Les enseignants de l’enseignement supérieur et universitaire aux élections en RDC de 2006 et 2011 : causes de l’échec

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Annales FLSH N° 17 Spécial JUOR (2013)
LES ENSEIGNANTS DE L’ENSEIGNEMENT
SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE AUX
ELECTIONS EN RDC DE 2006 ET 2011 : CAUSES
DE L’ECHEC
Par
Cécile LOSOLO Bouwekama1
ABSTRACT
The advent of democracy in the DRC is confirmed by the
organization of free legislative elections.
Within this study, our reflection goes from the observation
according to which, during the last two legislative elections
organized in Democratic Republic of Congo, academics, compared
with candidates of other social classes, have completely failed.
And get, considering their social role, scholars (academics)
would constitute leadership on the candidates ‘list. Instead of being
considered as an issue favorable to unprivileged situations of society,
the intellectual elise, however, has become subject (object) to
protest, refection, from learned community and to entire society. The
academic, because of precariousness of his living condition, is
classified among social marginals. Face to this de facto reality, most
of Congolese scholars is no longer life models or “references of selfdetermination of society” and are, today plunged in deep crisis that is
translated to substitution of values by misbehaviors, leading thus to
underdevelopment.
This study is carried out in Kisangani, in Oriental Province. It
aims at identifying and finding out causes of Congolese academics’
failure, particularly those of High Education, University Research
institution, in order to seize the present reality.
INTRODUCTION
La République Démocratique du Congo a pris, depuis une
décennie, l’option d’organiser les élections libres, démocratiques et
transparentes, dans un cadre juridique établi et de manière régulière
(Doc off LOI N° 06/006 du 09 mars 2006.)
1
Assistante de 2ème Mandat à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines
1
Annales FLSH N° 17 Spécial JUOR (2013)
Dans ce contexte, chaque citoyen, garanti par la loi du pays,
peut briguer un mandat politique.
Notre réflexion, dans cette étude, part de la constatation selon
laquelle, au cours de deux dernières élections législatives organisées
en République Démocratique du Congo, les cadres universitaires ont,
par rapport aux candidats d’autres classes sociales, enregistré un
échec notable.
Or, considérant leur rôle social (DIAMBOMBA M. et al, 2006 :
17), les universitaires devraient constituer le leadership sur la liste
des candidats; cependant, ces derniers sont devenus l’objet de
contestation, de rejet, aussi bien de la part de la communauté savante
que de celle de la société toute entière. Au lieu que l’élite
intellectuelle soit considérée comme une issue favorable aux
situations déshéritées de la société, il s’observe, au contraire, une
rupture entre acteurs interagissant pour la cause de l’instauration des
institutions pouvant assurer la bonne gouvernance et le
développement.
Cette étude est menée à Kisangani, en Province Orientale. Elle
cherche à identifier et dégager les causes de l’échec des
universitaires congolais, particulièrement ceux des institutions de
l’enseignement supérieur, universitaire et recherche scientifique, en
vue de saisir la réalité en face par rapport à ce qu’Yves WINKIN
qualifie de « la théorie et le terrain » (EKAMBO, 2006 :72).
Pour cerner le problème, trois axes seront développés. Le
premier va examiner les enjeux de l’engagement politique de
l’universitaire ; le second volet fera un état de lieu de la situation des
candidats au cours des élections législatives organisées en 2006 et
2011 ; le troisième, enfin, va dégager les causes de l’échec des
enseignants aux élections.
1. ENJEUX DE L’ENGAGEMENT POLITIQUE DE
L’UNIVERSITAIRE CONGOLAIS
En ces dernières années, la volonté manifestée par
l’universitaire congolais de participer à la gestion des affaires
publiques du pays est très remarquée. Qu’est-ce qui motive cet
engagement ? Quels sont les rôles qu’il joue dans cette quête du
pouvoir ? Voilà les quelques questions auxquelles nous tenterons de
répondre dans cette partie du travail.
2
Annales FLSH N° 17 Spécial JUOR (2013)
Plusieurs raisons motivent la participation massive des
universitaires congolais aux élections organisées en période postconflit. Nous citerons ici quelques-unes : les droits garantis par les
instruments juridiques, la lutte des leaderships sociaux et l’intérêt.
1.1. Les instruments juridiques
Depuis son accession à l’indépendance, la R.D.Congo a ratifié
les instruments légaux et juridiques aux standards internationaux que
continentaux. Ces différents documents constituent les bases qui ont
stimulé les esprits tenus sous le joug de se présenter librement aux
élections. Parmi ces documents, on peut citer : la déclaration
universelle des droits de l’homme, le pacte international relatif aux
droits civils et politiques ( MUKAMYAVIRI A. et al, 2011 :34), la
charte africaine des droits de l’homme et des peuples, la déclaration
de l’UA sur les principes régissant les élections démocratiques en
Afrique, la charte africaine de la démocratie, des élections et de la
gouvernance, qui reconnaissait et garantissait à tout citoyen le droit
de participer à la gestion de l’Etat et d’accéder dans les conditions
d’égalité aux fonctions publiques de son pays. Ils constituent aussi, à
ce titre, des documents fondamentaux gouvernant l’organisation des
élections, régulières, honnêtes et transparentes, expression de la
volonté des électeurs.
1.2. LA LUTTE DES LEADERSHIPS SOCIAUX : UNIVERSITAIRE
ET POLITIQUE
Les actions menées par les universitaires pour la cause noble de
l’indépendance de l’Afrique noire à partir des années 50 et
lesquelles ont abouti à la libération effective du peuple noir du joug
du colonisateur, constitue une preuve de conjonction des faits et des
efforts d’intérêt général entre tous les éléments du système sociétal :
universitaire, politique, économique, culturel, instruit et non-instruit,
riche et pauvre.
Mais, pendant la période de crise sociopolitique qu’à traversé le
pays, l’universitaire congolais a perdu ses valeurs intrinsèques. Au
lieu de constituer une force qui apporte des solutions aux problèmes
de la société, l’universitaire est classé, à cause de la précarité de ses
conditions de vie, parmi les marginaux sociaux. Devant cette réalité
de facto, la plupart des universitaires congolais ont cessé d’être des
modèles de vie ou pour paraphraser KAMBAJI, « des références
d’actions d’autodétermination de la société » (KAMBAJI, 2012 :2-3)
et sont, aujourd’hui, plongés dans une crise profonde qui se traduit
par la substitution des valeurs aux antivaleurs, conduisant ainsi au
3
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sous-développement. Sur le plan politique, on assiste à une lutte et à
une rupture perpétuelle entre deux pôles d’appoint, à savoir : le
politique et l’universitaire.
Cette reconfiguration actuelle du rôle de l’élite intellectuelle par
la société et par le politique a affaibli les universitaires congolais
devenus à cet effet victimes des idéologies politiques2 auxquelles ils
sont parfois soumis sans indépendance d’esprit.
La participation des universitaires aux élections organisées à
ces derniers jours est une prise de conscience sur leurs conditions de
vie, un éveil tel que repensé par DAHL Robert : « La politique est
l’un des faits inévitable de l’existence humaine », ou par ARISTOTE,
« L’homme ne peut pas échapper à la vie politique. Il se trouve
concerné totalement sans possibilité d’évasion, la politique est
l’affaire de tout le monde, et les affaires de tout le monde constituent
l’objet de la politique ». (LISSENDJA B. 2010 : 2).
Ce qui justifie en ce sens l’engagement ferme des
universitaires à la vie politique en vue de reformer le système :
« Nous avons longtemps critiqué au salon, à l’écart,… Mais
l’égoïsme de politiciens congolais ne cherche qu’à répondre et à
satisfaire à ses intérêts personnels,… Notre engagement à la
politique active c’est de travailler en faveur du peuple congolais,
d’être sensible à sa misère et de restaurer sa dignité par la
refondation de l’Etat, la reforme de l’administration publique, la
formation d’une armée républicaine, équipée et disciplinée pour la
sécurité effective de territoire national »3.
Un autre aspect du problème c’est que, si les élections
constituent un moyen pour instaurer l’Etat de droit et la gestion de la
Res Publica dans la transparence et bonne gouvernance, d’aucuns
estiment qu’elles sont aussi une voie qui amène au changement des
classes sociales des élus. L’expérience récente des élus de 2006 est
concrète et a attiré l’attention de la société toute entière4.
2
4
Nous faisons allusion aux conditions auxquelles sont soumis les universitaires
durant ce moment de crise : des frustrations, des irrégularités de payement de
salaire médiocre. Bref, des conditions socioprofessionnelles précaires, …
Propos recueillis lors de notre entretient avec des enseignants candidats pour
savoir les raisons qui motivent leur participation aux élections.
Dans la plupart des cas enregistrés dans la ville, les élus du peuple se sont
amassés plus pour améliorer leurs conditions de vie et celle de leurs familles
que pour s’occuper des problèmes des populations. Dans une enquête menée à
Kisangani, 90% des élus provinciaux se sont construits des maisons en étages,
ont acheté des véhicules luxueux au lieu de répondre aux besoins des
populations, leur base respective.
4
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Ces facteurs ont motivé tant soit peu les candidatures sinon la
participation massive des universitaires aux élections.
1.3. DES ELECTIONS QUI ATTISENT DES APPETITS
FINANCIERS
Dans un contexte général de précarité, les élections ont été
perçues par beaucoup de citoyens congolais comme une occasion de
s’enrichir et un nouveau marché de l’emploi.
D’abord, en adoptant les textes règlementaires du pouvoir
organisateur, on trouve un flux d’éléments qui concourent à son
fonctionnement :
 La composition de la CEI/CENI à tous les niveaux de la vie
nationale (territoire, district, province, nation) : les sept membres
proviennent des partis politiques (dont quatre de la majorité et
trois de l’opposition).Pour chaque bureau, un personnel
administratif et technique doit être engagé. Sur le terrain des
opérations, un nombre important des agents sont formés pour
superviser le processus électoral.
 Les organisations de la société civile et étatiques nationales,
régionales, et internationales, intervenant dans les différentes
opérations électorales :
- L’observation nationale est menée par des organisations telles
que
le
Réseau
d’Observation
des
confessions
religieuses(ROC), le RENOSEC, le ROPI, le CNONGD,
l’AETA, la LINELIT, la Ligue des Electeurs, le CDCE (cadre
de concertation de la société civile pour l’observation des
élections) ;
- L’observation internationale est assurée par les organisations
internationales telles que les Nations-Unies, l’Union
Européenne, l’Union Africaine, la Francophonie, le
Commonwealth, les Organisations Non Gouvernementales
étrangères comme le centre CARTER, EISA, NDI, IFES,
…avec des antennes dissimulées à travers le pays ;
- Les autres organisations dont bénéficient la commission de
l’appui technique et l’accompagnement telles que PNUD, DE,
APEC, USAID, PACE, PACO, UNOPS, DFID, GTZ, FKA,
MONUSCO (MONUC), la Direction Générale des Elections
au Québec.
 Les forces de l’ordre et de sécurité (tant gouvernementales,
qu’internationales).
5
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 Les partis politiques : Les témoins des partis politiques recrutés
par leurs militants de partis.
 Les médias, les organisations d’appui aux médias : PANOS
PARIS, Centre LOKOLE, RFI, etc.
Ce circuit ouvert a mobilisé et motivé les esprits engloutis dans
la misère de saisir l’opportunité. Pendant le processus électoral de
2006, par exemple dont les opérations ont débuté depuis 2004,
certains enseignants et étudiants ont abandonné l’auditoire pour
prester à la Commission Electorale Indépendante, l’actuelle
Commission Electorale Nationale Indépendante.5
Ensuite, les dispositions établies par la loi prévoient que le
candidat à la députation nationale, provinciale et/ou sénat ait des
mandataires et suppléants qui, en cas d’empêchement, de décès, …
pourra les remplacer. (Doc off LOI N° 06/006 du 09 mars 2006.).
Enfin, les stratégies arrêtées par le candidat challenger luimême pour remporter la compétition, ont fait naitre d’autres rôles
connexes : des cabinets d’étude ou chacun doit jouer un rôle
spécifique : Le directeur de cabinet, le directeur de campagne, le
conseiller en communication, le conseiller juridique, l’informateur,
le protocolaire, etc.
L’acceptation des universitaires de jouer ces rôles soit de
premier soit de second plan, se justifie par les dividendes que l’on
attend tirer directement ou indirectement, en court ou en moyen
terme.
En 2006, certains enseignants candidats (malgré l’échec), ont
occupé de poste suite à leur militantisme au côté d’un candidat ou au
prix du service rendu dans un parti politique. Le Chef des Travaux
Laurent-Simon IKENGE de l’Institut Supérieur Pédagogique de
Kisangani a été repêché au Ministère de la Fonction Publique et celui
de l’Urbanisme et Habitat pour son apport très actif au Mouvement
Social de Renouveau (MSR) à Kisangani et surtout son appartenance
à la société civile. Le Professeur Jean-Pierre BOKANGA Itindi de
l’Université de Kisangani a été promu au poste de secrétaire général
administratif de l’Institut Facultaire des Sciences de l’Information et
de la Communication, IFASIC/Kinshasa, pour son soutient au Parti
du Peuple pour la Reconstruction et le Développement (PPRD),
section TSHOPO, parti cher au Président Joseph KABILA ; le
5
D’après le sondage, ⅔ des agents qui ont presté en 2006, nous ont témoigné que
la collation de la CEI leur a permis de se procurer des terrain et même
construire des maisons.
6
Annales FLSH N° 17 Spécial JUOR (2013)
sondage d’opinion réalisé durant ses séjours à Kisangani sur les
actions du Président KABILA l’ont élevé à des hautes
responsabilités dans le pays. Le Chef des Travaux René AYAKA qui
a longtemps travaillé au côté de l’Honorable John TOKOLE a
finalement trouvé une place de choix dans l’exécutif provincial, au
ministère provincial de la communication, après son passage à
l’Assemblée Provinciale6.
En 2011, certains enseignants ayant collaboré efficacement au
côté des élus de 2006, ont finalement intégré la politique active7.
Ainsi, durant tous les processus électoraux (en 2006 comme en
2011), les activités de terrain menées en faveur de son candidat, ont
constitué pour les membres des bureaux d’étude et de campagne des
candidats de comptoir de gagne-pain.
1. Participation du corps enseignant de l’ESU aux élections
a. Les élections de 2006
Les règles du jeu démocratique définies par la Loi cadre (Doc off
LOI N° 06/006 2006) ont donné l’occasion aux universitaires de
Kisangani8 à participer massivement aux opérations électorales. Le
souci majeur est de relever les défis constatés dans les conditions de
vie du peuple congolais.
En 2006, dans un pays post-conflit et dans une jeune démocratie
où les formations politiques poussent comme des champignons9, un
besoin d’animateurs politiques a été fortement ressenti pour encadrer
les masses de populations et représenter ces formations politiques sur
toute l’étendue nationale. D’où, une forte mobilisation des
universitaires dans les groupements et partis politiques.
Tableau 1 : Liste des candidats à la députation nationale en 2006
6
La liste n’est pas exhaustive.
7
Le Professeur UKUMU Ular a été conseiller du Gouverneur Médard AUTSAI ASENGA.
Ses voyages de service à l’intérieur de la province et surtout dans son fief lui ont
permis d’être en contact permanent avec sa base et de se montrer attaché ; il a été
enseignant dans les écoles secondaires du milieu, le C.T. Innocent LOSA LOVIKPA,
…
8 La ville de Kisangani, chef-lieu de la Province Orientale, est le centre de plusieurs
institutions de l’ESU, ce sont ces institutions qui alimentent d’autres établissements
de l’arrière Province en personnel académique et scientifique.
9 En 2006, la Commission Electorale Indépendance, CEI, a reconnu 203 partis politiques
dont 13 seulement ont présenté les candidats dans les onze provinces. Il s’agit de
PPRD (496), MLC (448), RCD (365), MSR (376), F.R. (270), DCC (210), UREC et
alliés (205), PALU (198), C.P (193), PANU (191), Plate forme renaissance (173),
MPR fait privé (116), UDPS (60).
7
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N°
Noms-Post nomsPrénoms
BAMBALE Likwekwe
Institut
1.
Grad
e
Ass.
Parti
Politique
DP/ RDC
Circ. élect.
Kisangani
RESUL
T
Non
2.
Prof.
BARUTI Amisi Ekumaete
UNIKIN
RCD/
GOMA
RENAIS
SANCE
P.E.
Kisangani
Non
3.
Ass.
BAWA Makundo Johny
UNIKIS
Kisangani
Non
4.
P.O.
BENE Kabala
UNIKIS
Kisangani
Non
ISANGI
Non
UNIKIS
RCD/
GOMA
RCD/
GOMA
S.D.
5.
P.O.
UNIKIS
6.
7.
Dr(CT
)
C.T.
BILUSA Baila Boingaili JeanPierre
BOKOTA Toangaka Mathieu
Kisangani
Non
BOKULA Ramazani Franck
UNIKIS
S.D.
Kisangani
Non
8.
Ass.
BOLENGETENGE Dieudonné
UNIKIS
MSR
Isangi
Elu
9.
C.T.
(Ass)
BOLINGOLA Bosesilo Faustin
ISC
Kisangani
Non
10
P.O.
BONGELI Emile
UNIKIS
RENAISS
ANCE
P.E.
PPRD
Kisangani
Elu
11
CHEKO Otakewae Roger
UNIKIS
PPRD
Kisangani
Non
12
P.A.
(C.T.)
C.T.
ISC
UDEMO
Kisangani
Non
13
C.T.
ENYIMYO
Christophe
FELA
UNIKIS
PPRD
Basoko
Non
14
Ass.
IKENGE Lisambola Simon
ISP
MSR
Kisangani
Non
15
C.T.
ISSECHA Daudi
ISTM
FPDD
Isangi
Non
16
KIRONGOZI Bometa Mathieu
UNIKIS
RPC
Kisangani
Non
17
P.A.
(C.T.)
C.T.
KOMANDA Wakonko
UNIKIS
M17
Kisangani
Non
18
P.O.
LABAMA Lokwa Bernard
UNIKIS
PDC
Kisangani
Non
19
Prof.
LOKANGA Otikeke Frédéric
UNIKIS
MSR
Kisangani
Non
20
C.T.
LOKOMBA Basila Willy
ISC
UDEMO
Kisangani
Non
21
Ass.
LOLA Kisanga Jean-Pierre
UNIKIS
Kisangani
Non
22
C.T.
BOLESIA Botalema Dieudonné
UNIKIS
RCD/
GOMA
PRM
Kisangani
Non
23
P.O.
UNIKIN
PDC
Kisangani
Non
24
C.T.
LOMBEYA Bosongo Likunde
Liyo
LOSAME Longolo Adolphe
UNIKIS
CCI
Kisangani
Non
25
C.T.
LOTOYANO Bosengi Aloïs
ISP
CDC
Kisangani
Non
26
C.T.
LUKA
IBTP
CODECO
Kisangani
Non
27
C.T.
MAEMBO Ngelingi Paulin
UNIKIS
Isangi
Non
28
Ass.
MATA Ambangene Dieudonné
UNIKIS
RCD/
GOMA
PPRD
Kisangani
Non
29
Ass.
MOLISO Nendolo
UNIKIS
Kisangani
Elu
30
P.A.
NGUMBI Casimir
UNIKIS
Camp de la
Patrie
MCR
Kisangani
Non
31
C.T.
OKANGOLA Freddy
UNIKIS
PDC
Opala
Non
32
C.T.
OKETE Jules
ISP
RCD/
Kisangani
Non
Ngado
Monzolo
ISP
8
Annales FLSH N° 17 Spécial JUOR (2013)
GOMA
33
Ass.
34
35
P.A.
(C.T.)
P.O.
36
Ass
RAMAZANI Tabora
ISTM
MSR
Kisangani
Non
SAILE Lisombo Freddy
UNIKIS
MLC
Kisangani
Non
TSHIBAMWENDA Basara
UNIKIS
Kisangani
Non
YAGI Sitolo Jean
UNIKIS
RCD/
GOMA
PPRD
Kisangani
Non
Source : CENI/ CEI et nos enquêtes
Voici la lecture qui se dégage de ce tableau :
- Sur les trente-six candidats enregistrés, trois candidats seulement
ont été élus, soit 1,08%, dont Bolengetenge Dieudonné (F.S.
E.G), élu pour la circonscription électorale d’Isangi pour le
compte du MSR, Bongeli Emile (FSSAP) et Moliso Nendolo
(FD), ont été élus députés pour la circonscription électorale de
Kisangani pour le compte du PPRD et du Camp de la Patrie.
- Par rapport aux tendances politiques, le RCD/ GOMA a aligné
sept (7) candidats. Le PPRD, l’a suivi avec cinq (5) candidats,
suivi du MSR avec quatre (4) ; PDC trois (3) ; R.P., S.D., et
UDEMO deux (2) ; et les autres partis politiques n’étaient
représentés que par un candidat. Cette tendance était justifiée ; le
RCD/ GOMA voulait à tout pris conserver son pouvoir en
Province Orientale, mais cette vision était concurrencée par le
PPRD, voulait récupérer la ville pour asseoir l’idéologie
Kabiliste. Tandis que la société civile, à travers les associations et
les Eglises chrétiennes étaient représentées par les regroupements
MSR et PDC afin de matérialiser ses objectifs, sa vision.
- Trente candidats ont porté le choix sur Kisangani du fait que cela
constitue leur milieu de travail où ils sont mieux connus et
passent beaucoup de temps, contre six qui ont jugé utile d’être
mandataire de leur communauté de base ; la ville de Kisangani
était, selon eux, neutre, plurielle.
- L’Université de Kisangani étant le pourvoyeur des autres
institutions, a présenté plus de candidats, soit vingt-quatre.
A la députation provinciale, vingt-cinq enseignants se sont
inscrits sur la liste des candidats. A noter que certains d’entre eux ne
se sont pas présentés aux élections quoique le nom figure sur la liste.
9
Annales FLSH N° 17 Spécial JUOR (2013)
Tableau 2 : Liste des enseignants candidats à la députation provinciale en
2006
N°
Grade
1.
Ass.
ALOMA Amisa Germain
2.
C.T.
ANGALIA Nestor
3.
C.T.
BISELENGE Ofeka Joseph
4.
P.O.
BOKANGA Itindi Jean-Pierre
5.
C.T.
6.
Circ. élect.
ISTM
Parti
Politique
PDC
Kisangani
RESUL
T
Non
UNIKIS
MSR
Kisangani
Non
IBTP
FPDD
Kisangani
Non
UNIKIS
PDC
Kisangani
Non
BONGELI Osembelamba Etienne
IBTP
RSF
Kisangani
Non
C.T.
ESUKA Alphani
ISEA
MSR
Kisangani
Elu
7.
C.T.
IMBWATSHEKE
UNIKIS
MSR
Kisangani
Non
8.
Ass.
IYELE Batsu Henri-Paul
UNIKIS
RCD/ KML
Kisangani
Non
9.
At. Rec
LIMENGO
UNIKIS
MSR
Kisangani
Non
10
P.A.
(C.T.)
Ass.
LISSENDJA Bahama Tabin
UNIKIS
MLC
Kisangani
Non
LOBELA Kombozi
IFA
ACDC
Kisangani
Non
11
Noms-Post noms-Prénoms
Institut
12
Ass.
LOELA Bonone Bisomiya lengo
ISP
CCU
Kisangani
Non
13
Ass.
LOKI NDA Faustin
IFA
PPRD
Isangi
Elu
14
Dr. Ass
MANGUBU Lotika Clément
UNIKIS
Kisangani
Non
15
C.T.
MASIKINI Kamango
UNIKIS
RCD/
GOMA
MSR
Basoko
Elu
16
MBATE
UNIKIS
UDHC
Kisangani
Non
MOKAKANDO Alonga Bendan
UNIKIS
USL
Kisangani
Non
NDEKE Casimir
UNIKIS
PPRD
Basoko
Non
19
P.A.
(C.T.)
P.A.
(C.T.)
P.A.
(C.T.)
Ass.
PONDE Lisuma
UNIKIS
PPRD
Basoko
Non
20
C.T.
RAMAZANI Tabora
ISTM
MSR
Kisangani
Non
21
C.T.
SHUWA Jeanne
ISTM
PPRD
Kisangani
Non
22
C.T.
SOLO Ramazani
ISC
ACDC
Kisangani
Non
23
C.T.
TENGAME Gongite
UNIKIS
ACDC
Kisangani
Non
24
C.T.
TIKA ACHAOTEMA Robert
UNIKIS
Kisangani
Non
25
P.O.
ULYEL Alipatho Joseph
UNIKIS
Camp de la
Patrie
PPRD
Kisangani
Non
17
18
Source : CEI et nos enquêtes.
Comme à la législative nationale, trois candidats seulement
ont été élus dont deux par leurs communautés de base et un à
Kisangani. L’analyse des faits démontre que ces candidats ne sont
pas élus par la communauté universitaire, mais dans tous les cas, à
partir des actions menées sur le terrain10.
10
LOKINDA Faustin a coordonné pendant plus de cinq ans les actions de
développement à Yabaondo, dans la collectivité de Bambelota, à Isangi.
10
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Tableau 3 : Liste des enseignants candidats à l’élection sénatoriale
en 2006
N°
GRAD
E
1.
P.O.
2.
Ass.
3.
P.O.
4.
P.O.
5.
P.A.
NOMS ET
POSTNOMS
INSTITUTI
ON
PARTI
POLITIQUE
DISTRICT
D’ORIGIN
E
RESULTA
T
ABIBI
AZAPANE
LOLA
KISANGA
LOMBEYA
UNIKIS
RCD/
GOMA
RCD/
GOMA
PDC
HAUTUELE
HAUTUELE
TSHOPO
Elu
LABAMA
LOKWA
BARUT
AMISII
UNIKIS
RCD/
GOMA
RCD/
GOMA
TSHOPO
Elu
TSHOPO
Non
UNIKIS
UNIKIS
UNIKIN
Elu
Elu
Source : CEI
Par rapport à la députation où les candidats sont soumis au
suffrage direct, les dispositions de la loi au suffrage indirect, ont
favorisé positivement l’élection des candidats sénateurs à leur poste.
Sur les cinq candidats dont quatre du RCD/ GOMA et un du PDC,
quatre ont été élus. Si le contrôle de la chambre basse du parlement a
échappé au RCD/ GOMA, la Province Orientale a été
majoritairement représentée par le parti à la chambre haute avec trois
candidats.
b. Les élections de 2011
En 2011, cependant, le résultat escompté par certains enseignants
aux élections législatives en 2006 ainsi que le niveau de ka
démocratisation acquis par la population, ont arrêté l’ambition des
politiciens et ont affaibli le taux participation au suffrage direct.
Trois réalités s’observent à ce niveau :
1°) Le groupe des réformistes ou des progressistes : C’est le groupe
de ceux qui ont changé de camp. Certains candidats non élus,
remerciés à cause de leur passé et/ ou par leur appartenance
politique11 , ont changé de camp afin de mériter de la confiance
de l’électorat. Certains candidats du RCD/ GOMA ont postulé
comme indépendants ; les autres se sont alignés au PPRD ; les
autres encore, tout en voulant soutenir le candidat Joseph Kabila
11
Les candidats du RCD/ GOMA ont été sanctionnés par la population de Kisangani à
cause de leurs relations avec les rwandais présumés auteurs de plusieurs assassinats
pendant les différentes rébellions, de 1996 à 2000. Pour les jeunes de Mangobo, les
élections ont été une occasion de destituer les antilopes au service des lions et cobras
(propos des jeunes de Mangobo).
11
Annales FLSH N° 17 Spécial JUOR (2013)
Kabange, se sont rangés dans les autres partis politiques
nouvellement créés.
2°) Le groupe des conservateurs : Ce sont des candidats qui ont
réitéré leur engagement dans leurs partis politiques en vue de
poursuivre leur lutte. C’est le cas de ceux qui ont gagné les
élections de 2006, ceux qui ont assumé de hautes fonctions au
cours du dernier mandat. Dans ce groupe, on trouve les militants
du PPRD, MSR,… Les candidats de l’opposition (UDPS, MLC)
sont rangés également dans ce bloc.
3°) Le bloc dit de nouvelle génération : Il s’agit de ceux qui ont
intégré nouvellement la politique active. Deux camps se
dessinent : le premier est constitué des candidats de la gauche,
dont la mission première est la « refondation » de l’Etat
congolais. Ce groupe est proche de l’opposition. Contrairement
au premier, le deuxième sous-groupe est constitué des partis
satellites de la majorité présidentielle, malgré les critiques
négatives portées à son égard12 . On peut trouver sur cette liste
les partis politiques tels que NAD, PRP,…
Tableau 4 : Liste des candidats à la députation nationale de 28
Novembre 2011
N°
Grade
1.
Ass.
2.
Institution
Parti
Politique
Circon élect
Résultat
ALOMA Amisa Germain
ISTM
PDC
Kisangani
Non
Ass.
ASIANA Boumukusiyeni
UNIKIS/ FSSAP
Indép.
Wamba
Non
3.
Ass.
UNIKIS/ FSEG
MSR
Kisangani
Elu
4.
Prof.
BASANGO Makedjo LéonD.
BARUTI Amisi Ikumaiyete
UNIKIN
RCD
Kisangani
Non
5.
P.O.
BENE Kabala Luthia Dénis
UNIKIS/ FPSE
UDPS
Kisangani
Non
6.
Ass.
UNIKIS/ F.M.
MLC
Kisangani
Elu
7.
C.T.
BOKONGO
Lokofo
Kawaya
BOKULA Ramazani Franck
UNIKIS/ FSSAP
MSR
Kisangani
Non
8.
Ass.
BOLENGETENGE Balea
UNIKIS/ FSEG
MSR
Isangi
Elu
9.
C.T.
BOMBOLI Bolembe Roger
UNIKIS/ FSSAP
NAD
Kisangani
Non
10
P.A.
BOSISE Bongooli René
UNIKIS/ FLSH
PDC
Kisangani
Non
11
P.A.
CIMWANGA Badibanga
UNIKIS/ FLSH
PRP
Kisangani
Non
12
P.O.
KIRONGOZI Ichalanga
UNIKIN
NBP
Kisangani
Non
13
C.T.
KITOKO Lisombo Etienne
UNIKIS/ FSEG
ECT
Kisangani
Non
14
Ass.
LIKUNDA Ndolo Alexis
UPN/ KIN
MSR
Opala
Non
15
P.O.
LISASI
Richard
IFA/ Yangambi
ECT
Kisangani
Non
12
Noms-Post noms-Prénoms
Etutu
Lipaso
Pour la population de Kisangani, les chantiers n’ont été que chanson et slogan par
rapport aux autres provinces.
12
Annales FLSH N° 17 Spécial JUOR (2013)
16
C.T.
LOKATUNGA Manowa
ISTM/ Kis.
ECT
Isangi
Non
17
Ass.
LOLA Kisanga Jean-Pierre
UNIKIS/ F.M.
Indép.
Rungu
Elu
18
Ass.
LOPEMBE Kebeda Tanguy
UNIKIS/ FLSH
Kisangani
Non
19
C.T.
LOSA Lokvikpa Innocent
UNIKIS/ FLSH
Djugu
Non
20
C.T.
MANGUBU Lotika Clément
UNIKIS/ FLSH
UNADE
F
UNADE
F
PPRD
Kisangani
Non
21
Ass.
UNIKIS/ F.M.
PPRD
Kisangani
Non
22
Ass.
MATA
Ambangene
Dieudonné
OKOYO Nembe Vincent
UNIKIS/ F.M.
Opala
Elu
23
P.A.
SAILE Lisambo Freddy
UNIKIS/ FSSAP
RCD/
KML
MLC
Kisangani
Non
24
P.A.
UKUMU Ular
UNIKIS/ FLSH
PPRD
Mahagi
Elu
25
Ass.
YAGI Sitolo Jean
UNIKIS/ F.M.
PPRD
Kisangani
Non
Sources : CENI/ P.O. et enquête personnelle
De ce tableau, il se dégage ce qui suit : quatre candidats sur
vingt-trois ont été élus, dont deux candidats de MSR, un candidat de
PPRD et un indépendant. Ces députés ont été jugés à travers les
actions sur terrain et leur attitude sociale :
- Basango Makedjo Léon-Déon a été Président de l’Assemblée
Provinciale. Il est connu par ses actions sociales auprès des
jeunes, veuves et associations de la commune de résidence
Mangobo, la plus peuplée de la ville de Kisangani.
- Bolengetenge Balea Dieudonné sa réélection à Isangi se justifie
par l’une des interventions auprès des responsables des Eglises
locales, à qui il a remis des motos et vélos pour faciliter
l’évangélisation
- Lola Kisanga Jean-Pierre a initié plusieurs activités de
développement à Rungu pour résoudre le problème de chômage.
- Okoyo Nembe Vincent a assumé plusieurs responsabilités avant
d’être élu député : Médecin Chef de zone de santé d’Opala, Viceministre national de la fonction publique dans le gouvernement
Gizenga I, ADGA de relations entre la MONUC et la RDC,
Ministre provincial de la fonction publique et emploi, Ministre
provincial de la jeunesse sport et loisir. Candidat de la
communauté IMA plus peuplée, Okoyo a été majoritairement
appuyé par les Mbole à cause de ses actions communautaires
posées auprès des populations mbole sans discrimination aucune.
- Ukumu Ular a servi bien longtemps sa communauté dans le
secteur de l’enseignement. Il a été enseignant de l’école primaire
et de l’école secondaire avant de poursuivre les études
universitaires à Kinshasa. Il est en contact permanent avec sa
base.
13
Annales FLSH N° 17 Spécial JUOR (2013)
Lorsqu’on compare les deux périodes, 2006 et 2011, il
s’observe une faible participation des universitaires en 2011, soit
trente-six candidats contre vingt. Pour cause, l’expérience vécue en
2006 n’a pas permis aux tenants du savoir de revenir sur la scène du
direct. Certains se sont même retirés après un premier sondage
d’opinion.
Quoiqu’il en soit, les ambitions ont été orientées pour jouer un
rôle de second plan en faveur du candidat de son choix. L’objectif
visé en acceptant ce rôle, était de mériter d’avance la confiance et
d’arracher un poste-clé lorsque ce dernier est élu.
Tableau 5 : Liste des enseignants ayant joué un rôle de second plan durant la
législature du28 Novembre 2011
N°
Grade
Faculté
Noms Et Post Noms
Rôle Joue
Noms des Candidats
1.
Ass
F.D.
BAWA Makundo
Conseiller
2.
P.O.
FLSH
BOKANGA Itindi
3.
4.
5.
P.A.
C.T.
Ass.
FSSAP
FSSAP
FLSH
EKONGO Roger
ISANDJOLA César
IYELE Batsu Henri-Paul
Conseiller et Directeur de
bureau d’études
Suppléant
Suppléant
Suppléant
6.
7.
8.
9.
10
11
Ass.
Ass.
Ass.
P.A.
Ass.
CT
FLSH
FSSAP
IBTP
F.S.S.A.P
F.D.
F.D.
LOKAWE Balabala
LOMALIZA Jacques
LOMBEYA
LONGOLI Pathy
MUSEMA
MUYAMBI Dhema
Directeur de campagne
Chargé de l’administration
Directeur de campagne
Conseiller technique
Conseiller juridique
Conseiller judiciaire
12
13
14
Ass.
PA
CT
IFA
FLSH
F.S.
SOLIA
WAWINA Lome
OKANGOLA Freddy
Suppléant
Conseiller particulier
Suppléant
KIRONGOZI
Ichalanga
DARUWEZI
Mokombe
MOMBELO Nsanda
BASANGO Makedjo
LIKINDA
Bolom’Elenge
MANGUBU Lotika
OKOYO Nembe
LOMBEYA Bijou
BAMANISA
OKOYO Nembe
DARUWAZI
Mokombe
LISASI
BILUSA Boengaoli
EKY Nkoy
Source : Nos enquêtes.
De l’analyse des données présentées dans les tableaux et de la
réalité des résultats affichés dans des bureaux de vote, il ressort
qu’aucun établissement de l’Enseignement Supérieur et Universitaire
n’a réussi à présenter un candidat13. Ce qui atteste une crise de
confiance que la communauté a vis-à-vis de tenants du savoir, qui
sont censés de résoudre les problèmes de société.
13
Les candidats, qui ont été élus, ont dans la plupart des cas gagnés les élections
avec le concours des autres couches de la population et non des étudiants.
Dans les bureaux de vote installés au campus central et dans les milieux
universitaires où sont logés les étudiants et les familles des enseignants,
aucun enseignant n’a réalisé 50% de voix. Il y a des enseignants qui ont
obtenu 2 à 3 voix, voire O (zéro) voix dans le bureau.
14
Résultat
Non
Elu
Elu
Elu
Elu
Non
Elu
Non
Non
Elu
Elu
Non
Non
Non
Annales FLSH N° 17 Spécial JUOR (2013)
C’est ce constat qui oriente notre réflexion en cette troisième
partie de l’article pour savoir les causes de l’échec à répétition des
universitaires au cours de deux élections législatives organisées dans
le pays .
2. Causes de l’échec des universitaires aux élections législatives
Comme on peut s’en rendre compte, dans ce domaine des
élections, plusieurs causes justifient cet échec. Cette analyse propose
une lecture croisée des facteurs qui concourent à l’échec des
enseignants.
- La corruption : cette pratique creuse l’érosion des valeurs
pédagogiques et morales chez l’universitaire. Toutefois, à propos
des rapports qu’entretiennent l’enseignant et l’argent, un grand
pédagogue avait dit : il ne faut pas que nos moyens de vivre
compromettent la grandeur de notre fonction (Kambaji W.K.
2012 : 15).Le fait d’ériger la corruption sous toutes ses formes en
critère de réussite à l’Université dévalorise les enseignants. Parmi
les formes les plus fréquentes figurent : la vente des évaluations
annuelles (interrogations, Travaux Pratiques, examens), les
recommandations, l’échange des notes contre le sexe ou contre
l’argent, le « droit d’auteur ». Au cours de l’année académique,
l’étudiant se voit obligé de verser des cotisations parfois illicites
auprès de l’enseignant ou ses collaborateurs (étudiants, Chef de
promotion, Chef de Travaux ou Assistants) contre des inscriptions
sur plusieurs listes pour confirmer le dépôt des travaux de
l’année14 . Chez certains enseignants, ces pratiques qui frisent la
tracasserie constituent l’une des conditions de réussite au cours.
Auteurs et victimes de la corruption, de nombreux étudiants et
leurs familles méprisent le monde universitaire. Raison pour
laquelle en période électorale, ils préfèrent donner leurs voix aux
candidats autres que les « enseignants capitalistes » qui les
exploitent.
- La méchanceté de l’enseignant, la rigueur exagérée : pendant la
correction des travaux (la cotation), le rapport entre enseignant et
étudiant n’est pas orienté vers le jeu de coopération et de gagnantgagnant, mais vers un modèle de dominant (enseignant) – dominé
(étudiant). Ce comportement fait que les deux partenaires ne
s’acceptent pas, mais plutôt se rejettent. Avec les étudiants faibles
surtout, il se développe entre enseignant et enseigné un dialogue
14
Certains étudiants déclarent qu’ils dépensent entre 5 à 15 dollars US pour le
dépôt des travaux annuels par cours. Ces dépenses atteignent de fois 80
dollars US pour un seul cours par an.
15
Annales FLSH N° 17 Spécial JUOR (2013)
de sourd et un esprit de rejet, de crise latente, de résistance, de
tension.
Pour se racheter, le candidat développe un rapport étroit avec
les étudiants : l’identification de chaque unité, cotation équilibrée,
défenseur des étudiants pendant recours et délibérations.
- L’ethnicité : le facteur ethnique et culturel auquel les politiques
aiment recourir pour construire leur popularité est aussi un
élément fondamental de redistribution et de rejet. Le sentiment
d’appartenance ethnique et tribale, l’identité culturelle dans leur
discours et leur sillage font des sujets de discussion et de
réflexion dans une communauté savante diversifiée et à laquelle la
géopolitique prête la moindre attention par rapport au
développement des originaires15. Ainsi certaines ethnies
minoritaires s’enferment dans le dilemme au point de se poser la
question de savoir pour qui voter.
- Le néologisme et les conflits: le monde universitaire est réputé
aujourd’hui pour son degré de conflictualité. C’est un lieu où les
divisions caractérisent les membres. Les cellules d’enseignement
deviennent des réseaux des membres antagonistes. Les uns
voulant assurer leur suprématie sur les autres. D’où la naissance
des conflits entre les membres de différents réseaux. Les conflits
observés tirent parfois leur source des divergences idéologies
politiques, religieuses, voire des pratiques occultes. Il arrive
parfois que les enseignants se battent entre eux, ou avec leurs
épouses, ou encore avec les étudiants au su et au vu de tout le
monde. Ce genre de comportement ternit souvent l’image des
personnes censées être le modèle de la société.
- L’image négative, l’inversion des valeurs : les mauvaises
pratiques ayant élu domicile au sein des Etablissements de
l’USURS, ont creusé l’érosion des valeurs pédagogiques et
morales chez l’universitaire en ternissant son image. La débauche,
la jalousie, les pratique de mercenariat, la légèreté, la
complaisance qui défavorisent les étudiants intelligents au profit
de leurs « clients » faibles ont entraîné la subversion de l’éthique
à l’université.
- Le manque de maturité politique, l’ingratitude et la mauvaise
foi : une fois élus, les candidats oublient vite les électeurs. Ils
préfèrent servir les partis politiques au lieu de songer à la base.
Nombreux ne songent même plus aux institutions où ils ont été
formés. En oubliant l’intérêt général, ils transforment le pouvoir
15
Est-il juste de voter un Luba, un Mongo, un Nande ? Va-t-il parler au nom de la
population de Kisangani et contribuer normalement à son développement ?
Réflexion de quelques étudiants du district de la Tshopo.
16
Annales FLSH N° 17 Spécial JUOR (2013)
en un lieu d’avoir et de l’opulence. Aussi, une large opinion de la
population accuse les universitaires d’être de mauvaise foi et
coresponsables de la faillite l’Etat, allusion faite à leur mauvaise
gestion une fois au pouvoir, à leur méchanceté et à leur silence
devant les détournements des biens publics.
Le pullulement des partis politiques à la veille des consultations
électorales rend le choix difficile. Par conséquent, le nombre très
accru des candidatures des enseignants de l’ESU au regard de
quelques sièges à pourvoir traduit l’absence du sens de
compromis et la recherche effrénée de l’intérêt individuel.
- Le champ d’action très limité : les enseignants candidats opèrent
et interviennent dans une sphère d’actions très limitée, à savoir la
famille, les connaissances, et cela, de manière isolée. Dans les
conditions précaires de leur travail, certains candidats n’arrivent
pas à se prendre en charge étant donné le financement tardif et
minime venant de partis politiques.
- La faible capacité de communication : en matière électorale, la
communication et surtout la communication politique occupe une
place de choix dans les interactions. Cela exige une méta
communication qui renvoie au verbe (discours, mots, langue à
utiliser), à l’image (affiche, photo, vidéo), au comportement, au
cadre, aux suprasegmentaux (posture, mimique, …), aux
relations, etc.
Le discours constitue le moyen par lequel la mobilisation est
réalisée autour des idées-fortes soit pour galvaniser les foules, soit
pour les démobiliser. C’est par le discours que s’organise la
manipulation, la désinformation, l’intoxication, la diabolisation,
etc.
Dans la plus part, l’interlocuteur en face trouve un même statut
aussi bien dans l’univers discursif des universitaires que chez les
autres politiciens : le message ne touche pas aux problèmes réels
de la société. En outre, ce discours ne tient pas compte de
l’hétérogénéité sociale pour ainsi attirer l’attention du public dont
la majorité est analphabète.
- Le facteur économique : les moyens financiers constituent un
facteur non négligeable dans la réalisation de toute activité de
campagne électorale. Comme on peut le constater, l’espoir de
plusieurs candidats était fondé sur l’appui des partis politiques. Et
devant le silence ou l’appui tardif des partis politiques, certains
candidats ne se sont pas présentés ou carrément se sont retirés
d’avance. Pendant la campagne électorale de novembre 2011,
jusqu’au 10 novembre, certains candidats dépourvus des moyens
17
Annales FLSH N° 17 Spécial JUOR (2013)
sont restés inconnus par l’ensemble de l’électorat, les affiches
moins visibles et moins présentables.
Certains candidats n’ont pas réussi à utiliser rationnellement
les médias en cette période cruciale. D’autres ont bénéficié de la
gratuité de la Radio Okapi (BOKONGO Simon, BASANGO LéonDéon, BENE KABALA, MATA Dieudonné, SAILE Freddy).
D’autres encore ont réussi, avec leurs propres moyens, à organiser
le point de presse16. Enfin, d’autres n’ont eu la chance de se faire
qu’en qualité d’invités d’une émission.
CONCLUSION
Cette étude s’est penchée sur l’identification des causes de
l’échec des Enseignants des institutions de l’Enseignement Supérieur
Universitaires et de la Recherche Scientifique au cours de deux
élections organisées en RDC en 2006 et en 2011.Les points de vue
récoltés dans l’enquête nous ont permis de dégager l’ambivalence de
l’image positive dans une moindre mesure et d’une image négative.
La répulsion manifestée par les électeurs au cours de deux élections
législatives organisées, est une réaction issue de conflits sociaux
latents ou manifestes, les tracasseries scientifiques sous toutes leurs
formes, le mauvais traitement dans la cotation des étudiants, …,
imputables aux enseignants (émetteurs).
L’image positive se remarque dans la détermination et la
volonté de former la jeunesse et de rendre service à la société en
partant de ses recherches. L’image négative, s’observe dans
l’inversion des valeurs : au lieu d’être au créneau et un modèle de
société pour rayonner, l’universitaire est devenu aujourd’hui un
agent de sous-développement et un attiseur de conflits.
Ses rapports quotidiens avec les membres de la société
apparaissent au vu et au su de tout le monde comme un danger
permanent. D’où un fossé creusé entre les classes existantes qui se
rejettent mutuellement.
Pour relever ce défis, nous suggérons à l’universitaire de se
ressaisir, de faire une rupture épistémologique de toutes ses actions
et de repenser son mode communicationnel, c’est-à-dire la relation et
discours pour reconfigurer son image vis-à-vis de la société.
16
Déjà dès le lancement, le président fédéral du PPRP a organisé au Plateau
Boyoma un point de presse pour parler du profil d’un bon candidat.
18
Annales FLSH N° 17 Spécial JUOR (2013)
BIBLIOGRAPHIE
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09 mars 2006 portant organisation des élections présidentielles,
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communication sociale », Vol. 2, Facultés Catholiques de
Kinshasa, 1995.
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des animateurs scientifiques, des institutions académiques et socio
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l’Universitaire congolais ou La face cachée du système éducatif
national, Ed. La Dialectique, Lubumbashi, 2012.
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aux élections de 2006 à Kisangani : stratégies des acteurs,
Mémoire de DES, UNIKIS, 2010.
6. MUKAMYAVIRI A. et al, Manuel de formation des Formateurs
des Observateurs électoraux, EISA, Kinshasa, 2011.
19
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