L’Encéphale
(2012)
38,
211—223
Disponible
en
ligne
sur
www.sciencedirect.com
journal
homepage:
www.em-consulte.com/produit/ENCEP
ÉPIDÉMIOLOGIE
Caractéristiques
sociodémographiques
et
cliniques
de
patients
souffrant
de
troubles
bipolaires
suivis
en
ambulatoire
en
France
métropolitaine
Who
are
patients
suffering
from
bipolar
disorders
in
France?
The
TEMPPO
survey:
Patients’
sociodemographic
and
clinical
characteristics
data
W.
de
Carvalhoa,,
P.
Nussb,
P.
Blinc,
R.
Arnaudd,
A.
Filipovicsd,
J.-Y.
Lozee,
A.
Dillenschneiderd
aMaison
de
santé
de
Bellevue,
8,
avenue
du
11-Novembre-1918,
92190
Meudon,
France
bUMR
7203,
laboratoire
des
biomolécules,
service
de
psychiatrie,
université
Pierre-et-Marie-Curie-6,
CHU
Saint-Antoine,
AP—HP,
184,
Faubourg-Saint-Antoine,
75012
Paris,
France
cUnité
de
pharmaco-épidémiologie,
département
de
pharmacologie,
université
Victor-Segalen
Bordeaux-2,
hôpital
du
Tondu,
case
41,
146,
rue
Léo-Saignat,
33076
Bordeaux
cedex,
France
dLaboratoire
Bristol-Myers-Squibb,
3,
rue
Joseph-Monier,
BP
325,
92506
Rueil-Malmaison
cedex,
France
eOTSUKA
Pharmaceuticals
France
SAS,
Le
Corosa,
1,
rue
Eugéne-et-Armand-Peugeot,
92508
Rueil-Malmaison
cedex,
France
Rec¸u
le
21
juin
2011
;
accepté
le
6
avril
2012
Disponible
sur
Internet
le
5
juin
2012
MOTS
CLÉS
Trouble
bipolaire
;
Données
sociodémo-
graphiques
;
Données
cliniques
;
Étude
observationnelle
;
Étude
naturalistique
Résumé
Le
présent
article
décrit
les
résultats
de
l’étude
TraitEment
Médicamenteux
et
his-
toire
de
la
maladie
des
Patients
souffrant
de
troubles
biPOlaires
(TEMPPO)
dont
l’objectif
était
de
décrire
les
caractéristiques
cliniques
et
sociodémographiques
d’un
échantillon
de
patients
adultes
ambulatoires
souffrant
de
troubles
bipolaires
de
type
I
ou
II
en
France
métropolitaine.
Il
s’agit
d’une
étude
observationnelle,
transversale,
multicentrique,
effectuée
en
2009,
mise
en
place
auprès
de
psychiatres
exerc¸ant
en
secteur
public
ou
privé.
Les
données
exploitables
sont
issues
du
recueil
effectué
par
135
psychiatres
ayant
inclus
619
patients
bipolaires
(197
vus
en
secteur
public
et
422
en
secteur
privé).
L’extrapolation
des
données
de
cette
étude
à
la
population
franc¸aise
fait
état
d’une
prévalence
de
0,43
%
de
patients
bipolaires
suivis
par
un
psychiatre.
Les
données
de
l’étude
montrent
une
prédominance
dans
l’échantillon
examiné
de
troubles
bipolaires
de
type
I
(58
%
des
patients).
Les
résultats
de
l’étude
confirment
le
fait
que
les
patients
présentant
un
trouble
bipolaire
et
suivis
en
ambulatoire
ont
des
caractéristiques
cliniques
de
sévérité
comme
l’atteste
la
valeur
moyenne
(4,4)
de
la
clinical
global
impression
(CGI)-gravité
et
la
valeur
moyenne
de
la
évaluation
globale
du
fonctionnement
(GAF)
à
59.
Cette
sévérité
est
plus
évidente
pour
les
patients
en
périodes
d’épisodes
dépressifs
en
comparaison
de
ceux
présentant
un
épisode
maniaque
(CGI
à
6
vs
4)
ou
hypomaniaques
(CGI
à
6
vs
3).
Auteur
correspondant.
Adresse
e-mail
:
(W.
de
Carvalho).
0013-7006/$
see
front
matter
©
L’Encéphale,
Paris,
2012.
http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2012.04.007
212
W.
de
Carvalho
et
al.
L’étude
a
pu
aussi
mettre
en
évidence
une
forte
proportion
de
cycles
rapides
(11
%),
de
fré-
quentes
comorbidités
psychiatriques
(45
%
des
patients),
une
obésité
(16
%
des
patients),
des
troubles
de
la
libido
ainsi
que
la
présence
de
symptômes
psychotiques.
Les
patients
en
phase
maniaque
étaient
ceux
présentant
les
indices
de
sévérité
les
plus
élevés
et
les
scores
de
fonctionnement
les
plus
faibles.
Plus
de
la
moitié
des
patients
(57
%)
avait
des
antécédents
familiaux
de
troubles
psychiatriques.
Cette
étude
a
permis
de
mieux
caractériser
les
patients
bipolaires
suivis
par
des
psychiatres
en
France.
Elle
a
souligné
l’impact
négatif
de
la
maladie
sur
la
vie
sociale
et
professionnelle
des
patients
en
insistant
sur
la
nécessité
d’une
prise
en
charge
spécifique
en
complément
du
traitement
symptomatique.
©
L’Encéphale,
Paris,
2012.
KEYWORDS
Bipolar
disorders;
Clinical
and
sociodemographic
survey;
Patients’
characteristics
clinical
data;
Naturalistic
study
Summary
Aim.
One
of
the
aims
of
the
TEMPPO
study
was
to
describe
the
sociodemographic
and
clinical
characteristics
of
a
cohort
of
adult
outpatients
with
type
I
or
type
II
bipolar
disorders
(as
defined
by
DSM-IV
criteria)
in
France.
Methods.
TEMPPO
is
a
multicenter,
cross-sectional,
non-interventional
study
conducted
in
France
between
November
2008
and
May
2009,
with
a
random
sample
of
academic
and
private
practice
psychiatrists.
Each
psychiatrist
who
agreed
to
participate
in
the
study
had
to:
complete
a
register
with
data
on
all
consecutive
patients
(up
to
20
patients)
consulting
during
a
2-month
period
and
fulfilling
inclusion
criteria;
include
in
the
study
the
first
five
patients
of
the
register
with
an
on-going
consultation
for
at
least
6
months;
for
each
of
which
a
detailed
questionnaire
had
been
assessed,
notably
their
sociodemographic
and
bipolar
clinical
characteristics.
Adult
outpatients
diagnosed
with
bipolar
disorders
(BD)
were
enrolled
if
fulfilling
the
following
inclu-
sion
criteria:
man
or
woman,
aged
18
and
above,
diagnosed
bipolar
type
I
or
II
according
to
DSM-IV
criteria,
treated
(whatever
the
treatment
strategy)
or
not,
and
followed-up
for
at
least
6
months
by
the
participating
psychiatrist.
Results.
One
hundred
and
thirty-five
psychiatrists
included
619
patients
with
bipolar
disorder
(197
and
422
followed-up
in
public
and
private
practice
respectively).
The
estimated
prevalence
of
patients
with
bipolar
disorders
consulting
psychiatrists
was
0.43%.
Type
I
bipolar
disorder
was
the
most
frequent
condition
(58%
of
the
patients).
As
a
whole,
bipolar
disorder
was
associated
with
severe
handicap
(mean
global
disease
Clinical
Global
Impression
[CGI]-Severity
score
of
4.4
and
mean
GAF
[Global
Assessment
of
Functioning]
score
of
59),
with
more
depressive
episodes
than
manic
episodes
(6
vs.
4)
or
hypomania
(6
vs.
3),
a
high
proportion
of
rapid
cycles
(11%),
psychiatric
comorbidities
(45%
of
patients),
obesity
(16%
of
patients),
libido
dysfunction
and
associated
psychotic
symptoms.
Current
manic
phase
was
associated
with
more
pronounced
illness
severity
and
lowest
functioning.
More
than
half
of
the
patients
(57%)
had
a
family
history
of
psychiatric
disorders.
Conclusion.
This
study
could
shed
some
light
for
a
better
understanding
of
demographics
and
clinical
patterns
of
patients
with
bipolar
disorders
consulting
psychiatrists
in
France.
The
results
emphasize
the
severity
of
bipolar
disorders
with
mainly
depressive
episodes,
a
high
proportion
of
rapid-cycling,
comorbidities
and
associated
psychotic
symptoms;
these
charac-
teristics
being
more
marked
in
patients
suffering
from
BD
I.
Furthermore,
this
study
confirms
the
strong
negative
impact
on
social
and
professional
life
of
French
bipolar
patients,
requiring
specific
management
in
addition
to
the
symptomatic
treatment.
©
L’Encéphale,
Paris,
2012.
Introduction
Le
trouble
bipolaire
est
un
trouble
de
l’humeur
remar-
quable
par
la
diversité
de
ses
expressions
cliniques.
Si
certains
patients
souffrant
de
trouble
bipolaire
pré-
sentent
de
profondes
phases
dépressives
ou
à
l’inverse
des
phases
d’irritabilité,
d’excitation,
d’activités
accrues,
de
nombreux
autres
présentent
des
formes
atypiques
d’allure
caractérielle,
pseudonévrotique
avec
des
comorbi-
dités
au
premier
plan.
Ainsi,
la
caractérisation
du
trouble
dans
le
DSM-IV
(manuel
diagnostique
et
statistique
des
troubles
mentaux
de
l’American
Psychiatric
Association)
est-elle
un
cadre
général
qui
efface
les
diversités
expres-
sives
de
ce
trouble
expliquant
les
errances
diagnostiques,
particulièrement
concernant
le
trouble
bipolaire
de
type
II.
On
rappellera
que
le
trouble
bipolaire
de
type
I
est
carac-
térisé
par
la
présence
d’au
moins
un
épisode
maniaque
ou
mixte
chez
des
sujets
ayant
présenté
ou
non
un
ou
plusieurs
épisodes
dépressifs
majeurs
et
que
le
trouble
bipolaire
de
type
II
est
caractérisé
par
la
survenue
d’un
ou
plusieurs
épisodes
dépressifs
majeurs
accompagnés
d’au
moins
un
épisode
hypomaniaque
mais
sans
manie
franche.
Il
n’est
donc
pas
surprenant
que
son
identification
soit
difficile
tant
en
épidémiologie
clinique
que
dans
la
pratique
médicale
individuelle.
Il
en
résulte
que
de
nombreux
sujets
souf-
frant
de
formes
atypiques,
notamment
les
plus
jeunes,
ne
sont
pas
suivis
au
sein
de
structures
psychiatriques
[1].
Caractérisation
sociodémographique,
clinique
de
patients
ambulatoires
bipolaires
213
Malgré
une
sous-estimation
probable,
la
prévalence
du
trouble
bipolaire
est
estimée
à
1
%
avec
des
variations
selon
les
études
considérées
(0,3
à
5,1
%)
[2].
Pour
les
raisons
que
nous
avons
mentionnées,
on
peut
estimer
qu’une
prévalence
de
3
à
5
%
pourrait
être
plus
proche
de
la
réalité
témoi-
gnant
de
la
sensibilité
et
de
la
spécificité
des
outils
et
des
méthodologies
d’évaluation
[1,3,4].
L’évolution
de
ces
para-
mètres
diagnostiques
et
méthodologiques
a
ainsi
pu
montrer
une
incidence
plus
importante
du
trouble
ces
dernières
décennies,
notamment
en
utilisant
des
outils
plus
aboutis
pour
aborder
les
dimensions
hypomaniaque
et
dépressive
[5].
Cette
évolution
s’est
accompagnée
d’une
meilleure
défi-
nition
des
comorbidités
associées
(abus
de
substances
etc.)
[6]
et
d’une
meilleure
connaissance
de
l’impact
des
troubles
bipolaires
en
termes
de
qualité
de
vie
et
de
santé
publique.
On
conc¸oit
aisément
que
la
nature
de
cette
mala-
die
impose
une
prise
en
charge
plurifactorielle
dépendant
notamment
de
la
phase
thymique
considérée,
de
la
typo-
logie
et
de
l’histoire
clinique
du
patient,
mais
aussi
de
l’arsenal
thérapeutique
actuellement
disponible,
ainsi
que
des
habitudes
et
des
pratiques
des
psychiatres
[7,8].
Lorsque
nous
avons
initié
l’étude
TraitEment
Médica-
menteux
et
histoire
de
la
maladie
des
Patients
souffrant
de
troubles
biPOlaires
(TEMPPO)
en
2008,
il
n’existait
pas
en
France
de
recommandations
thérapeutiques
offi-
cielles
pas
plus
qu’il
n’y
avait
d’informations
sur
les
modalités
de
prise
en
charge
en
ambulatoire
des
troubles
bipolaires
I
ou
II,
notamment
lorsque
l’on
considérait
l’ensemble
des
expressions
cliniques
du
trouble.
Notam-
ment,
aucune
étude
n’avait
encore
utilisé
d’échantillon
représentatif
de
la
population
des
psychiatres
exerc¸ant
en
France
métropolitaine
afin
d’en
évaluer
les
habitudes
de
prescription
au
sein
de
la
population
de
patients
bipolaires
[9—13].
L’objectif
principal
de
la
présente
étude
était
ainsi
de
décrire
de
la
manière
la
plus
précise
l’état
de
la
prise
en
charge
thérapeutique
des
patients
bipolaires
vus
en
consultation
par
les
psychiatres
en
France,
et
plus
particu-
lièrement
de
déterminer
la
proportion
de
patients
souffrant
de
troubles
bipolaires
traités
par
antipsychotiques.
Les
résultats
de
l’étude
ont
été
colligés
en
2011.
Une
volonté
de
plus
grande
clarté
de
l’exposé
des
résultats
nous
a
incitée
à
les
présenter
dans
deux
articles
distincts
:
le
présent
article
vise
à
décrire
la
typologie
d’une
population
de
patients
bipo-
laires
en
France,
qu’ils
soient
suivis
en
ville
ou
à
l’hôpital,
et
d’en
identifier
les
caractéristiques
cliniques.
Le
second
article
concerne
les
modalités
de
prescription
pharmacolo-
giques
et
non
pharmacologiques
ainsi
que
leur
cohérence
avec
les
recommandations
[14].
Méthodes
L’étude
TEMPPO
est
une
étude
pharmaco-épidémiologique
observationnelle,
transversale,
multicentrique,
conduite
en
France
métropolitaine,
entre
novembre
2008
et
mai
2009
et
portant
sur
la
prise
en
charge
ambulatoire
des
patients
sui-
vis
par
des
psychiatres
hospitaliers
et/ou
libéraux
pour
un
trouble
bipolaire
de
type
I
ou
de
type
II.
Détermination
de
la
taille
de
l’échantillon
et
du
nombre
de
centres
La
taille
de
l’échantillon
a
été
déterminée
afin
de
répondre
à
l’objectif
principal,
à
savoir
la
détermination
de
la
pro-
portion
de
patients
bipolaires
traités
par
antipsychotiques.
Aucune
donnée
n’étant
disponible
sur
ce
critère
au
moment
de
l’écriture
du
protocole,
il
a
été
considéré
que
le
pour-
centage
observé
pourrait
varier
de
10
à
50
%.
Avec
un
risque
bilatéral
alpha
de
5
%
et
une
précision
de
5
%,
les
formules
de
calcul
aboutissent
à
400
patients
nécessaires
pour
estimer
la
proportion
de
patients.
Pour
tenir
compte
du
pourcentage
d’observations
inexploitables,
ce
nombre
de
patients
a
été
augmenté
de
10
%.
Le
nombre
de
patients
nécessaire
pour
atteindre
les
objectifs
de
l’étude
a
donc
été
estimé
à
environ
450
patients.
Selon
l’hypothèse
que
chaque
médecin
pouvait
recruter
cinq
patients
au
cours
d’une
période
de
deux
mois,
il
était
nécessaire
de
sélectionner
90
psychiatres
actifs.
Compte
tenu
d’un
taux
habituellement
rencontré
de
20
%
de
psy-
chiatres
inactifs,
le
nombre
total
de
psychiatres
nécessaire
s’élevait
donc
à
110.
Sélection
des
psychiatres
La
participation
à
l’étude
a
été
proposée
à
un
échantillon
représentatif
des
psychiatres
franc¸ais
tiré
au
sort
dans
une
base
nationale
des
psychiatres
(base
de
données
TVF,
Groupe
Cegedim).
Le
tirage
au
sort
a
été
effectué
après
strati-
fication
par
mode
d’exercice
et
par
région
administrative
franc¸aise.
Deux
groupes
de
psychiatres
ont
été
distingués
selon
leur
mode
d’exercice
:
médecins
du
secteur
public
pour
les
praticiens
hospitaliers
exclusifs
et
médecins
du
sec-
teur
privé
regroupant
les
praticiens
à
exercice
libéral
ou
mixte.
Sélection
des
patients
Au
cours
des
deux
mois
suivant
le
démarrage
de
l’étude,
chaque
psychiatre
ayant
accepté
de
participer
à
l’étude
devait
:
compléter
un
registre
avec
les
données,
requises
par
l’étude,
de
tous
les
patients
consécutifs
différents
(jusqu’à
un
maximum
de
20
patients),
vus
en
consultation
durant
cette
période
et
répondant
aux
critères
d’inclusion
de
l’étude.
Ce
registre
était
destiné
à
s’assurer
que
les
patients
étaient
inclus
dans
l’étude
consécutivement
et
devait
permettre
d’évaluer
l’activité
mensuelle
de
chaque
psychiatre
en
termes
de
patients
suivis
;
inclure
dans
la
partie
«
étude
»
les
cinq
premiers
patients
du
registre
suivis
depuis
au
moins
six
mois
par
le
psy-
chiatre
et
remplir
un
questionnaire
détaillé
pour
chacun
de
ces
patients
permettant
en
particulier
de
documenter
les
caractéristiques
sociodémographiques
des
patients,
les
caractéristiques
cliniques
des
troubles
bipolaires
pré-
sentés
et
la
prise
en
charge
thérapeutique.
Les
sujets
inclus
dans
le
registre
et/ou
la
partie
«
étude
»
devaient
répondre
aux
critères
d’inclusion
sui-
vants
:
hommes
ou
femmes
âgés
de
18
ans
ou
plus
;
souffrant
214
W.
de
Carvalho
et
al.
de
trouble
bipolaire
de
type
I
ou
II
établi
selon
le
DSM-IV
;
bénéficiant
d’une
prise
en
charge
ambulatoire,
traité(e)s
ou
non
pour
leur
maladie
psychiatrique
;
et
suivi(e)s
par
le
psychiatre
enquêteur
depuis
au
moins
six
mois,
ce
cri-
tère
de
durée
minimum
de
suivi
ne
s’appliquant
qu’aux
patients
inclus
dans
l’étude.
S’agissant
d’une
étude
observa-
tionnelle,
visant
à
décrire
«
la
vie
réelle
»,
aucun
critère
de
non
sélection
n’a
été
retenu
pour
cette
étude
à
l’exception
de
la
participation
des
patients
à
un
essai
thérapeutique.
Données
recueillies
Données
concernant
les
psychiatres
Un
coupon
réponse
permettait
d’obtenir
des
informations
générales
sur
le
psychiatre
(sexe,
âge,
type
d’exercice,
nombre
de
patients
bipolaires
dans
la
file
active)
et
le
cas
échéant
de
renseigner
les
raisons
de
son
refus
à
participer
à
l’étude.
Données
concernant
les
patients
Les
données
du
registre
portaient
sur
les
informations
sui-
vantes
:
caractéristiques
sociodémographiques
du
patient,
histoire
de
la
maladie,
caractéristiques
du
trouble
bipolaire
présenté,
prise
en
charge
médicamenteuse
et
appréciation
de
l’observance.
Les
données
de
la
partie
«étude
»portaient
sur
les
informations
suivantes
:
les
caractéristiques
sociodémo-
graphique
(sexe,
âge,
poids,
taille,
statut
professionnel,
socioéconomique
et
marital,
type
d’hébergement,
niveau
d’études
atteint,
antécédents
judiciaires,
mesures
de
pro-
tection
civile),
l’histoire
de
la
maladie
(diagnostic,
date
d’apparition
des
troubles,
nombre
d’épisodes
aigus
et
d’hospitalisations
depuis
le
début
de
la
maladie,
nombre
de
consultations
pour
la
maladie
psychiatrique
durant
les
12
derniers
mois,
antécédents
familiaux
de
troubles
psychia-
triques),
l’évaluation
globale
de
la
maladie
psychiatrique
depuis
le
début
de
la
maladie
:
niveau
global
de
la
sévé-
rité
des
symptômes
(échelle
clinical
global
impression
[CGI]—Sévérité
en
7
classes
de
1
[patients
pas
du
tout
malades]
à
7
[patients
parmi
les
plus
malades],
évaluation
globale
du
fonctionnement
par
l’échelle
EGF
[traduite
de
la
global
assessment
of
functioning
(GAF)]
entre
1
:
alté-
ration
maximale
et
100
:
altération
nulle),
comorbidités
psychiatriques,
tentatives
de
suicide,
conduites
à
risque,
caractéristiques
de
la
phase
actuelle
(type
de
la
phase
actuelle,
fréquence
des
consultations
et
hospitalisations,
échelle
CGI-Sévérité,
échelle
EGF,
consommation
ou
non
de
toxiques,
plaintes
sexuelles,
comorbidités
somatiques
associées,
prise
en
charge
médicamenteuse
et
non
médi-
camenteuse
à
l’issue
de
la
consultation,
appréciation
de
l’observance).
Seules
les
données
portant
sur
les
caractéristiques
épidé-
miologiques
et
cliniques
des
patients
de
la
partie
«
étude
»
seront
présentées
dans
cette
publication.
Analyse
statistique
Pour
l’analyse
statistique,
les
données
patients
ont
été
redressées
sur
trois
critères
:
le
nombre
de
patients
vus
par
mois
par
le
psychiatre
enquêteur
permettant
d’estimer
l’activité
des
psychiatres
et
la
fréquence
des
consultations
au
cours
des
12
derniers
mois
pour
chaque
patient
(données
du
registre)
ainsi
que
le
type
d’activité
du
psychiatre
(données
du
coupon-réponse)
pour
prendre
en
compte
la
répartition
des
secteurs
privés-mixtes/publics
dans
l’échantillon
par
rapport
aux
données
nationales.
Les
trois
redressements
effectués
ont
été
combinés
afin
d’aboutir
à
une
seule
pondération
qui
a
été
utilisée
pour
l’ensemble
des
analyses.
Les
analyses
statistiques
comprenaient
la
description
et
la
comparaison
des
résultats
en
fonction
du
type
de
polarité,
en
fonction
du
type
d’activité
du
psychiatre
enquêteur
et
du
type
de
la
phase
actuelle
en
utilisant
pour
les
variables
qualitatives
le
test
du
Chi2,
et
pour
les
variables
quanti-
tatives
un
test
t
de
Student
ou
une
analyse
de
variance
si
la
distribution
était
proche
de
la
normale
ou
des
tests
non-paramétriques
(Wilcoxon,
Kruskal-Wallis)
dans
le
cas
contraire.
Résultats
Caractéristiques
des
psychiatres
enquêteurs
Le
processus
de
recrutement
des
psychiatres
est
présenté
dans
le
Tableau
1.
Parmi
les
197
psychiatres
ayant
accepté
de
participer
à
l’étude,
175
centres
ont
été
mis
en
place
et
135
ont
été
actifs.
Les
psychiatres
actifs
étaient
âgés
en
moyenne
de
49
ans,
comprenaient
65
%
d’hommes
et
avaient
une
activité
privée/mixte
dans
66
%
des
cas
;
ils
ont
vu
en
moyenne
leurs
patients
une
fois
par
mois.
Calcul
de
la
prévalence
des
troubles
bipolaires
suivis
par
des
psychiatres
Les
psychiatres
du
secteur
public
recevaient
en
moyenne
(±
écart-type)
14,5
±
11,7
patients
atteints
de
troubles
bipo-
laires
chaque
mois
contre
18,8
±
19,3
pour
les
médecins
du
secteur
privé.
Nous
avons
exclu
de
notre
analyse
les
psychiatres
consi-
dérés
comme
«non
concernés
»
par
la
prise
en
charge
des
troubles
bipolaires
(ayant
refusé
de
participer
à
l’étude
pour
«pas
ou
peu
de
patients
dans
la
population
ciblée
»).
L’extrapolation
des
résultats
de
notre
échantillon
de
psy-
chiatres
rapportée
à
la
population
globale
des
psychiatres
dénombrés
par
la
DREES
au
1er janvier
2009
[15],
a
per-
mis
d’estimer
l’activité
des
psychiatres
franc¸ais
prenant
en
charge
des
patients
souffrant
de
troubles
bipolaires.
On
a
ainsi
estimé
ce
nombre
à
184
094
consultations
mensuelles
(81
907
pour
le
secteur
public
et
102
187
pour
le
secteur
privé).
En
prenant
en
compte
la
fréquence
moyenne
de
visites
annuelles
issue
du
registre
de
l’étude
(8,9
±
5,5
pour
le
secteur
public
et
13,6
±
11,7
pour
le
secteur
privé),
la
popu-
lation
adulte
suivie
pour
des
troubles
bipolaires
pouvait
être
estimée
à
110
065
patients
suivis
par
an
par
le
secteur
public
et
à
90
298
par
le
secteur
privé.
Rapportée
à
la
population
franc¸aise
adulte
de
métropole
en
2009,
la
prévalence
des
patients
bipolaires
suivis
par
des
psychiatres
peut
donc
être
estimée
à
0,43
%.
Caractérisation
sociodémographique,
clinique
de
patients
ambulatoires
bipolaires
215
Tableau
1
Processus
de
recrutement
des
psychiatres.
Total Psychiatres
du
secteur
public
Psychiatres
du
secteur
privé
Nombre
de
psychiatres
dénombrés
par
la
DREES
au
1er janvier
2009
12
903
6469
6434
Nombre
de
psychiatres
dans
la
base
de
tirage
au
sort
(base
TVF
octobre
2008)
10
714
4901
5813
Nombre
de
psychiatres
contactés
après
tirage
au
sort 2223 1075 1148
Nombre
de
réponses
rec¸ues
295a125 170
Nombre
d’accords
de
participation
197
77
120
Nombre
de
refus
98a48
50
Taux
de
refus
pour
«
pas
ou
peu
de
patients
dans
la
population
ciblée
»
parmi
les
réponses
rec¸ues
(%)
12,8
15,3
Taux
de
refus
pour
«
manque
de
temps
»
parmi
les
réponses
rec¸ues
(%)
11,2
12,3
aNombre
de
réponses
=
308
dont
111
refus
mais
pas
de
précision
sur
le
secteur
d’activité
pour
13
coupons-réponses
de
refus.
Caractéristiques
des
patients
Parmi
les
703
patients
sélectionnés,
dont
85
%
de
fac¸on
consécutive,
84
patients
ont
été
exclus
des
analyses
car
ils
ne
remplissaient
pas
les
critères
du
DSM-IV
pour
le
diagnostic
du
trouble
bipolaire
I
ou
II
(32
patients).
Ont
aussi
été
exclus
les
patients
ayant
fait
l’objet
d’une
inclusion
rétrospective
(31
patients),
une
durée
de
suivi
inférieure
à
six
mois
(cinq
patients)
ou
ceux
dont
le
registre
du
centre
concerné
n’avait
pas
été
renvoyé
(16
patients).
De
ce
fait,
notre
analyse
concerne
619
patients.
Parmi
ces
derniers,
58
%
présentent
les
critères
de
trouble
bipolaire
I
et
42
%
de
trouble
bipolaire
II
(Tableau
2).
Les
patients
inclus
avaient
un
âge
moyen
de
50
ans
et
comportaient
plus
de
femmes
(62
%).
La
population
de
patients
bipolaires
I
avait
une
moyenne
d’âge
plus
élevée
et
une
proportion
plus
importante
d’hommes.
La
moitié
des
Tableau
2
Caractéristiques
sociodémographiques
des
patients.
Total
Bipolaires
I
Bipolaires
II
p*
Effectifs
pondérés
619
359
260
Femmes
(%)
61,7
58,3
66,3
0,04
Âge
(années)
Moyenne
(ET)
50,1
(13,6)
51,0
(13,3)
48,7
(14,0)
0,02
IMC
en
classes
(%) 0,51
Normal
(IMC
<
25
kg/m2)
50,6
48,7
53,1
Surpoids
(25
kg/m2
IMC
<
30
kg/m2)
33,4
34,2
32,4
Obésité
(IMC
30
kg/m2)
16,0
17,2
14,5
Niveau
d’études
atteint
0,17
Études
supérieures
(%)
45,2
42,9
48,4
Statut
marital
actuel
(%) 0,56
Célibataire
(%)
23,2
23,8
22,4
Divorcé(e)
(%)
18,1
19,2
16,5
Marié(e)/Pacsé(e)/Vivant
maritalement/Veuf(ve)
(%) 58,7
57,0
61,1
Statut
professionnel
actuel
(%)
0,63
Profession
libérale/Salarié/Retraité
(%)
60,8
59,7
62,4
Sans
activité
(%)
35,4
36,8
33,4
Autre/Étudiant
(%)
3,8
3,5
4,2
Actuellement
en
arrêt
maladie
(%)
17,1
19,8
13,4
0,06
Antécédents
judiciaires
(%)
7,9
9,9
5,2
0,03
Sauvegardes
de
justice
demandées
(%)
13,5
19,9
4,5
<
0,001
ET
:
écart-type.
*p
:
test
du
Chi2excepté
pour
l’âge
:
analyse
de
variance
non
paramétrique.
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