La Lettre du Gynécologue • n° 378-379 - janvier-février 2013 | 33
DOSSIER THÉMATIQUE
comportemental des enfants (15) et constitue alors
un réel problème de santé publique (16).
Prévention et prise en charge
Prévention
Depuis 2005, dans le cadre du plan périnatalité, les
femmes enceintes peuvent bénéficier au quatrième
mois de grossesse d’un entretien non médical per-
mettant une évaluation.
Le dépistage précoce des femmes à risque permet un
encadrement attentif et un suivi des mères : soutien
psychologique, réassurance, éducation anténatale,
préparation aux tâches maternelles, information
et implication du conjoint, prise en charge sociale.
Traitement
La prise en charge de la dépression du post-partum
est coordonnée par le psychiatre et implique une
participation active des gynécologues, psychologues
et médecins traitants (17). Les indications dépendent
de la sévérité du tableau : psychothérapie, traitement
antidépresseur ou une combinaison des 2 (18).
Pour toutes les patientes, un soutien psychologique
est nécessaire, insistant notamment sur la fréquence
de cette maladie. L’information et la mobilisation
du conjoint et de l’entourage sont primordiales pour
favoriser la compliance aux soins et la prise en charge
psychothérapeutique.
Plusieurs formes de thérapies structurées, notam-
ment cognitivo-comportementales, ont montré
une efficacité similaire à celle des traitements
antidépresseurs.
Certains antidépresseurs, en particulier les inhibiteurs
de la recapture de la sérotonine, sont volontiers pres-
crits dans le cadre d’une dépression du post-partum.
L’instauration du traitement, dont les effets indési-
rables sont modestes, peut être faite en ambulatoire.
L’efficacité peut être observée au bout de 2 semaines
de traitement, mais 1 mois est souvent nécessaire
pour évaluer la réponse thérapeutique. La poursuite
de l’allaitement est contre-indiquée.
Il est par ailleurs indispensable d’évaluer l’éveil et
la santé psychique du bébé. Tout au long de la prise
en charge, les soignants doivent rester vigilants et
soutenir le lien entre la mère et son enfant. Il faudra
prévoir un accompagnement de l’enfant. Lorsque le
père est présent, on doit également le prendre en
compte, lui donner un rôle et le soutenir.
La prise en charge sociale est souvent centrale.
La gravité du tableau ou un risque suicidaire doivent
imposer une hospitalisation en urgence. Celle-ci se
fait, dans l’idéal, en unité mère-enfant, afin de pré-
server un lien entre la mère et l’enfant.
Conclusion
Le travail multidisciplinaire est essentiel pour
dépister les femmes à risque, entreprendre des
mesures préventives, diagnostiquer précocement et
prendre en charge de façon adaptée les dépressions
du post-partum. Les sages-femmes, les obstétri-
ciens, les médecins généralistes, les psychologues
et les psychiatres sont autant d’intervenants indis-
pensables dans leur prise en charge. n
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Références bibliographiques