J.-C. Dubois4
l’établissement thermal de Saujon et qui fut exposé à Paris
lors de l’exposition Universelle de 1937 et à Chicago en
1994 lors de l’assemblée générale de la Neurologic
American Society.
Il retourne à Paris voir le professeur Fleury qui prati-
quait un traitement à base de douches froides mis au point
par Priessnitz dans l’actuelle Moravie. De retour à Saujon,
Louis Dubois aménagea un modeste établissement hydro-
thérapique pour y appliquer cette nouvelle thérapeutique à
sa clientèle.
En 1880 son fi ls Stanislas, conscient que ces traitements
conviennent principalement aux sujets souffrant de
« troubles nerveux », se forma dans le service du profes-
seur Raymond à Paris.
Il en résulta un accroissement appréciable de sa clien-
tèle qui l’amena à agrandir dans des proportions impor-
tantes en 1888 l’établissement construit par son père et à
aménager en 1901 une pension de famille pour y loger ceux
des curistes qui venaient de loin. Ainsi fut créé ce qu’il
appela une « villégiature médicale », centre de soins où les
patients sont accueillis avec de grands égards pour y béné-
fi cier de repos et détente auquel il ajoute les soins néces-
sités par leur état : hydrothérapie, massages,
électrothérapie telle qu’elle se faisait à l’époque dans une
perspective sédative avec psychothérapie de soutien et
empathique, à visée anxiolytique.
Il acquit des terrains, aménagea un parc avec des salles
de réunion et une salle de spectacle où ont joué de nom-
breux artistes dont notamment Maurice Chevalier qui en a
fait état dans plusieurs de ses interviews.
La guerre de 1940 fut une grande épreuve pour ce
centre qui dut cesser son activité quand, en 1942, les alle-
mands décrétèrent Saujon en zone côtière interdite ce qui
bloqua l’activité. Quand en 1944 ces restrictions furent
supprimées et les bâtiments, réquisitionnés, remis à la
famille Dubois, il fallut reconstituer la clientèle et remettre
les bâtiments, qui étaient inexploitables, en état. Cet
effort demanda une vingtaine d’années au terme des-
quelles le centre avait repris une activité supérieure à celle
d’avant la guerre. Mais contrairement à cette époque où il
fonctionnait sous la seule rubrique du thermalisme, il se
développa, à partir de 1946, également sous l’angle de
l’hospitalisation en clinique psychiatrique (cliniques Villa
du Parc et Hippocrate).
Cette dernière modalité supplanta l’activité thermale.
En 1965 les deux acquirent une capacité de 108 chambres.
Puis sous l’impulsion de deux des fi ls du docteur Jean-
Claude Dubois qui dirigeait le centre, le thermalisme reprit
un dynamisme important au point que des cinq stations
thermales à orientation psychosomatique elle connut ces
dernières décennies la plus importante progression et
qu’en 2008 et 2009, elle fut la station thermale française
qui eut la plus forte augmentation d’activité.
C’est en outre, celle de ces cinq stations qui participe
le plus activement à la recherche médicale sur le therma-
lisme psychiatrique. De nombreuses études y ont été
nombreux malades dépressifs, maniaques, catatoniques ou
paralytiques, le jour dans un bain, la nuit dans leur lit et
dans une chambre particulière, porte ouverte, sans avoir
recours aux narcotiques ».
Aux États-Unis, cette technique fut grandement utilisée
au début du XXe siècle, en particulier dans les institutions
asilaires. Elle était considérée comme une thérapeutique à
part entière, essentiellement sous forme de bains prolon-
gés ou de packs humides. Elle a permis dans de nombreux
cas d’éviter l’utilisation de la contention et des traite-
ments pharmacologiques de l’époque. On utilisait des bains
tièdes sur de longues durées (deux à trois heures) ou l’en-
veloppement par un drap pour favoriser la sédation. Les
principales indications étaient les états de nervosité, d’ex-
citation, d’agitation, d’agressivité voire de violence.
En Europe, l’utilisation de l’hydrothérapie fut impor-
tante dans de nombreux centres hospitaliers et ce, jusqu’à
la première guerre mondiale. Le développement des psy-
chothérapies et des techniques thérapeutiques biologiques
se sont accompagnés d’un certain déclin de l’hydrothéra-
pie en institution.
Elle se développa alors dans des centres thermaux grâce
à l’essor du thermalisme médical et social.
Progressivement le thermalisme en psychiatrie s’est
ouvert non plus aux psychotiques asilaires, mais plutôt aux
anxieux. Ce développement s’est fait à côté des thérapeu-
tiques médicamenteuses et psychothérapiques qui ont per-
mis de résoudre un certain nombre de troubles. Cependant,
les situations médicales pour lesquelles les thérapeutiques
actuelles sont les plus limitées, sont peut-être les troubles
anxieux dont le développement vers la chronicité est fré-
quent.
Ces thérapeutiques ne peuvent à elles seules gérer
toutes les situations d’anxiété chronique. Le thermalisme
psychiatrique représente une indication spécifi que ou tout
au moins une alternative thérapeutique lorsque les théra-
peutiques classiques sont peu effi caces, ineffi caces ou mal
tolérées.
150 ans de thermalisme à Saujon
Saujon est une ville d’un peu plus de 6000 habitants, située
à 10 km de Royan en Charente Maritime.
Dans cette ville se trouve une clinique psychiatrique qui
présente la spécifi cité d’intégrer dans son enceinte un éta-
blissement thermal spécifi que des affections psychia-
triques.
L’histoire thermale du centre débute en 1860. Le fonda-
teur, le Docteur Louis Dubois y exerce la médecine géné-
rale. Esprit curieux, il va en Allemagne et rencontre le
fondateur de l’homéopathie, Heidenheim. Il rencontre
quelques années plus tard à Paris, Duchenne de Boulogne
qui expérimentait l’électrothérapie médicale. De ce
voyage, il rapporte un des propres appareils de Duchenne,
le seul personnel actuellement connu qui est exposé à