
luation non seulement de l’état
de santé mais également de
l’autonomie, de la situation fi-
nancière et sociale et des possi-
bilités et des limites du soutien
de la part de l’entourage du pa-
tient.
L’hospitalisation est indiquée en
cas de risque de suicide, dans
les formes mélancoliques et dé-
lirantes de dépression, en cas
d’anorexie.
Les bases du traitement de la
dépression du sujet âgé ont fait
l’objet de recommandations ré-
centes (3, 4, 5). La Haute Au-
torité de Santé conduit sur la
période 2007-2009 une dé-
marche participative visant à
améliorer la prescription des
psychotropes en particulier les
antidépresseurs.
Bien que les comorbidités so-
matiques entraînent probable-
ment une vulnérabilité crois-
sante aux effets indésirables
chez la personne âgée, les bé-
néfices du traitement antidé-
presseur l’emportent sur les
risques induits par l’absence de
traitement.
Il n’existe pas de critères cli-
niques permettant de prédire
l’efficacité d’un antidépresseur
molécule donnée chez un pa-
tient âgé. En revanche, la né-
cessité de réduire les effets se-
condaires au minimum guide la
prescription. En conséquence,
en première intention, les inhi-
biteurs sélectifs de la recapture
de la sérotonine, les inhibiteurs
de la recapture de la sérotonine
et de la noradrénaline, les
IMAO sélectifs A et les autres
antidépresseurs (miansérine,
mirtazapine, tianeptine) sont
recommandés.
Pour le choix de la molécule, on
pourra se baser sur l’utilisation
thérapeutique d’effets laté-
raux, par exemple recherche
d’anxiolyse ou de stimulation.
La prescription concomitante
d’un anxiolytique ou d’un som-
nifère ne doit pas être systéma-
tique du fait de leurs effets in-
désirables chez la personne
âgée.
Les patients souffrant d’un épi-
sode dépressif majeur avec ca-
ractéristiques psychotiques bé-
néficient de l’association
antidépresseur-antipsychotique
(1).
L’adaptation posologique du
traitement antidépresseur doit
être prudente ; cependant il est
recommandé d’aboutir et de
maintenir la posologie préconi-
sée par le résumé des caracté-
ristiques du produit. Il faut
poursuivre le traitement pen-
dant 4 voire 6 semaines avant
d’observer un réel bénéfice. En
cas de non-réponse, on prescri-
ra une molécule d’une autre
classe.
Il est recommandé de suivre le
patient et de vérifier l’absence
d’effets secondaires, en parti-
culier une hypotension ortho-
statique, des troubles de l’équi-
libre, une hyponatrémie. À
court terme, les antidépres-
seurs n’ont pas seulement un
effet bénéfique sur les troubles
thymiques : ils ont aussi une ac-
tion sur les manifestations co-
gnitives. À long terme, les anti-
dépresseurs n’auraient pas
d’effets néfastes sur les fonc-
tions cognitives.
Le traitement antidépresseur
doit être poursuivi au moins
12 mois. Si le patient a déjà fait
un ou plusieurs épisodes dé-
pressifs antérieurs, un traite-
ment préventif des récidives
doit être instauré au long
terme : soit la poursuite de
l’antidépresseur au long cours
en cas de trouble dépressif ré-
current unipolaire, soit mise en
place d’un traitement thymo-
régulateur en cas de trouble bi-
polaire.
L’électroconvulsivothérapie est
indiquée lorsque le pronostic vi-
tal est mis en jeu (agitation ou
stupeur, délire avec risque suici-
daire, troubles somatiques ma-
jeurs) ou en cas d’effets secon-
daires importants ou de
résistance aux antidépresseurs.
Le maintien au long cours de la
sismothérapie ou le relais par
les antidépresseurs restent à
évaluer.
Plusieurs équipes ont égale-
ment montré le bénéfice de la
stimulation transcrânienne
dans le traitement de la dépres-
sion du sujet âgé.
La luxthérapie est également
efficace en particulier dans les
dépressions saisonnières.
Différentes psychothérapies
(psychothérapie de soutien,
psychothérapie d’inspiration
analytique, thérapie cognitivo-
comportementale) peuvent
être proposées dans le traite-
ment de la dépression du sujet
âgé. Elles sont de réalisation
souvent difficile du fait de l’ab-
sence de thérapeutes formés à
la fois à ces techniques et à la
prise en charge des personnes
âgées.
La réhabilitation psychosociale
(stimulation de la mémoire, ré-
apprentissage de certains sa-
voir-faire comme la cuisine ou
le bricolage, mobilisation du
corps) peut également contri-
buer à réinsérer le patient dé-
primé dans son cadre de vie an-
térieure. Cependant, les
capacités d’accueil des hôpi-
taux et/ou centres de jour sont
insuffisantes par rapport aux
besoins.
A.-S. Rigaud L’Encéphale (2008) Hors-série 2, 9-13
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Dépressions et âges de la vie