ses partielles ont habituellement une remarquable effi-
cacité sur les crises et les éventuels troubles mnési-
ques résiduels.
Deux singularités de l’amnésie épileptique méritent
d’être encore mentionnées. Dans certains cas, toutes
les crises hippocampiques ne sont pas cliniquement
individualisables ou enregistrables mais, à la longue,
leur répétition, jointe à l’existence de périodes d’amné-
sie post-critique, peut finir par réaliser non plus un
tableau d’amnésie transitoire mais celui d’une amnésie
durable. Son installation plutôt progressive peut en
imposer pour une amnésie d’origine dégénérative et
faire porter indûment un diagnostic de maladie
d’Alzheimer au stade prédémentiel, d’autant plus que
de tels tableaux peuvent débuter chez des sujets de
plus de 65 ans sans antécédent épileptique. Une atypie
doit particulièrement mettre le clinicien en éveil : les
IRM ne montrent habituellement ni atrophie hippocam-
pique, ni diminution du volume hippocampique lors
d’un suivi volumétrique. Les EEG aident à rectifier le
diagnostic et la réponse au traitement est, là aussi,
toujours bonne [16].
L’autre singularité concerne les crises d’épilepsie
fronto-basales. Celles-ci sont beaucoup plus rares que
les crises hippocampiques. Elles ne vont pas contrarier
les phénomènes d’encodage de l’information mais leur
rappel. On peut donc assister à des amnésies transitoi-
res consistant en un trouble isolé du rappel, réalisant
donc essentiellement une amnésie rétrograde. Les élé-
ments d’alerte sont la durée brève de ces amnésies et
leur répétition. Les crises frontales peuvent donner
plus facilement des états de mal. On a ainsi pu décrire
une patiente qui avait présenté une amnésie rétrograde
sévère avec perte de son identité et totale désorienta-
tion temporo-spatiale pendant 10 heures. Elle semblait
avoir, en outre, une amnésie antérograde, puisqu’elle
était également incapable de rappeler des informations
apprises quelques minutes auparavant. Les troubles
cognitifs ne s’associaient qu’à quelques clignements
palpébraux irréguliers. Après la crise, la patiente fut
capable de restituer tous les événements survenus lors
de l’état de mal, ce qui prouve que pendant la crise elle
était capable d’enregistrer (du fait de l’intégrité du sys-
tème hippocampique) mais incapable de rappeler les
informations, qu’elles soient anciennes ou récemment
acquises [17]). Bien qu’un tel tableau d’amnésie rétro-
grade soit rare, nous avons aussi eu l’occasion de
l’observer chez des sujets âgés sans antécédent épilep-
tique connu. Là encore, la réponse au traitement anti-
épileptique est généralement très bonne.
Amnésie transitoire
et accident vasculaire cérébral
La possibilité de trouver un AVC ischémique ou,
exceptionnellement hémorragique, à l’origine d’une
amnésie transitoire est faible, de l’ordre de 5 %,
lorsqu’on cumule dans cette analyse les amnésies iso-
lées (qui pourraient donc être prises pour des ictus
amnésiques) et celles qui s’accompagnent d’autres
signes neurologiques [18]. Il s’agit habituellement
d’AVC sous-corticaux de petite taille et leur démonstra-
tion était relativement difficile à l’ère du scanner. Dans
un travail prospectif qui consistait en la réalisation sys-
tématique d’un scanner cérébral 7 jours après une
amnésie transitoire, Bogouslavssky et Regli [19]
avaient cependant trouvé 4 patients sur 42 chez les-
quels l’amnésie avait pu être imputée à un AVC.
L’actuelle généralisation de l’IRM permet une analyse
plus précise des lésions responsables. Une amnésie
transitoire pure a été décrite après des lésions unilaté-
rales : infarctus ou hémorragie du thalamus, infarctus
des ganglions de la base, lacune capsulo-lenticulaire,
hématomes superficiels ou profonds temporaux,
infarctus rétrosplénial [20, 21]. Les infarctus dans le
territoire de l’artère cérébrale postérieure ou dans les
territoires jonctionnels peuvent aussi donner une
amnésie transitoire ou plus durable, mais elle est tou-
jours associée à d’autres signes neurologiques : sensa-
tions ébrieuses, ataxie, diplopie, amputation du champ
visuel, paresthésies, déficit moteur, agnosie visuelle,
aphasie anomique [20]. Le plus souvent, la lésion res-
ponsable est unilatérale, quelle qu’en soit la latéralité.
Lorsque la lésion est bilatérale, il s’agit habituellement
d’un infarctus bithalamique qui lèse les faisceaux
mamillo-thalamiques. L’amnésie s’accompagne alors
de paralysies oculomotrices, le plus souvent d’une
paralysie de la verticalité du regard, et d’une sensation
d’instabilité. Lors de telles lésions bilatérales, il est, en
fait, exceptionnel que l’amnésie soit transitoire [22, 23].
La physiopathogénie des amnésies d’origine isché-
mique est très variable : accident d’origine athérosclé-
reuse, dissection carotidienne ou vertébrale, dissection
aortique, syndrome de Sneddon, complications
d’angiographie [20, 24]. De façon plus anecdotique ont
aussi été décrites des amnésies transitoires après un
hématome temporal [25], un hématome sous-dural
[26], une hémorragie sous-arachnoïdienne [20], une
vascularite dysimmunitaire [27, 28] ou syphilitique [20].
La récupération des troubles de la mémoire n’est par-
fois que partielle, comme par exemple dans le cas
décrit par Evans et al. [28], qui avait récupéré sa
F. Sellal
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 4, n° 1, mars 200634
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017.