26 | La Lettre du Psychiatre • Vol. VI - n° 1 - janvier-février 2010
Résumé
giques : la désorientation temporelle, les nombreuses
questions itératives et une certaine perplexité. Les
malades conservent en revanche un comportement
adapté, reconnaissent leur entourage, n’ont pas de
troubles de l’identité (à l’inverse des cas d’“amnésie
psychogène”) et peuvent converser et accomplir des
tâches complexes. Le tableau clinique de l’ictus, quasi
stéréotypé, est donc bien identifié. Toutefois, même
si diverses hypothèses (vasculaire, neurochimique,
etc.) ont été proposées, l’étiologie de l’ictus reste
débattue et les évaluations menées jusqu’à présent
n’ont pas permis de déterminer l’origine précise de
ce syndrome. Par ailleurs, le dysfonctionnement
hippocampique et thalamique mis en évidence par
les études en neuro-imagerie fonctionnelle n’est pas
encore parfaitement compris. Le taux de récidive
atteint 3 à 5 % par an.
Récemment, il a été montré qu’une anxiété trait ou
la présence d’une humeur négative pendant l’ictus
pouvaient influencer les performances en mémoire
épisodique (2). Il semble par ailleurs exister plusieurs
types d’ictus (3). Une première catégorie regroupe
des patients (principalement des femmes) présen-
tant des facteurs de risque émotionnels (facteurs
déclenchants émotionnels, antécédents d’anxiété
et de dépression et troubles de la personnalité). Une
deuxième catégorie est composée principalement
d’hommes pour lesquels un facteur physique est
incriminé (effort physique, changement de tempé-
rature, etc.). Enfin, un troisième groupe comprend
des patients plus jeunes avec des antécédents de
migraine. L’existence de ces différentes catégories
de patients associées à des facteurs de risque spéci-
fiques constitue un élément de compréhension de
l’étiologie de ce syndrome, situé à la frontière de
la neurologie et de la psychiatrie.
L’ictus a peu été étudié pendant sa phase aiguë
en raison du caractère fugace de l’amnésie ; il
n’en constitue pas moins un modèle exceptionnel
d’étude de la mémoire humaine. En effet, il s’agit
d’un syndrome amnésique massif, survenant chez un
sujet en bonne santé qui jouera le rôle de son propre
témoin une fois qu’il aura recouvré ses capacités
mnésiques. Au moyen d’explorations neuropsycho-
logiques très précises réalisées pendant l’ictus et lors
de la phase de récupération, il a par exemple été
possible de décrire des liens entre les mécanismes
impliqués dans la mémoire de travail et dans la
formation des souvenirs épisodiques (4, 5). Dans ce
type de recherche, l’ictus devient un modèle d’étude
de la mémoire humaine et, au-delà, un outil pour la
compréhension de diverses formes d’amnésies. ■
L’ictus amnésique se manifeste par une atteinte mnésique brutale. La description que J. Guyotat
et J. Courjon en ont fournie en 1956 conserve sa pertinence clinique. L’ictus amnésique idio-
pathique, qui doit être distingué de l’ictus amnésique secondaire (répondant généralement
à une cause vasculaire ou épileptique), se caractérise par un début brutal, une résolution
rapide et complète des troubles, ainsi qu’un faible taux de récidive.
Mots-clés
Ictus amnésique
Psychiatrie
Neurologie
Highlights
Transient global amnesia is
defined by a temporary antero-
grade amnesia. It is character-
ized by a total loss of recent
memories, generating anxiety,
lasting a few hours and with a
good prognosis.
Keywords
Transient global amnesia
Psychiatry
Neurology
1. Guyotat J, Courjon J. Les ictus amnésiques. Le Journal de
Médecine de Lyon 1956;37:697-701.
2. Noël A, Quinette P, Guillery-Girard B et al. Psychopa-
thological factors, memory disorders and transient global
amnesia. Br J Psychiatry 2008;193:145-51.
3. Quinette P, Guillery-Girard B, Dayan J et al. What does
transient global amnesia really mean? Review of the literature
and thorough study of 142 cases. Brain 2006;129:1640-58.
4. Quinette P, Guillery B, Desgranges B, de la Sayette V,
Viader F, Eustache F. Working memory and executive func-
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disorders in transient global amnesia. Neuropsychologia
2006;44:2508-19.
Références bibliographiques