Article de synthèse
RMC-2015 64
S
ur le plan clinique, la syphilis présente une évolution chronique symptomatique
entrecoupée d’intervalles asymptomatiques. On distingue une phase précoce,
par définition contagieuse, dans l’année qui suit l’apparition du chancre, puis la phase
tardive non contagieuse. La classification clinique distingue les Syphilis primaire,
secondaire, tertiaire, latente, ainsi que la neurosyphilis.
Syphilis primaire
C
ette phase est caractérisée par l’apparition d’un chancre, conséquence du
contact direct avec le spirochète. Il apparaît dans les 20 (10-90) jours après le
contact et résulte de la nécrose ischémique d’une papule, produisant un cratère in-
dolore aux bords surélevés. Il guérit dans 75% des cas en 3 à 6 semaines, mais l’in-
duration et la(les) adénopathie(s) régionale(s) peut (peuvent) subsister des mois. La
localisation dépend de la pratique sexuelle et ceux localisés sur le col utérin échap-
pent bien souvent à la vigilance du patient et des soignants. Notons que son aspect
peut varier : punctiforme, fissuraire, géant…
Syphilis secondaire
E
lle résulte de la diffusion hématogène et lymphatique du tréponème et décrit
une atteinte systémique de la peau et des muqueuses. Elle apparait 6 semaines
après le chancre, une coexistence étant possible. De façon précoce, on observe sou-
vent une roséole du tronc, maculaire non prurigineuse, disparaissant en 1 à 2 mois.
Plus tardivement (2 à 4 mois), on peut observer de typiques papules rouges
sombres, cuivrées, à base indurées et squameuses (les syphilides). La localisation
palmo-plantaire est classique et doit être recherchée. Ces papules sont très
contagieuses, en particulier si elles sont érosives et génitales.
Cependant, les manifestations cutanées peuvent revêtir de multiples formes, ce qui a
conféré le titre de « Grande Simulatrice » à la syphilis. Des manifestations
systémiques peuvent également accompagner les signes cutanés : pyrexie,
arthralgie(s), céphalée, polyadénopathies en particulier sus-épitrochléennes et
trapéziennes (Signe du beau-père), hépatosplénomégalie, hépatites,
glomérulonéphrite, méningite avec atteinte des paires crâniennes, uvéite, kératite et
rétinite.
Syphilis tertiaire
C
e stade est caractérisé par la paradoxale pauvreté en spirochète, contrastant
avec une réaction immunitaire importante de type granulomatose.