LA PSYCHO-ONCOLOGIE : QUELLES MISSIONS, Quelle coopération avec les oncologues ?

LA PSYCHO-ONCOLOGIE :
QUELLES MISSIONS,
QUELLE FORMATION,
QUELLE COOPÉRATION AVEC
LES ONCOLOGUES ?
Quelles missions
les psychiatres ont-ils au sein
de la psycho-oncologie ?
La première est le dépistage, le dia-
gnostic et le traitement des affec-
tions psychiatriques. Par exemple, il
s’agit de distinguer le trouble de
l’adaptation réactionnel à l’annonce
diagnostic, de la dépression caractéri-
sée, et d’être particulièrement atten-
tif à cette dernière, particulièrement
fréquente pendant les six premiers
mois après l’annonce diagnostique.
Il s’agira également de dépister le
risque suicidaire, risque auquel les
psychiatres se doivent d’être très at-
tentifs : 1 % des décès sont dus au
suicide, notamment dans les 6 pre-
miers mois.
Sur le plan thérapeutique, il est inté-
ressant de voir que 80 % des patients
atteints de cancer reçoivent des psy-
chotropes, et qu’il s’agit majoritaire-
ment de benzodiazépines et d’hyp-
notiques. Les antidépresseurs se-
raient-ils encore plus sous prescrits
que dans la population générale ?
Il s’agit aussi de partager nos savoirs
avec nos collègues et les autres pro-
fessionnels de santé ; formation à
l’empathie, aux mécanismes de dé-
fense, atelier de relecture psychody-
namique des dossiers.
Une seconde mission est celle de la
psychologie médicale, c’est-à-dire
tout ce qui a trait à la relation méde-
cin malade, au vécu psychologique et
aux mécanismes de défense de la
personne confrontée à un diagnostic
médical ou à une maladie. Le psy-
cho-oncologue aura d’autant plus un
rôle à jouer lorsqu’il s’agit de l’appari-
tion d’une pathologie cancéreuse
chez un sujet présentant une patho-
logie mentale connue.
Les missions auprès du malade peu-
vent aussi être élargies à la prise en
charge de la famille. D’une part au vu
du retentissement sur la famille : il
existe davantage de psychopatholo-
gie dans les membres de la famille
des patients atteints de cancer et de
difficultés scolaires chez les enfants
de ces patients. D’autre part, il s’agit
d’accompagner les ajustements in-
terpersonnels intrafamiliaux secon-
daires à l’arrivée du cancer dans la
famille.
Quelle coopération avec
les oncologues ?
Premièrement se pose la question de
savoir si les psycho-oncolgues ont
pour mission de soutenir les équipes
soignantes ? Qu’il s’agisse d’un psy-
chiatre ou d’un psychologue. Pour
chaque soignant, se pose la question
de savoir comment faire face au
déni, comment accepter le déni,
comment faire face à la mort ?
Le rôle du psycho-oncologue se doit
d’être bien défini, notamment par
rapport aux oncologues, au médecin
traitant. C’est au psycho-oncologue
de délimiter le champ de son exerci-
ce. Pour autant le psycho-oncologue
doit s’adapter à l’oncologue qui dé-
lègue ou qui prend en charge la di-
mension humaine de sa profession,
aux dispositifs de soins disponibles et
choisis par le patient. Il ne s’agit en
aucun cas de déléguer au psychiatre
l’annonce diagnostique. De la dicho-
tomie entre les médecins d’organe
avec une prise en charge technique
hyper spécialisée et les psychiatres
pour une prise en charge humaniste
du même patient, émane la question
suivante : le psychiatre doit-il assu-
mer l’ensemble de cette prise en
charge humaniste ou alors doit-il ai-
der l’oncologue à se la réapproprier ?
© L’Encéphale, Paris, 2008. Tous droits réservés.
Conflit d’intérêt : aucun.
La dépression : des pratiques aux théories 10
Montpellier
Synthèse
C. Castelnau
Le psycho-oncologue doit-il assurer
la continuité et la cohérence dans le
parcours de soins ? Ce rôle revient-il
à l’oncologue ou au médecin
traitant ? Dans la pratique, les pa-
tients en attente d’un soutien no-
tamment face à l’émiettement des
soins, la technicité des soins. On re-
trouve volontiers un vécu d’aban-
don, le sentiment d’être perdu.
La prescription des arrêts de travail
pose aussi question. Il est difficile
pour les oncologues de rédiger des
arrêts de travail au long cours chez
des patients en rémission de leur pa-
thologie néoplasique, mais pour les-
quels la reprise du travail est périlleu-
se. Le psychiatre peut sans doute
aider à authentifier l’impact global
dans le dysfonctionnement secondai-
re au cancer même une fois stabilisé.
Il n’existe pas de diagnostic CIM-10
ou DSM-IV adapté à ces patients en
difficulté pour reprendre leur travail
et pour lesquels on pose le diagnostic
d’épisode dépressif majeur par excès.
Il s’agirait de désordres pauci symp-
tomatique mais invalidants.
Qui peut devenir psycho-oncologue ?
Le psychiatre, le psycho-oncologue ?
Quelle formation ? Ces questions
sont restées posées.
QUEL EST L’IMPACT
DES TROUBLES PSYCHIQUES,
DES PSYCHOTROPES SUR LES
CANCERS ? ET INVERSEMENT,
DES CANCERS, ET DES
TRAITEMENTS ANTICANCÉREUX
SUR LES TROUBLES
PSYCHIQUES ?
La pratique clinique de la psycho-
oncologie nous amène à penser une
série de questions.
Quelle est l’incidence des troubles
psychiques sur la genèse ou le pro-
nostic des pathologies cancéreuses ?
La dépression est-elle un facteur de
risque, un facteur de résistance thé-
rapeutique de certaines pathologies
cancéreuses, à l’instar de ce qui est
connu à propos des maladies cardio-
vasculaires ? Ce qui amènerait à
penser qu’il y aurait une place pour
une « psycho-oncologie de préven-
tion ».
Quels sont les effets psychotropes
des traitements anticancéreux (à
l’instar des effets bien connus des
corticothérapies), et inversement,
quels sont les effets des psycho-
tropes sur les pathologies cancé-
reuses, sur leur pronostic ; par
exemple, les antidépresseurs amélio-
rent-ils le pronostic en cas de comor-
bidité dépressive ?
LE DISPOSITIF DE SOINS
EN PSYCHO-ONCOLOGIE
L’organisation française de la psycho-
oncologie a été remodelée par le plan
cancer de 2002 initié par Jacques
Chirac. Ce plan définit des soins de
support, concept centré sur l’annon-
ce du diagnostic et la prise en charge
des patients atteints de cancer : ceci
protocolise les soins en les séquen-
çant. Le premier temps est celui du
diagnostic. Le second est la prépara-
tion du patient à son diagnostic : une
infirmière spécialisée prépare le pa-
tient à l’annonce du diagnostic. Le
troisième temps est celui de l’annon-
ce du diagnostic par l’oncologue, et
de la ligne thérapeutique à suivre.
Dans les quelques unités de psycho-
oncologie, tous les dossiers sont éva-
lués par l’équipe de psycho-oncologie
de cette unité qui décide ensuite
quels patients elle prendra en charge.
C. Castelnau L’Encéphale (2008) Hors-série 3, S47-S48
S 48
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