Introduction D. Sechter

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L’Encéphale (2007) Supplément 2, S45
j o u r n a l h o m e p a g e : w w w. e l s e v i e r. c o m / l o c a t e / e n c e p
Introduction
D. Sechter
CHU Saint-Jacques, Service de Psychiatrie, 25030 Besançon cedex
L’actualité dans la prise en charge au long cours des schizophrénies renvoie à une perspective historique des traitements
de ces maladies, dans une dimension évolutive et dynamique. Ceci est souligné par le prochain 50e anniversaire de
l’attribution du Prix Lasker à J Delay et P Deniker pour la
découverte des propriétés thérapeutiques de la chlorpromazine et la définition des neuroleptiques. Les données actuelles sur l’évolution des hypothèses dopaminergiques, et le
développement d’antipsychotiques de seconde génération,
s’inscrivent parfaitement dans cette perspective.
L’efficacité et l’efficience des traitements en pratique
quotidienne, leurs effets indésirables extrapyramidaux et
neuro-endocriniens, mais aussi cardio-vasculaires et métaboliques, sont des facteurs essentiels pour l’acceptabilité
des traitements et pour l’observance thérapeutique. Ils
influent également sur la qualité de vie, ou sur les capacités de participation du patient, et donc de son entourage.
Les approches cliniques, diagnostiques, psychopathologiques sont à la base de l’élaboration de la stratégie thérapeutique la plus adaptée pour le patient, prenant en compte les
aspects biologiques, mais aussi relationnels (psychologiques
et psychothérapiques), la psycho-éducation, et les éléments
de sociothérapie et de réhabilitation psycho-sociale.
L’étape clinique reste essentielle pour reconnaître un
trouble de type schizophrénique, en définir la forme, productive ou déficitaire, et en décrire la forme évolutive.
L’assertion d’Henri Ey sur la schizophrénie, avançant que
« le diagnostic est en fin d’évolution » renvoyait à une vision
péjorative de cette maladie, héritée de la démence précoce
de Kraepelin. Celle-ci a été corrigée en particulier par les
travaux de Manfred Bleuler sur l’évolution au long cours des
schizophrénies, montrant que celle-ci peut être favorable.
Nous envisageons désormais différentes formes d’évolution de la schizophrénie, parmi lesquelles des formes
d’évolution épisodique, et d’autres plus chroniques : il
pourrait être plus adapté de parler de troubles psychotiques aigus, subaigus, intermittents ou au long cours.
L’ensemble de ces troubles schizophréniques associe de
façon variable des symptômes cognitifs, des symptômes
émotionnels et affectifs, des symptômes délirants, et un
trouble plus ou moins envahissant de la personnalité, ce qui
traduit l’hétérogénéité de ces troubles, et la nécessité de
stratégies thérapeutiques individualisées pour chacun des
patients qui en souffrent.
Sur le plan médicamenteux, l’individualisation du traitement comporte la réévaluation de l’indication du traitement, de la molécule choisie, de sa posologie, de la tolérance
et de l’observance, de la qualité de vie du patient. Enfin, il
faut faire en sorte que le patient participe au traitement,
grâce à une information la plus claire, loyale, et adaptée
possible, en évitant d’identifier le patient à sa maladie.
L’utilisation du terme de schizophrénie garde une image
très péjorative en Europe, et rend plus difficile la déstigmatisation, qui serait peut-être plus aisée avec l’emploi de
termes tels que troubles psychotiques. La déstigmatisation
est essentielle : elle permet en effet à la fois une meilleure
alliance thérapeutique avec le patient, et une déculpabilisation de la famille du patient.
* Auteur correspondant.
E-mail : [email protected]
L’auteur n’a pas signalé de conflits d’intérêts.
© L’Encéphale, Paris, 2008. Tous droits réservés.
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