THÈME 2 Gérer les ressources terrestres ◗ Programme et objectifs pédagogiques du thème 2 Les trois chapitres de ce thème permettent de mettre en œuvre les principes et les problématiques dégagés dans l’introduction concernant le développement, le développement durable et la croissance des besoins pour une population estimée de 9,5 milliards d’habitants à l’horizon 2050. Le chapitre « Nourrir les hommes » existait déjà dans les anciens programmes, mais le contenu de cette question s’est enrichi depuis qu’on a développé le modèle de la « transition alimentaire », à l’instar des modèles des transitions démographique et urbaine. L’orientation est différente car le fil directeur n’est plus seulement l’environnement comme dans le programme précédent, mais le développement durable. Il en va de même pour le chapitre « L’eau, ressource essentielle », à propos duquel les contenus ont moins changé sur le fond que pour l’alimentation, mais où la gestion durable est mise en avant. Enfin, le chapitre consacré à l’énergie est nouveau en raison de la place majeure qu’occupe cette question au plan international et aussi parce que la thématique du développement durable est ici centrale. On notera cependant que l’énergie a occupé une place de choix dans les programmes de géographie à la fin des années 1970 et dans les années 1980, suite aux « chocs énergétiques », et que ce n’est, somme toute, qu’une question résurgente. ◗ Pour aller plus loin LIVRES, REVUES, DOSSIERS Il existe peu d’études générales sur l’ensemble des ressources planétaires et leur gestion. Une bibliographie spécifique est donnée dans les parties du livre du professeur correspondant à ces chapitres. • Millennium Assessment Reports, ONU/PNUE 2005 (téléchargeables) : http://www.millenniumassessment.org/en/index.aspx © NATHAN 2010 – Géographie 2de ❯ MANUEL PP. 44-135 • L’Atlas environnement, Le Monde diplomatique, 2007. • Les Marchés mondiaux, Rapport Cyclope 2010, P. Chalmin. • L’État de la planète (revue téléchargeabe), Worldwatch Institute : http://www.delaplanete.org/ FILMS, DOCUMENTAIRES • La Planète sous pression, M. Stenberg, J. Söderberg, L. Torell, Éditions Zylo, 2006. • Solutions locales pour un désordre global, Coline Serreau, 2010. • Le Syndrome du Titanic, Nicolas Hulot, 2009. SITES INTERNET • FAO/Ressources naturelles et environnement : http://www.fao.org/nr/nr-home/fr/ • Worldwatch Institute : http://www.worldwatch.org/ • World Resources Institute : http://www.wri.org/ • Earth trends (site de données du World Resources Institute) : http://earthtrends.wri.org/ OUVERTURE DU THÈME ❯ MANUEL PP. 44-45 ◗ Commentaire de la photographie La Frise, aux Pays-Bas, entre terre et mer Le tiers de la superficie des Pays-Bas est situé au-dessous du niveau de la mer et les polders, terres conquises sur les marais maritimes par assèchement, constituent près de 20 % des surfaces émergées du pays. Le territoire est donc depuis longtemps un produit des aménagements humains et la relation entre la terre et les eaux est le fruit de savants équilibres. Si les Pays-Bas ne sont pas les mieux placés en Europe en matière de développement durable, en raison de leur agriculture intensive qui est l’une des plus productives du monde et utilise beaucoup d’intrants chimiques, ils affichent de bonnes performances en matière de gestion de l’eau et d’énergies renouvelables et mettent en œuvre des mesures de « renaturation 29 • de leur territoire » en rendant à l’eau des terres autrefois conquises par poldérisation. Terres cultivées en damier géométrique, importante présence de l’eau, éoliennes, cette image CHAPITRE 1 Nourrir les hommes ◗ Objectifs pédagogiques du chapitre Deux études de cas permettent de préciser les problématiques et de construire les notions. La Chine, passée très vite de l’insécurité alimentaire chronique à la suralimentation menaçante, offre l’exemple d’un pays où la transition alimentaire est accélérée et où les progrès agricoles plafonnent, d’où une dépendance accrue et des importations croissantes. Le Brésil, au contraire, s’affirme comme un producteur majeur de la planète, mais le choix du modèle productiviste a un coût environnemental et social élevé. La double page qui définit et illustre les notions centrales (pp. 56-57) et la double page de cartes qui lui fait suite (pp. 58-59), permettent de généraliser les acquis des études de cas en changeant d’échelle. Les trois sous-parties du chapitre sont alors traitées sous forme de cours. Il s’agit d’abord de faire le point sur la situation alimentaire mondiale en rapport avec la transition démographique qui a presque triplé la population mondiale depuis 1950, en mesurant les progrès accomplis, les carences et les besoins à venir compte tenu d’une transition alimentaire qui se généralise. La problématique de la sécurité alimentaire est développée dans un deuxième temps en montrant que les inégalités alimentaires se creusent alors que l’agriculture vivrière est dans l’impasse et que le modèle de l’agriculture productiviste qui nourrit actuellement le monde reste dominé par quelques pays mais se généralise. On montre enfin, dans un troisième temps, que les atteintes à l’environnement, • 30 de la Frise permet d’introduire les trois sujets qui vont être traités dans cette partie du programme : « Nourrir les hommes », « L’eau, ressource essentielle » et « L’enjeu énergétique ». ❯ MANUEL PP. 46-75 la pression sur les ressources, les risques alimentaires remettent en cause le modèle agroalimentaire dominant et que la réorientation vers une agriculture durable apparaît comme une nécessité, mais que la mise en œuvre de ce nouveau modèle pose bien des questions. Le dossier développement durable, la double page de révision et les 3 doubles pages d’exercices et méthode viennent enfin conclure le chapitre, conformément à la structure adoptée pour l’ensemble du manuel. ◗ Pour aller plus loin BIBLIOGRAPHIE • M. Griffon, Pour des agricultures écologiquement intensives, Éditions de l’Aube, 2010. • S. Brunel, Nourrir le monde, vaincre la faim, Larousse, 2009. REVUES • « La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture » : rapport périodique FAO/SOFA, 2009, dernier rapport disponible. • « L’État de l’insécurité alimentaire dans le monde » : FAO/SOFI, 2009, dernier rapport disponible. • « Demain, les guerres de la faim », Le Monde, Dossiers et documents n° 377, 2008. • « L’agriculture mondialisée », J.-P. Charvet, La Documentation française n°8059, 2007. FILMS, DOCUMENTAIRES • Food Inc., Robert Kenner, 2009 : http://www.foodinc-lefilm.com/ © NATHAN 2010 – Géographie 2de • We feed the world (Le Marché de la faim), E. Wagenhofer, 2007. • Notre pain quotidien, N. Geyrhalter, 2005. • Soylent Green (Soleil vert), R. Fleischer, 1973 (DVD Warner Bros). • Super Size me, M. Spurlock, 2004. • Vu du Ciel : Six milliards d’hommes à nourrir, Y. Arthus-Bertrand, 2008. SITES INTERNET • FAO (Food and Agriculture Organization), Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, statistiques et études à l’échelle mondiale : http://www.fao.org/index_fr.htm • IRD, Institut de recherche sur le développement, dossiers thématiques sur la nutrition : http://www.mpl.ird.fr/suds-en-ligne/nutrition/ index.html • CIRAD, Centre international en recherche agronomique pour le développement, nombreuses publications et articles téléchargeables : www.cirad.fr • Via Campesina, un syndicat paysan qui milite pour une agriculture plus respectueuse des sociétés et de l’environnement : http://www.viacampesina.org/main_fr/ Commentaire des documents et réponses aux questions OUVERTURE ❯ MANUEL PP. 46-47 Doc. 1 – Un milliard d’hommes souffrent de la faim La photographie montre, dans un camp de réfugiés à l’est de la République démocratique du Congo, l’aide distribuée par le Programme alimentaire mondial (PAM) mis en place par les Nations unies en 1963 et qui est la plus importante organisation humanitaire mondiale. Le PAM permet la survie alimentaire de 90 millions de personnes, dont deux tiers d’enfants, et est intervenu dans environ 80 pays (entre 30 et 40 par an en moyenne) pour une aide alimentaire structurelle mais aussi d’urgence. En RDC, on est entre le structurel et l’urgence, puisque le conflit de l’Afrique des Grands Lacs, qui implique cette région, dure depuis deux décennies. On notera que ce sont les femmes qui sont les éléments-clés de l’alimentation en Afrique (ainsi d’ailleurs que dans de nombreux pays du Sud et même du Nord), que les vêtements sont bariolés et que presque toutes portent des tongs, sans doute fabriquées en Chine, ce qui en dit long sur les effets de la mondialisation dans la région. Doc. 2 – La suralimentation, un fléau planétaire Un article du journal Le Monde du 13 juillet 2010 titrait : « Pourquoi l’obésité explose-t-elle © NATHAN 2010 – Géographie 2de dans les pays émergents ? La malbouffe va-t-elle remplacer la faim ? » Selon l’OMS, Organisation mondiale de la Santé, 1,6 milliard de personnes sont en surpoids dans le monde dont 700 millions sont obèses, alors que le nombre d’affamés est de 1 milliard. D’ores et déjà, la suralimentation a dépassé la sous-alimentation. L’OMS prévoit 2,3 milliards de personnes en surpoids en 2015 et 3,3 milliards en 2030, dont 80 % dans les pays du Sud. La Chine, le Brésil, l’Afrique du Sud, le Proche et le Moyen-Orient enregistrent une flambée de l’obésité, que l’on a longtemps associé aux seuls États-Unis. Dans ce pays, l’obésité a été désignée comme fléau national n°1 en 2002 et le coût estimé de cette pathologie est de 150 milliards de $ par an. Les États-Unis sont encore le pays où il y a le plus d’obèses mais le taux d’obésité américain est désormais dépassé par plusieurs pays du Sud et la Chine sera, à court terme, le pays comptant le plus d’obèses au monde. Dans ce pays, la mortalité liée au surpoids représente désormais près du tiers des décès. Cette caricature qui évoque la malbouffe – sodas, hamburgers, frites, pop-corn, avancés en quantités considérables par un Oncle Sam dodu et réjoui qui va les engouffrer – est l’occasion d’introduire la notion de transition alimentaire. Au cours du processus de développement et de la transition urbaine, la population citadine croissante, puis 31 • dominante, rejette les modèles alimentaires ruraux associés à la pauvreté et à la faim et consomme de plus en plus de protéines, de sucres et de graisses. Elle est aussi tentée par les modèles de consommation du Nord : les nourritures grasses et sucrées des fast-foods prolifèrent dans les villes du Sud. Le processus est encouragé par le fait que l’image des « gros », dans les pays pauvres, ou qui l’étaient il y a peu, est valorisée, comme elle l’était dans les pays du Nord jusqu’à l’entre-deux-guerres. Doc. 3 – Nourrir 3 milliards d’hommes grâce à la riziculture intensive Le riz reste la céréale alimentaire principale pour 3 milliards de personnes, principalement en Asie des moussons, mais aussi pour diverses régions côtières d’Afrique. L’aménagement ancestral des collines et des montagnes façonnées en terrasses superposées – la riziculture nécessite des sols très plats et l’irrigation se fait par gravité –, a longtemps nourri des populations nombreuses. Depuis la Révolution verte, l’introduction de variétés hybrides à cycles végétatifs courts et aux rendements plus élevés a permis de faire une deuxième, voire une troisième récolte annuelle. L’Indonésie, sous influence américaine, a bénéficié de ces nouvelles techniques agricoles dès la fin des années 1960. L’Indonésie est aujourd’hui le 3e producteur mondial de riz derrière la Chine et l’Inde, mais elle doit importer cette céréale pour assurer sa sécurité alimentaire, car sa population, qui atteint 245 millions d’habitants, est en forte croissance. pliée par 3,5 dans le même temps, mais qui représente une masse humaine énorme : 790 millions d’habitants supplémentaires, soit presque autant que les gains démographiques réunis de l’Amérique latine et de l’Afrique subsaharienne sur la même période. Si le taux de natalité a beaucoup baissé, on ne sera pas surpris dans ces conditions que le nombre annuel de naissances n’ait pas diminué dans les mêmes proportions. Il y avait près de 24 millions de naissances en 1950, plus de 28 millions dans les années 1960, encore 20 millions en 2000 et presque 19 millions en 2009. La période de hausse de la natalité dans les années 1960 correspond à l’abandon des politiques de contrôle des naissances pendant la Révolution culturelle, mais le taux de natalité est presque divisé par 2 dans la décennie qui suit (politique de l’enfant unique), ce qui ne s’est observé dans aucun autre pays. Quant à la mortalité, elle a connu une forte hausse à la fin des années 1950 en raison de l’échec du Grand Bond en avant et des famines qui l’ont accompagné. Elle a atteint son niveau plancher depuis 1980 et on constate une légère tendance à la hausse, liée au vieillissement de la population et qui devrait se confirmer. L’inertie démographique joue en Chine, mais la diminution du nombre de femmes en âge de procréer et la faible fécondité, 1,6 enfant par femme (soit un niveau inférieur à ce qu’indique le texte écrit en 2005), vont réduire à terme le nombre des naissances alors que celui des décès augmentera mécaniquement du fait du vieillissement. La fin de la transition est donc bien engagée. Doc. 2 – Le recul de la faim depuis 40 ans ÉTUDE DE CAS 1 Chine : nourrir 20 % de l’humanité A. Une sécurité alimentaire presque assurée ❯ MANUEL PP. 48-49 Doc. 1 – Un doublement de la population en 50 ans Doc. 3 – La croissance démographique maîtrisée Le graphique et le texte permettent de préciser la situation démographique de la Chine. La population a été multipliée par plus de 2,4 en soixante ans, ce qui est relativement faible par rapport à ce qu’on observe dans les pays du Sud, où elle a été multi• 32 La population a augmenté de plus de 60 % depuis 1970 alors que le nombre de sous-nourris a diminué de près de 70 %, ce qui signifie que la part de la population souffrant de la faim a été divisée par 5. Le niveau de 9 % indique une situation plutôt bonne dans l’ensemble des pays du Sud (plus de 15 %) et bien meilleure que celle de l’Inde, l’autre géant démographique, qui se situe à 21 %. On constate que le recul de la faim a été surtout important entre 1980 et 1990 (- 110 millions de personnes), période qui correspond à l’ouverture du pays, à la mise en place de l’économie de marché et à la libéralisation de l’agriculture. Les évolutions sont plus lentes depuis car la sous-nutrition concerne surtout les périphéries rurales en retard de développement où les progrès sont plus lents à se faire sentir. © NATHAN 2010 – Géographie 2de Doc. 4 – Les espaces du progrès agricole Doc. 5 – Agriculture intensive et sécurité alimentaire Le développement agricole de la Chine s’est appuyé sur deux politiques : – une politique d’extension, par la conquête pionnière de terres dans les zones froides et sèches du Nord et de l’Ouest, mais aussi sur les collines non défrichées de la Chine de l’Est et du Sud : 25 millions d’hectares ont été ainsi gagnés, soit 20 % de la SAU du pays. Cette politique a été permise par l’utilisation de semences hybrides adaptées à ces milieux difficiles et par le développement massif de l’irrigation ; – une politique d’intensification du type révolution verte fondée sur l’irrigation, l’usage de variétés à hauts rendements et l’utilisation d’engrais et de pesticides, qui a permis de faire une voire deux récoltes supplémentaires par an dans les plaines, vallées et deltas densément occupés de l’Est du pays. Le résultat est aujourd’hui un bon niveau d’apports caloriques et une alimentation plus diversifiée avec une part croissante de protéines (viande). Le pays est donc entré en transition alimentaire parallèlement à l’acquisition d’une quasi-sécurité nutritionnelle. ◗ Questions Documents 1 et 3 1 – La population chinoise a augmenté de : 21,4 % entre 1950 et 1960 23,1 % entre 1960 et 1970 16,4 % entre 1970 et 1980 17,7 % entre 1980 et 1990 12,4 % entre 1990 et 2000 5,5 % entre 2000 et 2009 2 – Après une première baisse entre 1950 et 1960 (à moins de 30 ‰), la natalité augmente entre 1960 et 1970 (à plus de 65 ‰), puis recule de manière définitive, fortement entre 1970 et 1980, plus modérément ensuite. La mortalité augmente entre 1950 et 1960 (famines), puis décroît très fortement, passant de 45 ‰ à 15 ‰ environ entre 1960 et 1970. Elle stagne ensuite, pour atteindre son niveau le plus bas vers 2000 puis reprendre légèrement (vieillissement de la population). La décennie qui a connu la croissance démographique la plus forte est celle de 1960 à 1970, © NATHAN 2010 – Géographie 2de période pendant laquelle la mortalité a diminué très fortement alors que la natalité augmentait. 3 – La transition démographique de la Chine se termine parce que la natalité atteint un niveau assez bas (14 ‰), alors que la mortalité ne diminue plus et a même très légèrement augmenté (7 ‰), ce qui est le signe du vieillissement de la population. Document 2 4 – La sous-nutrition est en recul sur toute la période, mais on peut distinguer trois étapes. Entre 1970 et 1980 le recul est net, 90 millions d’affamés en moins, mais il est encore plus vigoureux entre 1980 et 1990, la population sous-alimentée diminuant de 110 millions de personnes. Ensuite le recul fléchit et se stabilise à – 30 millions de personnes par décennie. Documents 4 et 5 5 et 6 – L’intensification de la production agricole et le gain de superficies cultivées depuis les années 1960 ont permis de répondre aux besoins de la majeure partie de la population. Cette progression est due à la Révolution verte. Ce sont surtout les fronts pionniers qui ont marqué l’évolution de espaces agricoles. B. Une transition alimentaire accélérée ❯ MANUEL PP. 50-51 Doc. 6 – Une alimentation plus abondante et de moins en moins végétarienne Doc. 7 – La Chine en transition alimentaire Ces deux documents permettent de construire la notion de transition alimentaire à partir de l’exemple chinois. La ration calorique moyenne augmente jusqu’à devenir excessive. Insuffisante dans les années 1960 et 1970, elle a atteint un niveau correct dans les années 1980 et 1990 (24002700 kilocalories étant considérés comme suffisants par la FAO et l’OMS), mais excessif depuis, la Chine se situant au-dessus de 3 000 kcal, c’està-dire au niveau des pays européens. De plus, et c’est aussi un des signes de la transition alimentaire, la part des céréales a fortement reculé et celle des autres aliments est passée de 5 % en 1960 à 37 % en 2008 (on était encore à moins de 20 % jusqu’aux années 1990). En 1980, le Chinois consommait 209 kg de céréales et de viandes par an, dont 9 kg de viande ; en 2008, il en consomme 33 • 223 kg, dont 53 kg de viande. Le niveau nutritionnel des habitants et la santé se sont améliorés, la sous-alimentation induisant une immunodéficience qui favorise la plupart des pathologies. Mais l’excès de nourriture favorise les maladies chroniques, maladies cardiovasculaires et diabète principalement. Doc. 8 – Importer pour faire face aux nouveaux besoins alimentaires Longtemps exportateur agricole à la balance excédentaire (riz, fruits tropicaux, légumes…), la Chine est devenu un importateur chronique et son déficit s’accroît. En effet, bien que premier producteur de blé du monde, elle a atteint un plafond pour cette céréale emblématique de la Chine du Nord, alors qu’elle en consomme de plus en plus : si la consommation de riz est en recul, celle de blé pour les pains, biscuits, pâtisseries, est en hausse. Il en va de même pour les viandes et le lait et la Chine est devenue importatrice d’aliments pour le bétail. La société urbaine et la classe moyenne consomment en outre de plus en plus de plats préparés, de surgelés et même de vins et d’alcools. Le secteur des emballages, équipements de cuisine, chaîne du froid, trouve aussi de belles opportunités sur le marché chinois. Cela dit, la Chine – qui est devenue le premier exportateur du monde devant l’Allemagne en 2010 et avec un excédent commercial de l’ordre de 300 milliards de $ par an – peut aisément supporter un déficit de 45 milliards de $ de sa balance agroalimentaire. Doc. 9 – Bientôt 100 millions d’obèses en Chine Doc. 10 – Les effets du nouveau régime alimentaire chinois : 20% des enfants sont en surpoids Doc. 11 – Surnutrition et sous-nutrition, révélateurs des inégalités sociales Actuellement, près de 400 millions de Chinois sont en surpoids (30 % de la population) et on dénombrait 70 millions d’obèses en 2008, les 100 millions étant probablement atteints aujourd’hui compte tenu de la progression rapide de cette pathologie. L’obésité a été déclarée problème national de santé publique n° 1 en Chine car elle touche de plus en plus les enfants et les adolescents, pour qui des camps d’été et des centres de traitement sont ouverts. Les autorités attribuent à l’obésité une bonne partie des maladies cardiovasculaires en forte croissance dans le pays (3,3 millions de • 34 décès par an, soit 35 % de la mortalité) et du diabète (40 millions de diabétiques). Le texte met en cause les établissements de restauration rapide à l’occidentale, ce que la photo appuie en montrant un McDonald’s vers lequel se dirige un jeune Chinois obèse. C’est plus globalement le modèle nutritionnel du Nord européen/américain qui est adopté par une population urbaine approchant désormais 650 millions d’habitants, à l’instar de ce qui se passe dans toutes les villes du Sud. À ce titre, la transition alimentaire participe de la mondialisation. Il ne faut cependant pas oublier que 120 millions de Chinois souffrent encore de la faim et meurent encore principalement de maladies infectieuses. La caricature évoque la résurgence d’une Chine pré maoïste où l’abondance côtoyait l’extrême misère avec un coolie maigrichon qui tire un mandarin obèse sur un pousse-pousse. L’image est actualisée par le journal financier et la mallette posée à côté du passager. Mais on était alors dans un système où 90 % de la population était pauvre et souffrait de la faim, ce qui n’est plus vrai aujourd’hui. Si de tels écarts demeurent, ces extrêmes se côtoient peu car les affamés ne sont pas dans les villes mais dans les campagnes les plus reculées. ◗ Questions Documents 6 et 7 7 – La transition alimentaire chinoise est rapide : le passage d’une alimentation insuffisante à une alimentation suffisante s’effectuant dans la période 1980-1990 et le passage à une alimentation excédentaire s’effectuant à partir des années 2000. Le phénomène s’accompagne d’une réduction de la consommation de céréales et de végétaux et de l’augmentation de la part des autres aliments, protéines et viande surtout. L’état général de santé de la population s’améliore, mais les excès alimentaires favorisent la montée de nouvelles maladies comme les maladies cardiovasculaires et le diabète. 8 – En 1980, le Chinois moyen sort tout juste de la sous-alimentation qui était la règle jusque-là, avec 2 500 kcal/jour et une ration alimentaire constituée surtout de céréales : + de 200 kg par an, soit 88 % de la nourriture. Il ne mange que 9 kg de viande par an. En 1990, la ration calorique a augmenté de près de 10 %, le Chinois mange encore plus de céréales (20 % de plus) et sa consommation de viande a plus © NATHAN 2010 – Géographie 2de que doublé. Le seuil supérieur de la ration calorique fixé par la FAO (2400-2700 kcal) a été dépassé. En 2008, la transition alimentaire s’affirme de plus en plus. Avec 3 090 kcal, le Chinois moyen est suralimenté. Il mange 30 % de céréales en moins qu’en 1990, six fois plus de viande qu’en 1980, mais aussi des graisses et des sucres. Les aliments autres que les céréales et les légumes constituent 37 % de la nourriture, ce qui explique sans doute que la ration calorique soit si élevée. Document 8 9 – La balance commerciale agroalimentaire de la Chine s’est fortement dégradée en moins de vingt ans, passant d’un excédent de 2 milliards de $ en 1990, à un déficit de 4 milliards en 2000 et de 45 milliards en 2008 (déficit multiplié par plus de 11 en huit ans). En volume, le commerce agroalimentaire a explosé, les exportations étant multipliées par 4,2 depuis 1990 et les importations par presque 11. Le texte montre que les besoins de la Chine sont croissants dans les produits préparés, les surgelés, les produits laitiers, les snacks, les pâtisseries, qui ne faisaient pas partie de l’alimentation chinoise traditionnelle, mais qui sont aujourd’hui consommés notamment par la société urbaine aisée. De plus, la Chine doit aussi importer toutes les technologies qui accompagnent ce nouveau modèle alimentaire. Documents 9, 10 et 11 10 – L’obésité concerne désormais 90 millions de Chinois, particulièrement les enfants. Cet effectif a doublé en 5 ans et plus du quart de la population est en surpoids. La fréquentation accrue des fast-foods est un facteur de ce phénomène qui touche surtout les villes et les catégories sociales les plus aisées. La caricature donne à penser que les pauvres ne sont pas encore affectés. 11 – Le surpoids et l’obésité sont des marqueurs de la transition alimentaire. Les Chinois des villes abandonnent le modèle alimentaire traditionnel fondé sur les céréales (riz surtout) et les légumes, pour un modèle de type occidental, où la part des viandes, des graisses, des sucres est beaucoup plus importante et augmente fortement la ration calorique. La multiplication des fast-foods est le symbole de cette évolution. 12 – Le changement de régime alimentaire concerne principalement la société urbaine et les © NATHAN 2010 – Géographie 2de catégories riches de la population. Les pauvres, encore nombreux dans le pays, ne sont pas touchés pour le moment et 9 % de la population chinoise reste sous-alimentée. Synthèse La situation démographique, agricole et alimentaire de la Chine a radicalement changé depuis les années 1960. Trois éléments principaux peuvent être retenus. • Il y a d’abord eu une réduction notable de la croissance démographique : environ 28 millions de naissances par an dans les années 1960 contre 19 actuellement. La Chine achève sa transition démographique, ce qui a contribué à améliorer sa situation alimentaire. • Par ailleurs, il y a eu d’importants progrès agricoles. L’extension des terres cultivées a augmenté de 20 % la superficie agricole et la généralisation de l’agriculture intensive liée à la Révolution verte (irrigation, engrais, nouvelles variétés cultivées) a permis d’accroître considérablement les rendements et les productions. De plus, la Chine a massivement accru ses importations agroalimentaires afin de satisfaire les besoins alimentaires de plus en plus diversifiés de sa population. • Enfin, dans ce contexte, la transition alimentaire s’est accélérée, en relation avec une urbanisation accrue qui favorise l’adoption de modèles alimentaires venus des pays riches. La ration alimentaire moyenne des chinois est très excédentaire, même s’il reste encore 9 % de sous-nourris, et l’excès a tendance à se substituer aux insuffisances : l’obésité est devenue un fléau, affecte particulièrement les enfants et s’accompagne de la montée des maladies chroniques, cardiovasculaires et diabète. ÉTUDE DE CAS 2 Brésil : succès et revers de l’agriculture productiviste A. La réussite agricole du Brésil ❯ MANUEL PP. 52-53 Doc. 1 – Les progrès agricoles et alimentaires Le tableau montre la mutation de l’agriculture et de l’alimentation du pays entre 1980 et 2008. En 1980, le Brésil est une puissance agroalimentaire émergente 35 • qui entre tout juste dans sa transition alimentaire, avec un ratio mal nourris/obèses de 6, encore 30 % de la population active qui travaille dans l’agriculture et des exportations agricoles déjà substantielles, héritières d’un passé colonial de producteurs de produits tropicaux (café, sucre, cacao, bois…). Les progrès accomplis avaient déjà été importants car en 1960 le Brésil faisait figure de « continent de la faim », (quand le géographe brésilien Milton Santos publie Géographie de la faim en 1952, il situe le Brésil dans les pays les plus défavorisés de ce point de vue), avec une situation assez voisine de l’Afrique subsaharienne aujourd’hui. En 2008, les exportations agricoles ont été multipliées par presque 6 avec 3 fois moins d’agriculteurs dans le pays et les obèses sont presque 3 fois plus nombreux que les mal nourris. Le Brésil, pays urbanisé à 85 % et puissance émergente qui s’affirme de plus en plus dans le monde, a accompli un développement agricole et un développement tout court remarquables. Doc. 2 – L’agriculture, l’or vert du Brésil Doc. 3 – Le passage à une agriculture productiviste intensive L’excédent commercial a été multiplié par 6 entre 1980 et 2008. Il y a d’abord eu une progression lente et saccadée entre 1980 et 2000. Puis le solde a triplé en cinq ans, passant de 10,3 à 30,4 milliards de dollars entre 2000 et 2005, en raison de la hausse des cours des denrées agricoles, mais aussi de la forte augmentation des exportations de soja et de viandes. Dans les trois ans qui ont suivi, l’excédent agroalimentaire a augmenté de 40 %, passant de 30 à près de 52 milliards de dollars et hissant le Brésil au 1er rang mondial en la matière. Le Brésil est devenu le 1er exportateur mondial de viandes (toutes catégories confondues) et le 2e exportateur de soja derrière les États-Unis et devrait, à terme, occuper aussi le 1er rang dans ce secteur. Le soja est en tête de la valeur des exportations devant le sucre (dont le Brésil est le 1er exportateur mondial) et les viandes, ces trois postes représentant la moitié des exportations du pays. Le café, pour lequel le Brésil occupe toujours le 1er rang mondial (35 % de la production et 30 % des exportations), ne représente plus que 6,3 % de la valeur des exportations agroalimentaires, alors que sa part s’élevait à 42 % de la valeur des exportations totales il y a trente ans. Les exportations agroalimentaires se sont donc fortement diversifiées, à l’image des exportations d’autres • 36 produits, mais ne représentent plus que 18 % de la valeur des exportations totales du pays. La modernisation de l’agriculture s’est appuyée, comme partout, sur la double logique de la conquête pionnière de terres nouvelles et de l’intensification agricole (cf. la Chine, traitée dans l’étude de cas précédente). L’urbanisation précoce et intense du pays (85 % de citadins aujourd’hui) a eu un effet entraînant, car elle a très tôt intégré l’agriculture aux marchés et a impulsé la modernisation et la hausse des rendements. Les progrès agricoles ont aussi été liés à des politiques spécifiques soulignées par le texte : crédits aux agriculteurs, formation agricole et investissement dans la recherche et le développement. Doc. 4 – Une agriculture très mécanisée L’image est impressionnante et on compte 25 moissonneuses récoltant le soja sur cet immense champ qui s’étend à perte de vue. Contrairement à ce qui est souvent dit, le front pionnier du soja ne progresse pas au détriment de la forêt amazonienne, région dans laquelle il pleut beaucoup trop, mais trouve sa zone de prédilection sur les marges de l’Amazonie, dans les régions tropicales à saison sèche qui s’étendent au sud et notamment dans l’État du Mato Grosso (voir carte p. 54). Les terres défrichées concernent la forêt claire, des savanes arborées (cerrados) et des savanes (campos). Le soja transgénique, qui constitue 60 % de la production brésilienne, est la plante conquérante, notamment la variété « Roundup Ready » de Monsanto, autorisée depuis 2005 et qui résiste au traitement du puissant herbicide, le Roundup, de la même firme. C’est une grande culture mécanisée sur de vastes superficies, à l’image de celle des céréales comme le blé et le maïs, même si le soja n’est pas une céréale mais un protéagineux. Le Brésil dispose des premières réserves foncières du monde (plus de 450 millions d’hectares, soit 1,5 fois la superficie cultivée des États-Unis et 15 fois celle de la France). Il peut donc répondre facilement à une demande mondiale croissante dans de nombreuses productions où il occupe déjà une position forte. La production brésilienne de soja était d’un peu plus de 10 Mt en 1980, de 20 Mt en 1990 et dépasse aujourd’hui 60 Mt. Doc. 5 – Le Brésil, « ferme du monde » ? Hervé Théry, spécialiste reconnu du Brésil, s’interroge ici sur l’aptitude du Brésil à « nourrir le © NATHAN 2010 – Géographie 2de monde », ce qui est sans doute une projection un peu audacieuse mais pas irréaliste. Le pays a conquis le ou les meilleurs rangs mondiaux dans nombre de productions, il assure sa sécurité alimentaire (les 5 % de mal nourris vivent dans des périphéries encore mal intégrées de cet immense pays) et il dispose des plus vastes ressources du monde en terres agricoles non encore exploitées : 450 millions d’hectares, soit 4,5 fois le potentiel de toute l’Asie en développement. Ce que le texte ne dit pas, c’est que le Brésil détient aussi les plus grandes ressources en eau de la planète, 14,2 % du total mondial, ce qui constitue un atout central s’agissant des perspectives agricoles à venir. Enfin, le pays est à la pointe de la production des agrocarburants, domaine dans lequel il possède plusieurs longueurs d’avance sur la plupart des pays du Nord. Dans la dernière phrase, l’auteur s’interroge sur les revers environnementaux et sociaux de ces succès, problématiques développées dans la double page suivante. ◗ Questions Document 1 1 – En 1980, le Brésil est un pays agricole qui se développe, avec 30 % de la population active travaillant dans l’agriculture, des exportations limitées et une situation alimentaire qui laisse encore à désirer : un Brésilien sur 6 souffre encore de la faim. En 2008, les exportations agricoles ont été multipliées par 5,5, alors qu’il y a trois fois moins d’agriculteurs, le nombre de mal nourris a été divisé par 3, alors que celui des obèses a presque triplé : en 2008, les Brésiliens sont donc plus gros et plus prospères qu’en 1980. Documents 2, 3 et 5 2 – L’excédent commercial a été multiplié par 6 entre 1980 et 2008, avec une progression lente et saccadée entre 1980 et 2000, puis un triplement du solde entre 2000 et 2005. Dans les trois ans qui ont suivi, l’excédent agroalimentaire a augmenté de 40 %, passant de 30 à près de 52 milliards de $ et hissant le Brésil au 1er rang mondial en la matière. Le Brésil exporte des viandes, du soja, du sucre, du manioc, du café, des haricots, des bananes (produits auxquels s’ajoutent le cacao et les oranges, non mentionnés dans les documents). 3 – La modernisation de l’agriculture s’est appuyée sur 3 facteurs principaux : © NATHAN 2010 – Géographie 2de – la conquête pionnière de terres nouvelles ; – l’urbanisation précoce et rapide du pays qui a très tôt intégré l’agriculture aux marchés et a impulsé la modernisation et la hausse des rendements ; – des politiques spécifiques qui ont favorisé l’intensification : crédits aux agriculteurs, formation agricole et investissement dans la recherche et le développement. Document 4 4 – L’immensité du champ cultivé, la rectitude des semis de soja, le déploiement en vol d’oiseaux migrateurs de 25 moissonneuses qui effectuent la récolte sont des signes patents de l’existence d’une agriculture moderne et productiviste. Document 5 5 – Une ferme sert à nourrir une famille ou une population plus ou moins nombreuse selon l’importance de l’exploitation agricole. Ici, le Brésil est présenté comme une possible « ferme » qui pourrait nourrir le monde, compte tenu des performances déjà accomplies par ce pays et des potentialités dont il dispose. L’auteur souligne cependant que les atteintes à l’environnement et les inégalités sociales pourraient contrarier cette option. B. Les excès de l’agriculture productiviste ❯ MANUEL PP. 54-55 Doc. 6 – Près de 50 millions d’hectares défrichés depuis 1960 Doc. 8 – L’agriculture à la conquête du territoire Le développement agricole du Brésil est fondé sur la conquête permanente de nouvelles terres et donc sur l’occupation pionnière du territoire. En moins de cinquante ans, la surface agricole utilisée a été multipliée par 2,75, gagnant 49 millions d’hectares, soit 1,8 fois la SAU de la France. Cette avancée est fondatrice dans la formation même du pays, l’appropriation de l’intérieur s’étant opérée à partir des zones de peuplement côtier. Le littoral a été colonisé, peuplé et exploité depuis le XVIe siècle et on peut considérer que jusque dans les années 1950 seuls la zone côtière et son proche arrière-pays, figurés dans la première rubrique de la légende, faisaient l’objet d’une appropriation dense et continue. Il existait des noyaux de peuplement et de mise en valeur agricole intérieurs, liés aux 37 • différents cycles d’exploration et d’exploitation du territoire, mais ils étaient dissociés les uns des autres et formaient ce qu’on appelait « l’archipel brésilien ». La poussée vers le Mato Grosso et le centre nord, marquée par la fondation de Brasilia, s’amorce avec la forte croissance démographique des années 1950-1960 et se poursuit actuellement avec l’avancée du front pionnier du soja qui met en valeur d’importantes réserves foncières occupées auparavant par l’élevage extensif ou se substitue à des terres abandonnées par le café. Quant à l’Amazonie, grande affaire de la dictature militaire dans les années 1970, son occupation s’est appuyée sur l’ouverture de routes avec une colonisation officielle de périmètres aménagés et une colonisation spontanée, opérée par des paysans pauvres mais aussi de grandes compagnies. Ces dernières ont acheté de la terre à bas prix pour y développer l’élevage extensif produisant de la viande bovine exportée, ainsi que des plantations. On peut considérer que jusqu’à la fin des années 1980, la colonisation pionnière a connu une phase active mais qu’elle est actuellement en sommeil. Le pays est urbanisé à 85 % et les candidats au départ vers ces terres neuves ne sont plus guère nombreux, alors que la croissance démographique est désormais ralentie. Les espaces les mieux intégrés, notamment au sud amazonien, connaissent une consolidation de leur occupation, alors que ceux du Nord et de l’Est stagnent en général et connaissent même localement un abandon. Aujourd’hui, plus qu’à une conquête de nouvelles terres, on assiste à une mise en valeur des immenses réserves foncières déjà détenues par les exploitations. Doc. 7 – L’agriculture vivrière négligée Le texte oppose une agriculture moderne et exportatrice performante à une agriculture vivrière de petites exploitations laissées pour compte du développement. Les grandes propriétés de plus de 100 hectares ne représentent que 37 % du nombre total des exploitations, mais concentrent 78 % des terres, alors que les 53 % de petites exploitations de moins de 10 hectares ne cultivent que 3 % de la surface agricole. La situation des moyennes exploitations (10 % du total, 19 % des terres), n’est pas évoquée ici mais elle est bonne en général et elles comptent parmi les plus dynamiques et les plus novatrices du pays. Il y a aussi la question des paysans sans terres dont la revendication est ancienne. Beaucoup se sont installés par le biais • 38 de coopératives groupant plusieurs familles et s’intègrent aux réseaux du commerce équitable. Le sort des petites paysanneries du Brésil est en train de se régler tout seul. Il n’y a plus que 15 % de ruraux dans le pays et la main-d’œuvre agricole ne représente plus que 10 % des actifs. Comme ce fut le cas en Europe et aux États-Unis, les petits fermiers sont en train de disparaître et le maintien ou le renouveau d’une agriculture vivrière est un peu utopique dans un pays qui a adopté le modèle exportateur des grandes puissances agroalimentaires. Doc. 9 – Déforestation pour la culture du soja Doc. 10 – Amazonie : le développement contre l’environnement Ces deux documents apportent des précisions sur la conquête pionnière de terres évoquée ci-dessus. 31 000 km2 de forêts ont été défrichés chaque année dans le bassin amazonien entre 1990 et 2010, mais ce rythme s’est ralenti depuis. Pendant longtemps, les défricheurs ont été les grandes exploitations et les petits paysans, squatters qui s’installaient sans titre de propriété au gré de l’ouverture des routes. Aujourd’hui, les défrichements sont majoritairement le fait de grandes exploitations exportatrices pour la viande et les produits de plantation. Le « front du soja » s’est mis en place à la fin des années 1980 et la culture s’opère sur de vastes parcelles géométriques gagnées sur la forêt tropicale ou les formations arbustives plus sèches (cerrados) qui s’étendent dans le Mato Grosso au sud du bassin amazonien. Le raccourci qui consiste à dire que le soja détruit la forêt amazonienne doit être nuancé. Le terme forêt amazonienne désigne en général les grandes forêts primaires ombrophiles qui occupent le cœur du bassin. Mais le soja ne pousse pas dans ce milieu équatorial toujours humide et c’est au détriment de forêts tropicales poussant dans les climats à saison des pluies et saison sèche alternée qu’il s’étend. On perçoit ici un brûlis en cours des chaumes de soja après la moisson, de manière à ce que les cendres fertilisent le sol pour le semis suivant, la parcelle à l’arrière-plan à droite ayant déjà subi le même sort. Le soja est devenu en quelques années la première culture du Brésil et s’est hissé au premier rang des produits agroalimentaires avec près de 20 % de la valeur des exportations. Dans les années 2000, 1 million d’hectares a été © NATHAN 2010 – Géographie 2de défriché chaque année en moyenne et la culture s’étend aujourd’hui sur 25 millions d’hectares. La presque totalité des 17 millions d’hectares de cultures OGM du Brésil est dédiée au soja. Doc. 11 – Vers une agriculture familiale durable dans la forêt amazonienne ? Des programmes nationaux ou de coopération internationale se sont mis en place pour sédentariser les petits paysans sur des exploitations fixes en Amazonie, car ils partaient défricher et brûler de la forêt un peu plus loin dès que leurs champs avaient perdu leur fertilité. Ces programmes, comme celui dont il est ici question, se revendiquent de l’agriculture durable mais ne font que réutiliser, en les modernisant et les rendant plus efficaces, des pratiques d’agroforesterie utilisées pendant longtemps par diverses civilisations paysannes, notamment dans les montagnes. Le Centre Agroforestier Mondial propose une définition de l’agroforesterie : « L’agroforesterie est un système dynamique de gestion des ressources naturelles reposant sur des fondements écologiques, qui intègre des arbres dans les exploitations agricoles et le paysage rural et permet ainsi de diversifier et de maintenir la production afin d’améliorer les conditions sociales, économiques et environnementales de l’ensemble des utilisateurs de la terre. » Dans beaucoup de pays du Sud, l’agroforesterie est encouragée car elle est considérée comme une voie permettant d’améliorer les agricultures familiales et de ralentir l’exode rural. Elle participe ainsi à l’avancée du développement durable. ◗ Questions Documents 6 et 8 6 – Entre 1960 et 1970, l’évolution a été relativement lente, avec 6 millions d’hectares défrichés (21 % de gains de SAU). La décennie 1970-1980 a vu la conquête pionnière s’accélérer : 15 millions d’hectares de gains, soit une augmentation de la SAU de 44 %. Les années 1980-1990 ont marqué un très fort ralentissement, avec 3 millions d’hectares défrichés (+ 6 % de SAU), mais les deux décennies suivantes ont connu une reprise considérable des défrichements, totalisant 25 millions d’hectares de nouvelles terres conquises et un gain de 87 % de la SAU entre 1990 et 2008. 7 – Les régions les plus touchées par la conquête de nouvelles terres ont été le Mato Grosso et © NATHAN 2010 – Géographie 2de les régions entourant le Nordeste, où les zones d’élevage traditionnel extensif ont été converties vers une agriculture exportatrice moderne, pour le soja, la canne à sucre et la viande principalement. L’Amazonie est la seconde région impliquée dans l’extension agricole et a vu se développer de grandes exploitations exportatrices, pour la viande principalement, mais aussi une petite agriculture vivrière familiale. Documents 7 et 8 8 – La petite agriculture familiale au Brésil fait figure de laissée pour compte du développement. Les petites exploitations vivrières représentent 53 % du total des exploitations agricoles mais ne disposent que de 3 % des terres et les conditions de travail sont difficiles. Cette agriculture n’a pas bénéficié des politiques de développement qui ont favorisé une agriculture moderne intensive et exportatrice. 9 – L’agriculture familiale se concentre principalement dans le Nordeste du pays, où elle est ancienne, et dans les zones défrichées de l’Amazonie, où elle s’est implantée depuis les années 1970. Documents 8, 9 et 10 10 – L’agriculture pionnière en Amazonie se partage entre de grandes exploitations exportatrices, produisant du soja et de la viande principalement, qui défrichent des vastes périmètres de forêts, et de petites exploitations familiales où les paysans défrichent des parcelles destinées aux productions vivrières qui nourrissent la famille. 11 – L’environnement est menacé principalement du fait de la déforestation qui a concerné 31 000 km2 par an (la surface de la Belgique) entre 1990 et 2000, et s’est poursuivie à un rythme de 23 000 km2 par an entre 2000 et 2005. Le texte 11 précise que la mise en culture de ces espaces défrichés aboutit à une dégradation des sols. Document 11 12 – Le programme Floagri concerne des familles pratiquant la petite agriculture vivrière dans la forêt amazonienne. Il relève du développement durable car il va rendre durable une agriculture qui ne l’était pas en fixant les familles sur des terres qu’ils abandonnaient auparavant lorsque les sols étaient trop dégradés. 39 • Synthèse Le modèle brésilien de développement agricole Avantages - Sécurité alimentaire du pays assurée. - Exportations de nombreux produits agricoles, dont la viande, le sucre de canne, le café, les haricots (1er rang mondial) et le soja, le manioc, la banane (2e rang). - Ressource importante pour le pays : 1er excédent agroalimentaire mondial. - Le Brésil est devenu une puissance agroalimentaire de premier plan et concurrence les géants du Nord, tout en ayant encore un gros potentiel de développement. Inconvénients - Coût environnemental : près de 50 millions d’hectares défrichés dans le pays depuis 1960 (500 000 km2). Déforestation rapide en Amazonie et dans le Mato Grosso, dégradation des terres cultivées. - Coût social : le partage des terres très inégal privilégie les grandes propriétés exportatrices et la petite paysannerie n’a pas profité des politiques de développement. L’agriculture vivrière familiale a été sacrifiée mais peut tirer parti de programmes de développement durable. NOTIONS Des études de cas à la généralisation ❯ MANUEL PP. 56-57 ◗ Sécurité alimentaire La notion-clé est définie au préalable et trois cas permettent de comprendre la diversité des situations. 1 – L’autosuffisance alimentaire est un cas assez peu répandu de pays capable de nourrir sa population. Il s’agit de puissances agricoles modernes et exportatrices. On a dit parfois de pays comme l’Inde ou la Chine qu’ils avaient acquis l’autosuffisance alimentaire, ce qui est inexact, puisqu’ils comptent une proportion encore importante de sous-alimentés et ont recours aux importations de produits alimentaires. Les États-Unis, 1re puissance agricole du monde, sont un bon exemple de cette situation mais les autres grandes puissances agro-exportatrices font partie de ce groupe. 2 – La dépendance alimentaire définit la situation de pays où l’agriculture est devenue une acti• 40 vité marginale et qui se nourrissent en achetant sur le marché mondial. Ce cas de figure est très répandu dans les pays du Nord, le Japon étant le plus emblématique, mais on le trouve aussi dans les pays du Sud, notamment l’Afrique du Nord et le Proche et Moyen-Orient, où la sécurité alimentaire est en gros assurée au prix d’importations croissantes. 3 – L’insécurité alimentaire caractérise les pays en retard de développement les plus pauvres, en particulier les PMA. Il s’agit de pays majoritairement ruraux comptant une énorme masse paysanne qui pratique une agriculture vivrière incapable de nourrir une population en croissance rapide. Ce sont des « espaces de la faim », dont le Burundi est un bon exemple. Bien évidemment, il faut signaler que la plupart des pays occupent des situations intermédiaires entre ces trois situations types. La Chine, par exemple, se situe entre les types 1 et 2. ◗ Agriculture vivrière, agriculture productiviste 1 – L’agriculture vivrière est destinée à nourrir la famille et occupe une main-d’œuvre familiale. C’est une agriculture biologique au sens premier du terme car elle n’utilise pas d’intrants d’origine industrielle. Elle peut avoir des rendements élevés, comme dans les systèmes irrigués traditionnels, mais elle est très soumise aux aléas naturels avec une forte variabilité des récoltes. En tout cas, elle ne nourrit pas ses populations : plus un pays compte de petits paysans pratiquant une agriculture familiale traditionnelle, plus la sousalimentation y est forte. À Madagascar, 73 % des actifs sont agriculteurs et 40 % des habitants souffrent de la faim. 2 – L’agriculture productiviste, à l’inverse, produit beaucoup avec très peu de main-d’œuvre mais énormément d’intrants d’origine industrielle. Elle s’est développée dès l’entre-deux-guerres et généralisée après les années 1950 aux pays du Nord. Le modèle est adopté dans les politiques de développement des pays du Sud : la Révolution verte est un bon exemple d’agriculture productiviste dans les pays en développement. Elle permet d’assurer une consommation de masse, mais rend l’activité et les agriculteurs très dépendants des autres secteurs, en même temps qu’elle met les © NATHAN 2010 – Géographie 2de ressources et l’environnement sous pression. À ce jour, on n’a pas trouvé d’autre moyen de nourrir le monde. Aux Pays-Bas, les agriculteurs représentent moins de 3 % de la population active, il n’y a pas d’affamés et le pays est le 4e agro-exportateur du monde. Des systèmes d’agroforesterie biologique offrent de bonnes perspectives d’agriculture durable, mais ils nécessitent beaucoup de travail humain et il faudrait qu’une partie des citadins retourne travailler la terre pour qu’ils se développent, ce qui est un obstacle majeur. • Enfin, dans la dernière étape, celle des pays riches du Nord, la transition alimentaire est généralisée dans une population fortement urbanisée : même les campagnes sont sous emprise urbaine. L’agriculture productiviste s’est imposée, les agricultures vivrières familiales ayant totalement disparu. Mais il y a une prise de conscience des excès et c’est là que l’on tente d’inventer l’agriculture durable et les nouveaux modèles qui caractériseront la post-transition. ◗ Transition alimentaire CARTES La transition alimentaire est un modèle théorique récent, construit sur celui de la transition démographique, urbaine, épidémiologique…, et qui rend bien compte des évolutions de l’alimentation et des agricultures pendant le processus de développement. Des études de cas à la généralisation Les étapes de la transition alimentaire et du développement L’organigramme est un peu lourd, mais permet de bien résumer les étapes des processus en même temps qu’il met en évidence les situations géographiques observables actuellement sur la planète. • La 1re étape, qu’on pourrait qualifier de pré-transition a concerné toutes les régions du monde avant le décollage agricole et alimentaire et se retrouve dans les pays les plus pauvres d’Afrique subsaharienne comme l’Érythrée. • Dans la 2e étape, le décollage agricole a eu lieu, mais il est en général concentré sur quelques régions les plus dynamiques et il reste de vastes espaces de pauvreté marqués par la situation antérieure. La ration calorique augmente, la faim recule, les signes de suralimentation font leur apparition dans les villes. L’Inde est un bon exemple de cela ; la Chine est dans une situation plus avancée. • L’étape 3 est celles des puissances émergentes les plus avancées et urbanisées du Sud (ce qui en exclut l’Inde), car la transition alimentaire a lieu dans les villes et chez une population coupée de ses racines rurales. La suralimentation devient la règle, même si des poches de pauvreté subsistent dans les périphéries les moins intégrées. C’est la généralisation d’une agriculture productiviste qui permet d’atteindre de tels résultats. © NATHAN 2010 – Géographie 2de ❯ MANUEL PP. 58-59 Doc. 1 – Taux de croissance annuelle de la population mondiale et besoins alimentaires Cette carte peut être mise en relation avec le graphique 2 de la p. 61. La croissance démographique est un déterminant important des besoins alimentaires futurs puisque dans certains pays du monde, la population diminue alors que dans d’autres elle va s’accroître fortement (voir le doc. 3 p. 27 sur le Niger, où la population devrait plus que quadrupler entre 2010 et 2050). Ainsi, en Europe, en Russie et au Japon, la consommation alimentaire diminue déjà (viande par exemple) et le phénomène devrait se renforcer d’autant que la transition alimentaire est achevée et que la population vieillit, phénomène qui devrait intervenir aussi en Amérique du Nord mais plus tardivement. Les pays à croissance modérée comme la Chine, une partie de l’Asie centrale, l’Afrique australe, ne sont pas encore dans cette situation car si la population est appelée à se stabiliser dans les 2 ou 3 prochaines décennies, la transition alimentaire n’est pas achevée et les nouveaux citadins, notamment, vont consommer plus et diversifier leur alimentation. Dans les pays de la 2e catégorie, à croissance importante, la consommation alimentaire fera plus que doubler car la population doublera aussi, alors que la transition alimentaire n’est pas achevée. Les situations seront très contrastées entre des pays du Nord comme l’Australie ou du quasi Nord comme le Mexique, le Brésil ou l’Argentine – où la question alimentaire ne devrait pas se poser – et des pays comme l’Inde où elle se posera inévitablement. 41 • Beaucoup d’États de ce groupe deviennent de plus en plus dépendants des importations (Afrique du Nord, Proche et Moyen-Orient). Enfin, dans la dernière catégorie, les besoins feront plus que tripler. La question alimentaire se réglera aussi par une flambée des importations que supporteront (et supportent déjà) les pays pétroliers, mais la problématique alimentaire restera un fardeau pour les PMA et l’Afrique subsaharienne notamment. Doc. 2 – Trop nourris et insuffisamment nourris dans le monde Le seuil principal de classement correspond à la ration calorique moyenne de 2 400 calories par personne et par jour, fixée comme niveau de nutrition suffisant. Ce planisphère appelle les commentaires suivants : • L’Afrique subsaharienne est la région la plus affectée par la sous-nutrition et cumule la majorité des États où la ration calorique est insuffisante ou très insuffisante. On sait que cette région est aussi celle où la croissance démographique est la plus forte et celle où les agricultures traditionnelles faiblement productives sont affectées dans leur développement par les troubles politiques et militaires intérieurs dans nombre de pays et sont souvent sujettes, de surcroît aux aléas climatiques. • L’Asie en développement affiche un meilleur profil, avec des apports nutritionnels suffisants dans la plupart des grands pays de la zone, et même élevés comme en Chine et en Indonésie. Seuls trois pays sont en déficit grave : l’Afghanistan, le Tadjikistan et le Cambodge, en raison surtout des guerres récentes qui les ont affectés. Quelques États sont en déficit, structurel comme la Corée du Nord, le Laos, le Bangladesh et la Papouasie Nouvelle-Guinée, ou plus conjoncturel comme l’Irak. • En Amérique latine, Bolivie, Venezuela, Guatemala, Honduras, Nicaragua et Haïti n’assurent pas encore un niveau de sécurité alimentaire suffisant, mais une telle situation est plutôt conjoncturelle au Venezuela et dans l’isthme centraméricain, alors qu’elle est relativement chronique en Bolivie et pour Haïti. L’Amérique latine constitue, avec l’Afrique du Nord et le Proche et Moyen-Orient, où la sécurité alimentaire est bien assurée (par des importations régulières et massives de céréales notamment), l’ensemble du Sud le moins affecté par l’insécurité alimentaire. Dans les pays émer• 42 gents comme le Mexique, le Brésil, l’Argentine, le Chili, la transition alimentaire est très avancée et la consommation calorique moyenne excessive. • Quant aux surnourris, ils sont circonscrits à la vieille Europe, à l’Est et au Sud-Est de la Méditerranée, aux États-Unis et au Koweït, mais cette catégorie devrait bientôt s’enrichir des pays du Sud à ration trop élevée mentionnés ci-dessus et qui sont en train d’accomplir rapidement leur transition alimentaire. L’Europe et les États-Unis ont assez largement fixé les modèles de consommation alimentaire qui se diffusent partout dans le monde, en particulier dans les sociétés urbaines, et auxquels sont associés divers problèmes de santé publique. Mais c’est aussi dans cette catégorie de pays que s’amorce une nouvelle étape posttransitionnelle, marquée par une consommation qui recule et une nouvelle hygiène nutritionnelle. Doc. 3 – Les agricultures dans le monde Le planisphère a été volontairement très simplifié afin d’en permettre une lecture facile. Par exemple, la seule différenciation quelque peu détaillée des agricultures européennes aboutirait à une mosaïque complexe qu’il serait difficile et peu utile d’analyser à ce niveau d’étude. Ainsi simplifié, le planisphère peut être mis en relation avec celui des pp. 270-271 sur les grands milieux bioclimatiques, qui sont l’un des déterminants des grands systèmes agricoles. • La première rubrique figure les espaces non agricoles pour des raisons climatiques, hautes latitudes, très hautes montagnes, déserts qui comptent quelques îlots agricoles. On distingue les grandes forêts denses qui, contrairement aux espaces précédents, peuvent être incorporés à la SAU planétaire et le sont d’ailleurs en partie (voir étude de cas sur le Brésil). • Les agricultures vivrières sont encore principalement tournées vers la nourriture des familles et le marché intérieur, même si elles font quasiment toutes une place aux productions destinées au marché, voire à l’exportation. – Les polycultures vivrières familiales sont sans doute le type le plus hétérogène de la carte, puisqu’on trouve dans cette catégorie des systèmes à faible rendement comme ceux des agricultures céréalières sèches à longue jachère de l’Afrique des savanes et des systèmes beaucoup plus intensifs comme les polycultures des Grands Lacs afri© NATHAN 2010 – Géographie 2de cains ou d’Amérique latine. Ces agricultures ont néanmoins pour trait commun d’être des agricultures familiales tournées avant tout vers l’autoconsommation, mais qui dégagent quand même un surplus commercialisable. Les progrès ont surtout reposé sur des formes d’intensification élémentaire, plus que sur des changements de masse opérés par le haut, comme pour les révolutions vertes. Ces agricultures ont disparu d’Europe et d’Amérique anglo-saxonne dans les années 1950. – Les rizicultures intensives, principales régions de la Révolution verte d’Asie des moussons, sont très productives, avec double, voire triple récolte. Ces agricultures, souvent aussi performantes techniquement que les agricultures productivistes, ont pour différence d’employer encore une maind’œuvre très abondante et de produire presque uniquement pour les marchés nationaux, les flux d’exportation étant encore minimes. • Les agricultures productivistes regroupent les systèmes agro-exportateurs et fonctionnent grâce à de forts intrants. – Les grandes plantations tropicales ont été conçues d’emblée pour le marché international et se concentrent sur les régions côtières, mêlant grandes exploitations aux mains de firmes, grandes et moyennes exploitations nationales et petites exploitations généralement associées aux polycultures vivrières familiales. – Les agricultures modernes de marché regroupent les régions de grande céréaliculture, les bassins laitiers et d’élevage intensif pour la viande, ainsi que les agrosystèmes spécialisés : vignobles, arboriculture, maraîchage, fleurs… Ces agricultures très performantes occupent des régions sous forte emprise urbaine et produisent pour les marchés nationaux et internationaux. On peut leur ajouter les régions d’élevage extensif très intégrées au marché et qui se sont spécialisées dans la production de viande, souvent pour l’exportation. Ces systèmes, désignés par le terme de ranching, sont assez extensifs sur de vastes domaines et occupent des régions faiblement peuplées comme l’Ouest américain, où la productivité des autres agricultures serait médiocre. Doc. 4 – Les agriculteurs dans le monde La gamme des situations est très large puisque la part de l’agriculture dans la population active varie de 93,6 % au Bhoutan à 1,6 % en Belgique, © NATHAN 2010 – Géographie 2de quelques petits États où l’agriculture n’est quasiment pas possible étant même à moins de 1 % (Malte, Lichtenstein, Qatar, Singapour…) Cette carte peut être rapprochée des précédentes, qu’elle résume presque d’ailleurs. Les régions à forte main-d’œuvre agricole sont aussi des régions à forte croissance démographique, où dominent les agricultures vivrières et où les carences alimentaires sont les plus fortes. En 2009, la FAO indiquait que 80 % du milliard de personnes souffrant de la faim dans le monde se trouvait dans des familles d’agriculteurs : 50 % dans la petite agriculture familiale ; 20 % chez les paysans sans terres ; 10 % chez les éleveurs traditionnels. Plus un pays compte d’agriculteurs, plus il a de chances d’être pauvre et en retard de développement, corrélations logiques puisque la ville est le lieu qui produit le développement et que les activités non agricoles produisent beaucoup plus de richesse que les activités agricoles. La carte permet aussi d’évoquer la fin des paysans dans les pays du Nord (1,8 % d’agriculteurs aux États-Unis) et le fait que les puissances émergentes les plus dynamiques du Sud (Chine, Brésil…), sont encore loin d’avoir atteint ce stade. L’agriculture reste une activité fondamentale de la population planétaire et occupe encore 37,5 % des actifs mondiaux en 2009, contre 22,1 % pour l’industrie et 40,4 % pour les commerces et services. COURS 1 Croissance des productions, croissance des populations ❯ MANUEL PP. 60-61 Doc. 1 – L’insécurité alimentaire en Afrique Subsaharienne La carte montre que la situation est la plus grave dans une large écharpe qui va de l’Angola à l’Érythrée et englobe l’Afrique centrale et orientale. Dans l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique sahélienne (à l’exception de la Sierra Leone, du Liberia et du Niger), ainsi qu’en Afrique australe, la situation est plus conforme à ce qu’on trouve dans les autres pays en développement. L’Afrique du Sud fait figure de Nord alimentaire dans cet ensemble, avec moins de 5 % de sous-alimentés, alors que dans les États les plus affectés de la catégorie 43 • « moins de 2000 kcal », plus de 35 % de la population est sous-nourrie. Les pays les plus affectés par la malnutrition sont ceux qui connaissent des guerres et des conflits, des problèmes environnementaux (aléas climatiques, mais aussi pression démographique trop forte sur les écosystèmes), certains parmi les plus gravement touchés cumulant tous ces facteurs. Les zones les plus affectées sont des zones de guerre civile ou de graves tensions géopolitiques, comme le Darfour et la Somalie, mais aussi le Zimbabwe, grand producteur agricole dans un passé récent, où la crise alimentaire est liée aux réformes agraires catastrophiques entreprises par le président Mugabe et à l’état de guerre civile larvée qui règne dans le pays. Les données sur la dégradation de la situation africaine sont parlantes : une population multipliée par plus de 3 depuis 1970, alors qu’elle a seulement doublé dans l’ensemble du Sud, un taux de malnutrition qui n’a reculé que de 2 points en quarante ans, alors qu’il a été divisé par deux pour l’ensemble du monde en développement et une ration calorique encore inférieure au minimum recommandé par la FAO. Elle n’a progressé que d’un peu plus de 5 % depuis 1970, contre 25 % pour l’ensemble du Sud. Doc. 2 – Projections démographiques et alimentaires pour 2050 Les besoins alimentaires de la planète par grandes régions ont été estimés lors du Sommet du Millénaire en 2000. Selon ces projections, la consommation alimentaire mondiale sera multipliée par 2,3 (+130 %), avec des situations très inégales. C’est en Afrique, où la croissance démographique sera la plus forte, que la croissance des besoins sera la plus importante, l’Asie venant ensuite assez loin derrière. Cependant, l’Asie représente une masse humaine considérable et c’est pour plus de 55 % de l’humanité qu’il faudra que les ressources alimentaires soient multipliées par 2,34 (+134 %). Pour les autres régions du monde, la croissance des besoins est plus modeste, d’autant qu’elles sont moins peuplées. Quant à l’Europe, elle sera bien engagée dans la post-transition, ses besoins devant reculer de presque 10 % entre 2000 et 2050. • 44 Doc. 3 – Les biocarburants contre la sécurité alimentaire ? La crise alimentaire de 2007-2008, qui a vu le prix des denrées de base flamber, a soulevé la question de la contradiction qui existe entre le développement des énergies vertes et la sécurité alimentaire planétaire. Il faut trouver des énergies de substitution au pétrole, renouvelables et plus conformes aux principes du développement durable, d’où la montée des biocarburants (ou agrocarburants), principalement produits à partir de la canne à sucre, du maïs, mais aussi du colza et de la betterave. Mais ces nouveaux débouchés concurrencent les débouchés alimentaires traditionnels et contribuent aussi à la hausse des prix puisque la demande augmente sur ces produits. D’où la thématique mise en évidence par cette caricature que les nouvelles énergies du Nord contribuent aux famines du Sud. COURS 2 Assurer la sécurité alimentaire ❯ MANUEL PP. 62-63 Doc. 1 – Plus d’un milliard de sous-nourris : une répartition très inégale La carte est découpée selon les grandes macrorégions utilisées par les instances internationales, dont on retrouve la liste dans le tableau qui l’accompagne. Si l’Afrique est le pays où la proportion de mal nourris est la plus importante, c’est évidemment en Asie, qui regroupe 60 % de la population mondiale, que les effectifs d’affamés sont les plus nombreux (64 % du milliard de personnes souffrant de la faim). L’avancée de l’Amérique latine et du Proche et du Moyen-Orient dans le développement et la transition alimentaire s’observe ici, avec un effectif de personnes souffrant de la faim assez modeste au regard de celui des autres grandes régions du Sud, pour une population cumulée supérieure à celle de l’Afrique subsaharienne. Au Nord, les populations sous-nourries appartiennent pour l’essentiel aux pays en transition de l’ex-monde communiste. La comparaison des deux colonnes du tableau est intéressante : la 1re indique la part de chaque ensemble dans l’effectif total de sous-nourris, la 2e la part de chaque ensemble dans la population mondiale. On peut ainsi facilement hiérarchiser les régions selon l’écart entre les deux données. © NATHAN 2010 – Géographie 2de Doc. 2 – Le boom des cultures OGM dans le monde Doc. 3 – Élevage industriel de porcs dans le sud du Mexique La courbe de l’évolution des superficies cultivées en OGM montre la faramineuse croissance des superficies agricoles consacrées à ces productions, la surface des terres consacrées aux OGM ayant été multipliée par 74 en vingt-deux ans. Actuellement, 25 pays cultivent et commercialisent des plantes génétiquement modifiées, pour l’essentiel du soja (61 % des superficies), du maïs (21 %) et du coton (13 %). Aux grands producteurs traditionnels que sont les États-Unis (51 % des superficies), l’Argentine (17 %) et le Canada (6 %), sont venus s’ajouter le Brésil (13 %), où la culture des OGM a longtemps été interdite, l’Inde et la Chine, où elle est en progrès rapide, les Chinois testant même des riz OGM. La production des OGM est appelée à monter en puissance dans ces pays et chez de nouveaux producteurs au Brésil et en Inde où elle est autorisée depuis peu. Dans l’Union européenne, la production reste modeste et généralement très encadrée et plusieurs pays, dont la France, observent depuis 1999 un moratoire sur les cultures OGM. Sans porter de jugement de fond sur les OGM, diabolisés par certains, encensés par d’autres, on notera que la question est assez exemplaire du processus de mondialisation et de son fonctionnement et qu’au plan international l’Europe (et surtout la France) semble occuper une position de retrait plutôt minoritaire. Toutes les grandes puissances agricoles se sont lancées dans l’aventure, appuyées par les deux poids lourds démographiques que sont l’Inde et la Chine. En tout cas, il semble difficile de s’opposer à la pression du camp pro OGM qui compte parmi ses rangs des pays comme les États-Unis, la Chine, l’Inde, le Brésil. La chose est d’autant plus délicate que, parmi les pays qui ne cultivent pas d’OGM, la plupart ne se sentent pas impliqués pour des raisons diverses, soit que leur production ne soit pas concernée, soit que l’agriculture y soit trop marginale, soit qu’ils aient encore de trop grands retards de développement pour avoir un intérêt à cette affaire. C’est dans cet élevage que la grippe H1N1, appelée d’abord grippe porcine, puis grippe mexicaine, avant qu’une dénomination plus consensuelle lui soit trouvée, a fait son apparition en 2009 avant de se propager à la planète et de devenir une pandémie aux effets relativement limités (la Grippe espagnole de la fin 1918 et du début 1919 aurait, selon les analyses les plus récentes, occasionné entre 60 et 100 millions de morts dans le monde). Plus généralement, le porc est la viande la plus consommée dans le monde, avec 40 % du total des nourritures carnées, devant la volaille (30 %) et le bœuf (23 %). La Chine abrite la moitié du cheptel mondial de porcs avec 450 millions de têtes et produit 50 millions de tonnes de viande porcine par an, devant l’UE (20 Mt) et les États-Unis (10 Mt). La multinationale dominant le marché mondial, Smithfield Foods, est cependant américaine et traite chaque année plus de 30 millions de têtes. L’agriculture productiviste atteint ses records dans ces élevages gigantesques, en partie délocalisés dans les pays du Sud, de même que ceux de la volaille. Réponse à la question C’est dans le continent américain que la culture des OGM est la plus importante. Avec 87 % des superficies mondiales consacrées à ces plantes, les États-Unis arrivant largement en tête devant l’Argentine et le Brésil. © NATHAN 2010 – Géographie 2de COURS 3 Développer des agricultures durables ? ❯ MANUEL PP. 64-65 Doc. 1 – Terres agricoles menacées par l’avancée du désert en Chine du Nord La photographie est une illustration saisissante du phénomène de désertification, au sens premier et physique d’avancée du désert. Au 1er plan, une oasis aux parcelles impeccablement travaillées, avec ses haies d’arbres (la principale, qui traverse le paysage d’ouest en est, suit un canal d’amenée d’eau), justement destinées à protéger les cultures du vent et du sable. Au 2e plan, une dune gigantesque, dont l’avancée semble inexorable et qui est relayée par un désert sableux s’étendant à perte de vue. On imagine l’impuissance des populations face à un tel phénomène, tant la masse de sable est imposante, et on se doute qu’une partie plus ou moins importante de l’oasis a déjà été transformée en erg (désert sableux). Le désert progresse de 2 500 km2 chaque année, sous l’effet 45 • des vents de sable venus de l’Ouest et du Nord, ce qui contraint des populations à s’en aller. La base physique du phénomène est donc incontestable, mais le rythme de la désertification s’est accéléré depuis les années 1950 et le phénomène concerne désormais des régions steppiques épargnées auparavant. La croissance démographique des populations locales, qui vivent essentiellement de l’élevage, et le doublement de l’effectif des troupeaux favorisent l’avancée du désert en raison du surpâturage mais aussi des terres occupées par les infrastructures et les habitations et de la pression qui s’exerce sur les rares ressources en eau de ces régions. On sait que la croissance démographique a été plus forte dans ces milieux fragiles, d’une part parce que la politique de l’enfant unique ne s’applique pas à ces régions, où les minorités dominantes ont le droit d’avoir 3 enfants légalement (mais souvent plus en fait), d’autre part parce que le gouvernement a favorisé l’installation de nombreux Chinois venus de l’Est, politique ancienne de sinisation destinée à assurer le contrôle du pouvoir central sur ces marges rebelles. Le coût de la désertification est estimé à 7 milliards de dollars par an par les autorités : perte de terres et de productions, coûts du déplacement des populations, qu’on peut considérer comme des réfugiés écologiques mais dont on sait peu de choses. Doc. 3 – Invasion d’algues vertes sur la plage de Saint-Michel-en-Grève (Côtes d’Armor), en août 2009 Le quotidien Libération a utilisé un titre choc, selon ses habitudes. Depuis trente ans, ce qui correspond à la montée en puissance de l’agriculture productiviste bretonne, les algues vertes (ulves ou laitues de mer) envahissent certaines plages bretonnes et se répandent même actuellement au sud de la région et en Normandie. Leur prolifération est due à l’excès de nitrates des eaux qui s’écoulent vers la mer et est donc directement liée à l’usage massif d’engrais azotés et à l’épandage des déjections animales pour fertiliser les champs. Il faut retirer régulièrement ces masses visqueuses qui envahissent les plages pour qu’elles soient praticables pour les touristes. Les estuaires étroits et les baies resserrées sont particulièrement concernés, comme dans la région de Saint-Brieuc, de Lannion, de Douarnenez, car les concentrations de nitrates y sont très fortes : les algues peuvent • 46 alors recouvrir plusieurs centaines d’hectares à chacun de ces endroits. DOSSIER DÉVELOPPEMENT DURABLE Vers une agriculture durable ? ❯ MANUEL PP. 66-67 ◗ Comprendre les enjeux du développement durable Quelles sont les priorités pour les agricultures du Nord et pour celles du Sud ? La qualité est le principal enjeu des agricultures du Nord. L’intensification des agricultures des pays riches, c’est-à-dire l’augmentation des rendements, se poursuit avec le développement des OGM, les organismes génétiquement modifiés, qui ouvrent la voie à une très forte augmentation de la productivité agricole. La maîtrise de cette biotechnologie pose néanmoins la question des impacts sociaux (la santé des consommateurs) et environnementaux (la perturbation des écosystèmes). Au Sud, la quantité demeure le principal objectif : la lutte contre la faim apparaît encore comme la priorité. Quels types de solutions permettent de favoriser des agricultures durables ? Une agriculture durable est une agriculture qui permet d’assurer une production animale et végétale en respectant les enjeux environnementaux et sociaux. Le label « agriculture biologique », développé dans le monde entier, respecte la santé du consommateur et permet de limiter la dispersion des intrants (engrais, pesticides, fongicides) dans l’environnement. Les AOP, les appellations d’origine protégée, label européen, permettent de maintenir le patrimoine agricole en assurant le respect de savoir-faire traditionnels. Ils favorisent également le maintien de revenus plus importants pour les agriculteurs et permettent de préserver les paysages agricoles. Le label « commerce équitable » a été mis en place pour les pays du Sud, en assurant un partage plus équitable des revenus entre les firmes transnationales et les petits © NATHAN 2010 – Géographie 2de paysans. Il s’agit ici de respecter la dimension sociale de la production agricole. Pourquoi une solidarité Nord-Sud est-elle nécessaire pour développer des agricultures durables ? Si les objectifs agricoles peuvent apparaître différents au Sud et au Nord, il existe néanmoins une forte relation entre les agricultures du Nord et les agricultures du Sud. Le marché agricole est en effet d’échelle mondiale. Les pays du Sud souffrent d’un marché peu réglementé. Les agricultures du Nord représentent une forte concurrence pour celles du Sud. Leur productivité est plus forte et elles bénéficient de subventions que l’OMC, l’Organisation mondiale du commerce, tente de limiter. Aller plus loin Il apparaît difficile de proposer une solution mondiale unique au problème de la faim. Chaque région du monde doit répondre à des enjeux distincts. En outre, la régulation du marché agricole, la question de l’intensification agricole sont sujets à polémiques. Cependant, le modèle d’agriculture durable tend à se généraliser, quelles qu’en soient les modalités. L’augmentation de la production agricole apparaît comme un enjeu essentiel pour les pays du Sud. Elle peut être permise par une extension des terres cultivées ou par une augmentation des rendements. Les enjeux sociaux et environnementaux doivent être pris en compte à toutes les échelles, du niveau local au niveau mondial, du niveau du producteur au niveau de la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation. RÉVISER Nourrir les hommes ❯ MANUEL PP. 68-69 ◗ Schémas pour réviser Doc. 1 – Alimentation et transition alimentaire dans le monde Sur ce planisphère schématique, on figure les quatre grands types de situations alimentaires dégagés dans tout le chapitre (voir l’organigramme de la page 57). On aboutit en fait aux grands regroupements opérés dans d’autres domaines © NATHAN 2010 – Géographie 2de que l’alimentation (richesse, pauvreté, développement, intégration à la mondialisation, santé…), la situation alimentaire n’étant que le reflet de ces hiérarchies bien établies. Doc. 2 – Développement agricole et environnement Les quatre étapes précédemment définies sont ici présentées par le biais de rapports paysanneries, agriculture/développement agricole. On passe d’un stade pré-transitionnel, où les populations rurales sont assujetties aux aléas naturels et sujettes à une très forte mortalité, liée à la sousalimentation chronique, à un stade post-transitionnel, celui de l’agriculture (et de l’alimentation) durable, qui est en train d’être inventé. Les stades classiques intermédiaires sont ceux de l’agriculture intensifiée, des progrès agricoles et de la transition alimentaire engagée, avec de fortes atteintes à l’environnement (Chine par exemple), le stade 3 étant celui des agricultures modernes intensives productivistes avec de nouvelles atteintes à l’environnement, qui caractérisent encore largement les pays du Nord. EXERCICES ❯ MANUEL PP. 70-71 1 – Vérifier ses connaissances 1.e / 2.c / 3.b / 4.a / 5.d 2 – Étudier une carte : les États face à la sous-alimentation dans le monde On veillera à ce que la légende soit bien comprise, et aux précautions à prendre pour l’analyse de pourcentage. Cette carte permet une étude à l’échelle mondiale des inégalités alimentaires mais ne rend pas compte des inégalités à l’échelle de chaque pays. En raison de l’échelle, la limite Nord/ Sud n’est pas précise pour la région caraïbe ; on note pour les élèves que Guadeloupe, Martinique, Porto Rico ne font pas partie des Suds, tout comme la Guyane en Amérique du Sud. 1. La carte 1 p. 63 permet de chiffrer plus précisément, donc de faire une comparaison plus détaillée. Par exemple pour le cas de l’Inde : sur la carte à étudier, la couleur indique que ce pays a 20 à 35 % de population sous-alimentée, la carte p. 63 donne le chiffre précis de 22,7 %. On remarquera également que la carte à étudier montre des 47 • sous-alimentés en Europe orientale qui n’apparaissent pas dans le document p. 63. On attend une réponse avec une présentation classée des résultats : – La plupart des pays du Nord ne souffrent pas ou peu (moins de 5 %) de sous-alimentation, alors que la plupart des pays du Sud connaissent la sous-alimentation. – Dans les pays du Nord (Amérique du Nord et Europe, mais aussi Australie, Nouvelle Calédonie, Japon), moins de 1,5 % de la population est sous-alimentée ; toutefois, on observe 5 à 20 % de sous-alimentés dans certains États de L’Europe : Bulgarie, Roumanie, Serbie, Croatie… récemment entrés (2007) dans l’Union européenne ou candidats mais dont le niveau de développement est plus faible. – Dans les pays du Sud, la couleur dominante est le orange (20 à 35 % de sous-alimentés) ; toutefois, en observant continent par continent, on remarque une grande variété de couleurs donc de situations, allant de population très sous-alimentée (Afrique subsaharienne) à une population peu sous-alimentée (Amérique du Sud) ou Maghreb (4,1 %), Afrique du Sud. 2. L’Afrique subsaharienne regroupe les populations les moins bien alimentées du monde. La majorité des pays ont plus de 20 % de sous-alimentés, voir plus de 35 % comme à Madagascar, en Centre Afrique, en République démocratique du Congo, en Tanzanie ou en Éthiopie. Toutefois, certains pays présentent une meilleure situation alimentaire, comme le Nigeria, le Gabon (5 à 10 %) ou l’Afrique du Sud (moins de 5 %). 3. Ces inégalités s’expliquent par les différences de développement. Certains pays d’Afrique possèdent des richesses en matières premières ou ressources énergétiques (pétrole) qui leur permettent de réduire leur insécurité alimentaire en augmentant leurs importations de produits agricoles (Nigeria, Gabon). D’autres pays ont commencé leur transition alimentaire en modernisant leur agriculture par des techniques peu coûteuses : irrigation, plantes adaptées… (Burkina Faso). Mais l’ensemble des pays d’Afrique reste dans la dépendance alimentaire car leur agriculture vivrière ne fournit pas une ration alimentaire suffisante par habitant. Le cas de l’Afrique du Sud est particulier : ce pays ayant une agriculture moderne et productiviste héritée d’un passé colonial récent • 48 (fin de l’Apartheid en 1991) est considéré comme un pays émergent avec un niveau de développement proche des pays du Nord. 4. En Amérique du Sud, la situation semble moins difficile qu’en Asie. Certains pays comme l’Argentine et le Chili ont moins de 5 % de sousalimentés et, à l’exception de la Bolivie, pays très montagneux des Andes, la part de sous-alimentés ne dépasse pas 20 % de la population. En Asie, par contre, de nombreux pays ont plus de 20 % de population sous-alimentée comme en Mongolie, Corée du Nord, Pakistan, Inde, Bangladesh, Thaïlande, Cambodge. Un seul pays, la Malaisie, semble avoir moins de 5 % de sous-alimentés. 5. La plupart des pays d’Amérique du Sud sont en transition alimentaire grâce à la modernisation de leur agriculture qui leur permet d’augmenter fortement les productions agricoles en utilisant des engrais, des machines outils, des techniques modernes… Ainsi, le Brésil est passé à une agriculture productiviste qui fait de ce pays l’une des puissances agricoles du monde. L’Argentine et le Chili assurent leur sécurité alimentaire par une intensification des cultures et une augmentation des productions, au risque de dégrader leur environnement (désertification au nord du Chili, développement d’un élevage de plus en plus envahissant dans les pampas d’Argentine…). 6. Le titre montre que tous les États, y compris les États développés du Nord, sont concernés par la question alimentaire mais la situation des pays, particulièrement pour les pays en développement du Sud, est très variable. D’importantes inégalités apparaissent entre les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud. Certains pays sont parvenus à réduire considérablement la sous-alimentation avec la Révolution verte (Asie) et le passage à une agriculture moderne et productiviste (Amérique du Sud) alors que d’autres, tout particulièrement en Afrique subsaharienne, connaissent toujours une insécurité alimentaire importante avec plus d’un quart de la population sous-alimentée. Leur agriculture traditionnelle et vivrière ne leur permet pas d’assurer une ration alimentaire suffisante pour une population en pleine croissance. 3 – Lire un organigramme : la Révolution verte en Asie 1. Il s’agit de faire comprendre aux élèves que l’organigramme permet une réponse structurée. © NATHAN 2010 – Géographie 2de La couleur bleue correspond aux éléments qui sont la cause de la Révolution verte. Ils sont nécessaires et complémentaires : pour faire une révolution verte, il faut un encadrement de l’État, donc des aides, des subventions, des prix garantis par l’État, mais aussi des techniques modernes comme l’utilisation de semences sélectionnées par la recherche pour leur haut rendement (plus de 25 quintaux à l’hectare) et l’irrigation afin d’augmenter la production. Les couleurs rouge et jaune indiquent les conséquences. Jaune : positive, la production agricole triple et l’autosuffisance alimentaire est acquise ; rouge : négative pour l’économie (augmentation des prix), l’environnement (concentration des terres) ou la société (endettement, exode rural, inégalités). 2. Le paragraphe peut donc facilement être rédigé et structuré, en reprenant les observations précédentes afin de classer les conséquences. 4 – TICE. Chercher des informations sur le site de la FAO L’exercice a pour objectifs de faire « observer » et « chercher » l’élève en « naviguant » dans le site de la FAO. On fait volontairement revenir l’élève à la page d’accueil à trois reprises, celle-ci permettant de s’orienter dans le site comme un sommaire dans un manuel. 1. La première question permet de découvrir la typologie utilisée ; on valorisera une réponse classant en deux ou trois types : renseignements généraux sur la FAO, données par pays ou par thèmes. 2. La question est formulée pour aider l’élève à répondre succinctement en trois parties. On attend une présentation rédigée. 3. 4. Ces deux questions amènent l’élève à observer et à décrire ensuite en répondant avec précision. 5. 6. Ces questions font l’objet de recherches et/ ou d’un choix de l’élève, elles peuvent donner lieu à une évaluation orale ou écrite. MÉTHODE Analyser une carte ❯ MANUEL PP. 72-73 ◗ Exemple On note l’importance du millet en Inde, céréale traditionnelle qui se cultive sur de grands espaces de façon peu intensive et ne demande que peu d’entretien. ◗ Exercice d’application Les principaux systèmes de production agricoles en Asie 1. J’analyse le sujet de la carte • Le principal thème de la carte est l’étude des systèmes agricoles, donc des productions agricoles, qu’elles soient à haut rendement (intensive) ou à rendement plus faible (extensive). • L’espace concerné est l’Asie du Sud et du SudEst : espaces intertropicaux humides au Sud et Sud-Est, tempéré montagneux et désertique au Nord-Ouest. 2. Je localise les phénomènes et leur distribution Trois types d’agriculture sont représentés, du plus intensif au moins intensif : – la polyculture intensive (fruits, légumes tropicaux et tempérés) destinée à l’exportation, sur certains littoraux de Malaisie et d’Indonésie, au Japon et dans le Nord de l’Asie, le long des fleuves (Amour à l’Est) et oasis de la route de la soie ; – l’agriculture issue de la Révolution verte : céréales, riz, thé, coton, canne à sucre dont l’essentiel de la production est commercialisé et se trouve en Chine, Inde du Nord et du littoral, et sur les littoraux d’Asie du Sud-est ; – l’agriculture vivrière traditionnelle, peu exportée, qui se localise surtout dans les espaces intérieurs, éloignés des littoraux (Deccan indien, nord de l’Himalaya, nord de la Chine) ou peu accessibles (certaines îles indonésiennes) ; – l’élevage extensif sur de grandes parcelles ou en itinérant, les fronts pionniers : espaces défrichés ou mis en culture dans les forêts tropicales d’Indonésie, et d’Asie du Sud-Est. 3. Je repère les faits particuliers • Les littoraux, et plus particulièrement les villes portuaires importantes, sont les pôles principaux permettant les échanges de produits agricoles : © NATHAN 2010 – Géographie 2de 49 • Bombay, Calcutta, Bangkok, Singapour, Djakarta, Manille, Shanghai, Séoul, Tokyo… Au Nord, les routes traditionnelles des oasis (route de la soie) existant depuis l’Antiquité permettent aux caravanes de transporter la production d’Asie de l’Est (Pékin-Beijing) à l’Ouest (Istanbul). N.B. : certains fleuves n’apparaissant pas sur la carte sont des voies de communication importantes permettant des échanges : le Mékong, le Gange, le Yangze (fleuve bleu)… • On observe une dissymétrie entre l’intérieur du continent, peu cultivé, et les littoraux exploités en général de façon intensive. Sur les espaces intérieurs, montagneux ou désertiques, l’élevage extensif est pratiqué mais aussi l’agriculture itinérante. • Dans l’agriculture itinérante, après avoir brûlé les terres (défrichement et cendres enrichissant les terres), on cultive souvent une parcelle pour une durée courte (1 à 3 ans) car elle est peu fertile, puis on la laisse se reposer pendant plusieurs années (3 à 10 ans) avant de revenir sur la même parcelle. Cette pratique est fréquente chez les populations nomades d’Asie et dans les forêts tropicales. Elle ne permet pas une agriculture intensive mais des cultures vivrières respectant l’environnement fragile. 4. J’explique l’organisation de l’espace • Les espaces facilitant l’exportation des produits agricoles sont les ports, les fleuves et littoraux, mais aussi certaines grandes villes (Delhi, PékinBeijing), métropoles actives et capitales. Les espaces les plus productifs sont les littoraux des espaces intertropicaux humides de l’Asie du Sud et du Sud-Est, qui permettent plusieurs récoltes par an (jusqu’à 4 pour certains riz chinois) grâce à l’irrigation. • L’Himalaya est la chaîne de montagnes la plus haute du monde : elle agit comme une frontière entre les espaces tropicaux humides au Sud et désertiques montagneux au Nord, empêchant les pluies de passer en particulier lors des saisons humides avec la mousson venant du Sud-Est. • Les grandes métropoles littorales drainent les flux intérieurs de la consommation agricole. • La Révolution verte permet l’intensification des cultures à haut rendement par des techniques adaptées (irrigation, sélection de plants, engrais, pesticides…). Elle a pour but l’autosuffisance • 50 alimentaire mais entraîne aussi une augmentation des prix agricoles, des inégalités sociales, l’endettement des paysans, l’exode rural et une surexploitation des terres limitant le développement durable. MÉTHODE Sujet > Quelles sont les causes de l’insécurité alimentaire dans les pays en développement ? ❯ MANUEL PP. 74-75 ◗ Questions Analyse du sujet et des documents 1. L’insécurité alimentaire désigne une production agricole et un achat de nourriture insuffisants pour nourrir la population d’une région, d’un pays ou d’un ensemble de pays. Les pays en développement correspondent aux pays du Sud, où les inégalités de développement restent particulièrement fortes. 2. a. La population d’Afrique subsaharienne est passée de 230 millions d’habitants en 1960 à 1 840 milliards d’habitants en 2009. La population a donc été multipliée par 8 en un demi-siècle. b. La caricature de Plantu montre que l’eau des pays du Sud est utilisée pour irriguer des cultures commerciales destinées aux pays du Nord et non pour irriguer des cultures de subsistance. Le maïs est en effet transformé pour alimenter le bétail des pays en développement. c. « Parmi les causes naturelles, la sécheresse vient en premier. » d. « La situation est aggravée par les subventions agricoles des pays du Nord et les règles inégales du commerce mondial. » e. « Mais les causes humaines (conflits, déplacements de population, décisions économiques) interviennent de plus en plus souvent, et sont responsables de plus de 35 % des urgences alimentaires en 2004, contre seulement 15 % en 1992. » Classement des informations dans un plan 3. Plan thématique I. Les facteurs naturels c. certains facteurs naturels compromettent la sécurité alimentaire (doc. 3) © NATHAN 2010 – Géographie 2de II. Les facteurs démographiques. a. les besoins alimentaires du Sud sont en forte croissance (doc. 1) III. Les facteurs économiques. b. le Nord met en valeur des terres agricoles pour cultiver les agrocarburants, au détriment du Sud (doc. 2) d. les pays du Sud subissent une concurrence déloyale des agricultures du Nord (doc. 3) IV. Les facteurs politiques. e. la fragilité des États du Sud peut aggraver leurs difficultés alimentaires (doc. 3) Plan régional I. Les facteurs internes au Sud a. les besoins alimentaires du Sud sont en forte croissance (doc. 1) c. certains facteurs naturels compromettent la sécurité alimentaire (doc. 3) e. la fragilité des États du Sud peut aggraver leurs difficultés alimentaires (doc. 3) II. Les facteurs dépendant du Nord b. le Nord met en valeur des terres agricoles pour cultiver les agrocarburants, au détriment du Sud (doc. 2) d. les pays du Sud subissent une concurrence déloyale des agricultures du Nord (doc. 3) 4. Le plan régional apparaît plus pertinent que le plan thématique. Les deux démarches respec- Idée Doc. 4 p. 49 tent une approche géographique, répondent à la problématique et traitent de l’ensemble du sujet. Mais les sous-parties sont réparties de façon plus équilibrée dans le plan régional. En outre, ce type de plan permet de mettre l’accent sur les répartitions, au cœur de toute une étude géographique. ◗ Exercice d’application Sujet > Par quels moyens les pays du Sud répondent-ils à leurs besoins alimentaires ? Analyse du sujet et des documents 1. Il ne s’agit plus ici d’expliquer l’insécurité alimentaire, mais de présenter les solutions qui permettraient d’y remédier. 2. Voir le tableau ci-dessous. Classement des informations dans un plan 3. Plan régional I. Les facteurs internes au Sud a;b;c II. Les facteurs dépendant du Nord d;e 4. Plan thématique I. les facteurs agricoles a. ; b II. les facteurs commerciaux c;d;e Exemple a. L’agriculture peut être intensifiée. La Révolution verte s’est développée dans l’est de la Chine, la partie du pays où les besoins alimentaires sont les plus importants. b. Les espaces agricoles peuvent être étendus. Des fronts pionniers mettent en valeur des espaces agricoles dans l’ouest de la Chine. « Plus la Chine se développera, plus la consommation directe de céréales, blé et riz, déclinera au profit de la viande (…). » Des cultures d’exportations destinées aux pays d. Des espaces du Sud destinés aux cultures Doc. 3 pays développés sont largement implantées sur commerciales pour le Nord peuvent être mis p. 59 en valeur pour alimenter les pays en développe- les littoraux d’Afrique et d’Amérique latine. ment. Repères e. Les agricultures du Nord fournissent de plus De 15 millions de tonnes en 1960, les importations en plus les pays du Sud. Il s’agit d’un apport de de céréales des pays du Sud se sont élevées à p. 62 180 millions de tonnes en 2008. Les importations nourriture mais aussi d’une concurrence. ont donc été multipliées par 12 en un demi-siècle. Doc. 5 p. 49 c. La production de viande, consommatrice d’eau et d’espace doit être maîtrisée. © NATHAN 2010 – Géographie 2de 51 •