Q3. Quelle ligne de conduite adopteriez vous avec cette famille et de quels points devriez vous discuter
avec elle?
Le point le plus important que ce cas met en lumière est la nécessité d'avoir une conversation significative en fin
de vie pour aider à orienter les traitements en conséquence. En effet, seule une communication efficace permet
d'exprimer l'opinion du médecin, de connaître les préférences du patient et d'examiner les résultats et la qualité de
vie recherchés. Les discussions sur les soins en fin de vie peuvent être difficiles et, bien qu'il soit préférable que
ces discussions aient lieu à l'avance, elles doivent trop souvent se dérouler à un moment critique, par exemple au
beau milieu de la nuit, lorsque c'est une question de vie ou de mort. Si le temps le permet, et c'est presque
toujours les cas, il vaut mieux discuter avant d'agir. Il importe également d'accorder une attention particulière au
cadre dans lequel se tiennent ces discussions fortes en émotions : dans la mesure du possible, choisir un lieu
calme et privé, où chacun pourra s'asseoir. En pareilles situations, il est aussi important de déterminer qui a été
désigné comme mandataire pour prendre les décisions au nom du patient. Il peut s'avérer utile de rappeler à cette
personne qu'elle doit exprimer les volontés, les valeurs et l'intérêt supérieur du patient et non les siens. De même,
les jugements de valeur du médecin influenceront les discussions et il faut veiller à respecter le point de vue du
patient. Il faut chercher à savoir si le patient a établi des directives préalables et à déterminer, non seulement ce
que précisent ces directives, mais aussi ce qu'elles signifient. Poser des questions sur les objectifs du patient, sur
sa qualité de vie et sa satisfaction de vivre durant la période prémorbide et sur les résultats qui seraient
acceptables pour le patient, tous des jugements de valeur que le patient est généralement appelé à porter, puis
présenter uniquement les options qui ont des chances de permettre l'atteinte de ces buts. Formuler une opinion et
proposer un plan raisonnable en insistant sur le confort du patient et sur la qualité des soins en fin de vie4.
Q3a) Pour quelles raisons le médecin pourrait il recommander des soins conservateurs?
Dans le cas présent, de nombreux facteurs pourraient inciter une personne à envisager des traitements
conservateurs, même en prodiguant des mesures de réanimation précoces. L'âge du patient, son état prémorbide,
de même que la nature et la gravité de l'événement laissent tous présager d'une issue défavorable. En plus
d'évaluer si le patient peut survivre à un tel traumatisme, le médecin devrait aussi envisager plusieurs niveaux de
morbidité possible. Dans le cas présent, même si le patient survit, il est très peu probable qu'il reviendra à son
état antérieur; il deviendrait donc encore plus dépendant et nécessiterait vraisemblablement des soins en
établissement. Pareille issue pourrait ne pas être acceptable. Il faut également reconnaître la fin de la vie
lorsqu'elle survient, admettre que tous ne veulent pas être sauvés ou ne devraient pas l'être. Il incombe à tous les
travailleurs de la santé de dispenser des soins bienfaisants et non malfaisants, ce qui, en fin de vie, signifie assurer
la meilleure mort possible (ou parfois la mort la moins « pire »)5.
Q3b) Pour quelles raisons une famille pourrait elle souhaiter l'abandon des traitements de maintien en
vie? Pour quelles raisons une famille pourrait elle demander la prestation de soins agressifs?
La décision de cesser les traitements de maintien en vie peut être prise pour diverses raisons : le patient a formulé
des directives préalables qui précisent clairement ses volontés et la limitation des traitements; le patient a
communiqué verbalement à des membres de sa famille ses désirs concernant les soins en fin de vie; la famille est
consciente du sombre pronostic et des résultats peu favorables malgré des soins agressifs, ou la famille veut éviter
de prolonger les souffrances de l'être cher.
Cependant, il arrive parfois que la famille soit en désaccord avec le plan proposé, même après la consultation. La
famille peut se sentir mal à l'aise et coupable à l'idée de faire cesser les traitements de maintien en vie. Certaines
peuvent invoquer l'espoir, des croyances religieuses ou encore leurs doutes par rapport au pronostic médical, pour
demander la prestation de soins agressifs. La famille peut se sentir accablée et paralysée dans ce rôle qui l'amène
à décider l'arrêt des traitements de maintien en vie. Il est important que le médecin anticipe certaines de ces
difficultés et qu'il guide les familles durant cette période difficile. Proposer aux familles d'obtenir un deuxième avis
médical et mettre à leur disposition les ressources de l'hôpital, comme les travailleurs sociaux, les membres du
clergé, les consultants en soins palliatifs et en éthique, peuvent aider à parvenir à une entente avec la famille.
La famille peut aussi insister pour un traitement agressif, croyant que le patient aurait voulu que tout soit tenté. En
pareilles situations, il pourrait être indiqué de répondre « Non ». L'autonomie réelle n'est pas de proposer aux
patients de choisir parmi tout ce que la médecine a à offrir, mais de définir des objectifs raisonnables des soins et
d'offrir uniquement les traitements qui, d'un point de vue réaliste, peuvent permettre d'atteindre ces objectifs6.
Dispenser un traitement alors qu'il est peu probable qu'il donne un résultat acceptable ne favorise pas l'autonomie
du patient et ne fait que créer de faux espoirs et de la confusion. Même si les médecins n'ont pas de boule de
cristal leur permettant de prévoir l'avenir avec certitude, ils ne sont pas non plus totalement ignorants, et il est