La Lettre du Rhumatologue • No 364 - septembre 2010 | 25
Points forts
»
L’histoire naturelle de l’hépatite chroniqueC peut être affectée par les situations d’immunodépression,
mais il n’est pas démontré que la prescription temporaire d’un médicament influençant l’immunité aggrave
l’atteinte hépatique ou modifie la charge virale du virus. Seuls les bolus de corticostéroïdes sont un facteur
de risque avéré d’accélération de la fibrose. En cas de traitement par anti-TNF, sur la base de résultats
préliminaires et limités, il ne semble pas y avoir d’aggravation de l’hépatiteC, mais une surveillance stricte
reste nécessaire. Une réactivation virale pourrait en revanche survenir sous rituximab.
»
La recherche de marqueurs de l’infection chronique viraleB (antigène HBs et anticorps anti-HBc,
et, en cas de positivité de l’un d’entre eux, ADN du virus de l’hépatiteB) doit être effectuée avant toute
prescription de traitement immunosuppresseur, en raison du risque élevé de réactivation virale.
Mots-clés
Traitements
immunosuppresseurs
Pathologie
rhumatismale
Hépatite virale B
Hépatite virale C
Réactivation virale
Il n’existe pas de données épidémiologiques spéci-
fiques concernant les patients porteurs d’affections
rhumatologiques.
Traitements antirhumatismaux
et hépatite virale C
L’histoire naturelle de l’hépatite chronique C peut
être affectée par les situations d’immunodépres-
sion. Ainsi, la vitesse de progression de la fibrose
hépatique est accélérée chez les patients co-infectés
par le virus VIH et après transplantation d’organe. À
l’inverse, il n’est pas démontré que la prescription
temporaire d’un médicament influençant l’immunité
aggrave l’atteinte hépatique ou modifie la charge
virale du VHC.
Corticostéroïdes
Paradoxalement, il existe peu d’informations dispo-
nibles sur les corticostéroïdes. À doses modérées
(≤ 1 mg/ kg/ j), leur utilisation en cures courtes est
sans risque. Dans les autres modes d’utilisation,
les données issues de la transplantation hépatique
pour cirrhose virale C nous apportent quelques
informations : les bolus de corticostéroïdes (500
ou 1 000 mg) sont un facteur de risque, car ils accé-
lèrent la fibrose.
Les conséquences de leur utilisation sur le long
terme, quant à elles, ne sont pas claires.
Méthotrexate
Là encore, peu de données sont disponibles dans la
littérature. En raison du potentiel fibrosant de ce
médicament (1), le méthotrexate doit être utilisé
avec précaution chez les patients VHC atteints d’une
fibrose significative, c’est-à-dire de stade F2 et plus
de la classification Métavir. Ainsi, une évaluation de
la fibrose par biopsie hépatique ou tests non invasifs
(fibrotest, fibromètre, FibroScan®) est requise avant
la prescription de méthotrexate chez des patients
atteints d’hépatite C. Aucune modification virolo-
gique chez ces patients n’a été décrite.
Anti-TNFα
Sur la base des résultats préliminaires et limités publiés
dans la littérature, il ne semble pas y avoir d’aggra-
vation de l’hépatite C chez les patients VHC+ traités
par anti-TNFα (2, 3). Cependant, nous manquons
d’infor mations sur l’évolution des transaminases et de
la charge virale quantitative C pendant et après le trai-
tement par anti-TNFα pour conclure quant à l’innocuité
de ces médicaments dans cette situation (4). En outre,
il faut encourager la réalisation de test non invasifs de
fibrose avant et après le traitement pour réellement
mesurer l’ impact de ces médicaments immunosuppres-
seurs sur l’histoire naturelle de l’hépatite C.
Rituximab
Les informations concernant le rituximab sont plus
ambiguës. D’une part, en raison de son pouvoir de
déplétion sur les lymphocytes B, il a été utilisé avec
succès en association avec l’interféron pégylé et la
ribavirine dans le cadre des cryoglobulinémies mixtes
associées à l’hépatite C (5). D’autre part, des cas de
“réactivation” virale C, sans que cette notion soit
clairement définie, ont été décrits lors de son utili-
sation chez des patients atteints de lymphome (6).
À notre connaissance, de telles situations n’ont pas
été décrites dans les pathologies rhumatismales.
Traitements antirhumatismaux
et hépatite virale B
L’histoire naturelle de l’hépatite chronique B com-
porte 4 phases en fonction du niveau de la charge
virale : tolérance immunitaire, clairance immuni-
taire, portage inactif et négativation de l’Ag HBs, qui
n’est pas synonyme de guérison. À l’occasion d’une
immunosuppression, une réactivation virale peut
conduire un patient en situation de portage inactif
avec charge virale faible ou indétectable à une phase
active de clairance immunitaire avec charge virale
élevée (7). La réactivation virale peut entraîner, par
hépatotoxicité directe, une production massive d’Ag
HBs responsable d’hépatites aiguës sévères pouvant
aggraver une hépatopathie sous-jacente. À l’inverse,
Keywords
Immunosuppressive
treatment
Rheumatic disease
Hepatitis B
Hepatitis C
Viral reactivation