Prendre en compte les conséquences psychologiques de la maladie…
Ce numéro contient plusieurs articles traitant de la psychologie des malades insuffisants
rénaux.
L'insuffisance rénale n'est pas synonyme de troubles de la personnalité, ou de troubles
mentaux, cependant tout le monde n'est pas capable de réagir et de gérer sereinement le
traumatisme que représente forcément un traitement aussi astreignant que la dialyse ou
même, à un moindre degré, que la transplantation .
Tout le monde s’accorde à reconnaître que la dialyse est un traitement difficile à supporter
par ses contraintes de temps et d’horaires, par la fatigue qu’elle entraîne, par sa
dépendance vis à vis du corps médical et ses retombées sur la vie des malades… Il reste
évident que la meilleurs façon de l’aborder est la prise en charge personnelle de son
traitement par le malade afin de permettre la meilleure adhésion possible au traitement.
Toutefois, cela ne peut pas se faire par tout le monde, et, par ailleurs, les relations
médecin-malade ou personnel soignant-malade ne sont pas toujours aisées.
En ce qui concerne la transplantation, bien qu'elle procure une vie plus facile, elle n'entraîne
pas une guérison définitive. Les conséquences psychologiques de la maladie chronique sont
toujours présentes, sans oublier, pour certains, les perturbations provoquées par la
présence en eux d'un organe étranger.
Certains trouveront les articles que nous publions dans ce numéro quelquefois
imperméables à leur esprit, mais d’autres s’y reconnaîtront. En effet, les malades rénaux
rencontrent souvent les mêmes problèmes, mais ne les résolvent pas tous de la même
façon, selon leur âge, leur milieu social ou leur personnalité.
Le retentissement d'une maladie chronique sur le physique entraîne parfois des
modifications du caractère et du comportement rendant les relations avec l'entourage
difficile. La consultation avec un psychologue extérieur n’est pas toujours efficace, car
celui-ci ne connaît pas les problèmes particuliers posés par le traitement, et répondra parfois
mal aux besoins exprimés.
Il serait donc souhaitable que l'assurance maladie favorise la mise à disposition de
psychologues dans les centres de dialyse et de transplantation ; ceux-ci pourraient agir soit
directement au niveau des patients, soit sur l’entourage médical et para-médical de ceux-ci.
En effet, si, comme nous l'avons dit plus haut, ce n'est pas parce que l'on est insuffisant
rénal que l'on a forcément besoin d'un psychologue, certains soignants en tireraient
probablement aussi un bénéfice, pour améliorer leur compréhension des problèmes que
rencontrent les malades et donc modifier leur comportement vis à vis d’eux.
Il est probable qu'il y aurait beaucoup plus de dialyses à domicile si on avait su impliquer un
psychologue auprès des dialysés et des néphrologues, pour prendre en compte tous les
aspects et les problèmes, rencontrés lors du traitement à domicile. Paradoxalement, le
passage de l'état de dialysé à l'état de transplanté est une véritable rupture dans la vie de
l'insuffisant rénal et il est classique de constater un état dépressif succédant à la
transplantation, qui pourtant libère considérablement le patient, et dont celui-ci se sent bien
souvent coupable.
On pourrait multiplier à l'infini les exemples de situations qui ont un retentissement sur le
psychisme, chez certains patients... c’est un problème plus important qu’on ne le croit et
dont il va falloir se préoccuper.
Il est toujours difficile d’aborder ces problèmes psychiques sans provoquer des réactions
plus ou moins négatives pour ceux qui nous lisent. Pourtant, beaucoup d'événements dans
la vie nécessiteraient une prise en charge psychologique, ce qui permettrait probablement
de rendre beaucoup plus aisée la résolution de certains problèmes. J'ai toujours constaté
que plus on rejetait la nécessité de l'aide d'un psychologue, plus on en avait besoin!
On parle beaucoup des réseaux de soins pour le traitement de l'insuffisance rénale, il ne
faudra pas oublier d'y inclure un ou des psychologues.
Les pouvoirs publics et particulièrement les Caisses d'Assurance Maladie, auraient intérêt à
ne pas sous estimer ce problème, car une mauvaise acceptation du traitement a souvent
pour conséquence un mauvais suivi de ce traitement et donc des coûts supplémentaires
pour la collectivité, du fait de complications que l’on aurait pu éviter.
Le président
Régis VOLLE
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