DOSSIER
ceftriaxone concernent des patients asymptoma-
tiques et ne montrent qu’une amélioration limitée
des paramètres sérologiques (chez 5/7 patients,
diminution du titre RPR dans le LCR ; chez 1 patient,
survenue d’une neuro syphilis symptomatique) [18].
En cas d’allergie à la pénicilline, l’absence de trai-
tement de substitution entraîne la nécessité de
désensibiliser à la pénicilline avant d’utiliser le
régime de première ligne.
La pénicilline n’ayant aucun effet tératogène, le
traitement est le même en cas de grossesse.
La réaction de Jarisch-Herxheimer (acutisation des
signes avec un syndrome pseudo-grippal résolutif
en 24 heures) est fréquente dans la syphilis précoce,
mais elle est sans gravité, et il suffit le plus souvent
de prévenir le patient et de lui prescrire un anti-
pyrétique. Commencer 24 heures avant le début
des antibiotiques l’administration de prednisolone
à 0,5 mg/ kg/ j pour 3 jours est parfois proposé, les
patients les plus à risque étant le petit enfant et la
femme enceinte. Elle semble diminuer l’intensité
de la réaction fébrile plutôt que sa fréquence (6).
Évolution
La surveillance est clinique et biologique. Sur le plan
clinique, la récupération neurologique peut être
incomplète, mais les données sont limitées à des
cohortes de taille limitée. En 1994, S.M. Gordon et
al. ont rapporté une amélioration des signes neuro-
logiques chez 10 patients atteints de neuro syphilis
sur 11 (19). En 2004, M.A. Conde-Sendin et al. décri-
vaient seulement 42,1 % de récupération complète
chez 19 patients atteints de neurosyphilis précoce
VIH− (12). Et, parmi les HSH infectés par le VIH et
ayant une neurosyphilis précoce, 30 % gardaient
des séquelles (2).
Dans le sang, le VDRL quantitatif se trouve divisé
par 4 (2 dilutions) en 3 à 6 mois et devient indé-
tectable après 1 an pour la syphilis primaire, 2 ans
pour la syphilis secondaire ou 4 ans pour la syphilis
latente précoce (13).
En pratique, il faut envisager un échec thérapeutique
ou une réinfection chez les patients présentant une
persistance ou une aggravation des signes cliniques
ou une recrudescence du VDRL sanguin d’au moins
2 dilutions persistant pendant plus de 2 semaines.
Concernant le LCS, les principaux référentiels préco-
nisent de réaliser une ponction lombaire de contrôle
tous les 6 mois en cas d’anomalie du LCS (6, 7, 9),
jusqu’à régression de la pléiocytose (6). Cette dernière
est en effet le premier paramètre à décroître, dès 6 mois
environ. La protéinorachie est plus longue à se norma-
liser (jusqu’à 2 ans), d’autant plus lorsque le patient
présente des anomalies neurologiques. Le titre de VDRL
dans le LCS peut mettre des années à se normaliser.
Si le nombre d’éléments au sein du LCS n’a pas
diminué en 6 mois, ou si la protéinorachie ou la
cellularité ne se sont pas normalisées à 2 ans, un
nouveau traitement du patient doit être considéré. En
revanche, on pourra ne pas tenir compte de la persis-
tance d’un titre de VDRL dans le LCS si la cellularité
et la protéinorachie dans le LCS se sont normalisées.
Conclusion
En 2017, la neurosyphilis reste une pathologie
d’actualité, en recrudescence et avec un profil
propre à notre époque. Son diagnostic ne doit pas
être sous-estimé. ■
Les auteurs n’ont pas précisé
leurs éventuels liens d’intérêts.
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