Introduction
Depuis environ 20 ans, les auteurs s’intéressent à la futilité dans le contexte des soins.
Même si c’est un questionnement relativement jeune au sein de la littérature, il s’agit
d’une préoccupation qui existait bien avant que les auteurs commencent à rédiger sur
ce sujet. Elle serait d’ailleurs existante dans la mythologie grecque
1
, ce qui démontre
que ce terme est présent dans le quotidien depuis très longtemps
2
. Par contre, la futilité
dans le contexte des soins est devenue de plus en plus importante alors que les
professionnels mentionnaient une absence de consensus et soulevaient plusieurs
problèmes éthiques
3
. La futilité semble également faire l’objet d’un débat depuis l’essor
du droit à l’autodétermination des patients
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. Alors qu’auparavant le paternalisme
médical prônait dans la culture des soins et services, l’autodétermination des patients
est venue mettre un frein aux décisions unilatérales que certains médecins prenaient à
l’égard de leurs patients. Avec cette nouvelle réalité, des situations qui auparavant ne
faisaient pas l’objet de discussions sont maintenant source de conflits entre les
prestataires de soins et services de santé et les usagers. De plus, les nouvelles
technologies dans le domaine médical amènent beaucoup de questionnements,
notamment la pertinence d’un traitement pour une personne en particulier.
1
Voir notamment : Catherine A. MARCO, Gregory L. LARKIN, John C. MOSKOP et Arthur R. DERSE,
« Determination of « Futility » in Emergency Medicine », (2000) 35-6 Annals of Emergency Medicine
604, 605; John M. LUCE, « Physician do not have a responsibility to provide futile or unreasonable
care if a patient or family insists », (1995) 23-4 Critical Care Medicine 760. En effet, la futilité serait
présente dans la mythologie grecque, alors que les filles du roi d’Argos ont été condamnées à
collecter de l’eau pour l’éternité avec des sceaux troués, une action futile, après avoir tués leurs
conjoints, suite à l’instruction de leur père.
2
Le concept de la futilité médicale serait également aussi vieux que la médecine en tant que telle :
Lawrence J. SCHNEIDERMAN, « Defining Medical Futility and Improving Medical Care », (2011) 8
Bioethical Inquiry 123, 124.
3
Voir notamment : Matthew S. FERGUSON, « Ethical Postures of Futiliy and California’s Uniform Health
Care Decision Act », (2002) 75 Southern California Law Review 1217.
4
Cette remarque est vraie pour toute question touchant les décisions relatives au choix du
traitement. Auparavant, il n’y avait pas de réel dialogue que le médecin et le patient, le professionnel
se contentant de donner un ordre à son patient. Maintenant, les patients ont plus de pouvoir et sont à
même de prendre les décisions qui les affectent directement. Par conséquent, des questions peu
présentes avant deviennent le quotidien. Voir à ce sujet : ASSOCIATION MÉDICALE MONDIALE, Manuel
d’éthique médicale, 3
e
éd, 2015, p. 43, en ligne :
<http://www.wma.net/fr/30publications/30ethicsmanual/pdf/ethics_manual_fr.pdf> (consulté le 2
juin 2016); Ann RINEHART, «Beyond the Futility ArguementL The Fair process Approach and Time-
Limited Trials for Managing Dialysis Conflict», (2013) 8-11 Clin J Am Soc Nephrol 2000.