix pour y développer l’élevage extensif produisant de la viande bovine exportée, ainsi que des plantations. On peut considérer
que jusqu’à la fin des années 1980, la colonisation
pionnière a connu une phase active mais qu’elle
est actuellement en sommeil. Le pays est urbanisé
à 85 % et les candidats au départ vers ces terres
neuves ne sont plus guère nombreux, alors que la
croissance démographique est désormais ralentie. Les espaces les mieux intégrés, notamment au
sud amazonien, connaissent une consolidation de
leur occupation, alors que ceux du Nord et de l’Est
stagnent en général et connaissent même localement
un abandon. Aujourd’hui, plus qu’à une conquête
de nouvelles terres, on assiste à une mise en valeur
des immenses réserves foncières déjà détenues par
les exploitations.
Doc. 7 – L’agriculture vivrière négligée
Le texte oppose une agriculture moderne et exportatrice performante à une agriculture vivrière de
petites exploitations laissées pour compte du
développement. Les grandes propriétés de plus de
100 hectares ne représentent que 37 % du nombre
total des exploitations, mais concentrent 78 % des
terres, alors que les 53 % de petites exploitations
de moins de 10 hectares ne cultivent que 3 % de
la surface agricole. La situation des moyennes
exploitations (10 % du total, 19 % des terres), n’est
pas évoquée ici mais elle est bonne en général et
elles comptent parmi les plus dynamiques et les
plus novatrices du pays. Il y a aussi la question
des paysans sans terres dont la revendication est
ancienne. Beaucoup se sont installés par le biais
• 38
de coopératives groupant plusieurs familles et
s’intègrent aux réseaux du commerce équitable.
Le sort des petites paysanneries du Brésil est en
train de se régler tout seul. Il n’y a plus que 15 %
de ruraux dans le pays et la main-d’œuvre agricole
ne représente plus que 10 % des actifs. Comme ce
fut le cas en Europe et aux États-Unis, les petits
fermiers sont en train de disparaître et le maintien ou le renouveau d’une agriculture vivrière
est un peu utopique dans un pays qui a adopté le
modèle exportateur des grandes puissances agroalimentaires.
Doc. 9 – Déforestation pour la culture du soja
Doc. 10 – Amazonie : le développement
contre l’environnement
Ces deux documents apportent des précisions
sur la conquête pionnière de terres évoquée
ci-dessus. 31 000 km2 de forêts ont été défrichés chaque année dans le bassin amazonien
entre 1990 et 2010, mais ce rythme s’est ralenti
depuis. Pendant longtemps, les défricheurs ont
été les grandes exploitations et les petits paysans,
squatters qui s’installaient sans titre de propriété
au gré de l’ouverture des routes. Aujourd’hui,
les défrichements sont majoritairement le fait
de grandes exploitations exportatrices pour la
viande et les produits de plantation. Le « front
du soja » s’est mis en place à la fin des années
1980 et la culture s’opère sur de vastes parcelles
géométriques gagnées sur la forêt tropicale ou
les formations arbustives plus sèches (cerrados)
qui s’étendent dans le Mato Grosso au sud du
bassin amazonien. Le raccourci qui consiste à
dire que le soja détruit la forêt amazonienne doit
être nuancé. Le terme forêt amazonienne désigne
en général les grandes forêts primaires ombrophiles qui occupent le cœur du bassin. Mais le
soja ne pousse pas dans ce milieu équatorial
toujours humide et c’est au détriment de forêts
tropicales poussant dans les climats à saison des
pluies et saison sèche alternée qu’il s’étend. On
perçoit ici un brûlis en cours des chaumes de
soja après la moisson, de manière à ce que les
cendres fertilisent le sol pour le semis suivant, la
parcelle à l’arrière-plan à droite ayant déjà subi
le même sort. Le soja est devenu en quelques
années la première culture du Brésil et s’est hissé
au premier rang des produits agroalimentaires
avec près de 20 % de la valeur des exportations.
Dans les années 2000, 1 million d’hectares a été
© NATHAN 2010 – Géographie 2de
défriché chaque année en moyenne et la culture
s’étend aujourd’hui sur 25 millions d’hectares.
La presque totalité des 17 millions d’hectares
de cultures OGM du Brésil est dédiée au soja.
Doc. 11 – Vers une agriculture familiale
durable dans la forêt amazonienne ?
Des programmes nationaux ou de coopération internationale se sont mis en place pour sédentariser
les petits paysans sur des exploitations fixes en
Amazonie, car ils partaient défricher et brûler de la
forêt un peu plus loin dès que leurs champs avaient
perdu leur fertilité. Ces programmes, comme celui
dont il est ici question, se revendiquent de l’agriculture durable mais ne font que réutiliser, en les
modernisant et les rendant plus efficaces, des
pratiques d’agroforesterie utilisées pendant longtemps par diverses civilisations paysannes, notamment dans les montagnes. Le Centre Agroforestier
Mondial propose une définition de l’agroforesterie : « L’agroforesterie est un système dynamique
de gestion des ressources naturelles reposant sur
des fondements écologiques, qui intègre des arbres
dans les exploitations agricoles et le paysage rural et
permet ainsi de diversifier et de maintenir la production afin d’améliorer les conditions sociales, économiques et environnementales de l’ensemble des
utilisateurs de la terre. » Dans beaucoup de pays
du Sud, l’agroforesterie est encouragée car elle est
considérée comme une voie permettant d’améliorer les agricultures familiales et de ralentir l’exode
rural. Elle participe ainsi à l’avancée du développement durable.
◗ Questions
Documents 6 et 8
6 – Entre 1960 et 1970, l’évolution a été relativement lente, avec 6 millions d’hectares défrichés
(21 % de gains de SAU). La décennie 1970-1980 a
vu la conquête pionnière s’accélérer : 15 millions
d’hectares de gains, soit une augmentation de la
SAU de 44 %. Les années 1980-1990 ont marqué
un très fort ralentissement, avec 3 millions d’hectares défrichés (+ 6 % de SAU), mais les deux
décennies suivantes ont connu une reprise considérable des défrichements, totalisant 25 millions
d’hectares de nouvelles terres conquises et un gain
de 87 % de la SAU entre 1990 et 2008.
7 – Les régions les plus touchées par la conquête
de nouvelles terres ont été le Mato Grosso et
© NATHAN 2010 – Géographie 2de
les régions entourant le Nordeste, où les zones
d’élevage traditionnel extensif ont été converties
vers une agriculture exportatrice moderne, pour
le soja, la canne à sucre et la viande principalement. L’Amazonie est la seconde région impliquée
dans l’extension agricole et a vu se développer de
grandes exploitations exportatrices, pour la viande
principalement, mais aussi une petite agriculture
vivrière familiale.
Documents 7 et 8
8 – La petite agriculture familiale au Brésil fait
figure de laissée pour compte du développement.
Les petites exploitations vivrières représentent
53 % du total des exploitations agricoles mais ne
disposent que de 3 % des terres et les conditions
de travail sont difficiles. Cette agriculture n’a pas
bénéficié des politiques de développement qui
ont favorisé une agriculture moderne intensive
et exportatrice.
9 – L’agriculture familiale se concentre principalement dans le Nordeste du pays, où elle est
ancienne, et dans les zones défrichées de l’Amazonie, où elle s’est implantée depuis les années 1970.
Documents 8, 9 et 10
10 – L’agriculture pionnière en Amazonie se
partage entre de grandes exploitations exportatrices, produisant du soja et de la viande principalement, qui défrichent des vastes périmètres
de forêts, et de petites exploitations familiales
où les paysans défrichent des parcelles destinées aux productions vivrières qui nourrissent
la famille.
11 – L’environnement est menacé principalement du fait de la déforestation qui a concerné
31 000 km2 par an (la surface de la Belgique) entre
1990 et 2000, et s’est poursuivie à un rythme de
23 000 km2 par an entre 2000 et 2005. Le texte
11 précise que la mise en culture de ces espaces
défrichés aboutit à une dégradation des sols.
Document 11
12 – Le programme Floagri concerne des familles
pratiquant la petite agriculture vivrière dans la
forêt amazonienne. Il relève du développement
durable car il va rendre durable une agriculture qui
ne l’était pas en fixant les familles sur des terres
qu’ils abandonnaient auparavant lorsque les sols
étaient trop dégradés.
39 •
Synthèse
Le modèle brésilien de développement agricole
Avantages
- Sécurité alimentaire du
pays assurée.
- Exportations de
nombreux produits
agricoles, dont la viande,
le sucre de canne,
le café, les haricots
(1er rang mondial)
et le soja, le manioc,
la banane (2e rang).
- Ressource importante
pour le pays :
1er excédent agroalimentaire mondial.
- Le Brésil est devenu
une puissance agroalimentaire de premier
plan et concurrence
les géants du Nord, tout
en ayant encore un gros
potentiel de développement.
Inconvénients
- Coût environnemental :
près de 50 millions
d’hectares défrichés
dans le pays depuis 1960
(500 000 km2).
Déforestation rapide
en Amazonie et dans
le Mato Grosso,
dégradation des terres
cultivées.
- Coût social : le partage
des terres très inégal
privilégie les grandes
propriétés exportatrices
et la petite paysannerie
n’a pas profité des
politiques de développement. L’agriculture
vivrière familiale a été
sacrifiée mais peut tirer
parti de programmes de
développement durable.
NOTIONS
Des études de cas
à la généralisation
❯ MANUEL PP. 56-57
◗ Sécurité alimentaire
La notion-clé est définie au préalable et trois cas
permettent de comprendre la diversité des situations.
1 – L’autosuffisance alimentaire est un cas assez
peu répandu de pays capable de nourrir sa population. Il s’agit de puissances agricoles modernes
et exportatrices. On a dit parfois de pays comme
l’Inde ou la Chine qu’ils avaient acquis l’autosuffisance alimentaire, ce qui est inexact, puisqu’ils
comptent une proportion encore importante de
sous-alimentés et ont recours aux importations
de produits alimentaires. Les États-Unis, 1re puissance agricole du monde, sont un bon exemple de
cette situation mais les autres grandes puissances
agro-exportatrices font partie de ce groupe.
2 – La dépendance alimentaire définit la situation de pays où l’agriculture est devenue une acti• 40
vité marginale et qui se nourrissent en achetant
sur le marché mondial. Ce cas de figure est très
répandu dans les pays du Nord, le Japon étant le
plus emblématique, mais on le trouve aussi dans
les pays du Sud, notamment l’Afrique du Nord et
le Proche et Moyen-Orient, où la sécurité alimentaire est en gros assurée au prix d’importations
croissantes.
3 – L’insécurité alimentaire caractérise les pays
en retard de développement les plus pauvres, en
particulier les PMA. Il s’agit de pays majoritairement ruraux comptant une énorme masse paysanne
qui pratique une agriculture vivrière incapable de
nourrir une population en croissance rapide. Ce
sont des « espaces de la faim », dont le Burundi
est un bon exemple.
Bien évidemment, il faut signaler que la plupart
des pays occupent des situations intermédiaires
entre ces trois situations types. La Chine, par
exemple, se situe entre les types 1 et 2.
◗ Agriculture vivrière,
agriculture productiviste
1 – L’agriculture vivrière est destinée à nourrir la famille et occupe une main-d’œuvre familiale. C’est une agriculture biologique au sens
premier du terme car elle n’utilise pas d’intrants
d’origine industrielle. Elle peut avoir des rendements élevés, comme dans les systèmes irrigués
traditionnels, mais elle est très soumise aux aléas
naturels avec une forte variabilité des récoltes. En
tout cas, elle ne nourrit pas ses populations : plus
un pays compte de petits paysans pratiquant une
agriculture familiale traditionnelle, plus la sousalimentation y est forte. À Madagascar, 73 % des
actifs sont agriculteurs et 40 % des habitants souffrent de la faim.
2 – L’agriculture productiviste, à l’inverse,
produit beaucoup avec très peu de main-d’œuvre
mais énormément d’intrants d’origine industrielle.
Elle s’est développée dès l’entre-deux-guerres et
généralisée après les années 1950 aux pays du
Nord. Le modèle est adopté dans les politiques de
développement des pays du Sud : la Révolution
verte est un bon exemple d’agriculture productiviste dans les pays en développement. Elle permet
d’assurer une consommation de masse, mais rend
l’activité et les agriculteurs très dépendants des
autres secteurs, en même temps qu’elle met les
© NATHAN 2010 – Géographie 2de
ressources et l’environnement sous pression. À ce
jour, on n’a pas trouvé d’autre moyen de nourrir le
monde. Aux Pays-Bas, les agriculteurs représentent moins de 3 % de la population active, il n’y a
pas d’affamés et le pays est le 4e agro-exportateur
du monde. Des systèmes d’agroforesterie biologique offrent de bonnes perspectives d’agriculture
durable, mais ils nécessitent beaucoup de travail
humain et il faudrait qu’une partie des citadins
retourne travailler la terre pour qu’ils se développent, ce qui est un obstacle majeur.
• Enfin, dans la dernière étape, celle des pays
riches du Nord, la transition alimentaire est généralisée dans une population fortement urbanisée :
même les campagnes sont sous emprise urbaine.
L’agriculture productiviste s’est imposée, les
agricultures vivrières familiales ayant totalement
disparu. Mais il y a une prise de conscience des
excès et c’est là que l’on tente d’inventer l’agriculture durable et les nouveaux modèles qui caractériseront la post-transition.
◗ Transition alimentaire
CARTES
La transition alimentaire est un modèle théorique
récent, construit sur celui de la transition démographique, urbaine, épidémiologique…, et qui
rend bien compte des évolutions de l’alimentation et des agricultures pendant le processus de
développement.
Des études de cas
à la généralisation
Les étapes de la transition alimentaire
et du développement
L’organigramme est un peu lourd, mais permet de
bien résumer les étapes des processus en même
temps qu’il met en évidence les situations géographiques observables actuellement sur la planète.
• La 1re étape, qu’on pourrait qualifier de pré-transition a concerné toutes les régions du monde avant
le décollage agricole et alimentaire et se retrouve
dans les pays les plus pauvres d’Afrique subsaharienne comme l’Érythrée.
• Dans la 2e étape, le décollage agricole a eu lieu,
mais il est en général concentré sur quelques
régions les plus dynamiques et il reste de vastes
espaces de pauvreté marqués par la situation
antérieure. La ration calorique augmente, la
faim recule, les signes de suralimentation font
leur apparition dans les villes. L’Inde est un bon
exemple de cela ; la Chine est dans une situation
plus avancée.
• L’étape 3 est celles des puissances émergentes
les plus avancées et urbanisées du Sud (ce qui en
exclut l’Inde), car la transition alimentaire a lieu
dans les villes et chez une population coupée de
ses racines rurales. La suralimentation devient la
règle, même si des poches de pauvreté subsistent
dans les périphéries les moins intégrées. C’est la
généralisation d’une agriculture productiviste qui
permet d’atteindre de tels résultats.
© NATHAN 2010 – Géographie 2de
❯ MANUEL PP. 58-59
Doc. 1 – Taux de croissance annuelle de la
population mondiale et besoins alimentaires
Cette carte peut être mise en relation avec le
graphique 2 de la p. 61.
La croissance démographique est un déterminant
important des besoins alimentaires futurs puisque
dans certains pays du monde, la population diminue alors que dans d’autres elle va s’accroître
fortement (voir le doc. 3 p. 27 sur le Niger, où
la population devrait plus que quadrupler entre
2010 et 2050). Ainsi, en Europe, en Russie et au
Japon, la consommation alimentaire diminue déjà
(viande par exemple) et le phénomène devrait se
renforcer d’autant que la transition alimentaire
est achevée et que la population vieillit, phénomène qui devrait intervenir aussi en Amérique du
Nord mais plus tardivement. Les pays à croissance
modérée comme la Chine, une partie de l’Asie
centrale, l’Afrique australe, ne sont pas encore
dans cette situation car si la population est appelée
à se stabiliser dans les 2 ou 3 prochaines décennies, la transition alimentaire n’est pas achevée et
les nouveaux citadins, notamment, vont consommer plus et diversifier leur alimentation. Dans les
pays de la 2e catégorie, à croissance importante, la
consommation alimentaire fera plus que doubler
car la population doublera aussi, alors que la transition alimentaire n’est pas achevée. Les situations
seront très contrastées entre des pays du Nord
comme l’Australie ou du quasi Nord comme le
Mexique, le Brésil ou l’Argentine – où la question
alimentaire ne devrait pas se poser – et des pays
comme l’Inde où elle se posera inévitablement.
41 •
Beaucoup d’États de ce groupe deviennent de plus
en plus dépendants des importations (Afrique du
Nord, Proche et Moyen-Orient). Enfin, dans la
dernière catégorie, les besoins feront plus que
tripler. La question alimentaire se réglera aussi
par une flambée des importations que supporteront
(et supportent déjà) les pays pétroliers, mais la
problématique alimentaire restera un fardeau pour
les PMA et l’Afrique subsaharienne notamment.
Doc. 2 – Trop nourris et insuffisamment
nourris dans le monde
Le seuil principal de classement correspond à la
ration calorique moyenne de 2 400 calories par
personne et par jour, fixée comme niveau de nutrition suffisant. Ce planisphère appelle les commentaires suivants :
• L’Afrique subsaharienne est la région la plus
affectée par la sous-nutrition et cumule la majorité des États où la ration calorique est insuffisante
ou très insuffisante. On sait que cette région est
aussi celle où la croissance démographique est
la plus forte et celle où les agricultures traditionnelles faiblement productives sont affectées dans
leur développement par les troubles politiques et
militaires intérieurs dans nombre de pays et sont
souvent sujettes, de surcroît aux aléas climatiques.
• L’Asie en développement affiche un meilleur
profil, avec des apports nutritionnels suffisants
dans la plupart des grands pays de la zone, et
même élevés comme en Chine et en Indonésie.
Seuls trois pays sont en déficit grave : l’Afghanistan, le Tadjikistan et le Cambodge, en raison
surtout des guerres récentes qui les ont affectés.
Quelques États sont en déficit, structurel comme
la Corée du Nord, le Laos, le Bangladesh et la
Papouasie Nouvelle-Guinée, ou plus conjoncturel comme l’Irak.
• En Amérique latine, Bolivie, Venezuela, Guatemala, Honduras, Nicaragua et Haïti n’assurent pas
encore un niveau de sécurité alimentaire suffisant,
mais une telle situation est plutôt conjoncturelle
au Venezuela et dans l’isthme centraméricain,
alors qu’elle est relativement chronique en Bolivie
et pour Haïti. L’Amérique latine constitue, avec
l’Afrique du Nord et le Proche et Moyen-Orient,
où la sécurité alimentaire est bien assurée (par des
importations régulières et massives de céréales
notamment), l’ensemble du Sud le moins affecté
par l’insécurité alimentaire. Dans les pays émer• 42
gents comme le Mexique, le Brésil, l’Argentine,
le Chili, la transition alimentaire est très avancée
et la consommation calorique moyenne excessive.
• Quant aux surnourris, ils sont circonscrits à la
vieille Europe, à l’Est et au Sud-Est de la Méditerranée, aux États-Unis et au Koweït, mais cette
catégorie devrait bientôt s’enrichir des pays du
Sud à ration trop élevée mentionnés ci-dessus
et qui sont en train d’accomplir rapidement leur
transition alimentaire. L’Europe et les États-Unis
ont assez largement fixé les modèles de consommation alimentaire qui se diffusent partout dans le
monde, en particulier dans les sociétés urbaines, et
auxquels sont associés divers problèmes de santé
publique. Mais c’est aussi dans cette catégorie
de pays que s’amorce une nouvelle étape posttransitionnelle, marquée par une consommation
qui recule et une nouvelle hygiène nutritionnelle.
Doc. 3 – Les agricultures dans le monde
Le planisphère a été volontairement très simplifié afin d’en permettre une lecture facile. Par
exemple, la seule différenciation quelque peu
détaillée des agricultures européennes aboutirait
à une mosaïque complexe qu’il serait difficile et
peu utile d’analyser à ce niveau d’étude. Ainsi
simplifié, le planisphère peut être mis en relation
avec celui des pp. 270-271 sur les grands milieux
bioclimatiques, qui sont l’un des déterminants des
grands systèmes agricoles.
• La première rubrique figure les espaces non
agricoles pour des raisons climatiques, hautes
latitudes, très hautes montagnes, déserts qui
comptent quelques îlots agricoles. On distingue
les grandes forêts denses qui, contrairement aux
espaces précédents, peuvent être incorporés à la
SAU planétaire et le sont d’ailleurs en partie (voir
étude de cas sur le Brésil).
• Les agricultures vivrières sont encore principalement tournées vers la nourriture des familles
et le marché intérieur, même si elles font quasiment toutes une place aux productions destinées
au marché, voire à l’exportation.
– Les polycultures vivrières familiales sont sans
doute le type le plus hétérogène de la carte,
puisqu’on trouve dans cette catégorie des systèmes
à faible rendement comme ceux des agricultures
céréalières sèches à longue jachère de l’Afrique
des savanes et des systèmes beaucoup plus intensifs comme les polycultures des Grands Lacs afri© NATHAN 2010 – Géographie 2de
cains ou d’Amérique latine. Ces agricultures ont
néanmoins pour trait commun d’être des agricultures familiales tournées avant tout vers l’autoconsommation, mais qui dégagent quand même un
surplus commercialisable. Les progrès ont surtout
reposé sur des formes d’intensification élémentaire, plus que sur des changements de masse
opérés par le haut, comme pour les révolutions
vertes. Ces agricultures ont disparu d’Europe et
d’Amérique anglo-saxonne dans les années 1950.
– Les rizicultures intensives, principales régions
de la Révolution verte d’Asie des moussons, sont
très productives, avec double, voire triple récolte.
Ces agricultures, souvent aussi performantes techniquement que les agricultures productivistes,
ont pour différence d’employer encore une maind’œuvre très abondante et de produire presque
uniquement pour les marchés nationaux, les flux
d’exportation étant encore minimes.
• Les agricultures productivistes regroupent les
systèmes agro-exportateurs et fonctionnent grâce
à de forts intrants.
– Les grandes plantations tropicales ont été
conçues d’emblée pour le marché international
et se concentrent sur les régions côtières, mêlant
grandes exploitations aux mains de firmes, grandes
et moyennes exploitations nationales et petites
exploitations généralement associées aux polycultures vivrières familiales.
– Les agricultures modernes de marché regroupent
les régions de grande céréaliculture, les bassins
laitiers et d’élevage intensif pour la viande, ainsi
que les agrosystèmes spécialisés : vignobles, arboriculture, maraîchage, fleurs… Ces agricultures
très performantes occupent des régions sous forte
emprise urbaine et produisent pour les marchés
nationaux et internationaux. On peut leur ajouter
les régions d’élevage extensif très intégrées au
marché et qui se sont spécialisées dans la production de viande, souvent pour l’exportation. Ces
systèmes, désignés par le terme de ranching, sont
assez extensifs sur de vastes domaines et occupent
des régions faiblement peuplées comme l’Ouest
américain, où la productivité des autres agricultures serait médiocre.
Doc. 4 – Les agriculteurs dans le monde
La gamme des situations est très large puisque
la part de l’agriculture dans la population active
varie de 93,6 % au Bhoutan à 1,6 % en Belgique,
© NATHAN 2010 – Géographie 2de
quelques petits États où l’agriculture n’est quasiment pas possible étant même à moins de 1 %
(Malte, Lichtenstein, Qatar, Singapour…)
Cette carte peut être rapprochée des précédentes,
qu’elle résume presque d’ailleurs. Les régions à
forte main-d’œuvre agricole sont aussi des régions
à forte croissance démographique, où dominent les
agricultures vivrières et où les carences alimentaires sont les plus fortes. En 2009, la FAO indiquait que 80 % du milliard de personnes souffrant
de la faim dans le monde se trouvait dans des
familles d’agriculteurs :
50 % dans la petite agriculture familiale ;
20 % chez les paysans sans terres ;
10 % chez les éleveurs traditionnels.
Plus un pays compte d’agriculteurs, plus il a de
chances d’être pauvre et en retard de développement, corrélations logiques puisque la ville est
le lieu qui produit le développement et que les
activités non agricoles produisent beaucoup plus
de richesse que les activités agricoles.
La carte permet aussi d’évoquer la fin des paysans
dans les pays du Nord (1,8 % d’agriculteurs aux
États-Unis) et le fait que les puissances émergentes
les plus dynamiques du Sud (Chine, Brésil…),
sont encore loin d’avoir atteint ce stade. L’agriculture reste une activité fondamentale de la population planétaire et occupe encore 37,5 % des actifs
mondiaux en 2009, contre 22,1 % pour l’industrie
et 40,4 % pour les commerces et services.
COURS 1
Croissance des productions,
croissance des populations
❯ MANUEL PP. 60-61
Doc. 1 – L’insécurité alimentaire
en Afrique Subsaharienne
La carte montre que la situation est la plus grave
dans une large écharpe qui va de l’Angola à
l’Érythrée et englobe l’Afrique centrale et orientale. Dans l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique sahélienne (à l’exception de la Sierra Leone, du Liberia
et du Niger), ainsi qu’en Afrique australe, la situation est plus conforme à ce qu’on trouve dans les
autres pays en développement. L’Afrique du Sud
fait figure de Nord alimentaire dans cet ensemble,
avec moins de 5 % de sous-alimentés, alors que
dans les États les plus affectés de la catégorie
43 •
« moins de 2000 kcal », plus de 35 % de la population est sous-nourrie.
Les pays les plus affectés par la malnutrition sont
ceux qui connaissent des guerres et des conflits,
des problèmes environnementaux (aléas climatiques, mais aussi pression démographique trop
forte sur les écosystèmes), certains parmi les plus
gravement touchés cumulant tous ces facteurs.
Les zones les plus affectées sont des zones de
guerre civile ou de graves tensions géopolitiques,
comme le Darfour et la Somalie, mais aussi le
Zimbabwe, grand producteur agricole dans un
passé récent, où la crise alimentaire est liée aux
réformes agraires catastrophiques entreprises par
le président Mugabe et à l’état de guerre civile
larvée qui règne dans le pays.
Les données sur la dégradation de la situation
africaine sont parlantes : une population multipliée par plus de 3 depuis 1970, alors qu’elle a
seulement doublé dans l’ensemble du Sud, un taux
de malnutrition qui n’a reculé que de 2 points en
quarante ans, alors qu’il a été divisé par deux pour
l’ensemble du monde en développement et une
ration calorique encore inférieure au minimum
recommandé par la FAO. Elle n’a progressé que
d’un peu plus de 5 % depuis 1970, contre 25 %
pour l’ensemble du Sud.
Doc. 2 – Projections démographiques
et alimentaires pour 2050
Les besoins alimentaires de la planète par grandes
régions ont été estimés lors du Sommet du Millénaire en 2000. Selon ces projections, la consommation alimentaire mondiale sera multipliée par
2,3 (+130 %), avec des situations très inégales.
C’est en Afrique, où la croissance démographique
sera la plus forte, que la croissance des besoins
sera la plus importante, l’Asie venant ensuite assez
loin derrière. Cependant, l’Asie représente une
masse humaine considérable et c’est pour plus de
55 % de l’humanité qu’il faudra que les ressources
alimentaires soient multipliées par 2,34 (+134 %).
Pour les autres régions du monde, la croissance
des besoins est plus modeste, d’autant qu’elles
sont moins peuplées. Quant à l’Europe, elle sera
bien engagée dans la post-transition, ses besoins
devant reculer de presque 10 % entre 2000 et
2050.
• 44
Doc. 3 – Les biocarburants
contre la sécurité alimentaire ?
La crise alimentaire de 2007-2008, qui a vu le
prix des denrées de base flamber, a soulevé la
question de la contradiction qui existe entre le
développement des énergies vertes et la sécurité
alimentaire planétaire. Il faut trouver des énergies de substitution au pétrole, renouvelables et
plus conformes aux principes du développement
durable, d’où la montée des biocarburants (ou
agrocarburants), principalement produits à partir
de la canne à sucre, du maïs, mais aussi du colza
et de la betterave. Mais ces nouveaux débouchés
concurrencent les débouchés alimentaires traditionnels et contribuent aussi à la hausse des prix
puisque la demande augmente sur ces produits.
D’où la thématique mise en évidence par cette
caricature que les nouvelles énergies du Nord
contribuent aux famines du Sud.
COURS 2
Assurer la sécurité alimentaire
❯ MANUEL PP. 62-63
Doc. 1 – Plus d’un milliard de sous-nourris :
une répartition très inégale
La carte est découpée selon les grandes macrorégions utilisées par les instances internationales,
dont on retrouve la liste dans le tableau qui l’accompagne. Si l’Afrique est le pays où la proportion
de mal nourris est la plus importante, c’est évidemment en Asie, qui regroupe 60 % de la population
mondiale, que les effectifs d’affamés sont les plus
nombreux (64 % du milliard de personnes souffrant de la faim). L’avancée de l’Amérique latine
et du Proche et du Moyen-Orient dans le développement et la transition alimentaire s’observe ici,
avec un effectif de personnes souffrant de la faim
assez modeste au regard de celui des autres grandes
régions du Sud, pour une population cumulée supérieure à celle de l’Afrique subsaharienne. Au Nord,
les populations sous-nourries appartiennent pour
l’essentiel aux pays en transition de l’ex-monde
communiste. La comparaison des deux colonnes
du tableau est intéressante : la 1re indique la part de
chaque ensemble dans l’effectif total de sous-nourris, la 2e la part de chaque ensemble dans la population mondiale. On peut ainsi facilement hiérarchiser
les régions selon l’écart entre les deux données.
© NATHAN 2010 – Géographie 2de
Doc. 2 – Le boom des cultures OGM
dans le monde
Doc. 3 – Élevage industriel de porcs
dans le sud du Mexique
La courbe de l’évolution des superficies cultivées
en OGM montre la faramineuse croissance des
superficies agricoles consacrées à ces productions,
la surface des terres consacrées aux OGM ayant
été multipliée par 74 en vingt-deux ans. Actuellement, 25 pays cultivent et commercialisent des
plantes génétiquement modifiées, pour l’essentiel
du soja (61 % des superficies), du maïs (21 %) et
du coton (13 %). Aux grands producteurs traditionnels que sont les États-Unis (51 % des superficies), l’Argentine (17 %) et le Canada (6 %), sont
venus s’ajouter le Brésil (13 %), où la culture des
OGM a longtemps été interdite, l’Inde et la Chine,
où elle est en progrès rapide, les Chinois testant
même des riz OGM. La production des OGM
est appelée à monter en puissance dans ces pays
et chez de nouveaux producteurs au Brésil et en
Inde où elle est autorisée depuis peu. Dans l’Union
européenne, la production reste modeste et généralement très encadrée et plusieurs pays, dont la
France, observent depuis 1999 un moratoire sur les
cultures OGM. Sans porter de jugement de fond
sur les OGM, diabolisés par certains, encensés par
d’autres, on notera que la question est assez exemplaire du processus de mondialisation et de son
fonctionnement et qu’au plan international l’Europe
(et surtout la France) semble occuper une position
de retrait plutôt minoritaire. Toutes les grandes
puissances agricoles se sont lancées dans l’aventure, appuyées par les deux poids lourds démographiques que sont l’Inde et la Chine. En tout cas, il
semble difficile de s’opposer à la pression du camp
pro OGM qui compte parmi ses rangs des pays
comme les États-Unis, la Chine, l’Inde, le Brésil.
La chose est d’autant plus délicate que, parmi les
pays qui ne cultivent pas d’OGM, la plupart ne se
sentent pas impliqués pour des raisons diverses, soit
que leur production ne soit pas concernée, soit que
l’agriculture y soit trop marginale, soit qu’ils aient
encore de trop grands retards de développement
pour avoir un intérêt à cette affaire.
C’est dans cet élevage que la grippe H1N1, appelée d’abord grippe porcine, puis grippe mexicaine,
avant qu’une dénomination plus consensuelle lui
soit trouvée, a fait son apparition en 2009 avant de
se propager à la planète et de devenir une pandémie aux effets relativement limités (la Grippe
espagnole de la fin 1918 et du début 1919 aurait,
selon les analyses les plus récentes, occasionné
entre 60 et 100 millions de morts dans le monde).
Plus généralement, le porc est la viande la plus
consommée dans le monde, avec 40 % du total des
nourritures carnées, devant la volaille (30 %) et le
bœuf (23 %). La Chine abrite la moitié du cheptel mondial de porcs avec 450 millions de têtes et
produit 50 millions de tonnes de viande porcine
par an, devant l’UE (20 Mt) et les États-Unis
(10 Mt). La multinationale dominant le marché
mondial, Smithfield Foods, est cependant américaine et traite chaque année plus de 30 millions
de têtes. L’agriculture productiviste atteint ses
records dans ces élevages gigantesques, en partie
délocalisés dans les pays du Sud, de même que
ceux de la volaille.
Réponse à la question
C’est dans le continent américain que la culture
des OGM est la plus importante. Avec 87 % des
superficies mondiales consacrées à ces plantes,
les États-Unis arrivant largement en tête devant
l’Argentine et le Brésil.
© NATHAN 2010 – Géographie 2de
COURS 3
Développer des agricultures
durables ?
❯ MANUEL PP. 64-65
Doc. 1 – Terres agricoles menacées
par l’avancée du désert en Chine du Nord
La photographie est une illustration saisissante du
phénomène de désertification, au sens premier et
physique d’avancée du désert. Au 1er plan, une
oasis aux parcelles impeccablement travaillées,
avec ses haies d’arbres (la principale, qui traverse
le paysage d’ouest en est, suit un canal d’amenée
d’eau), justement destinées à protéger les cultures
du vent et du sable. Au 2e plan, une dune gigantesque, dont l’avancée semble inexorable et qui
est relayée par un désert sableux s’étendant à perte
de vue. On imagine l’impuissance des populations face à un tel phénomène, tant la masse de
sable est imposante, et on se doute qu’une partie
plus ou moins importante de l’oasis a déjà été
transformée en erg (désert sableux). Le désert
progresse de 2 500 km2 chaque année, sous l’effet
45 •
des vents de sable venus de l’Ouest et du Nord,
ce qui contraint des populations à s’en aller. La
base physique du phénomène est donc incontestable, mais le rythme de la désertification s’est
accéléré depuis les années 1950 et le phénomène
concerne désormais des régions steppiques épargnées auparavant. La croissance démographique
des populations locales, qui vivent essentiellement de l’élevage, et le doublement de l’effectif
des troupeaux favorisent l’avancée du désert en
raison du surpâturage mais aussi des terres occupées par les infrastructures et les habitations et de
la pression qui s’exerce sur les rares ressources
en eau de ces régions. On sait que la croissance
démographique a été plus forte dans ces milieux
fragiles, d’une part parce que la politique de l’enfant unique ne s’applique pas à ces régions, où
les minorités dominantes ont le droit d’avoir 3
enfants légalement (mais souvent plus en fait),
d’autre part parce que le gouvernement a favorisé
l’installation de nombreux Chinois venus de l’Est,
politique ancienne de sinisation destinée à assurer le contrôle du pouvoir central sur ces marges
rebelles. Le coût de la désertification est estimé
à 7 milliards de dollars par an par les autorités :
perte de terres et de productions, coûts du déplacement des populations, qu’on peut considérer
comme des réfugiés écologiques mais dont on
sait peu de choses.
Doc. 3 – Invasion d’algues vertes sur la plage
de Saint-Michel-en-Grève (Côtes d’Armor),
en août 2009
Le quotidien Libération a utilisé un titre choc,
selon ses habitudes. Depuis trente ans, ce qui
correspond à la montée en puissance de l’agriculture productiviste bretonne, les algues vertes
(ulves ou laitues de mer) envahissent certaines
plages bretonnes et se répandent même actuellement au sud de la région et en Normandie. Leur
prolifération est due à l’excès de nitrates des eaux
qui s’écoulent vers la mer et est donc directement
liée à l’usage massif d’engrais azotés et à l’épandage des déjections animales pour fertiliser les
champs. Il faut retirer régulièrement ces masses
visqueuses qui envahissent les plages pour qu’elles
soient praticables pour les touristes. Les estuaires
étroits et les baies resserrées sont particulièrement
concernés, comme dans la région de Saint-Brieuc,
de Lannion, de Douarnenez, car les concentrations
de nitrates y sont très fortes : les algues peuvent
• 46
alors recouvrir plusieurs centaines d’hectares à
chacun de ces endroits.
DOSSIER
DÉVELOPPEMENT DURABLE
Vers une agriculture durable ?
❯ MANUEL PP. 66-67
◗ Comprendre les enjeux
du développement durable
Quelles sont les priorités
pour les agricultures du Nord
et pour celles du Sud ?
La qualité est le principal enjeu des agricultures
du Nord. L’intensification des agricultures des
pays riches, c’est-à-dire l’augmentation des rendements, se poursuit avec le développement des
OGM, les organismes génétiquement modifiés,
qui ouvrent la voie à une très forte augmentation
de la productivité agricole. La maîtrise de cette
biotechnologie pose néanmoins la question des
impacts sociaux (la santé des consommateurs) et
environnementaux (la perturbation des écosystèmes).
Au Sud, la quantité demeure le principal objectif : la lutte contre la faim apparaît encore comme
la priorité.
Quels types de solutions permettent
de favoriser des agricultures durables ?
Une agriculture durable est une agriculture qui
permet d’assurer une production animale et végétale en respectant les enjeux environnementaux
et sociaux. Le label « agriculture biologique »,
développé dans le monde entier, respecte la santé
du consommateur et permet de limiter la dispersion des intrants (engrais, pesticides, fongicides)
dans l’environnement. Les AOP, les appellations
d’origine protégée, label européen, permettent de
maintenir le patrimoine agricole en assurant le
respect de savoir-faire traditionnels. Ils favorisent
également le maintien de revenus plus importants
pour les agriculteurs et permettent de préserver
les paysages agricoles. Le label « commerce équitable » a été mis en place pour les pays du Sud,
en assurant un partage plus équitable des revenus entre les firmes transnationales et les petits
© NATHAN 2010 – Géographie 2de
paysans. Il s’agit ici de respecter la dimension
sociale de la production agricole.
Pourquoi une solidarité Nord-Sud est-elle
nécessaire pour développer des agricultures
durables ?
Si les objectifs agricoles peuvent apparaître différents au Sud et au Nord, il existe néanmoins une
forte relation entre les agricultures du Nord et les
agricultures du Sud. Le marché agricole est en
effet d’échelle mondiale. Les pays du Sud souffrent d’un marché peu réglementé. Les agricultures du Nord représentent une forte concurrence
pour celles du Sud. Leur productivité est plus forte
et elles bénéficient de subventions que l’OMC,
l’Organisation mondiale du commerce, tente de
limiter.
Aller plus loin
Il apparaît difficile de proposer une solution
mondiale unique au problème de la faim. Chaque
région du monde doit répondre à des enjeux
distincts. En outre, la régulation du marché agricole, la question de l’intensification agricole sont
sujets à polémiques. Cependant, le modèle d’agriculture durable tend à se généraliser, quelles qu’en
soient les modalités. L’augmentation de la production agricole apparaît comme un enjeu essentiel
pour les pays du Sud. Elle peut être permise par
une extension des terres cultivées ou par une
augmentation des rendements. Les enjeux sociaux
et environnementaux doivent être pris en compte
à toutes les échelles, du niveau local au niveau
mondial, du niveau du producteur au niveau de
la FAO, l’organisation des Nations unies pour
l’agriculture et l’alimentation.
RÉVISER
Nourrir les hommes
❯ MANUEL PP. 68-69
◗ Schémas pour réviser
Doc. 1 – Alimentation et transition alimentaire dans le monde
Sur ce planisphère schématique, on figure les
quatre grands types de situations alimentaires
dégagés dans tout le chapitre (voir l’organigramme
de la page 57). On aboutit en fait aux grands
regroupements opérés dans d’autres domaines
© NATHAN 2010 – Géographie 2de
que l’alimentation (richesse, pauvreté, développement, intégration à la mondialisation, santé…),
la situation alimentaire n’étant que le reflet de ces
hiérarchies bien établies.
Doc. 2 – Développement agricole
et environnement
Les quatre étapes précédemment définies sont
ici présentées par le biais de rapports paysanneries, agriculture/développement agricole. On
passe d’un stade pré-transitionnel, où les populations rurales sont assujetties aux aléas naturels et
sujettes à une très forte mortalité, liée à la sousalimentation chronique, à un stade post-transitionnel, celui de l’agriculture (et de l’alimentation)
durable, qui est en train d’être inventé. Les stades
classiques intermédiaires sont ceux de l’agriculture intensifiée, des progrès agricoles et de la transition alimentaire engagée, avec de fortes atteintes
à l’environnement (Chine par exemple), le stade 3
étant celui des agricultures modernes intensives
productivistes avec de nouvelles atteintes à l’environnement, qui caractérisent encore largement
les pays du Nord.
EXERCICES
❯ MANUEL PP. 70-71
1 – Vérifier ses connaissances
1.e / 2.c / 3.b / 4.a / 5.d
2 – Étudier une carte : les États face
à la sous-alimentation dans le monde
On veillera à ce que la légende soit bien comprise,
et aux précautions à prendre pour l’analyse de
pourcentage. Cette carte permet une étude à
l’échelle mondiale des inégalités alimentaires mais
ne rend pas compte des inégalités à l’échelle de
chaque pays. En raison de l’échelle, la limite Nord/
Sud n’est pas précise pour la région caraïbe ; on
note pour les élèves que Guadeloupe, Martinique,
Porto Rico ne font pas partie des Suds, tout comme
la Guyane en Amérique du Sud.
1. La carte 1 p. 63 permet de chiffrer plus précisément, donc de faire une comparaison plus
détaillée. Par exemple pour le cas de l’Inde : sur
la carte à étudier, la couleur indique que ce pays a
20 à 35 % de population sous-alimentée, la carte
p. 63 donne le chiffre précis de 22,7 %. On remarquera également que la carte à étudier montre des
47 •
sous-alimentés en Europe orientale qui n’apparaissent pas dans le document p. 63.
On attend une réponse avec une présentation classée des résultats :
– La plupart des pays du Nord ne souffrent pas ou
peu (moins de 5 %) de sous-alimentation, alors
que la plupart des pays du Sud connaissent la
sous-alimentation.
– Dans les pays du Nord (Amérique du Nord et
Europe, mais aussi Australie, Nouvelle Calédonie, Japon), moins de 1,5 % de la population est
sous-alimentée ; toutefois, on observe 5 à 20 % de
sous-alimentés dans certains États de L’Europe :
Bulgarie, Roumanie, Serbie, Croatie… récemment entrés (2007) dans l’Union européenne ou
candidats mais dont le niveau de développement
est plus faible.
– Dans les pays du Sud, la couleur dominante est
le orange (20 à 35 % de sous-alimentés) ; toutefois, en observant continent par continent, on
remarque une grande variété de couleurs donc de
situations, allant de population très sous-alimentée (Afrique subsaharienne) à une population peu
sous-alimentée (Amérique du Sud) ou Maghreb
(4,1 %), Afrique du Sud.
2. L’Afrique subsaharienne regroupe les populations les moins bien alimentées du monde. La
majorité des pays ont plus de 20 % de sous-alimentés, voir plus de 35 % comme à Madagascar, en
Centre Afrique, en République démocratique du
Congo, en Tanzanie ou en Éthiopie. Toutefois,
certains pays présentent une meilleure situation
alimentaire, comme le Nigeria, le Gabon (5 à
10 %) ou l’Afrique du Sud (moins de 5 %).
3. Ces inégalités s’expliquent par les différences
de développement. Certains pays d’Afrique
possèdent des richesses en matières premières
ou ressources énergétiques (pétrole) qui leur
permettent de réduire leur insécurité alimentaire
en augmentant leurs importations de produits
agricoles (Nigeria, Gabon). D’autres pays ont
commencé leur transition alimentaire en modernisant leur agriculture par des techniques peu
coûteuses : irrigation, plantes adaptées… (Burkina
Faso). Mais l’ensemble des pays d’Afrique reste
dans la dépendance alimentaire car leur agriculture
vivrière ne fournit pas une ration alimentaire suffisante par habitant. Le cas de l’Afrique du Sud est
particulier : ce pays ayant une agriculture moderne
et productiviste héritée d’un passé colonial récent
• 48
(fin de l’Apartheid en 1991) est considéré comme
un pays émergent avec un niveau de développement proche des pays du Nord.
4. En Amérique du Sud, la situation semble moins
difficile qu’en Asie. Certains pays comme l’Argentine et le Chili ont moins de 5 % de sousalimentés et, à l’exception de la Bolivie, pays très
montagneux des Andes, la part de sous-alimentés
ne dépasse pas 20 % de la population. En Asie,
par contre, de nombreux pays ont plus de 20 %
de population sous-alimentée comme en Mongolie, Corée du Nord, Pakistan, Inde, Bangladesh,
Thaïlande, Cambodge. Un seul pays, la Malaisie,
semble avoir moins de 5 % de sous-alimentés.
5. La plupart des pays d’Amérique du Sud sont
en transition alimentaire grâce à la modernisation
de leur agriculture qui leur permet d’augmenter
fortement les productions agricoles en utilisant
des engrais, des machines outils, des techniques
modernes… Ainsi, le Brésil est passé à une agriculture productiviste qui fait de ce pays l’une des
puissances agricoles du monde. L’Argentine et le
Chili assurent leur sécurité alimentaire par une
intensification des cultures et une augmentation
des productions, au risque de dégrader leur environnement (désertification au nord du Chili, développement d’un élevage de plus en plus envahissant dans les pampas d’Argentine…).
6. Le titre montre que tous les États, y compris
les États développés du Nord, sont concernés par
la question alimentaire mais la situation des pays,
particulièrement pour les pays en développement
du Sud, est très variable. D’importantes inégalités
apparaissent entre les pays d’Asie, d’Afrique et
d’Amérique du Sud. Certains pays sont parvenus
à réduire considérablement la sous-alimentation
avec la Révolution verte (Asie) et le passage à une
agriculture moderne et productiviste (Amérique
du Sud) alors que d’autres, tout particulièrement
en Afrique subsaharienne, connaissent toujours
une insécurité alimentaire importante avec plus
d’un quart de la population sous-alimentée. Leur
agriculture traditionnelle et vivrière ne leur permet
pas d’assurer une ration alimentaire suffisante pour
une population en pleine croissance.
3 – Lire un organigramme :
la Révolution verte en Asie
1. Il s’agit de faire comprendre aux élèves que
l’organigramme permet une réponse structurée.
© NATHAN 2010 – Géographie 2de
La couleur bleue correspond aux éléments qui
sont la cause de la Révolution verte. Ils sont
nécessaires et complémentaires : pour faire une
révolution verte, il faut un encadrement de l’État,
donc des aides, des subventions, des prix garantis
par l’État, mais aussi des techniques modernes
comme l’utilisation de semences sélectionnées
par la recherche pour leur haut rendement (plus de
25 quintaux à l’hectare) et l’irrigation afin d’augmenter la production.
Les couleurs rouge et jaune indiquent les conséquences. Jaune : positive, la production agricole
triple et l’autosuffisance alimentaire est acquise ;
rouge : négative pour l’économie (augmentation
des prix), l’environnement (concentration des
terres) ou la société (endettement, exode rural,
inégalités).
2. Le paragraphe peut donc facilement être rédigé
et structuré, en reprenant les observations précédentes afin de classer les conséquences.
4 – TICE. Chercher des informations
sur le site de la FAO
L’exercice a pour objectifs de faire « observer »
et « chercher » l’élève en « naviguant » dans le
site de la FAO. On fait volontairement revenir
l’élève à la page d’accueil à trois reprises, celle-ci
permettant de s’orienter dans le site comme un
sommaire dans un manuel.
1. La première question permet de découvrir la
typologie utilisée ; on valorisera une réponse classant en deux ou trois types : renseignements généraux sur la FAO, données par pays ou par thèmes.
2. La question est formulée pour aider l’élève à
répondre succinctement en trois parties. On attend
une présentation rédigée.
3. 4. Ces deux questions amènent l’élève à observer et à décrire ensuite en répondant avec précision.
5. 6. Ces questions font l’objet de recherches et/
ou d’un choix de l’élève, elles peuvent donner
lieu à une évaluation orale ou écrite.
MÉTHODE
Analyser une carte
❯ MANUEL PP. 72-73
◗ Exemple
On note l’importance du millet en Inde, céréale
traditionnelle qui se cultive sur de grands espaces
de façon peu intensive et ne demande que peu
d’entretien.
◗ Exercice d’application
Les principaux systèmes de production
agricoles en Asie
1. J’analyse le sujet de la carte
• Le principal thème de la carte est l’étude des
systèmes agricoles, donc des productions agricoles, qu’elles soient à haut rendement (intensive)
ou à rendement plus faible (extensive).
• L’espace concerné est l’Asie du Sud et du SudEst : espaces intertropicaux humides au Sud et
Sud-Est, tempéré montagneux et désertique au
Nord-Ouest.
2. Je localise les phénomènes et leur distribution
Trois types d’agriculture sont représentés, du plus
intensif au moins intensif :
– la polyculture intensive (fruits, légumes tropicaux et tempérés) destinée à l’exportation, sur
certains littoraux de Malaisie et d’Indonésie, au
Japon et dans le Nord de l’Asie, le long des fleuves
(Amour à l’Est) et oasis de la route de la soie ;
– l’agriculture issue de la Révolution verte :
céréales, riz, thé, coton, canne à sucre dont l’essentiel de la production est commercialisé et se
trouve en Chine, Inde du Nord et du littoral, et
sur les littoraux d’Asie du Sud-est ;
– l’agriculture vivrière traditionnelle, peu exportée, qui se localise surtout dans les espaces intérieurs, éloignés des littoraux (Deccan indien, nord
de l’Himalaya, nord de la Chine) ou peu accessibles (certaines îles indonésiennes) ;
– l’élevage extensif sur de grandes parcelles ou
en itinérant, les fronts pionniers : espaces défrichés ou mis en culture dans les forêts tropicales
d’Indonésie, et d’Asie du Sud-Est.
3. Je repère les faits particuliers
• Les littoraux, et plus particulièrement les villes
portuaires importantes, sont les pôles principaux
permettant les échanges de produits agricoles :
© NATHAN 2010 – Géographie 2de
49 •
Bombay, Calcutta, Bangkok, Singapour, Djakarta,
Manille, Shanghai, Séoul, Tokyo…
Au Nord, les routes traditionnelles des oasis (route
de la soie) existant depuis l’Antiquité permettent
aux caravanes de transporter la production d’Asie
de l’Est (Pékin-Beijing) à l’Ouest (Istanbul).
N.B. : certains fleuves n’apparaissant pas sur la
carte sont des voies de communication importantes
permettant des échanges : le Mékong, le Gange,
le Yangze (fleuve bleu)…
• On observe une dissymétrie entre l’intérieur du
continent, peu cultivé, et les littoraux exploités en
général de façon intensive. Sur les espaces intérieurs, montagneux ou désertiques, l’élevage extensif est pratiqué mais aussi l’agriculture itinérante.
• Dans l’agriculture itinérante, après avoir brûlé
les terres (défrichement et cendres enrichissant les
terres), on cultive souvent une parcelle pour une
durée courte (1 à 3 ans) car elle est peu fertile, puis
on la laisse se reposer pendant plusieurs années (3
à 10 ans) avant de revenir sur la même parcelle.
Cette pratique est fréquente chez les populations
nomades d’Asie et dans les forêts tropicales. Elle
ne permet pas une agriculture intensive mais des
cultures vivrières respectant l’environnement
fragile.
4. J’explique l’organisation de l’espace
• Les espaces facilitant l’exportation des produits
agricoles sont les ports, les fleuves et littoraux,
mais aussi certaines grandes villes (Delhi, PékinBeijing), métropoles actives et capitales. Les
espaces les plus productifs sont les littoraux des
espaces intertropicaux humides de l’Asie du Sud
et du Sud-Est, qui permettent plusieurs récoltes
par an (jusqu’à 4 pour certains riz chinois) grâce
à l’irrigation.
• L’Himalaya est la chaîne de montagnes la plus
haute du monde : elle agit comme une frontière
entre les espaces tropicaux humides au Sud et
désertiques montagneux au Nord, empêchant les
pluies de passer en particulier lors des saisons
humides avec la mousson venant du Sud-Est.
• Les grandes métropoles littorales drainent les
flux intérieurs de la consommation agricole.
• La Révolution verte permet l’intensification
des cultures à haut rendement par des techniques
adaptées (irrigation, sélection de plants, engrais,
pesticides…). Elle a pour but l’autosuffisance
• 50
alimentaire mais entraîne aussi une augmentation des prix agricoles, des inégalités sociales,
l’endettement des paysans, l’exode rural et une
surexploitation des terres limitant le développement durable.
MÉTHODE
Sujet > Quelles sont les causes
de l’insécurité alimentaire
dans les pays en développement ?
❯ MANUEL PP. 74-75
◗ Questions
Analyse du sujet et des documents
1. L’insécurité alimentaire désigne une production
agricole et un achat de nourriture insuffisants pour
nourrir la population d’une région, d’un pays ou
d’un ensemble de pays.
Les pays en développement correspondent aux
pays du Sud, où les inégalités de développement
restent particulièrement fortes.
2. a. La population d’Afrique subsaharienne est
passée de 230 millions d’habitants en 1960 à
1 840 milliards d’habitants en 2009. La population a donc été multipliée par 8 en un demi-siècle.
b. La caricature de Plantu montre que l’eau des
pays du Sud est utilisée pour irriguer des cultures
commerciales destinées aux pays du Nord et non
pour irriguer des cultures de subsistance. Le maïs
est en effet transformé pour alimenter le bétail des
pays en développement.
c. « Parmi les causes naturelles, la sécheresse vient
en premier. »
d. « La situation est aggravée par les subventions
agricoles des pays du Nord et les règles inégales
du commerce mondial. »
e. « Mais les causes humaines (conflits, déplacements de population, décisions économiques)
interviennent de plus en plus souvent, et sont
responsables de plus de 35 % des urgences alimentaires en 2004, contre seulement 15 % en 1992. »
Classement des informations dans un plan
3. Plan thématique
I. Les facteurs naturels
c. certains facteurs naturels compromettent la
sécurité alimentaire (doc. 3)
© NATHAN 2010 – Géographie 2de
II. Les facteurs démographiques.
a. les besoins alimentaires du Sud sont en forte
croissance (doc. 1)
III. Les facteurs économiques.
b. le Nord met en valeur des terres agricoles pour
cultiver les agrocarburants, au détriment du Sud
(doc. 2)
d. les pays du Sud subissent une concurrence
déloyale des agricultures du Nord (doc. 3)
IV. Les facteurs politiques.
e. la fragilité des États du Sud peut aggraver leurs
difficultés alimentaires (doc. 3)
Plan régional
I. Les facteurs internes au Sud
a. les besoins alimentaires du Sud sont en forte
croissance (doc. 1)
c. certains facteurs naturels compromettent la
sécurité alimentaire (doc. 3)
e. la fragilité des États du Sud peut aggraver leurs
difficultés alimentaires (doc. 3)
II. Les facteurs dépendant du Nord
b. le Nord met en valeur des terres agricoles pour
cultiver les agrocarburants, au détriment du Sud
(doc. 2)
d. les pays du Sud subissent une concurrence
déloyale des agricultures du Nord (doc. 3)
4. Le plan régional apparaît plus pertinent que
le plan thématique. Les deux démarches respec-
Idée
Doc. 4
p. 49
tent une approche géographique, répondent à la
problématique et traitent de l’ensemble du sujet.
Mais les sous-parties sont réparties de façon plus
équilibrée dans le plan régional. En outre, ce type
de plan permet de mettre l’accent sur les répartitions, au cœur de toute une étude géographique.
◗ Exercice d’application
Sujet > Par quels moyens les pays
du Sud répondent-ils à leurs besoins
alimentaires ?
Analyse du sujet et des documents
1. Il ne s’agit plus ici d’expliquer l’insécurité
alimentaire, mais de présenter les solutions qui
permettraient d’y remédier.
2. Voir le tableau ci-dessous.
Classement des informations dans un plan
3. Plan régional
I. Les facteurs internes au Sud
a;b;c
II. Les facteurs dépendant du Nord
d;e
4. Plan thématique
I. les facteurs agricoles
a. ; b
II. les facteurs commerciaux
c;d;e
Exemple
a. L’agriculture peut être intensifiée.
La Révolution verte s’est développée dans l’est de
la Chine, la partie du pays où les besoins alimentaires sont les plus importants.
b. Les espaces agricoles peuvent être étendus.
Des fronts pionniers mettent en valeur des espaces
agricoles dans l’ouest de la Chine.
« Plus la Chine se développera, plus la consommation directe de céréales, blé et riz, déclinera au
profit de la viande (…). »
Des cultures d’exportations destinées aux pays
d.
Des
espaces
du
Sud
destinés
aux
cultures
Doc. 3
pays développés sont largement implantées sur
commerciales
pour
le
Nord
peuvent
être
mis
p. 59
en valeur pour alimenter les pays en développe- les littoraux d’Afrique et d’Amérique latine.
ment.
Repères e. Les agricultures du Nord fournissent de plus De 15 millions de tonnes en 1960, les importations
en plus les pays du Sud. Il s’agit d’un apport de de céréales des pays du Sud se sont élevées à
p. 62
180 millions de tonnes en 2008. Les importations
nourriture mais aussi d’une concurrence.
ont donc été multipliées par 12 en un demi-siècle.
Doc. 5
p. 49
c. La production de viande, consommatrice
d’eau et d’espace doit être maîtrisée.
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