Antécédents familiaux de troubles anxieux MÉMOIRE ORIGINAL

144
L’Encéphale,
33 :
2007, Mars-Avril
MÉMOIRE ORIGINAL
Antécédents familiaux de troubles anxieux
et de troubles de l’humeur dans l’anorexie mentale
F. PERDEREAU
(1)
, S. FAUCHER
(1)
, P. JEAMMET
(1)
, N.-T. GODART
(1)
(1) Département de Psychiatrie, Institut Mutualiste Montsouris, 42, boulevard Jourdan, 75014 Paris, France.
Travail reçu le 19 septembre 2003 et accepté le 6 octobre 2005.
Tirés à part :
F. Perdereau (à l’adresse ci-dessus).
Résumé.
Objectif –
Nous avons souhaité réaliser une revue
critique de la littérature des études évaluant la prévalence des
troubles de l’humeur et des troubles anxieux chez les appa-
rentés de sujets souffrant d’anorexie mentale (AN). Dans une
première partie, nous avons discuté les problèmes métho-
dologiques posés par ces études, dans une seconde partie
nous avons exposé les résultats.
Méthode –
Nous avons
effectué une recherche informatique (sur Medline) afin de
retrouver les études publiées sur les antécédents familiaux
des troubles de l’humeur et des troubles anxieux dans l’ano-
rexie mentale, et l’avons complétée par une recherche
manuelle. Nous avons limité notre travail à la période 1980-
2002, afin de ne retenir que les études ayant utilisé des cri-
tères diagnostiques stricts pour les troubles étudiés (critères
de Feighner ou de Halmi pour l’anorexie mentale, RDC,
DSM III, DSM III-R ou DSM IV pour l’anorexie ou les autres
troubles).
Résultats –
Dans une première partie, nous avons
étudié la méthodologie de ces études en prenant en compte
principalement la composition des échantillons, les critères
et les instruments diagnostiques utilisés, les méthodes per-
mettant l’établissement d’un diagnostic psychiatrique chez
les apparentés, les apparentés évalués, le nombre et le type
de troubles recherchés. Dans une seconde partie, compte
tenu des disparités méthodologiques, nous avons résumé les
données chiffrées de prévalence des troubles de l’humeur et
de troubles anxieux chez les apparentés de sujets anorexi-
ques.
Discussion –
À la lumière des variations dans la métho-
dologie de ces études, nous discutons la valeur des résultats
concernant les antécédents familiaux de troubles de l’humeur
et de troubles anxieux dans l’anorexie mentale ainsi que les
implications pour des études ultérieures.
Mots clés :
Anorexie mentale ; Antécédents familiaux ; Revue de
la littérature ; Troubles anxieux ; Troubles de l’humeur.
Mood and anxiety disorders in relatives of anorexia nervosa patients : a review
Summary.
In the literature, no review concerning the family comorbidity of mood and anxiety disorders of anorexic subjects
exists. However, this data can be important for the comprehension of this disorder and for the assumption of responsibility.
Objective –
We conducted a critical literature review on studies assessing the prevalence of anxiety disorders (AD) and
mood disorders in relatives of anorexia nervosa (AN) subjects. In the first part, we discuss methodological issues relevant
to these comorbidity studies. In the second part, taking into account the methodological considerations raised, we sum-
marise the findings of these studies.
Method –
We performed a manual and computerised search (Medline) for all published
studies on the frequency of MD and AD in AN relatives and MD or AD, limiting our search to the 1980-2002 period, in
order to get sufficiently homogeneous diagnostic criteria for both categories of disorders (most often RDC, DSM III, DSM III-
R, or DSM IV criteria).
Results –
We review methodological issues regarding population sources, general methodological
procedures, diagnostic criteria for AN, MD and AD, diagnostic instruments, age of subjects and course of the eating disor-
der.
Discussion –
We discuss the results taking into account the methodological problems observed. We give implications
for reviewing the results of published studies and planning future research.
Key words :
Anorexia nervosa ; Anxiety disorders ; Bulimia nervosa ; Family comorbidity ; Mood disorders ; Review.
L’Encéphale, 2007 ;
33 :
144-55 Antécédents familiaux de troubles anxieux et de troubles de l’humeur dans l’anorexie mentale
145
INTRODUCTION
L’anorexie mentale (AN) est une pathologie relative-
ment rare dont la prévalence chez les femmes en fin d’ado-
lescence et au début de l’âge adulte se situe entre 0,5 %
et 1 % (9). Grave, elle est responsable d’une mortalité con-
sidérable puisqu’elle est douze fois supérieure à celle
observée dans une population générale de même âge
(31). L’hypothèse actuellement admise est que l’anorexie
mentale est un trouble du comportement alimentaire d’ori-
gine multifactorielle, avec des facteurs prédisposants
(individuels, familiaux et culturels), des facteurs précipi-
tants et des facteurs pérennisants (10).
Parmi les facteurs familiaux, les antécédents psychia-
triques familiaux ou comorbidité familiale semblent aussi
jouer un rôle. Il n’y a à notre connaissance, dans la litté-
rature, aucune revue concernant précisément ce sujet
alors qu’une meilleure connaissance de ces troubles peut
avoir une implication thérapeutique.
Nous avons donc réalisé une revue de la littérature sur
les antécédents familiaux de troubles de l’humeur et de
troubles anxieux chez les sujets anorexiques.
Dans la première partie de ce travail, nous discuterons
des problèmes méthodologiques posés par ces études.
Dans la seconde partie, en tenant compte de ces problè-
mes, nous résumerons les données chiffrées de préva-
lence de troubles de l’humeur et de troubles anxieux chez
les apparentés de sujets anorexiques.
Nous avons effectué une recherche informatique (sur
Medline) afin de retrouver les études publiées sur les anté-
cédents familiaux de troubles de l’humeur et de troubles
anxieux dans l’anorexie mentale et l’avons complétée par
une recherche manuelle. Nous avons limité notre travail
à la période 1980-2002, afin de ne retenir que les études
ayant utilisé des critères diagnostiques stricts pour les
troubles étudiés (critères de Feighner ou de Halmi pour
l’anorexie mentale, RDC, DSM III, DSM III-R ou DSM IV).
Ces études sont rares : nous avons retrouvé 16 études
évaluant la prévalence d’au moins un trouble de l’humeur
ou d’un trouble anxieux chez les apparentés de patients
anorexiques.
La plupart des études ont été réalisées auprès de popu-
lations cliniques de patients hospitalisés ou suivis en
ambulatoire avec un diagnostic actuel de trouble du com-
portement alimentaire (TCA) (3, 5, 11, 17, 20, 21, 24, 25,
26, 28, 30, 32, 33, 34). Ces patients sont, pour la plupart,
traités dans des centres spécialisés pour la prise en
charge des TCA. Moins fréquemment, ces sujets peuvent
être en attente de soins dans de tels centres, ou être volon-
taires pour une recherche (évaluation clinique ou recher-
che thérapeutique). De nombreuses études, en plus de
l’évaluation familiale, ont aussi inclus une évaluation indi-
viduelle.
Deux études ont été réalisées dans le cadre d’études
de suivi de patients présentant des TCA (15, 22).
Enfin, dans quelques études, une partie de leur échan-
tillon était recrutée en population générale (17, 20, 25).
Dans la première partie de ce travail, nous allons con-
sidérer les problèmes méthodologiques posés par ces
études. Même après avoir exclu de cette revue de la lit-
térature les études posant des problèmes méthodologi-
ques majeurs [critères diagnostiques propres aux auteurs
pour les TCA (32) ; pas d’instrument diagnostique, que ce
soit pour le diagnostic direct ou indirect des apparentés
(11, 17, 22, 25, 32, 33, 34)], nous n’avons pu réaliser de
méta-analyse avec les études restantes. En effet, la trop
grande variabilité des critères d’inclusion et d’exclusion
des patients, des critères diagnostiques, des instruments
diagnostiques utilisés, du statut ambulatoire ou hospitalier
des patients et de leur âge ne permet pas d’effectuer une
méta-analyse. De ce fait, la seconde partie de ce travail
est simplement une revue descriptive des données
recueillies dans la littérature.
En préambule, nous précisons que par « parents »
nous entendrons père et mère, et par « apparentés du
1
er
degré » : père, mère, frères et sœurs.
PROBLÈMES MÉTHODOLOGIQUES
Les résultats des études évaluant les antécédents fami-
liaux dans l’anorexie mentale montrent de grandes dispa-
rités, ce qui peut en partie s’expliquer par les divergences
méthodologiques existant d’une étude à l’autre
(tableau I)
.
Échantillons des patients
1) Les effectifs des échantillons sont souvent faibles,
la plupart comportent moins de 30 patients (7, 11, 21, 24,
25). Les tests statistiques sont moins puissants pour les
petits effectifs.
2) Les échantillons de patients inclus dans les études
sont d’origines variées : population clinique avec un dia-
gnostic actuel de TCA (avec des patients hospitalisés, sui-
vis en ambulatoire ou inscrits sur des listes en attente
d’être traités), population suivie après plusieurs années
d’évolution ou issue de la population générale. Ces
patients sont donc très différents, avec des TCA de gravité
variable et avec une prévalence plus ou moins importante
de troubles anxieux et dépressifs. Ces différentes études
doivent être considérées séparément pour plusieurs rai-
sons. Premièrement, tel que le soulignent Bushnell
et al.
(6), les patients pris en charge ne représentent pas
l’ensemble des patients souffrant de TCA, dans la mesure
où il existe un effet filtre lors de l’accès aux soins (14) con-
tribuant à un excès de comorbidité dans les échantillons
cliniques. En effet, les patients présentant des diagnostics
multiples sont plus enclins à se présenter pour demander
un traitement que ceux présentant un seul diagnostic, ce
qui a été communément appelé le « biais de Berkson » (4).
De plus, les études en population clinique ont inclus à
la fois des patients hospitalisés, ambulatoires, ou les deux.
Or, selon Godart
et al.
(12), la sévérité des TCA est pro-
bablement différente et la fréquence des troubles de
l’humeur certainement plus élevée chez les patients pris
F. Perdereau
et al.
L’Encéphale, 2007 ;
33 :
144-55
146
TABLEAU I. —
Revue méthodologique des études sur les antécédents familiaux de troubles de l’humeur et de troubles anxieux
dans l’anorexie mentale.
Auteurs
Caractéristiques des TCA Caractéristiques des témoins Méthodologie, critères et instruments
Sujets Famille Sujets Famille Critères
Moyens diagnostiques Remarques
TCA N Âge Total
(N) Évalués Diagnostic N Âge Total Évalués
Winokur
et al.,
1980
AN 25 203 192 T
Femmes
25 177 184 Feighner (A)
RDC
Entretien psychiatrique
semi-structuré, critères RDC
patient + parent, complété
par un parent autre si besoin
Family History Reasearch
Diagnostic
Patients hospitalisés ou
ambulatoires
Témoins appariés pour l’âge
Apparentés > 18 ans
Strober
et al.,
1982
AN R
AN B
35
35
15,7 352
359
= 711
Feighner (A)
RDC
Entretien parents et fratrie
SADS-L
Family History Reasearch
Diagnostic Criteria
pour
2
e
degré
Patients hospitalisés
Diagnostic en aveugle pour la
famille
Apparentés > 15 ans
Hudson
et al.,
1983
AN not B
B not AN
AN/B
14
55
20
= 89
25,6
27,2
26,2
70
251
99
= 420
?
BP
SCZ
Border line
33
39
15
? 222
199
78
DSM III Entretien psychiatrique
recherchant les critères
DSM III dans l’histoire
familiale
Patients hospitalisés, suivis
en ambulatoire ou issus de la
population générale
répondant à une annonce
AN B : anorexiques et/ ou
boulimiques sur la vie,
anorexiques sans
antécédents de BN et BN
sans antécédents d’anorexie
Diagnostic familial en
aveugle pour les témoins, pas
pour les TCA
Gershon
et al.,
1984
AN 24 25 99 T
Pathologies
somatiques
43 ? 265 Halmi (A)
DSM III (B)
RDC (autre)
SADS-L pour 44 % des
apparentés vus directement
Patients hospitalisés
Risque relatif
Âge corrigé
Rivinus
et al.,
1984
AN 40 16,8 545 T
Femmes
23 16,4 277 Feighner (A)
DSM III
Family History Reasearch
Diagnostic Criteria
SADS
Patients hospitalisés (33) ou
ambulatoires (7), provenant
de 2 centres différents
Pas d’aveugle pour le
diagnostic familial
Biederman
et al.,
1985
AN 40 16,8 545 T
Femmes
23 16,4 277 Feighner (A)
DSM III
Family History Reasearch
Diagnostic Criteria
SADS
Même échantillon que
Rivinus
et al.,
1984
Prévalence corrigée pour
l’âge (Weinberg)
Viesselman
et al.,
1985
AN
B
bulimarexia
13
43
39
22,1
39,7
23,5
? – – Feighner,
propres
critères
de TCA
Entretien sur l’histoire
familiale avec les patients
uniquement
Comparaison avec les
données d’un autre auteur
Logue
et al.,
1989
AN not B
B not AN
AN B
6
13
11
= 30
21,9 146 23
57
52
= 132
T
EDM
Femmes
20
16
21,2
24,3
107
87
100
75
DSM III DIS modifié avec critères
boulimie
Family History Reasearch
Diagnostic Criteria
Patients ayant été traités dans
un hôpital ou une clinique de
l’Iowa
Apparentés > 18 ans
Diagnostic direct pour au
moins un apparenté
Pas en aveugle
77 %-91 %-70 % des
apparentés TCA, T, EDM
évalué directement
Strober
et al.,
1990
AN 97 15,5 387 ? TH
Mixtes
66
117
269
469
DSM III-R Entretien clinique avec
parents
SADS modifié pour TCA
Family History Reasearch
Diagnostic Criteria
Eating Disorder Family
Histor
y
Patients hospitalisés
1
er
et 2
e
degrés, diagnostic
consensuel entre un clinicien :
à l’aveugle et un autre non
Apparentés > 12 ans
Diagnostic des apparentés
établi directement dans
79,3 % des cas
Halmi
et al.,
1991
AN 57
puis
54
29 ? 169 T
Femmes
62 27,4 ? 178 Feighner
DSM III-R
DIS
Family History Reasearch
Diagnostic Criteria
Étude de suivi, patients ayant
participé à une étude sur la
cyproheptadine
Témoins appariés
Diagnostic en aveugle dans
la famille
L’Encéphale, 2007 ;
33 :
144-55 Antécédents familiaux de troubles anxieux et de troubles de l’humeur dans l’anorexie mentale
147
en charge dans les services hospitaliers. Les refus de par-
ticipation, qui constituent un possible biais de sélection
des patients, n’ont pas été mentionnés.
Certaines études ont des échantillons de patients en
commun (5, 22, 25, 26) ou une partie seulement de leur
échantillon (29, 30). Pour ces derniers, les résultats cor-
respondent aux étapes successives d’une même étude
sans que cela soit pris en compte au niveau du traitement
statistique des données.
3) Certaines études n’incluent que des filles, d’autres
des filles et des garçons. L’anorexie mentale (AN) étant
une pathologie essentiellement féminine, les résultats des
études portant sur des échantillons mixtes ne sont pas
comparables.
Ces comparaisons seraient d’autant plus hasardeuses
que la prévalence de la dépression et des troubles anxieux
est plus importante chez la femme que chez l’homme, ren-
dant les échantillons mixtes source de confusion (19).
4) L’âge moyen des patientes est aussi potentiellement
source de divergence des résultats. En effet, il est en lien
avec l’âge moyen des apparentés qui n’est jamais men-
tionné. Or, la probabilité d’un trouble psychiatrique est
âge-dépendante (16, 27). Plus l’âge moyen des apparen-
tés est élevé, plus la probabilité d’un trouble dépressif ou
anxieux chez ceux-ci est élevée.
La prévalence des troubles familiaux dépend aussi de
l’âge minimal des apparentés inclus dans la population
d’étude : 12 ans pour Strober
et al.
(29), 15 ans pour
TABLEAU I. —
Revue méthodologique des études sur les antécédents familiaux de troubles de l’humeur et de troubles anxieux
dans l’anorexie mentale (suite).
Auteurs
Caractéristiques des TCA Caractéristiques des témoins Méthodologie, critères et instruments
Sujets Famille Sujets Famille Critères
Moyens diagnostiques Remarques
TCA N Âge Total
(N) Évalués Diagnostic N Âge Total Évalués
Rastam
et al.,
1991
AN 51 16 ? 51 T 51 ? ? 51 DSM III-R Entretien clinique pour les
mères (et dans deux cas
avec les pères)
51 AN : 3 garçons et 48 filles
Évaluation des mères
uniquement
Témoins appariés
Pasquale
et al.,
1994
AN
BN
AN/BN
11
15
15
= 41
22,5 32
43
45
= 120
82 TOC
EDM
70
39
29,7
42,5
283
210
184
147
DSM III-R DIS pour 66,9 % des
premiers degrés, sinon
Family History Reasearch
Diagnostic Criteria
Patients ambulatoires
Diagnostic direct des
apparentés
Apparentés > 15 ans
Risque relatif corrigé pour
l’âge (Weinberg)
Lilenfeld
et al.,
1998
AN R
not B
BN not
AN
26
47
24,5
25,3
93
177
44 26,1 190 DSM III-R SADS
Eating Disorders Family
inventory
Family History Research
Diagnostic Criteria
Patients hospitalisés,
ambulatoires ou répondant à
une annonce dans un journal
Certains AN R sont en fait AB
depuis moins de 3 ans
Nilsson
et al.,
1998
AN 51 16,1 186 T 51 16 185 DSM III-R Entretien créé par les
auteurs
Même échantillon que
Rastam
et al,,
1991
Étude de suivi
48 femmes et 3 hommes
6 AN DSM IV, Asperger’s
disorder
Témoins appariés sexe et
âge
Évaluation des mères
Woodside
et al.,
1998
AN
BN
AN/BN
15
36
42
? ? 2 125 DSM III-R SCID pour les patients
Diagnostic des apparentés
par un entretien semi-
structuré avec le patient
Patients consultant dans un
centre spécialisé dans les
TCA
Évaluation par 2 cliniciens en
aveugle par rapport au
diagnostic de l’autre
En aveugle par rapport au
type de TCA du patient et de
toute autre information
concernant le patient
Bellodi
et al.,
2001
AN R
AN P
BN
38
46
52
20,61
22,84
22,71
436 300 T
Pathologies
somatiques
72 39 358 DSM IV DIS
Patients hospitalisés dans un
centre spécialisé pour les
TCA
Évaluation en aveugle par
rapport au diagnostic du
patient
Calcul d’un
morbidity risk
,
âge corrigé
A : anorexie ; AN : anorexia nervosa ; AB : anorexie/boulimie ; AN-B : anorexia nervosa with bulimia ; AN-R : anorexia nervosa restricters ; AN-R not B : anorexia nervosa restricters sans antécédents
de boulimie ; AN-P : anorexie avec crises de boulimie/conduites de purge ; AN/BN : anorexia nervosa et bulimia nervosa ; B : boulimie ; BN : bulimia nervosa ; BN not AN : bulimia nervosa sans
antécédents d’anorexia nervosa ; T : témoin sain ; SCZ : schizophrène ; EDM : épisode dépressif majeur ; TOC : trouble obsessionnel compulsif ; BP : trouble bipolaire ; TH : trouble de l’humeur ;
TC : trouble des conduites ; TP : trouble de la personnalité.
F. Perdereau
et al.
L’Encéphale, 2007 ;
33 :
144-55
148
Pasquale
et al.
(24), 18 ans pour Winokur
et al.
(33) et pour
Logue
et al.
(21).
Certaines études ont pris en compte ce facteur et ont
calculé les risques de morbidité
(morbid risk)
en lien avec
l’âge des apparentés. Le mode de calcul de ces risques
est variable d’une étude à l’autre : certains utilisent la
« méthode courte de Weinberg » (5, 26) d’autres utilisent
la méthode de Weinberg modifiée (17) et d’autres encore
leur propre méthode d’âge corrigé (11). Certaines études
ont calculé une prévalence sans prendre en compte l’âge
corrigé (15, 20, 28, 30, 33, 34). Les comparaisons entre
études sont donc difficiles. À l’exception de quelques étu-
des (20, 21), aucune ne donne d’intervalle de confiance
ou d’« odd ratio » concernant les prévalences estimées.
5) Toutes les études n’utilisent pas de groupe témoin.
Quand il y en a un, celui-ci varie selon les études, il est
composé soit de témoins sains (5, 11, 15, 22, 26, 33), soit
de patients atteints d’une pathologie psychiatrique (17, 21,
24, 28, 29). Le groupe témoin comprenant d’autres patho-
logies psychiatriques est parfois très hétérogène (28). De
plus, les participants des groupes témoins ne sont le plus
souvent appariés ni pour le sexe, ni pour l’âge, sauf dans
les études de Halmi
et al.
(15), Rastam
et al.
(25), Nilsson
et al.
(22) et Lilenfeld
et al.
(20) (apparemment par tranche
d’âge et pour le sexe).
Méthodes diagnostiques
Les méthodes diagnostiques utilisées pour les diffé-
rents troubles sont variables.
Les critères utilisés dans la définition des troubles sont
différents d’une étude à l’autre, que ce soient les critères
pour définir les troubles du comportement alimentaire [Fei-
ghner, Halmi, Russell, DSM III, DSM III-R, DSM IV, voire
leurs propres critères (32)] ou ceux utilisés pour définir les
troubles psychiatriques chez les apparentés (RDC,
DSM III, DSM III-R, DSM IV).
L’utilisation de différents cri-
tères diagnostiques ainsi que l’inclusion de patients ayant
un diagnostic incomplet de TCA sans que l’on ait plus de
précisions (25) ne rendent pas facilement comparables les
études entre elles.
De même, les instruments diagnostiques utilisés pour
définir ces troubles varient d’une étude à l’autre (SADS,
SADS-L, DIS, SCID). Or, la prévalence des troubles psy-
chiatriques retrouvée pour une population dépend de l’ins-
trument utilisé. De plus, certaines études n’ont pas utilisé
d’instrument diagnostique (17, 22, 25, 32, 33).
Le diagnostic de trouble de l’humeur est établi soit « sur
la vie », soit « sur la période actuelle » (25). Certains
auteurs considèrent la période actuelle pour porter le dia-
gnostic de dépression chez les sujets anorexiques, mais
font un diagnostic « sur la vie » pour les troubles de
l’humeur chez les apparentés (5). D’autres ne précisent
pas si le diagnostic de trouble de l’humeur chez les sujets
anorexiques est fait sur la période actuelle ou sur la vie
(11).
Établissement d’un diagnostic psychiatrique
chez les apparentés
Une des difficultés méthodologiques spécifiques aux
études des antécédents familiaux est l’établissement d’un
diagnostic psychiatrique chez les apparentés. Un dia-
gnostic direct (quand l’apparenté est examiné), appelé
« méthode d’étude familiale » est plus pertinent qu’un
recueil indirect des antécédents (appelé histoire familiale),
mais plus difficile à obtenir.
L’histoire familiale qui est collectée l’est parfois sans
instrument (11, 17, 22, 25, 29, 32, 34). Cependant, la
méthode la plus souvent employée pour améliorer la vali-
dité des études historiques familiales est celle préconisée
par Andreassen
et al.
(1977) (1). Sa méthode historique
familiale utilise les critères diagnostiques chez le sujet
index et, en complément, chez un membre de sa famille.
Elle suggère l’utilisation d’un instrument diagnostique (le
«
Family History-Research Diagnostic Criteria
= FH-
RDC »), permettant l’établissement de diagnostic psy-
chiatrique chez les apparentés avec une plus grande sen-
sibilité. En général, les études utilisant l’histoire familiale
ont tendance à sous-estimer la prévalence des troubles
psychiatriques, en particulier les troubles actuels (1).
Certains auteurs établissent un diagnostic direct pour
les apparentés qu’ils peuvent rencontrer et complètent
leur recrutement par un diagnostic indirect des autres, ce
diagnostic étant alors établi avec le patient ou un autre
membre de la famille. Dans ce cas, le FH-RDC est souvent
utilisé (5, 10, 20, 21, 24, 26, 28, 30, 33).
En ce qui concerne les études sur les antécédents fami-
liaux de troubles anxieux dans l’anorexie mentale, il est à
noter que la FH-RDC ne fournit pas les diagnostics spé-
cifiques des différents troubles anxieux.
Contenu des études
Il est variable. Certaines donnent des résultats exclu-
sivement pour la mère (25), d’autres pour tous les appa-
rentés du 1
er
degré (5, 11, 17, 21, 24), d’autres enfin
détaillent tout, ce qui est plus satisfaisant (33).
La définition des apparentés au 2
e
degré et au 3
e
degré
est variable selon les études ; parfois il n’est pas précisé
qui sont les apparentés au 2
e
degré (30).
Nombre et type de troubles de l’humeur
ou de troubles anxieux recherchés
Ils varient entre les études. Par exemple pour les trou-
bles de l’humeur, parfois l’EDM seul est recherché (20,
21), d’autres fois l’EDM et le trouble bipolaire sont recher-
chés (24, 28, 34) ou encore l’EDM et la dysthymie (25),
ou la cyclothymie et la dépression atypique (17).
Repère chronologique
L’absence de repères chronologiques en rapport avec
le début de l’anorexie du sujet est une autre limite de ces
1 / 12 100%

Antécédents familiaux de troubles anxieux MÉMOIRE ORIGINAL

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