N°42 2
RENTE FONCIERE ET MODELES DE PRODUCTION
Jean-Marie HURIOT
Avril 1980
Le but de cette Collection est de diffuser rapidement une
première version de travaux poursuivis dans le cadre de
l'I.M.E. afin de provoquer des discussions scientifiques .
Les lecteurs désirant entrer en rapport avec un auteur
sont priés d'écrire à l'adresse suivante:
Institut de Mathématiques Economiques - 4 Bd.Gabriel -
21000 Dijon (France).
TRAVAUX DEJA PUBLIES
N024 Pietro BALESTRA: Determinant and Inverse of a Sum of Matrices with Applications
in Economics and Statistics (avril 1978)
N°25 Bernard FUSTIER: Etude empirique sur la notion de région homogène (avril 1978)
N°26 Claude PONSARD: On the Imprécision of Consumer's Spatial Preferences(avril 1978)
N°27 Roland LANTNER: L'apport de la théorie des graphes aux représentations de
l'espace économique (avril 1978)
N°28 Emmanuel JOLLES: La théorie des sous-ensembles flous au service de la
décision: deux exemples d'application (mai 1978)
N°29 Michel PREVOT: Algorithme pour la résolution des systèmes flous (mai 1978)
N°30 Bernard FUSTIER: Contribution à l'analyse spatiale de l'attraction imprécise
(juin 1978)
N°31 TRAN QUI Phuoc: Régionalisation de l'économie française par une méthode de
taxinomie numérique floue (juin 1978)
N°32 Louis De MESNARD: La dominance régionale et son imprécision, traitement
dans le type général de structure (juin 1978)
N°33 Max PINHAS: Investissement et taux d'intérêt. Un modèle stochastique ` '
d'analyse conjoncturelle (octobre 1978)
N°34 Bernard FUSTIER, Bernard ROUGET: La nouvelle théorie du consommateur est-elle
testable? (janvier 1979)
N°35 Didier DUBOIS: Notes sur l'intérêt des sous-ensembles flous en analyse de
l'attraction de points de vente (février 1979)
N°36 Heinz SCHLEICHER, Equity Analysis of Public Investments: Pure and Mixed
Game-Theoretic Solutions (April 1979)
? 37 Jean JASKOLD GABSZFiWICZ : Théories de la concurrence imparfaite : illustrations
récentes de thèmes anciens ( juin 1979).
38 Bernard FUSTIER : Contribution à l'étude d'un caractère statistique flou
(janvier 1980).
39 Pietro BALESTRA : Modèles de régression avec variables muettes explicatives
(janvier 1980)
40 Jean-Jacques LAFFONT : Théorie des incitations - Un exemple introductif
(février 1980)
I - L'analyse économique considère habituellement que les terres
donnent naissance à des rentes différentielles parce qu'elles
présentent des fertilités naturelles différentes ou parce que
leurs localisations offrent des situations variables par rapport
à des lieux d'attraction. Cette proposition bien connue m'amène
à formuler plusieurs observations.
(1). On attribue généralement l'étude de la rente de ferti-
lité à RICARDO et celle de la rente de situation à VON THÜNEN.
Cela est vrai mais incomplet, car les deux analyses sont présentes
chez RICARDO (1815) comme chez VON THUNEN. Mais seul ce dernier a
tiré les conséquences formelles de l'analyse de la rente de situa-
tion. Quoiqu'il en soit, cette "spécialisation" supposée a pour
conséquence que les deux analyses sont restées trop séparées jusqu'
à nos jours, l'une développée par les lecteurs de RICARDO, dans les
écoles classique , marxiste et néomarxiste, enfin néoricardienne,
l'autre chez les théoriciens de l'espace économique analysant la
localisation agricole ou la structure interne de l'espace urbain
dans les développements de la Nouvelle Economie Urbaine. Il semble
souhaitable de prendre en compte simultanément ces deux déterminants
pour expliquer la rente différentielle.
(2). On considère le plus souvent que les fertilités différen-
tes des terres sont des données naturelles et immuables. En consé-
quence, l'ordre des rentes est celui des fertilités, et s'explique
exclusivement par un phénomène naturel. Cette vision des choses,
évidemment fausse pour un agronome, commence à être remise en
question dans l'analyse économique, notamment (1) à partir de
l'ouvrage de SRAFFA (1960). Il ne me semble pas opportun d'ajouter
ici quelques pages de plus aux quelques centaines qui font l'exégèse
et tirent les conséquences des cinq pages du chapitre XI que SRAFFA
consacre au sol. Mais il est utile de retenir l'hypothèse théorique
contenue dans ces pages, puis de quitter l'analyse "sraffaienne"
stricto sensu pour poser le problème d'une analyse plus générale.
(1) Mais pas exclusivement, cf.les travaux de BARTHELEMY à l'INRA (1979).
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Cette hypothèse théorique est au départ simplement la
reconnaissance d'un fait d'expérience: la fertilité n'est pas
un phénomène naturel. Ce n'est pas parce qu'une terre est natur-
rellement meilleure qu'une autre qu'elle rapporte une plus forte
rente, c'est parce qu'on utilise sur cette terre une combinaison
de facteurs qui implique un plus faible coût unitaire. Ce coût
unitaire tient à la combinaison physique des facteurs, mais aussi
à leurs coûts. De l'intuition du résultat suivant, suggéré par
SRAFFA et démontré par de nombreux commentateurs: La terre margi-
nale n'est pas une donnée naturelle, elle change avec la réparti-
tion des revenus, c'est-à-dire avec les variations du taux de
profit et du taux de salaire. Plus généralement, l'ordre des fer-
tilités, c'est-à-dire l'ordre des rentes, peut varier en fonction
des taux du profit et du salaire.
Ce principe a été développé dans le cadre de modèles
d'équilibre, reposant tous sur un système de production la
SRAFFA". Ces modèles manquent de généralité. On peut leur repro-
cher d'abord de se limiter au cas d'une économie produisant un
seul bien agricole. Il est vrai que SRAFFA reconnaît lui-même que
le cas de plusieurs biens est le principal type de difficulté de
sa théorie. Mais on peut craindre que les résultats obtenus dans
une économie de monoproduction ne soient pas tous généralisables
au cas de produits multiples. Remarquons que les cas à plusieurs
biens traités par plusieurs auteurs sont obtenus en introduisant
des biens industriels dont la production n'utilise pas de sol,
donc ne fournit pas de rente. Ce cas est sans intérêt réel.
Ensuite, ils reposent sur certaines hypothèses restrictives parmi
lesquelles la non-prise en compte de la demande et la non-diffé-
renciation spatiale des terres semblent les plus graves.
(3). Si l'on quitte le domaine strict de l'économie agricole,
on se situe dans une économie de production les qualités agro-
nomiques du sol n'ont plus une importance primordiale. Mais on
peut continuer à admettre que tout bien peut être produit selon
plusieurs techniques différentes, ces différentes techniques
pouvant a priori apparaître en n'importe quel point de l'espace.
Le problème se transforme alors et devient celui de la répartition
spatiale des techniques de production en fonction de la rente qu'
elles permettent de dégager. Sur ce point, on peut noter les
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