ÉDITORIAL
Les Psychiatres utilisent fréquemment le diagnostic de trouble anxiodépressif dans
leur correspondance comme le propose la CIM X dans sa référence F.41.2 : « troubles
anxieux et dépressifs mixtes ».
Mais qu’en est-il de l’entité « trouble anxiodépressif » ? S’agit-il d’une affection
unique ? De l’interconnexion séquentielle de deux syndromes intriqués ? Ou encore
de l’association sans lien de causalité de deux affections différenciées ?
Les auteurs sont partagés. Certains insistent sur leur distinction : l’anxiété davantage
perçue comme symptôme fait souvent suite à des situations de peur, de traumatisme,
alors que la dépression identifi ée comme syndrome est généralement secondaire à
des situations de perte, d’échec.
À l’inverse, l’hypothèse d’une racine commune aux deux affections est étayée par
les données génétiques (co-agrégation familiale, héritabilité partagée dans les études
de jumeaux, liens génétiques, ou encore lien entre gênes transporteurs de la 5-HT et
traits de personnalité anxieuse…), la proximité symptomatique, l’effi cacité thérapeutique
mixte des nouvelles familles d’antidépresseur.
Au-delà, l’imagerie fonctionnelle cérébrale commence à apporter des éléments
de réponse exploitable. Ainsi plusieurs études ont démontré que les sujets porteurs
de l’allèle s du transporteur de la sérotonine, ont des scores d’anxiété plus élevés
avec une hyperactivation amygdalienne et un risque plus important de développer une
dépression devant des événements de vie négatifs.
Au plan thérapeutique, de nets progrès ont été faits ces dernières années. L’essor
des traitements sérotoninergiques ou mixtes (ISRS et IRSNA) et la démonstration de
leur effi cacité dans les troubles anxieux (renforcée par de récents travaux démontrant
à l’IRM fonctionnelle la réduction de l’activation amygdalienne sous antidépresseur
suite à des situations de peur déclenchée) ont modifi é nos attitudes thérapeutiques
face à ces deux affections.
Ces journées de Saujon-Royan ont également permis de mettre en l’accent sur
d’autres approches non pharmacologiques de ces troubles. Il a en particulier été question
de l’intérêt de la régulation émotionnelle issu des TCC et de celui des sismothérapies
dans les dépressions mélancoliques et résistantes à plusieurs antidépresseurs.
Enfi n la crénothérapie ou cure thermale pratiquée en psychiatrie dans cinq
stations thermales a démontré, dans le cadre d’une étude scientifi que rigoureuse, sa
validité thérapeutique à huit semaines dans le TAG comparativement à un traitement de
référence.
C’est l’ensemble de ces questions qui ont été au centre de ces 2es Journées
Psychiatriques de Saujon-Royan. La densité du programme, la qualité des interventions,
la richesse des échanges et des expériences partagées ont contribué à leur réussite.
Ces rencontres, parrainées par les Laboratoires Lundbeck, Lilly et BMS ainsi que
les Thermes de Saujon seront régulièrement renouvelées.
Nous remercions tous ceux qui ont contribué au succès de ces journées, à l’édition
du présent numéro de l’Encéphale auquel nous l’espérons, le lecteur trouvera intérêt.
Pr Jean-Pierre OLIÉ
Dr Olivier DUBOIS
2es Journées Psychiatriques de Saujon-Royan :
Anxiété-Dépression : rupture ou continuité ?
S679
L’Encéphale, 2007 ; 33 : Septembre, cahier 3