Les troubles de la sexualité
Les troubles sexuels sont un motif
important de consultation chez
l’homme. Il existe un lien direct entre
l’intensité de la dépression et la pré-
valence des troubles de l’érection :
plus la dépression est sévère, plus les
troubles de l’érection sont fréquents.
Dans 90 % des cas, le désir sexuel est
altéré (figure 1).
Les troubles de la sexualité peuvent
aussi être un effet secondaire des
traitements antidépresseurs, notam-
ment les ISRS, souvent sous estimé.
La survenue de tels effets indési-
rables réduit la qualité de l’observan-
ce thérapeutique. Ils sont à l’origine
d’un arrêt thérapeutique dans
50,8 % des cas (3).
Les psychiatres femmes interroge-
raient plus facilement les patients sur
leurs troubles sexuels que les méde-
cins hommes.
Selon une étude de Clayton et al.
(2), 37 % des hommes sous antidé-
presseurs souffrent d’un dysfonc-
tionnement sexuel ; 14,2 % des
hommes rapportent spontanément
ces troubles, et 58,1 % via un ques-
tionnaire (figure 2).
L’expression de la dépression
chez l’adolescent
Les adolescents présentent plus sou-
vent des comportements agressifs et
une symptomatologie atypique :
troubles du sommeil et de l’alimenta-
tion, repli social.
Les demandes de consultation éma-
nent généralement du personnel
d’encadrement scolaire.
Le cannabis est un facteur précipi-
tant la survenue d’une dépression
chez l’adolescent.
Les psychothérapies comporte-
mentales seraient plus efficaces
chez les garçons, alors que les filles
répondraient plus à des thérapies
personnelles d’inspiration psycha-
nalytique.
Repérage et prise en charge
de la dépression masculine
Le diagnostic de dépression est plus
rapidement porté chez la femme que
chez l’homme. Au niveau somatique,
les femmes rapportent plus de cé-
phalées alors que les hommes se plai-
gnent plutôt de myalgies. La dépres-
sion post-infarctus augmente le
risque de décès chez l’homme si
l’épisode dépressif n’est pas traité.
Le sexe masculin et l’anxiété sont
des facteurs de risque cardiovascu-
laires.
Les hommes déprimés sont plus ra-
lentis sur le plan psychomoteur avec
des troubles cognitifs associés alors
que les femmes déprimées mettent
en avant des symptômes émotion-
nels comme la tristesse. Les hommes
sont plus souvent victimes d’acci-
dents du travail pouvant être la
conséquence de ce ralentissement
psychomoteur marqué.
La prescription d’antidépresseurs
chez l’homme doit prendre en comp-
te la notion de réactivité émotionnel-
le en début de traitement. En effet,
les hommes se suicident plus que les
femmes qui font plus de tentatives
de suicide.
Les antidépresseurs inhibiteurs de la
recapture de la sérotonine (ISRS)
semblent plus efficaces chez les
femmes jeunes alors que les antidé-
presseurs imipraminiques et mixtes
ISRSNa semblent plus efficaces chez
les hommes.
L’observance thérapeutique tendrait
à être meilleure chez les femmes.
Les hommes sont moins demandeurs
mais plus intéressés par les psycho-
thérapies une fois mises en place. Les
femmes sont plus assidues aux
groupes de psychoéducation et les
thérapies interpersonnelles.
F. Raffaitin L’Encéphale (2009) Hors-série 3, S13-S15
S 14
La dépression : des pratiques aux théories 11
0
20
40
60
80
100
Prévalence des troubles
de l’érection (%)
Dépression
légère
Dépression
modérée
Dépression
sévère
25 %
59 %
90 %
FIG. 1. — Lien entre dépression
et prévalence des troubles
de l’érection (4).
0 75 15,0 22,5 30,0
Citalopram n = 83 30
Venlafaxine n = 70 30
Sertraline n = 161 29
Paroxétine n = 159 29
Tout traitement
confondu n = 798 28
Fluoxétine n = 245 28
Bupropion n = 45 8
Pourcentage de patients traités présentant des troubles sexuels
FIG. 2. — Impact des traitements antidépresseurs sur la fonction sexuelle
selon Clayton et al. (1).