Les fous sont-ils dangereux ? Schizophrénie et passages à l’acte graves : Les chiffres nous en disent plus Pascale Amiel-Masse Psychologue clinicienne – CH Edouard Toulouse ABOLITION DU DISCERNEMENT OU SIMPLE ALTERATION AU MOMENT DES FAITS ? La loi du 25.02.08 crée la rétention de sûreté. On évoque alors l’irresponsabilité pénale d’où une imputabilité possible des faits à son auteur. Accusé considéré « fou »= internement d’office. Accusé considéré « jugeable » = assises. au terme du procès, l’accusé peut cependant être encore déclaré irresponsable…. …Une quarantaine d’irresponsabilités pénales déclarées depuis février 2008 Les médias insistent sur le lien entre violence et M.M. Quelle est la relation entre le crime et les M.M.? La M.M. suscite-telle la violence ? L’intolérance et la peur sont vecteurs de partialité et de fausses informations 70% des reportages impliquant des personnes souffrant de M.M. les montrent en train de commettre des actes violents en 1992, l’analyse de 4 journaux nationaux français montre que tous les articles (ou presque) sur la psychiatrie font mention de la violence En 50 ans la force du mythe augmente : les sondages montrent que deux fois plus de personnes relient violence et psychose : sondage 1996 aux USA, 61% affirment croire que les schizophrènes sont violents envers les autres et ce d’une manière générale. étude canadienne 1998, 4 personnes sur 5 pensent que les M.M. sont dangereux et violents (malgré le gros travail d’information réalisé dès cette époque…) Une vaste étude américaine conclut que les malades atteints de schizophrénie, de troubles bipolaires ou de dépression ne sont a priori pas plus violents que les autres. Panorama du Médecin, 9 février 2009 Lorsque la maladie mentale, la dépendance aux toxiques et les antécédents familiaux de violence s’additionnent, le risque de comportement agressif est multiplié par quatre. «The intricate link between violence and mental disorder ». Elbogen E. et al. Archives of General Psychiatry, 2/2/09;66(2):152-61 En 1990 Swanson et al démontrent que 3% des actes criminels impliquent un trouble mental stricto sensu . Registres d’hospitalisation psychiatrique et de police en Scandinavie : 358180 personnes nées entre 1944 et 1947 : *Risque pour des crimes pour tous diag. psy varie de 5 à 35% relatif au risque pour ceux qui n’ont aucun diag. (sur 43 ans). Pour la schizophrénie, le risque est de 12%. La fréquence des comportements violents (bagarre, attaque physique ou sexuelle, menace, utilisation d’une arme…) chez les personnes souffrant de troubles mentaux graves et identifiés dans le système de soins psychiatriques atteint 13%. Gotlieb et al, 1987, ont trouvé 25% de psychotiques parmi un groupe de meurtriers… donc 75% ne le sont pas !!! Personnes ayant déclaré des actes violents dans l’année écoulée augmente avec le cumul des diag. psychiatriques : (co-occurrents ou co-morbides) *schizophrénie : 12,7% *trouble bipolaire : 11% *état dépressif majeur : 11% *schizophrénie + trouble de l’humeur : 21% (Swanson et al. 1990) Le pourcentage d’actes violents attribuables aux malades mentaux (sans comorbidité) est estimé entre 2 et 10% selon différentes études épidémiologiques. La plupart des crimes sont commis sur des personnes de l’entourage proche. 34% de patients souffrant de schizophrénie et vivant dans des logements thérapeutiques ont été victimes de vols et d’attaques au cours de l’année écoulée. (Lehman,Ward,Linn,1982) Les personnes souffrant de schizophrénie (vivant hors hôpital) présentent un taux de victimisation qui dépasse de 65 à 130% le taux rapporté à la population générale. (Brekke, Prindle, Bae, 2001) Une sur dix millions