J.P. BoulengerS116
cette étude, la différence était liée à la fois à une meilleure
tolérance et à une meilleure effi cacité de l’escitalopram
par rapport à la paroxétine, notamment dans les formes les
plus sévères de dépression.
Essais de prévention de rechutes :
exigences réglementaires de l’EMeA
Les exigences réglementaires de l’EMeA en matière d’essais
de prévention de rechute sont relativement fl oues (2002).
Elles demandent, pour les états dépressifs majeurs, un
traitement en ouvert de 2 à 3 mois, suivi d’une période
de post-randomisation d’au moins 6 mois, sans obligation
particulière pour la prévention des récidives ultérieures.
Dans les troubles anxieux, les périodes initiales en
ouvert et de post-randomisation sont plus longues : pour
le TAG [6], 2 à 6 mois en ouvert, et 6 à 12 mois en post-
randomisation ; pour les phobies sociales [1, 2], également
2 à 6 mois en ouvert et 6 à 12 mois en post-randomisation.
Pour le TOC [6] et pour le PTSD (2008), il n’existe pas de
précisions particulières.
Quand aux critères d’évaluation, ils sont également
défi nis de manière peu stricte, puisqu’il est simplement
indiqué que l’aggravation et/ou la rechute doivent être
défi nies de manière « cliniquement signifi cative ».
Limites des études de prévention
des rechutes
Diverses limites sont à relever pour ces études de
prévention des rechutes. En premier lieu, il n’existe pas de
possibilité d’essais comparatifs directs entre produits actifs
(head to head), mais seulement d’études contre placebo ;
une étude entre produits actifs nécessiterait en effet une
méthodologie beaucoup plus lourde.
Il faut aussi relever les diffi cultés de défi nir des rechutes
dans certaines pathologies, les troubles anxieux notamment
du fait de leur chronicité.
On a également reproché à ces études une sélection de
la population, puisque les essais ne prennent en compte que
des patients qui ont répondu favorablement à un produit
donné : en effet la plupart des études n’envisagent pas le
remplacement par un produit actif autre que celui utilisé
dans l’étude ouverte. Enfi n, il n’existe généralement pas
de distinction entre rechute et récidive, ce qui correspond
à une réelle diffi culté clinique.
Étude de prévention de récidive
dans la dépression majeure
Une étude Kornstein [4] réalisée dans les états dépressifs
majeurs a traité des patients dépressifs majeurs par divers
IRS durant 8 semaines ; ceux qui avaient été améliorés
ont été placés sous escitalopram durant 16 semaines, puis
randomisés entre produit actif et placebo et suivis durant un
an, explorant donc à la fois le risque de rechute et le risque
de récidive. Cette étude confi rme les études de prévention
de rechute stricto sensu, en mettant en évidence une
différence importante du taux de rechute entre placebo
et escitalopram (65 % vs 27 %). L’étude de Lépine [5],
parue dans l’American Journal of Psychiatry, est également
particulièrement intéressante sur le plan méthodologique.
Dans cette étude, les patients avaient été traités par IRS
(sauf la sertraline) durant 8 semaines, puis les patients
répondeurs avaient été placés sous placebo, afi n d’être
sûr que la rémission soit stable, et enfi n randomisés entre
sertraline et placebo durant une période de plus d’un an.
Comme la précédente cette étude a ainsi démontré que
l’utilisation d’une autre molécule que celle utilisée pour
traiter l’épisode aigu permet également de prévenir les
rechutes et les récidives dépressives.
Escitalopram : étude de prévention
des rechutes dans l’anxiété généralisée
Dans une étude récente [1], les patients étaient traités
durant 12 semaines, en ouvert, recevant une dose
croissante d’antidépresseur (escitalopram 10 mg la
1re semaine et escitalopram 20 mg les 11 semaines
restantes). Après 12 semaines, seuls étaient conservés
dans l’étude les patients répondeurs ; ceux-ci étant défi nis
comme des patients présentant une diminution au score
HAM-A total de 10 au maximum à la semaine 12, la rechute
étant défi nie, pendant la période en double aveugle, par
la réapparition d’un score HAM-A d’au moins 15, ou par
un manque d’effi cacité (Fig. 2). La durée de la période en
double aveugle était de 14 à 76 semaines. Les résultats ont
été similaires à ceux retrouvés dans la dépression, avec
un taux de rechute sous escitalopram d’environ 20 %, alors
qu’il est de plus de 50 % pour le placebo (Fig. 3).
Figure 2 Escitalopram : prévention des rechutes dans
l’anxiété généralisée (D’après 1).
Repondeurs : HAM-A ≤ 10
12 S ouvert
Au moins 24 S
double aveugle 2 S échec
ESC 10-20 mg ESC 20 mg
PBO
n = 186
n = 491 n = 187
Non-répondeurs quittent l’étude
120
Au moins 24 S
(maximum 76 S)
• Pendant la période en ouvert, les patients reçoivent escitalo-
pram 10 mg la 1re semaine et escitalopram 20 mg les 11 semaines
restantes.
• Répondeurs = patients avec une diminution à l’HAM-A total ≤ 10
à S 12.
• Rechute pendant la période en double aveugle = HAM-A ≥ 15 ou
manque d’efficacité.
Semaines