
2
nombreux travaux théoriques et statistiques qu’il faut analyser avec lucidité pour en
comprendre à la fois les mécanismes et les conséquences particulièrement pour les
acteurs les plus fragiles de la globalisation comme l’Afrique.
I/ La crise, quelle crise ?
Commençons par rappeler que la crise financière peut être définie comme une
fluctuation de grande ampleur affectant tout ou partie de variables financières que
sont le volume d’émission et cours des obligations ou des actions, l’encours des
crédits et de déports bancaires, le taux de change. Précisément, on parle de crise
lorsque s’effondre la valeur de ces variables. Aujourd’hui, les bourses s’effondrent, les
titres et obligations se déprécient, les banqueroutes se multiplient. Cette situation de
crise partie des Etats-Unis est en train, par l’effet domino, de se propager dans la
totalité des places boursières du monde entrainant la débâcle des banques et une
forte restriction des crédits préjudiciable à terme à toute l’économie mondiale. En
effet, ce resserrement du crédit, dans beaucoup de pays industrialisés va restreindre
la consommation des ménages et les investissements des entreprises ce qui risque
d’entrainer à terme la récession économique.
Les marchés financiers présentent, aujourd’hui, deux caractéristiques qui sont
les principaux germes de la crise : le volume impressionnant des montants concernés
ce qui leur donne un énorme pouvoir et leur contrôle de la sphère réelle. Concernant
la première caractéristique, la finance mondiale (actions, obligations et crédits
bancaires) a un poids démesuré et pèse l’équivalent de quatre fois le Produit Intérieur
Brut Mondial. Cela à été possible grâce à la globalisation provenant de ce que D.
PLIHON appelle les 3D : la désintermédiation, le décloisonnement des marchés et la
déréglementation, trois situations qui ont permis véritablement la formation d’un
quasi marché planétaire unique de l’argent.
D’abord, l’effacement des frontières (décloisonnement) va permettre une libre
circulation des capitaux qui n’obéît qu’à une logique unique de rendement optimal de
l’argent : une transaction peut se produire entre deux entités, dans deux endroits
différents, pour le compte d’un client situé dans un troisième avant d’être conclu
dans un quatrième endroit. Ensuite, les frontières institutionnelles vont également
disparaitre complètement : les institutions financières exercent désormais plusieurs
métiers. Dans ce sens, les banques diversifient leurs activités traditionnelles de crédit
vers des opérations d’intermédiation non prises en compte dans leur bilan. Enfin, les
progrès technologiques vont introduire des innovations et des transformations
majeures qui se traduisent par une importante diversification des produits et des
instruments qui rendent la finance plus entremêlée, plus complexe et plus instable.
Au titre de ces innovations on peut noter les progrès de l’ingénierie financière et des
télécommunications qui permettent l’interconnexion des marchés qui peuvent
fonctionner en instantané, les produits dérivés issus des actifs financiers (créances
primitives, actions, obligations) qui prennent une place importante et circulent entre
les agents financiers. A cela s’ajoute une grande diversification des acteurs financiers
qui deviennent, du reste, de plus en plus imbriqués comme les fonds de retraite et de
pension, les investisseurs institutionnels, les fonds d’investissements collectifs, les
compagnies d’assurance. Ces multiples innovations sont sources d’instabilité du fait
de leurs effets ambivalents.
Pour ce qui est de la seconde caractéristique, elle est relative à la suprématie de
la finance et son contrôle sur tous les acteurs de la production des biens, des services
et des innovations ainsi que ceux de la consommation. Effet, les politiques de
libéralisation et de privatisation ont largement facilité cette forte emprise de la haute